• Dernière modification : 28/06/2013 

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    Obama en Afrique : un moyen de contrecarrer l'influence chinoise ?

    Obama en Afrique : un moyen de contrecarrer l'influence chinoise ?
    © AFP

    La tournée africaine de Barack Obama est perçue par de nombreux observateurs comme une tentative des États-Unis de riposter à la percée économique chinoise en Afrique subsaharienne. Un défi loin d’être gagné pour la diplomatie américaine.

    Par FRANCE 24 (texte)
     

    La tournée africaine de Barack Obama, entamée jeudi 27 juin au Sénégal, marque t-elle le retour des États-Unis sur un continent noir de plus en plus sous influence chinoise ? La question est soulevée par de nombreux spécialistes de l’Afrique, qui soulignent la proximité de l’itinéraire du président américain avec celui de son homologue chinois il y a exactement trois mois.

    Syndiquer le contenuDébat télévisé sur la tournée africaine de Barack Obama (1/2)

    "Force est de constater que la Tanzanie et l’Afrique du Sud faisaient partie du voyage officiel de Xi Jiping lors de sa première tournée en Afrique en mars dernier", affirme Virginie Herz, spécialiste de politique internationale à FRANCE 24.

    "Depuis 2009, les deux présidents chinois qui se sont succédé ont visité plus de 30 pays en Afrique" rappelle-t-elle. Cette intense activité diplomatique a été doublée d’une pénétration économique sans précédent, la Chine raflant plusieurs contrats majeurs dans le domaine des infrastructures.

    Out of Africa

    Contrairement à sa visite éclair au Ghana en 2009 - qui avait duré 20 petites heures - le premier président afro-américain de l’Histoire a cette fois décidé de consacrer une bonne semaine de son agenda politique à l’Afrique subsaharienne. Après sa visite au musée de l’esclavage sur l’île de Gorée au Sénégal, le chef de l'État américain est attendu en Afrique du Sud ce week-end – où il se rendra sur l’île où Nelson Mandela avait été interné – avant de finir par la Tanzanie entre les 1er et 3 juillet.

    Syndiquer le contenuDébat télévisé sur la tournée africaine de Barack Obama (2/2)

    Au-delà des symboles historiques, les destinations de Barack Obama tracent en filigrane la volonté d’encourager les pays africains engagés sur le chemin de la démocratie. Le choix du Sénégal pour sa première visite dans un pays d’Afrique francophone est à cet égard révélateur, la venue de Barack Obama couronnant la transition politique sénégalaise par les urnes, en mars 2012, au terme d’un scrutin particulièrement tendu.

    "Barack Obama a choisi pour cette tournée africaine des pays qui se distinguent par leur bonne gouvernance dans un continent encore marqué par les putschs, les coups d’État, et les présidents qui s’accrochent au pouvoir", confirme l’analyste de FRANCE 24.

    Rivalité commerciale sino-américaine

    L’administration américaine est cependant bien consciente que c’est sur le plan économique que l’essentiel du duel sino-américain se jouera. Objectif : contrecarrer l’imposante domination commerciale chinoise sur le continent noir. Selon "Le Monde", le montant des échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique subsaharienne aurait atteint 200 milliards de dollars en 2012, le double des échanges américano-africains.

    "Il y a une importante rivalité sino-américaine et c’est pourquoi Barack Obama vient accompagné d’une importante délégation - on parle de plus de 500 personnes, dont une grande partie de chefs d’entreprises et d’investisseurs", souligne Virginie Herz.

    Reste à voir si ce débarquement américain permettra de rattraper quatre années d’absence dans une Afrique subsaharienne où le désenchantement de la population à l’égard du premier président noir américain est à la hauteur des espoirs suscités par son arrivée à la Maison Blanche en 2008.


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  • Accueil > Monde > EGYPTE. En attendant les manifestations de dimanche...

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    EGYPTE. En attendant les manifestations de dimanche...

