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Le pape François a lancé samedi 7 septembre un vibrant appel à "travailler pour la paix et la réconciliation" et à mettre fin à la guerre "toujours une défaite de l'humanité", lors d'une veillée de prière pour la Syrie, relayée dans le monde entier.
"La guerre est toujours un échec de l'humanité", a dit le pape devant 70.000 personnes du monde entier sur la place Saint-Pierre, exhortant à "parcourir une autre voie" que la guerre. "Je voudrais que de toutes les parties de la terre, nous criions : oui c'est possible à tous!", a-t-il lancé, très vivement applaudi. "Dans la bien-aimée nation syrienne, au Moyen-Orient, partout dans le monde, prions pour la réconciliation et pour la paix, travaillons pour la réconciliation et pour la paix", a déclaré le souverain pontife
Le pape est arrivé samedi 7 septembre au soir sur la place Saint-Pierre pour présider la grande journée de prière pour la paix en Syrie et dans le monde, en présence de dignitaires des autres confessions chrétiennes et de responsables de l'islam. Le pape a mobilisé samedi les catholiques du monde entier pour une journée de jeûne et de prière contre toute solution militaire en Syrie, en élargissant son appel à toutes les confessions et aux non-croyants. "Que s'élève fortement sur toute la Terre le cri de la paix!": le pape argentin avait exhorté ainsi le milliard de catholiques, les autres chrétiens, les fidèles de toutes les autres religions et les athées à s'associer à ce geste fort.
Soutien par delà les frontières
De Bagdad à Jérusalem, de Bombay à Buenos Aires, de Washington à Paris, de l'Afrique à l'Asie, tout ce que l'Eglise compte de responsables ont relayé le message énergique de François, dans des sermons, des messages téléphoniques et sur les réseaux sociaux. L'initiative a reçu le soutien des patriarches du Moyen-Orient, unis par leur inquiétude d'une extension de la guerre en Syrie et d'une poussée islamiste. Le pape s'oppose à toute idée de frappes, envisagées par la France et les Etats-Unis, estimant qu'elles aggraveront les massacres et ne pourront être limitées. François a adressé une lettre aux responsables du G20 qui étaient réunis cette semaine à Saint-Pétersbourg, leur demandant "du fond du coeur" de renoncer à toute option militaire en Syrie.
En France, seul pays à soutenir les Etats-Unis dans leur projet de frappes contre le régime de Bachar Al-Assad, tous les diocèses ont relayé son appel. Des prières solennelles étaient prévues en particulier à Lourdes et dans la basilique du Sacré Coeur à Montmartre, à partir de 17 heures GMT, au moment de la veillée présidée pendant quatre heures par le pape Place Saint-Pierre à Rome.
Au Liban, pays comptant une importante communauté chrétienne, le patriarche maronite Bechara Boutros Raï conduira une prière dans la basilique Notre Dame du Liban à Harissa, au nord de Beyrouth. Le vice-président du Haut conseil chiite cheikh Abdel Amir Qabalan a adhéré à cette mobilisation "en faveur de la paix en Syrie et au Proche-Orient".
Une mobilisation à l'exemple de Jean-Paul II
En Jordanie, la "principale célébration aura lieu dans l'Eglise 'Sayidat Al Salaam' (Madonne de la Paix) à Amman en présence de l'évêque Maroun Lahham, le nonce en Jordanie et des milliers d'autres personnes", a indiqué Rifat Bader, directeur du Centre catholique d'études et sur les médias. En Syrie, le chef de l'islam sunnite, le grand mufti Ahmad Badreddin Hassoun, a aussi demandé aux fidèles de s'associer à la prière du pape.
François a adressé une lettre aux responsables du G20 qui étaient réunis cette semaine à Saint Pétersbourg, leur demandant "du fond du coeur" de renoncer à toute option militaire en Syrie. Cette journée s'inscrit dans la lignée des mobilisations de l'Eglise catholique sous l'impulsion de Jean Paul II lors des guerres dans les Balkans et contre l'intervention américaine en Irak en 2003. Le prédécesseur de François, Joseph Ratzinger, a lui aussi adhéré à l'initiative, selon son secrétaire Mgr Georg Gaenswein.
Le cardinal brésilien Joao Braz de Aviz qui supervise les ordres religieux des cinq continents, les a exhortés à répondre massivement à l'appel. Le président italien du Conseil pontifical de la famille, Mgr Vincenzo Paglia, a recommandé de "ne pas oublier d'inviter les grands-parents". "Si l'un d'entre eux a fait l'expérience de la guerre, qu'il raconte ce que signifie vivre sous les bombes, et ce que ça voulait dire prier à ce moment-là", a-t-il recommandé.
"Priez pour la paix", a brièvement tweeté le pape peu avant la veillée de samedi.
A Assise dans le centre de l'Italie, ville du saint Patron de la paix, François, des pacifistes laïcs se sont unis aux frères du Sacré Couvent pour déployer une grande banderole aux couleurs de l'arc-en-ciel et participer à la veillée.
Des partis politiques soutiennent l'appel
Pour devancer les critiques sur le mélange des rites et religions, le pape a invité "tous les hommes et femmes de bonne volonté à s'unir (..) selon les lieux et les modalités qui leur sont propres". En Italie, l'appel du pape a recueilli le soutien de nombreux mouvements non croyants comme le Parti radical italien, le petit parti de gauche SEL, des personnalités de la gauche laïque comme l'architecte Renzo Piano et le maire de Rome. Des musulmans de la communauté Comai et d'autres associations ont annoncé leur présence Place Saint-Pierre.
"La paix n'existe pas dans la nature, c'est une invention, comme une ville qui se construit pierre par pierre", a souligné Renzo Piano. En Amérique latine, le président uruguayen José Mujica, athée convaincu et ex-guérillero d'extrême gauche a dit lui aussi soutenir "l'offensive diplomatique et de mobilisation" du pape argentin, appuyant "ce geste de combat pacifique".