Depuis quelques mois désormais, les relations entre les bars de quartier et les riverains se tendent dans le centre-ville de Paris. Après Bastille, Pigalle ou le Canal Saint-Martin, ce week-end, c'est rue du Faubourg Saint-Denis (10e) que les noctambules se sont retrouvés face à des rideaux de fer.
Cette fois, la préfecture de police de Paris (PP) a frappé un grand coup : cinq établissements voisins se sont vu notifier une fermeture administrative de dix jours pour nuisances sonores : Chez Jeannette, Mauri7, l'Univers, L'inconnu et le Xème (voir notre carte).

Vers une "Oberkampfisation" de la rue du Faubourg Saint-Denis ?

La rue du Faubourg Saint-Denis a beaucoup évolué en très peu de temps. Les anciens bars de ce quartier cosmopolite sont transformé en repères branchés, prisés des noctambules. Une évolution pas forcément au goût des riverains, qui ont créé une page Facebook, "Faubourg Saint-Denis, quel quartier pour demain ?". "On veut éviter que la rue devienne une nouvelle rue de la Soif, à l'instar de la rue Oberkampf", explique Cédric Petit, administrateur de la page, qui compte un peu moins de 100 "fans". Ce riverain de 38 ans, qui habite ici depuis dix ans craint que la vie de quartier ne se perde, au détriment d'un "tourisme de nuit", bruyant et uniforme. "Notre problème, ce ne sont pas les noctambules, précise Céric Petit, mais ceux qui vivent leurs activités sans aucun respect pour la vie autour."

Les habitants sont soutenus par le maire du 10e arrondissement, Rémi Féraud. "Il faut donner un signe clair, les abus ne sont plus possibles", soutient l'élu. Le maire est partisan d'une ligne ferme : "Le quartier est vivant, mais il n'est plus possible d'avoir des groupes de personnes tous les soirs sur les trottoirs, explique-t-il. Il faut respecter les riverains pour que ça reste une rue agréable. Notre politique repose sur trois axes : la sécurité, la propreté et le bruit."

"Il faudrait plus de dialogue avec les habitants"

Chez les gérants de bar, on assure pourtant prendre en considération le voisinage. "Nous avons deux personnes qui gèrent en permanence le flux à l'extérieur du bar", explique Jérémy, qui a ouvert l'Inconnu en mars dernier. La fermeture représente pour tous les débits de boisson un manque à gagner. "C'est très dur, on a dû annuler des grosses soirées. On perd un chiffre d'affaire conséquent." Pour lui, les bars ont contribué à rétablir la sécurité dans le quartier en créant une vie nocturne animée  "Maintenant que les quartiers deviennent fréquentables, on veut virer les jeunes qui y ont participé", déplore-t-il.

Même son de cloche à l'Univers, juste à côté, où on plaide pour "plus de dialogue avec les habitants". D'ailleurs, ici, c'est la voisine du dessus qui s'occupe de la programmation. Une bonne façon de faire la paix ?