Assise (Italie) (AFP) - Le pape François a achevé vendredi soir à Assise (centre de l'Italie), ville du "poverello" dont il a choisi le nom, une visite marathon où il a plaidé en faveur d'une Eglise dépouillée et solidaire, alors que l'Italie est sous le choc de la tragédie de Lampedusa.
Le pontife argentin a décollé à 20H00 (18H00 GMT) de l'héliport d'Assise pour Rome après avoir parcouru treize étapes sur les traces de Saint-François.
"Aujourd'hui est une journée de pleurs", avait déclaré dans la matinée François en allusion à la journée de deuil décrétée en Italie pour les quelque 300 migrants qui ont sans doute trouvé la mort dans le naufrage au large de l'île de Lampedusa.
Très ému, le pape a dénoncé "l'indifférence à l'égard de ceux qui fuient l'esclavage, la faim pour trouver la liberté".
Cette visite d'une journée à Assise avait une forte valeur symbolique, car elle devait permettre au premier pape originaire d'un pays du Sud d'expliquer son choix d'incarner une Eglise pauvre, près de sept mois après son élection.
Dans "la salle du dépouillement" justement, le pape a laissé son discours de côté pour appeler les chrétiens à suivre le modèle de pauvreté promu par Saint François en combattant "la mondanité, une lèpre, un cancer de la société, qui tue l'âme, la personne, l'Eglise".
"Le cri de ceux qui pleurent"
"Le christianisme sans la croix, sans Jésus, sans dépouillement est comme une pâtisserie, une belle tarte. Le danger de la mondanité est un très grand péril", a-t-il dit d'un ton grave.
C'est dans cette salle que François Bernardone en 1207 s'était dépouillé de ses vêtements devant son père, un riche marchand, pour proclamer que les biens terrestres étaient destinés aux plus pauvres selon la volonté de Dieu.
François n'a pas annoncé de mesures concrètes pour mettre en oeuvre une Eglise dépouillée.
Le pape a aussi demandé au monde d'"entendre le cri de ceux qui pleurent, souffrent et meurent de la violence, du terrorisme et de la guerre", notamment en Syrie.
Jorge Bergoglio s'était d'abord rendu à l'Institut catholique Serafico, où, très ému, il avait salué 80 handicapés, les embrassant, les caressant sur la joue ou le front. "Les plaies ont besoin d'être écoutées et reconnues. Jésus est présent et caché" dans ces jeunes, avait-il dit.
Au sanctuaire de San Damiano, où le saint aurait entendu la voix de Dieu lui dire : "va et répare mon église", le pape s'est recueilli. Plus tard il a partagé un repas avec des personnes assistées par la Caritas.
Dans la cathédrale Saint-Rufin, son appel au clergé à "abandonner les préjugés, les rigidités mentales" pour aller vers ses ouailles a été énergique.
Toujours concret, il a aussi invité les couples en difficulté à se réconcilier, "même si les assiettes volent".
"Eglise pauvre pour les pauvres"
Dans la basilique Santa Chiara, aux clarisses (ordre féminin de la famille franciscaine), il a parlé sans langue de bois. "Que les monastères ne soient pas des purgatoires", a-t-il conseillé, avant de leur préconiser de "ne pas avoir de sourires d'hôtesses de l'air", mais d'être des "mères".
Dans sa dernière rencontre de sa journée, après s'être recueilli dans la chapelle du Portioncule où est mort Saint François en 1226, le pape a retouvé l'ambiance des JMJ (Journées mondiales de la jeunesse) avec des dizaines de milliers de jeunes enthousiastes.
Occasion pour lui de fustiger la culture du "provisoire", et de demander aux jeunes d'adhérer aux deux "vocations" que sont le mariage d'un homme et d'une femme, et l'engagement religieux "dans la virginité". Dans son plaidoyer pour ces deux formes d'engagement, il leur a conféré une valeur égale.
Le pape est venu à Assise en compagnie des huit cardinaux qui le conseillent sur les réformes de l'Eglise.
Entre 60.000 et 100.000 fidèles étaient venus à Assise. Ceux qui n'avaient pu entrer dans la vieille ville ont suivi les cérémonies sur huit écrans géants.