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    <time datetime="2013-06-28T12:53:15" itemprop="dateCreated">Créé le 28-06-2013 à 12h53</time> - <time datetime="2013-06-28T13:06:35" itemprop="dateModified">Mis à jour à 13h06</time>

    Les deux heures et demi de discours du président n'auront pas fait retomber la tension. Pro et anti Morsi préparent leur démonstration de force. De notre correspondant au Caire.

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    Une photo du président Morsi brûlée et foulée aux pieds par des manifestants place Tahrir le 26 juin GIANLUIGI GUERCIA/AFP

    Une photo du président Morsi brûlée et foulée aux pieds par des manifestants place Tahrir le 26 juin GIANLUIGI GUERCIA/AFP

    <aside class="obs-article-brelated" style="margin-left:20px;"> <header class="obs-blocktitle">Sur le même sujet</header>

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    2h30. C'est à peu près ce qu'aura duré le discours de Mohammed Morsi, prononcé mercredi devant une assemblée d'islamistes et d'officiels. Le président en a profité pour dresser un bilan globalement positif de sa première année de mandat tout en reconnaissant des erreurs. Il a même présenté ses excuses aux "jeunes qui n'ont trouvé que la rue pour s'exprimer", leur promettant de tout faire pour les intégrer aussi vite que possible à la vie politique nationale. Il s'est en revanche montré très offensif et même menaçant à l'égard de ceux, non nommés, qui tenteraient de déstabiliser l'Égypte. 2h30, c'est aussi le temps moyen qu'il faut en ce moment aux automobilistes égyptiens pour faire un plein d'essence, à cause des pénuries qui transforment les stations service en théâtres vivants, où, le long d'interminables files de voitures, on échange à coups de klaxons, d'insultes et parfois de poings.

    Ce qui lie ces deux réalités bien éloignées, c'est une même angoisse autour d'une même échéance : le 30 juin. C'est en effet dimanche que doit se tenir la grande manifestation anti-Morsi, prévue un an exactement après son investiture et qui doit se tenir devant le palais présidentiel et sur la place Tahrir. Les opposants libéraux et de gauche, qui affirment avoir rassemblés 15 millions de signatures contre le pouvoir dans le cadre de leur campagne Tamarod (rébellion), se sentent pousser des ailes et rêvent de faire de cette date le point de départ d'une seconde révolution qui aboutirait à l'éviction de Mohammed Morsi et à la tenue de nouvelles élections présidentielles. En province, plusieurs affrontements entre sympathisants et opposants du président ont déjà fait 2 morts et 300 blessés, mercredi soir à Tanta et Mansoura. Les Egyptiens craignent que ce type de heurts se généralise, provoquant une paralysie dans tout le pays. En anticipation des événements, beaucoup ont déjà fait des stocks de nourriture, de cigarettes, d'argent ou de bidons d'essence, aggravant ainsi la pénurie déjà existante et participant à alourdir un peu plus une atmosphère déjà pesante.

    La logistique révolutionnaire se remet en place

    Sur la place Tahrir, jeudi soir, on se préparait doucement à la manifestation. A peine quelques centaines de personnes étaient rassemblées devant l'estrade centrale mais déjà, les intervenants se succédaient au micro en scandant des slogans hostiles à Mohammed Morsi, repris par une petite foule enthousiaste, portant des drapeaux égyptiens et des portraits du président, barrés d'une croix. Il y avait peu d'innovation dans les slogans, identiques à ceux scandés contre Hosni Moubarak en janvier 2011 ou contre l'armée pendant les événements de Mohammed Mahmoud, avec pour seul différence le destinataire : "Morsi dégage", "le peuple veut la chute du régime", "Tombe, tombe, guide suprême (chef des la confrérie des Frères Musulmans à laquelle appartient Mohammed Morsi)". Tout autour, la logistique révolutionnaire, tant de fois mise en œuvre sur la célèbre place, reprenait forme : des tentes sont plantées sur le terre-plain central, les vendeurs de drapeaux, de thé ou de pop-corn installent leurs étals, tandis que des enfants des rues, pour certains âgés de moins de dix ans, concassent des cailloux pour les bagarres à venir.

