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    PARIS (Reuters) - Le coût de l'électricité va augmenter au cours des prochaines décennies en France quelle que soit la politique énergétique adoptée mais le nucléaire restera l'option la moins coûteuse, surtout si la durée de vie des centrales est prolongée jusqu'à 60 ans, selon un rapport publié lundi.

    Le gouvernement avait commandé en octobre dernier ce rapport, dans un contexte où l'énergie nucléaire provoque de nombreux débats, notamment nourris par la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon et la campagne pour l'élection présidentielle en France avant le premier tour du 22 avril.

    A l'horizon 2030, le consommateur paiera plus cher sa facture d'électricité, en particulier si la France recourt massivement aux énergies renouvelables, d'après les scénarios étudiés par la Commission Energies 2050.

    Le développement massif des énergies renouvelables augmenterait de 50 à 100% le coût de production de l'électricité, selon son rapport présenté lundi par le ministre de l'Energie Eric Besson.

    "La structure des coûts que l'on peut envisager en 2030 maintient un avantage pour l'option nucléaire", indique le document, qui préconise le prolongement de la durée de vie des réacteurs français aussi longtemps que l'autorité de sûreté nucléaire (ASN) le permettra.

    A travers son rapport, la commission Energies 2050 recommande également de "ne pas se fixer aujourd'hui d'objectif de part du nucléaire à quelque horizon que ce soit, mais (de) s'abstenir de compromettre l'avenir et pour cela maintenir une perspective de long terme pour cette industrie en poursuivant le développement (des réacteurs) de la génération 4".

    "PERTE DE VALEUR"

    En 2050, l'ensemble des 58 réacteurs du parc nucléaire français auront atteint 40 années de mise en service, pour lesquelles l'ASN a donné son accord de principe.

    Dans l'un des scénarios développés par le rapport, la France pourrait choisir d'accélérer le passage aux réacteurs de troisième génération (EPR) pour remplacer les centrales qui atteindraient 40 ans et devrait dans ce cas construire au moins deux EPR par an pendant 10 ans

    Cependant, le scénario le moins coûteux selon Energie 2050 serait de prolonger la vie du parc nucléaire jusqu'à la sixième visite décennale, soit 60 ans, sous réserve d'une autorisation de l'ASN. L'opérateur des centrales françaises EDF s'est déjà prononcé en faveur de cette durée de vie.

    La fermeture à 40 ans au lieu de 60 ans de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), symbole de la contestation anti-nucléaire, constituerait un manque à gagner de l'ordre d'un milliard d'euros (en valeur actualisée 2012) pour son exploitant EDF, selon le rapport.

    Mise en service en 1977, Fessenheim est la plus vieille centrale du parc français tandis que celle de Civaux (Vienne), mise en service en 1999 est la plus récente, selon les données fournies par EDF.

    "Au total, pour une soixantaine de réacteurs, à la perte de valeur due au 'non prolongement' de réacteurs potentiellement capables de produire pendant 10 à 20 ans de plus, se rajouterait un deuxième effet puisque les réacteurs nucléaires arrêtés seraient remplacés par des équipements dont le fonctionnement serait nettement plus onéreux, quelle que soit leur nature", selon le rapport Energies 2050.

    "L'ordre de grandeur du total de cette perte de valeur économique serait d'une centaine de milliards d'euros, voire plus."

    "PRO-NUCLÉAIRES FORCENÉS"

    Eric Besson avait partiellement révélé dimanche les conclusions de ce rapport, affirmant clairement que la prolongation de la durée de vie des centrales était l'option préférée du gouvernement.

    Le candidat socialiste à la présidentielle, François Hollande, favori des sondages, a prévu dans son programme de fermer Fessenheim et de réduire de 75 à 50% la part du nucléaire dans la production d'électricité française à l'horizon 2025.

    Dans cette hypothèse, dont le scénario de réduction progressive du nucléaire présentée par le rapport se rapproche le plus, le coût complet de production de l'électricité atteindrait 69 à 79 euros par mégawatt-heure en 2030, avec 100.000 à 150.000 destructions d'emplois, contre 52 à 59 euros dans le scénario d'une prolongation du parc actuel.

