Le Vatican a accusé mercredi l'ONU de "déformer" les faits dans un rapport "préparé à l'avance" et publié à Genève, très critique à l'égard de l'Eglise sur son comportement face aux abus pédophiles.
"On dirait quasiment que le rapport (du Comité des Droits de l'enfant de l'ONU) était préparé à l'avance, avant la rencontre avec la délégation du Saint-Siège", s'insurge Mgr Silvano Tomasi, observateur près de l'ONU à Genève, dans une interview à Radio Vatican.
"Le document (de l'ONU) ne semble pas à jour", ajoute le prélat, avant de détailler les mesures prises par l'Eglise catholique contre ces abus. "C'est une question de faits, d'évidence, qui ne peuvent pas être déformés!", ajoute-t-il.
Mgr Tomasi accuse les militants en faveur du mariage gay d'avoir influencé les rapporteurs de l'ONU. "Probablement des ONG qui s'intéressent à l'homosexualité, au mariage gay et d'autres questions ont présenté leurs observations et d'une certaine façon ont renforcé une ligne idéologique", a-t-il dit.
Plus nuancé, le numéro deux du Vatican, le secrétaire d'Etat Pietro Parolin a affirmé que le Saint-Siège "se réserve de répondre (à l'ONU) après avoir pris connaissance et approfondi" le rapport. "Il y aura une réponse articulée de notre part, mais nous ne pouvons que répéter notre volonté de remplir les exigences de la commission et de la convention" des droits de l'enfant, à laquelle le Vatican a adhéré, a-t-il souligné depuis Venise.
Mgr Parolin s'est toutefois déclaré "surpris" que les rapporteurs soient entrés dans des thèmes "qui interfèrent avec la doctrine catholique, surtout le thème de l'avortement".
Pour sa part, le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, a promis que le Vatican détaillerait "dans les prochains jours ou semaines" son plan pour lutter contre la pédophilie ainsi que le fonctionnement de la commission créée pour prévenir les abus. La création de cette commission, premier acte concret du pape François dans ce domaine, avait été annoncée par le Vatican le 5 décembre.
Le Vatican affronte ces cas "avec une exigence de transparence", a assuré le père Lombardi, en marge d'une réunion de la conférence épiscopale espagnole à Madrid.
"Il y a souvent des explications très idéologiques et partiales (....), nous devons y répondre en expliquant la position de l'église", a-t-il ajouté, cité par l'agence de presse italienne Ansa.
Selon lui, le changement "le plus positif et le plus significatif" introduit par le pape François est d'"avoir réussi à changer la perception du message de l'Eglise", même si "dans la substance, il y a continuité et non pas une grande révolution".
Dans son rapport, le Comité des Droits de l'enfant des Nations unies a sévèrement critiqué la politique du Vatican face aux innombrables cas d'abus sexuels sur des enfants commis principalement par des membres du clergé, exigeant que désormais tout religieux pédophile soit déféré devant la justice.
C'est la première fois que le Saint-Siège se trouve sévèrement mis en cause par un organe de l'ONU qui fait autorité dans son domaine.
Composé de 18 experts indépendants des Droits de l'Homme, de différentes nationalités, le Comité a également demandé à l'Eglise de revoir sa position sur les avortements quand la santé de la mère est menacée et d'amender le droit canon en conséquence pour définir les cas où l'avortement pourrait être autorisé.