    Non loin de là, les chars de l'armée se sont déployés dans la capitale, ainsi que dans toutes les zones à risque du pays. Survolant vendredi matin le ciel cairote, les bruyants hélicoptères soulignent un peu plus cette présence difficile à interpréter. La semaine passée, les militaires sont sortis de leur réserve et la ministre de la Défense, le général Al Sissi, a assuré que "les forces armées (avaient) le devoir d'intervenir pour empêcher l'Egypte de plonger dans un tunnel sombre de conflits et de troubles." Un message que chacun a compris comme il le souhaitait : les pro-Morsi y voyant la confirmation que l'armée resterait solidaire du pouvoir, les anti qu'elle se préparait à un coup d'État, espéré par les nombreux nostalgiques de l'ancien régime.

    Se sentant menacés, les partisans du président vont tenter vendredi une dernière démonstration de force. A l'appel de nombreux partis islamistes, ils ont prévu de se réunir dans l'après-midi, à Medinat Nasr en banlieue du Caire, pour "défendre la démocratie et la légitimité du président." Ce rassemblement n'a pas prévu de se disperser à la fin de la journée et devrait se transformer en sit-in. Une façon pour les islamistes de dire qu'ils se tiennent prêt à intervenir en cas de débordement au Palais présidentiel, situé non loin de là.

     

    Marwan Chahine - Le Nouvel Observateur


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  • Brésil : une colère aux développements durables

    <time datetime="2013-06-23T21:36:06+02:00" itemprop="datePublished">23 juin 2013 à 21:36   </time>lien

    Manifestation le 22 juin 2013 à Belo Horizonte, au Brésil.

    Manifestation le 22 juin 2013 à Belo Horizonte, au Brésil. (Photo Yuri Cortez . AFP)

    Analyse Depuis deux semaines, la révolte a cristallisé toutes les rancœurs de la population.

    Douze jours. Douze longs jours avant d’intervenir publiquement alors que les plus grandes villes du pays étaient submergées par le flot des manifestants. La présidente brésilienne, Dilma Rousseff, est finalement apparue vendredi soir sur toutes les chaînes de télévision pour répondre à une rue qui a dangereusement fait tanguer le pouvoir du Parti des travailleurs (PT, gauche), dont elle est issue. Un peu plus tôt dans la semaine, Gilberto Carvalho, son chef de cabinet, avouait presque béatement que «le gouvernement n’arrivait pas à comprendre» le mouvement. Ce qui explique peut-être que la Présidente a préféré jouer la montre, attendant que les annulations des hausses de tarifs dans les transports - catalyseur d’une vague de contestation inédite depuis un quart de siècle au Brésil - fassent leur effet avant de s’adresser à son peuple.

     

    Ce petit Mouvement pour le libre passage (MPL, qui exige la gratuité dans les transports urbains), né dans la mouvance du Forum social mondial de Porto Alegre en 2005, est venu soudainement ruer dans les «excellents» indicateurs économiques de l’arrogant Brésil. Et a jeté aux yeux du monde la réalité d’une société violente et profondément inégalitaire, malgré les incontestables avancées sociales à mettre au crédit des administrations successives du PT, d’abord sous la présidence de Luiz Inácio Lula da Silva (2003-2010), puis sous celle de Dilma Rousseff.

    Pots-de-vin. En tendant la main aux manifestants «pacifistes», en leur assurant que les transports, la santé et l’éducation seront désormais au centre de l’action gouvernementale, Dilma Rousseff a probablement marqué un point, même si ce discours sonne comme une vieille rengaine.

    L’ex-guérillera a également affirmé la nécessité «d’oxygéner la vie politique par plus de transparence». Traduire : tenter de faire baisser l’insupportable tradition de corruption qui mine la crédibilité de tous les partis politiques, au premier rang desquels le sien. Mais après avoir passé trois ans au Planalto, l’Elysée de Brasília, elle n’a pas encore accroché le premier wagon de sa lutte contre la corruption. Symptôme d’une société lassée de voir s’évaporer des dizaines de milliards d’euros en pots-de-vin et en «petits avantages», c’est aujourd’hui le président de la Cour suprême, Joaquim Barbosa, inflexible instructeur du scandale du mensalão (une affaire d’achat du vote de députés par les proches de Lula en 2005), qui est la personnalité la plus appréciée des Brésiliens.