    "Le scenario d'une réduction de 75% à 50% en 2030 (...) représente aussi un accroissement de moitié de nos émissions de gaz à effet de serre de notre parc électrique et une augmentation importante de nos importations d'énergies fossiles. Ce serait donc une réduction forte de notre indépendance énergétique pour la production d'électricité" a déclaré Eric Besson lors d'une conférence de presse.

    Dénonçant une commission composée de "pro-nucléaires forcenés", l'observatoire du nucléaire a estimé que les conclusions du rapport étaient "nulles et non avenues".

    Claude Mandil, vice-président de la commission, s'est pour sa part défendu de toute partialité : "Nous n'étions pas plus pro-nucléaires que nous n'étions anti-nucléaires. Nous avons essayé d'être objectifs mais, s'il fallait qualifier cette commission, elle était anti-gaspillage."

    Muriel Boselli, Marion Douet et Benjamin Mallet, édité par Cyril Altmeyer


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  • L'État réaffirme son credo nucléaire

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    Par Frédéric De Monicault, Fabrice Nodé-Langlois Mis à jour <time class="updated" datetime="12-02-2012T21:02:00+02:00;">le 12/02/2012 à 21:02</time> | publié <time datetime="12-02-2012T20:57:00+02:00;" pubdate="">le 12/02/2012 à 20:57</time> Réagir
    La centrale du Tricastin dans la Drôme.
    La centrale du Tricastin dans la Drôme. Crédits photo : (c) PHILIPPE DESMAZES / AFP

    L'État mise sur une prolongation de la durée d'exploitation du parc de centrales atomiques.

    «Le président de la République a demandé à tous les opérateurs de se mettre en situation de pouvoir prolonger la durée de vie de nos réacteurs et de nos centrales nucléaires au-delà de 40 ans», a déclaré dimanche Éric Besson au micro d'Europe 1. Pour le ministre de l'Industrie, la politique énergétique de la France doit bien être de continuer à miser sur le nucléaire. Et la prolongation de l'exploitation du parc existant est dans ce cadre l'option la plus efficace. Une conclusion à ses yeux étayée par le rapport «Énergie 2050», qu'il avait commandé à une commission d'experts dirigée par le professeur d'université Jacques Percebois et Claude Mandil, ancien directeur de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). En écho aux conclusions du rapport de la Cour des comptes publié le 31 janvier sur les coûts de la filière nucléaire, ce document, qui sera présenté ce lundi, souligne comme déterminante dans l'équation économique du bouquet électrique français, la durée de fonctionnement des réacteurs nucléaires. Se priver de dix ou vingt ans de production supplémentaire représenterait «une perte de valeur» de 100 milliards d'euros. La prolongation des réacteurs dépend cependant in fine de l'Autorité de sûreté nucléaire, qui accorde son feu vert, pour dix années supplémentaires, réacteur par réacteur.

    Orientations flexibles

    Les rapporteurs, parmi lesquels un membre du Commissariat à l'énergie atomique (CEA), recommandent aussi clairement de «ne pas fixer aujourd'hui d'objectif de part du nucléaire à quelque horizon que ce soit». Autrement dit, le contre-pied de l'engagement no 41 du candidat François Hollande. Une réduction à 20% de la part du nucléaire à l'horizon 2030, selon les auteurs, se traduirait par une hausse du prix de l'électricité de 20% à 30% par rapport à un maintien de la part du nucléaire. «Cela ne veut pas dire que nous défendions l'atome à tout prix. L'échéance de 2050 est encore loin et les grandes orientations énergétiques doivent avant tout pouvoir rester flexibles, expose l'un des participants aux travaux. D'ici cette date, beaucoup de progrès auront été faits dans les énergies renouvelables, le stockage de l'électricité ou encore la capture de CO2. Des éléments qui sont encore aujourd'hui des défis technologiques vont devenir au cours des prochaines décennies des réalités industrielles.»

