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    Levallois : de l'eau dans le gaz entre Balkany et sa police

    Créé le 04-01-2013 à 19h44 - Mis à jour à 21h11  lien

    Ecoutes illégales, pressions, problèmes de management et de formation,... : des policiers municipaux accusent et se mobilisent. Une enquête est en cours.

     

    Police municipale, Levallois (C. R. Le Nouvel Observateur)

    Police municipale, Levallois (C. R. Le Nouvel Observateur)

    "On est écoeurés". Vendredi 4 janvier, en fin de matinée, une dizaine de policiers municipaux de Levallois "campent" devant la mairie. Chasubles fluo sur le dos, ils font du bruit en tapant sur des bidons pour attirer l'attention des habitants, qu'ils invitent à signer une pétition. "Stop à la baisse des effectifs, stop aux dérives – respect de la loi, stop aux vrais faux-policiers" dénoncent les tracts du SNPM-FO. Depuis jeudi soir, des policiers municipaux se relaient pour "une grève intelligente" explique le secrétaire général du SNPM-FO Frédéric Foncel, "les agents viennent sur leur temps de repos." Ils demandent que soient prises des mesures conservatoires à l'égard de leur direction. En clair, que leurs responsables soient suspendus le temps de l'enquête ouverte en mai par le parquet de Nanterre à la suite d'une lettre anonyme dénonçant des écoutes illégales de conversations téléphoniques d'agents.

     


    (source vidéo "Le Nouvel Observateur")

     

    Ce que rapporte le site "Mediapart", selon lequel des représentants du SNPM-FO et de l'USSPM ont fourni mi-décembre à la justice d'autres documents concernant des pressions, des verbalisations réalisées par des agents non assermentés, ou encore des agents utilisés comme chauffeurs par le député-maire UMP de la ville, Patrick Balkany. "Pas plus tard qu'hier, un agent m'a avoué qu'il n'était pas assermenté alors qu'il se présente comme tel" poursuit Frédéric Foncel. Pour qu'un agent puisse dresser un procès-verbal, il doit être "agréé et assermenté" rappelle le procureur de Nanterre Robert Gelli à "Mediapart". Un des responsables assure quant à lui au site que trois policiers municipaux, anciens gendarmes, qui ont selon certains agents procédé à des verbalisations sans avoir réalisé la formation de six mois au CNFPT, ne faisaient que de "la conduite de véhicule." Il a tout de même ensuite été jugé bon de le rappeler aux intéressés via une note interne vue par "Mediapart".

    "Des écoutes d'appels sortants, publics et privés, ont été utilisées pour ensuite demander des rapports" affirme un policier municipal posté vendredi devant la mairie. "Or c'est illégal et on n'était pas informés". Si tous les appels entrants sont systématiquement enregistrés, les sortants ne peuvent l'être sans déclaration auprès de la Cnil (Commission nationale de l'informatique et des libertés). Et les intéressés doivent en être informés. Interrogée par "Mediapart", la première adjointe et épouse du maire, Isabelle Balkany, a d'abord démenti l'existence de toute écoute, avant de préciser que les agents disposent tous de téléphones portables. Et la Cnil a été contactée juste après l'appel du site... Quant aux policiers-chauffeurs, elle ne "voit pas le problème", dans la mesure où elle et sont maris font l'objet de "menaces" et qu'ils leur évitent d'avoir recours à des garde du corps.

    04 01 13 Police municipale, Levallois
    Un policier municipal, vendredi matin, devant la mairie de Levallois (C. R. Le Nouvel Observateur)

    "De manière générale, les auteurs de délits sont des délinquants" déclare un policier, "on est là pour faire respecter la loi". Un autre ajoute : "la justice doit agir vite". Plusieurs policiers assurent que certains de leurs collègues, craignant des pressions, ont "peur" de les rejoindre : "Ceux qui ont manifesté le 14 décembre ont été intimidés, certains ont été démis de leurs fonctions." Ceux qui préfèrent donc rester anonymes dénoncent aussi des problèmes d'effectifs et de plannings : "On est moins nombreux sur le terrain, en journée notamment, et ceux qui travaillent la nuit voient leurs repos réduits et raccourcis." Ce qui "affecte pas mal le moral de certains, avec des risques de dépressions". Une évolution mise à exécution par leur nouveau directeur, en poste depuis un an, Eric Zuber, qui cristallise leur mécontentement : "avant lui nous n'avions pas de problème, depuis qu'il est là, c'est la catastrophe" affirme un policier, évoquant également du "harcèlement".