    Avenir. L’humilité et les promesses de Dilma Rousseff suffiront-elles à un an de la prochaine élection présidentielle ? Rien n’est moins sûr, même si le mouvement actuel - qui, à force de se vouloir apolitique, est pollué par l’activisme de groupes de droite et d’extrême droite - montre des signes d’essoufflement. En se mobilisant via Facebook, les jeunes contestataires ont réussi à cristalliser les multiples frustrations d’une population qui préférerait que ses dirigeants investissent plus dans son avenir que dans la course à une sixième étoile lors du Mondial 2014. En ce sens, la révolte 2.0 de la rue brésilienne marquera durablement la vie politique.


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  • Monde

    Tsakhia Elbegdorj réélu président de Mongolie

    <time datetime="2013-06-27T08:17:30+02:00" itemprop="datePublished">27 juin 2013 à 08:17      </time>lien

    Tsakhia Elbegdorj célèbre sa réélection entouré de ses ministres, le 27 juin sur la place Sukhbaatar, dans le centre d'Oulan-Bator.

    Tsakhia Elbegdorj célèbre sa réélection entouré de ses ministres, le 27 juin
    sur la place Sukhbaatar, dans le centre d'Oulan-Bator. (Photo Carlos Barria.
    Reuters)

    Le chef de l'Etat sortant a réuni la majorité des suffrages dès le premier tour. En plein essor économique grâce à ses richesses minières, le pays souffre toutefois d'inégalités croissantes et d'une capitale très polluée.

    Le président mongol sortant Tsakhia Elbegdorj a remporté de justesse, mais dès le premier tour, la présidentielle contre son rival, le champion de lutte Badmaanyambuu Bat-Erdene, gagnant un second mandat qui devrait lui permettre de reconduire sa politique d’ouverture aux capitaux étrangers, selon les résultats préliminaires annoncés jeudi.

    Elbegdorj, du Parti démocrate, a remporté 50,23% des suffrages, a indiqué la Commission électorale nationale. Celle-ci a précisé que ces résultats portaient sur la totalité des suffrages exprimés, mais restaient «préliminaires» en attendant un recomptage et leur officialisation. Son principal rival, Bat-Erdene, membre du Parti populaire mongol (MPP), est à 41,97% des voix.

    Vers midi, sur la place Suukhbaatar, au cœur d’Oulan-Bator, théâtre des grands événements du pays, des milliers de partisans d’Elbegdjorj attendaient une apparition de leur leader, agitant le drapeau rouge et bleu des Démocrates, a constaté l’AFP. Le scrutin de mercredi, qui s’est déroulé sans violence, a été dominé par la recherche d’une redistribution plus équitable de la manne des gigantesques ressources minières du «pays des steppes», moteur d’un spectaculaire essor économique, avec un taux de croissance faramineux de 17,5% en 2011 et de 12,3% l’an dernier.

    Les trois candidats, dont, pour la première fois, une femme, ont assuré vouloir œuvrer à une meilleure redistribution de ce soudain afflux de richesse, à l’origine de fortunes colossales dans un pays où le salaire moyen avoisine les 200 dollars. Première femme en Mongolie à disputer la présidentielle, Natsag Udval n’a remporté que 6,5% des voix. Issue du Parti populaire révolutionnaire mongol (PPRM, anciens communistes), c’est une partisane de l’ex-président Nambar Enkhbayar, qui purge actuellement une peine de deux ans et demi de prison pour corruption.

    Ancien journaliste, le président élu Elbegdorj est l’un des dirigeants de la révolution pacifique qui a mis fin en 1992 à 70 ans de férule soviétique sur cet ancien satellite de l’URSS. Avant l’annonce des résultats préliminaires, le Premier ministre Norovyn Altankhuyag, également du Parti démocrate, avait salué «la confiance des électeurs». Il avait revendiqué la majorité les suffrages, avant de déclarer : «Nous continuerons à œuvrer à l’élimination de la corruption, des pots-de-vin et de la bureaucratie en poursuivant la grande édification et le développement» du pays.