    En termes industriels, l'État compte sur les grands acteurs de la filière pour compléter l'offre française de réacteurs, notamment à l'export. Outre l'EPR, le réacteur de troisième génération qui affiche une puissance de 1600 MW, et les réacteurs en développement de 100 MW, le Conseil de politique nucléaire réuni mercredi dernier à l'Élysée, a lancé «une étude de faisabilité sur la possibilité de lancer des réacteurs de faible puissance, c'est-à-dire autour de 300, 400 mégawatts», a indiqué Éric Besson.

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  • Des arrêts de réacteurs nucléaires sans gravité à Cattenom et au Tricastin

    LEMONDE.FR avec AFP | 10.02.12 | 22h02   •  Mis à jour le 10.02.12 | 22h12

     

    La centrale de Tricastin, en France, le 27 août 2009.

    La centrale de Tricastin, en France, le 27 août 2009.AFP/JEFF PACHOUD

    Un des réacteurs de la centrale nucléaire de Cattenom, en Moselle, et l'un de ceux de la centrale du Tricastin, dans la Drôme, ont été arrêtés jeudi 10 février, l'un pour une panne sans gravité, l'autre pour une intervention sur une vanne, a-t-on appris vendredi auprès d'EDF.

    Le réacteur numéro 2 de la centrale de Cattenom, d'une puissance de 1 300 mégawatts, s'est arrêté automatiquement vers 2 h 45, en raison d'une panne technique sur un alternateur, un élément situé dans la partie non nucléaire de la centrale, a annoncé EDF sur son site Internet. "Cet événement n'a eu aucune conséquence sur la sûreté, l'environnement et la sécurité des intervenants", a assuré EDF. Une porte-parole du groupe a indiqué que la réparation de l'alternateur devrait prendre quelques jours. Les autres tranches de la centrale fonctionnent normalement.

    Par ailleurs, le réacteur numéro 2 de la centrale du Tricastin (Drôme), d'une puissance de 900 mégawatts, a connu un arrêt volontaire, jeudi après-midi, pour subir une intervention suite à la découverte d'un dysfonctionnement sur une vanne.

    PAS DE PROBLÈMES DE FOURNITURE D'ÉLECTRICITÉ EN VUE

    "C'est la procédure de sécurité classique avant toute intervention dans une unité de production. Cela a duré près de une heure, mais il faut prendre en compte le temps d'arrêter le réacteur, puis celui de sa remise en service", a déclaré le service de communication de la centrale vendredi soir. Le réacteur sera à nouveau couplé au réseau ce vendredi dans la nuit. Des arrêts inopinés se produisent régulièrement au sein du parc nucléaire français, qui comprend au total 58 réacteurs.

    La consommation d'électricité en France a battu des records mardi et mercredi en raison de la vague de froid qui frappe le pays. Mais la mise à l'arrêt de Cattenom 2 ne pose pas de problèmes en termes de fourniture d'électricité, a fait savoir RTE, filiale d'EDF qui gère le réseau haute tension national et veille à l'équilibre général du système électrique.

    A la centrale EDF du Tricastin, qui produit environ la moitié de la consommation de Rhône-Alpes par an, on assure également qu'il n'y aura pas d'impact sur l'acheminement d'électricité grâce à des "moyens de production suffisamment variés et larges pour compenser l'arrêt". La consommation électrique était en effet en recul ce vendredi par rapport aux jours précédents, et RTE n'anticipe pas de nouveau record ce vendredi ni les jours suivants.

     

    Le débat sur la sécurité nucléaire

    Réunion de ministres et hauts responsables de seize pays de l'Union européenne ayant opté pour le nucléaire, le 10 février. Les faits Les pays de l'UE ayant opté pour le nucléaire esquissent une politique énergétique européenne


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  • 50 milliards pour prolonger les centrales jusqu'à 60 ans

     

    Par Frédéric De Monicault Mis à jour <time class="updated" datetime="03-01-2012T21:16:00+02:00;">le 03/01/2012 à 21:16</time> | publié <time datetime="03-01-2012T18:23:00+02:00;" pubdate="">le 03/01/2012 à 18:23</time>

     

    La centrale nucléaire de Fessenheim.
    La centrale nucléaire de Fessenheim. Crédits photo : FREDERICK FLORIN/AFP

    INFOGRAPHIE - La France va devoir investir, en plus des quarante milliards d'euros déjà budgétés, environ dix milliards dans ses centrales nucléaires pour en améliorer la sûreté.