    Interrogée vendredi par "Le Nouvel Observateur", la mairie de Levallois nous renvoie vers l'épouse du maire. Elle explique notamment les modifications de plannings par l'affluence de visiteurs générée par l'ouverture du centre commercial So Ouest en octobre dernier : "Les anciens plannings ne correspondaient plus aux besoins actuels. Il fallait que tous les policiers soient dehors, et que ça tourne, que ce ne soient pas toujours les mêmes la nuit". Quant aux habitués du travail de nuit, "avec les primes", ils s'étaient installés, dit-elle, dans "un certain confort." Elle estime également que la mairie est "en proie à la vindicte d'un syndicaliste : Frédéric Foncel, qui n'a pas de représentant élu à Levallois et a un problème personnel avec le nouveau directeur qui a été son supérieur par le passé." "Faux" répond celui-ci, assurant qu'une trentaine de policiers de Levallois adhèrent au SNPM-FO et que 35 d'entre eux lui ont écrit pour dénoncer les dysfonctionnements. 

    04 01 13 Police municipale, Levallois
    Devant la mairie de Levallois vendredi matin (C. R. Le Nouvel Observateur)

    Un agent rappelle que Levallois a été la première ville d'Ile-de-France à mettre en place, dès 1983, une police municipale. "J'ai voulu être muté ici et n'ai pas envie de partir" confie-t-il, regrettant de n'être "pas considéré et plus reconnu dans sa profession." En poste à Levallois depuis plus de 15 ans, un de ses collègues confie son "attachement" pour sa commune et "reconnaît volontiers l'incontestable investissement du maire dans sa police municipale." Il ne digère pas, en revanche, cette "fin de non-recevoir et le fait de ne pas être reçus." "Mais le maire les a reçus avant les vacances" rétorque sa femme, "et l'adjoint a proposé de recevoir individuellement ceux qui avaient des problèmes de planning, mais personne n'est venu".

    Le rendez-vous avec le maire a été expédié, dénoncent les policiers. Quant aux entretiens individuels, ils n'y sont pas allés, craignant de "nouvelles intimidations." Isabelle Balkany ajoute que les nouveaux plannings ont été validés par "les syndicats CGT et FO ainsi que le CTP (Comité technique paritaire) et qu'ils seront effectifs comme prévu à partir de lundi. Date à laquelle le maire sera de retour. Les policiers l'attendront de pied ferme et espèrent "cette fois une vraie discussion." Et l'adjointe d'ajouter : "si certains ne sont pas contents, ils peuvent postuler ailleurs".


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  • Accueil > Monde > Non M. Depardieu, la Russie n'est pas "une grande démocratie"

    Non M. Depardieu, la Russie n'est pas "une grande démocratie"

    Créé le 04-01-2013 à 16h32 - Mis à jour à 17h07 lien

    L'affirmation de l'acteur a soulevé l'indignation. La récente actualité russe ne va pas, effectivement, dans le sens de ses propos.

     

    Vladimir Poutine arrive en Harley Davidson à une convention de motards à Sébastopol, en Ukraine, le 24 juillet 2010. (AP Photo/Sergei Karpukhin, Pool)

    Vladimir Poutine arrive en Harley Davidson à une convention de motards à Sébastopol, en Ukraine, le 24 juillet 2010. (AP Photo/Sergei Karpukhin, Pool)

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    Les propos de Gérard Depardieu, qui a remercié le président russe de lui avoir octroyé la citoyenneté russe et salué la Russie comme une "très grande démocratie" ont soulevé l'indignation des défenseurs des droits de l'homme. Et pour cause. Si la Russie n'est pas une dictature, elle s'illustre par certains éléments constitutifs du régime autoritaire, comme le montre ces quelques exemples:

    La réélection de Vladimir Poutine pour la 3ème fois

    Vladimir Poutine fut président. Deux fois. Puis Premier ministre alors que son ex-Premier ministre devenait président. Puis à nouveau président… Il sera également autorisé à se représenter en 2016… Une longévité au pouvoir autorisée par la Constitution, mais qui est largement dénoncée par l'opposition et les associations de défense des Droits de l'Homme.

     

    Les irrégularités aux dernières élections

    Législatives et présidentielle ont été ces derniers mois marquées par les nombreuses dénonciations d'irrégularités : urnes bourrées, systèmes du "manège" (des cars transportent des électeurs de bureau de vote en bureau de vote pour qu'ils glissent des bulletins dans chaque bureau), influence flagrante d'électeurs dans les bureaux mêmes…

    Des irrégularités notamment pointées par l'association Golos

     

    Le culte de la personnalité

    Certes, les meetings à la gloire de Barack Obama durant la dernière présidentielle américaine mettaient fort en avant le candidat. Mais, en Russie, c'est à longueur d'année qu'un quasi-culte de la personnalité est voué au président Poutine. N'a-t-on vu les photos et vidéos du chef de la Fédération en chasseur, en pêcheur, chevauchant une Harley sur un ancien porte-avions soviétique…

    Vladimir Poutine a même participé à un documentaire sur lui-même : l'occasion de le voir faire quelques longueurs à la piscine "comme chaque matin", ou même prendre son petit-déjeuner.