    Gratte-ciel et centres commerciaux luxueux

    La crainte d’une mainmise étrangère sur les ressources du pays a été à l’origine d’un «nationalisme minier» qui a traversé la campagne électorale. Cette rhétorique a provoqué des frictions avec les puissants investisseurs étrangers, à l’origine du boom économique de ce pays enclavé entre Chine et Russie, survenu grâce à ses énormes réserves de charbon, de cuivre et d’or, jusque-là encore largement inexploitées.

    Le géant anglo-australien Rio Tinto et le canadien Turquoise Hill Resources ont investi quelque 6,2 milliards de dollars dans la mine d’Oyu Tolgoi et prévoient d’en tirer 450 000 tonnes de cuivre et 330 000 onces d’or chaque année, en faisant l’une des plus grandes de la planète. Une manne qui devrait fournir en 2019 un tiers environ des revenus de l’Etat mongol. Mais les premières livraisons de minerai de cuivre attendues à l’exportation ont enregistré dernièrement une série de retards, pour cause de mésentente entre Rio Tinto et le gouvernement, notamment sur les conditions de rapatriement des bénéfices.

    La frénésie d’investissements a aussi gagné la capitale, Oulan-Bator, qui s’est métamorphosée avec gratte-ciel et centres commerciaux luxueux, tout en détenant le triste record de deuxième capitale la plus polluée du monde, selon l’OMS. Avant le boom minier, la grande majorité des 2,8 millions de Mongols, très dispersés sur ce pays grand comme trois fois la France, vivait la vie des nomades à cheval, héritiers lointains de l’empire de Gengis Khan, parvenu jusqu’au cœur de l’Europe il y a 800 ans.

    Le MPP et le Parti démocratique du président sortant ont formé une coalition au parlement durant l’essentiel de la décennie écoulée. Bat-Erdene avait gagné une popularité certaine en contribuant à faire voter une loi protégeant l’environnement - les célèbres steppes mongoles sont aussi une importante ressource touristique - et en défendant une meilleure redistribution.

    Si les résultats officiels confirment la victoire de Tsakhia Elbegdorj avec plus de 50% des voix, il échappera à un deuxième tour le 10 juillet. Les soupçons de fraude avaient provoqué des violences aux législatives de 2008, faisant cinq morts.


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  • Monde

    Aux Etats-Unis, une gifle pour les droits civiques

    <time datetime="2013-06-26T17:20:47.438387+02:00" itemprop="datePublished">26 juin 2013 à 17:20      </time>lien

    Lyndon Johnson et Martin Luther King le jour du vote de la loi, le 6 août 1965.

    Lyndon Johnson et Martin Luther King le jour du vote de la loi, le 6 août 1965. ((Photo Lyndon Baines Johnson Library and Museum / Wikimedia))

    Récit La Cour suprême a déclaré obsolète le Voting Rights Act de 1965, texte emblématique de la lutte pour les droits civiques. Les démocrates s'alarment.

    La Cour suprême des Etats-Unis vient-elle de tirer un trait sur cinquante ans de lutte contre les discriminations raciales ? Les plus hauts juges du pays ont invalidé ce mardi le Voting Rights Act, un monument du mouvement pour les droits civiques. Votée de haute lutte en 1965 pour limiter la discrimination raciale dans les Etats au passé ségrégationniste, la loi sur les droits électoraux a été tout bonnement décrétée obsolète par les cinq juges conservateurs de la Haute Cour (contre quatre démocrates).

    Cette décision (à lire en anglais ici) a déclenché un tonnerre de condamnations chez les organisations des droits de l’homme, les élus démocrates, et le président Barack Obama, qui l’avait défendue bec et ongles jusqu’au bout. «La décision d’aujourd’hui (...) remet en cause des décennies de bonnes pratiques qui permettent de s’assurer que le vote est juste, tout particulièrement dans des régions où la discrimination a été historiquement très présente», a déclaré le président des Etats-Unis.