    «Je n'imagine pas que les milliards d'euros nécessaires pour augmenter la sécurité du parc de centrales d'EDF n'aient pas une traduction sur son prix de revient.» Ce mardi, à Paris, au siège de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), son président, André-Claude Lacoste, a fermement indiqué que l'atome civil en France, après la catastrophe de Fukushima, coûterait à terme beaucoup plus cher. Ces sommes supplémentaires découleront directement de la série de préconisations faites par l'ASN dans le cadre des fameux «stress tests», cette revue complète des installations nucléaires en France. Très attendu, le rapport présenté hier par l'ASN liste de nombreux foyers d'amélioration.

    Peut-on, d'ores et déjà, chiffrer ce surcoût? Pour prolonger les 19 centrales et 58 réacteurs actuels jusqu'à 60 ans, EDF a budgété quelque 40 milliards d'euros. Cela, c'était avant le séisme au Japon. A la lumière des travaux de l'ASN, EDF estime qu'il faudra environ 10 milliards d'euros supplémentaires pour réaliser les renforcements - matériels et humains - demandés par l'ASN. Cela porte donc à 50 milliards d'euros le montant nécessaire pour assurer la pérennité du parc.

    A l'heure actuelle, EDF consacre environ deux milliards d'euros par an pour assurer la maintenance de ses centrales. A l'horizon de 2015, cette somme passera à 4 milliards car la plupart des centrales, âgées entre 20 et 30 ans, nécessitent des travaux de révision plus importants.

     

      

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  • Areva: les embauches et les salaires seront gelés en 2012 selon la CGT

    Publié le 12/12/2011 | 15:14 , mis à jour le 12/12/2011 | 18:58

    Luc Oursel, le PDG d'Areva, le 8 septembre 2011 à Tokyo (Japon).

    Luc Oursel, le PDG d'Areva, le 8 septembre 2011 à Tokyo (Japon).
    (TORU YAMANAKA / AFP)

    Le groupe nucléaire français Areva a adopté lundi 12 décembre un plan visant à économiser un milliard d'euros par an jusqu'en 2015. Plombé par de nombreux dossiers comme la catastrophe de Fukushima, le groupe veut redresser ses comptes. En 2011, l'entreprise a perdu entre 1,4 et 1,6 milliard d'euros.

    Baptisé "Action 2016", ce plan, qui sera détaillé mardi 13 décembre, prévoit également 1,2 milliard d'euros de cessions. Le groupe annonce également qu'il réduira d'un tiers ses investissements d'ici à 2016, à 7,7 milliards d'euros. Aucune information n'a été donnée sur d'éventuelles suppressions d'emplois.

    Non-remplacement de 1 200 postes en 2012

    Mais la CGT, premier syndicat du groupe, a rapporté que la direction avait annoncé lors d'un comité de groupe le gel des embauches et des salaires pour 2012. Cette mesure signifie que les départs naturels, estimés à 1 200 postes par la centrale syndicale, ne seront pas remplacés en 2012. En Allemagne, la CGT indique que 1 200 emplois seront également supprimés.

    Convoqué le mois dernier par le gouvernement, Luc Oursel s'était pourtant engagé à ce qu'il n'y ait "aucune suppression de postes, aucun plan de départ volontaire et aucun impact sur les sites français".

    Eva Joly demande un "plan de reconversion"

    Areva "a besoin d'un plan de reconversion, pas d'un plan d'austérité", a réagi Eva Joly. Pour la candidate Europe Ecologie-Les Verts à la présidentielle, "le déclin du nucléaire français est une tendance lourde".

    Elle estime donc qu'"il est temps d'organiser une sortie de crise par le haut pour les salariés du nucléaire", en engageant l'entreprise dans les marchés des énergies renouvelables, du démantèlement des centrales et de la gestion des déchets nucléaires.

    De son côté, la Bourse de Paris a réagi négativement à l'annonce du plan. Le titre d'Areva, dont la cotation a repris lundi après-midi, affichait -5,56 % à la clôture.

    FTVi


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