    La Haute Cour a annulé «une pierre angulaire de notre législation sur les droits civiques», a renchéri son ministre de la Justice, Eric Holder, également afro-américain, parlant de «revers grave pour les droits de vote qui a le potentiel d’affecter négativement des millions d’Américains». Pour le New York Times, la cour a «eviscéré» cette loi qui «garantissait le principe du "un citoyen un vote"».

    Le Voting Rights Act (texte original ici) soumet, dans sa section 5, neuf Etats, principalement ceux du sud du pays connus pour leur passé ségrégationniste, à un blanc-seing de Washington pour toute réforme de leur code électoral. L'idée était de rétablir le droit de vote effectif pour les Afro-Américains qui, s'ils y avaient droit depuis 1870 en vertu du 15e amendement de la Constitution, en étaient en réalité souvent privés dans les faits. Dans plusieurs Etats du Sud, leur vote était conditionné à différentes mesures édictées pour leur barrer l'accès aux urnes : taxes, tests scolaires, limitation du vote à ceux dont le grand-père avait déjà le droit de vote en 1866 (les descendants d'esclaves étaient dont écartés)...

    Le mouvement de lutte pour les droits civiques du début des années 60 en fait un cheval de bataille. En 1965, sur fond de violentes attaques raciales, la marche sur Selma, en Alabama, à laquelle prend part Martin Luther King, vise à exiger le respect du droit de vote. Le 6 août de la même année, le président Lyndon Johnson signe la loi.

    La loi, renouvelée pour vingt-cinq ans par le Congrès en 2006, a depuis régulièrement permis de limiter les dérives. C’est ainsi que récemment le Texas a vu tour à tour retoqués, sur des soupçons de discrimination vis-à-vis des minorités, son redécoupage électoral et sa loi exigeant des électeurs qu’ils présentent une carte d’identité pour voter. Mais d’autres lois similaires destinées à favoriser l'électorat républicain ont pu passer, notamment dans l’Etat crucial de Floride lors de la dernière élection présidentielle.

    En vert clair, les premiers Etats soumis à la loi. Source civilrights.org. A voir aussi, la carte du New York Times.

    Dans sa décision rendue ce mardi, la Haute Cour, sans nier que la discrimination électorale existe, estime que la méthode utilisée pour déterminer la zone où s’applique cette loi est dépassée. «La section 4 de la loi sur les droits électoraux est anticonstitutionnelle à la lumière des circonstances actuelles», a tranché le président de la cour, John Roberts, au nom de la majorité. «Aujourd’hui, le pays n’est plus divisé comme il l’était en 1965» et «près de cinquante ans ont passé, les choses ont énormément changé». 

    Ce n’est pas l’avis des quatre juges progressistes qui rappellent que le Congrès, en 2006, avait jugé que «quarante ans n’étaient pas suffisants pour éliminer tous les vestiges de la discrimination, après près de cent ans de mépris du 15e amendement».

    Le camp républicain s’est félicité. «C’est une claire victoire pour le fédéralisme et les Etats», s’est réjoui Rick Perry, le gouverneur du Texas. «Quand vous allez au Tennessee, en Géorgie, en Caroline du Nord, les gens ne sont pas privés du droit de vote à cause de la couleur de peau», a assuré le sénateur Jeff Sessions d’Alabama, où se trouve le comté de Shelby qui a porté l’affaire devant la Haute Cour.

    La cour, dans sa décision, renvoie la balle au Congrès. A charge pour lui de remettre la loi au goût du jour et redessine la carte de la discrimination aujourd’hui. «Si notre gouvernement fédéral n'était pas paralysé par le partisanisme, ce serait chose possible. Les démocrates prépareraient rapidement une nouvelle carte, que les républicains qui ont voté l'extension de la loi en 2006 soutiendraient», commente le New York Time. «Malheureusement, nous ne pouvons compter sur une action forte en ce sens de la part de la Maison Blanche.»


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