    Un culte de la personnalité qui rappelle au combien celui pratiqué dans les plus sympathiques dictatures du monde.

    Galerie Poutine - Vladimir Poutine arrive en Harley Davidson à une convention de motards à Sébastopol, en Ukraine, le 24 juillet 2010.
    Vladimir Poutine arrive en Harley Davidson à une convention de motards à Sébastopol, en Ukraine, le 24 juillet 2010. (AP Photo/Sergei Karpukhin, Pool)

     

    Les Pussy Riot

    Maria Alekhina et Nadejda Tolokonnikova, deux membres du groupe Pussy Riot, ont été condamnées en août à deux ans de camp pour "hooliganisme" et "incitation à la haine religieuse" après avoir chanté en février dans la cathédrale du Christ-Sauveur, à deux pas du Kremlin, une "prière punk" demandant à la Sainte Vierge de "chasser" le président russe Vladimir Poutine du pouvoir.

    Une condamnation dénoncée par les ONG comme une sanction décidée lors d'un procès politique qui visait à resserrer les liens entre le pouvoir et l'Eglise orthodoxe dont Moscou se présente comme un protecteur devant l'Eternel.

     

    L'affaire Khodorkovski

    L'affaire Ioukos est la plus symbolique affaire dénoncée par les libéraux russes et à l'étranger comme inspirée par le Kremlin pour reprendre le contrôle de précieux actifs pétroliers et mettre au pas un homme d'affaires qui avait manifesté des ambitions politiques et soutenu l'opposition. L'ex-magnat du pétrole et critique du Kremlin Mikhaïl Khodorkovski est en effet emprisonné depuis 2003.

    Lui et son associé Lebedev, détenus depuis 2003, avaient été condamnés en 2005 pour escroquerie à grande échelle à huit ans de camp. Une peine portée à 14 ans en décembre 2010 à l'issue d'un second procès pour vol de pétrole, un total ensuite réduit d'un an en appel, ce qui devait les maintenir en détention jusqu'en 2016 avant que le tribunal municipal de Moscou ne décide une nouvelle réduction de deux ans en vertu d'un changement de la législation. Il devrait être libéré en octobre 2014.

    Vladimir Poutine a encore assuré lors de sa première grande conférence de presse de 2013 n'avoir joué aucun rôle dans cette décision de justice. Le président garde une animosité très forte contre Khodorkovski et a pris l'habitude lorsqu'il est interrogé sur celui qui fut l'homme le plus riche du pays, à ne pas même prononcer son nom de famille.

    Il l'avait comparé au mafieux américain Al Capone, au financier emprisonné Bernard Madoff et même d'avoir du sang sur les mains - une accusation jamais évoquée en justice.

     

    La corruption et l'affaire Magnitski

    La corruption ainsi que le maintien d'un vaste système mafieux sont régulièrement reprochés à Moscou par les ONG. Et l'affaire Magnitski, qui s'inscrit dans ce contexte, a porté au devant de l'attention des médias ce système redoutable.

    Sergueï Magnitski, un avocat fiscaliste qui conseillait Hermitage Capital, est en effet mort en prison en novembre 2009 après 11 mois de détention provisoire. Il était alors incarcéré dans une prison de Moscou où il avait été transféré à partir du centre de détention provisoire de la Boutyrka.

    Le juriste avait été arrêté en 2008 pour fraude fiscale après avoir dénoncé une vaste machination financière de 5,4 milliards de roubles (130 millions d'euros) ourdie, selon lui, par des responsables de la police et du fisc au détriment de son employeur ainsi que de l'Etat russe.

    Le conseil consultatif pour les droits de l'homme auprès du Kremlin avait reconnu, dans une expertise, que le juriste de 37 ans avait été victime de violences et privé de soins de manière intentionnelle, mais l'enquête officielle n'a retenu que des négligences.

    L'affaire Magnitski a provoqué un net refroidissement des relations entre Moscou et Washington, les autorités américaines ayant promulgué le 14 décembre une loi qui interdit l'entrée aux Etats-Unis de responsables russes impliqués dans sa mort, ou dans d'autres violations des droits de l'Homme.

    La Russie a riposté via une loi votée la semaine dernière par les députés russes et promulguée vendredi par le président Vladimir Poutine.

    Le seul prévenu dans cette affaire, l'ancien directeur adjoint de la prison de Moscou, a été relaxé.

     

    Assassinats de journalistes – Anna Politkovskaïa

    Plus de 300 journalistes ont été tués en Russie depuis 1993 et le meurtre d'Anna Politkovskaïa à Moscou le 7 octobre 1996 est celui qui a le plus bouleversé le monde. La journaliste de "Novaia Gazeta" tuée par balle dans le hall de son immeuble avait été l'une des rares journalistes russes à dénoncer les exactions pendant et après la guerre en Tchétchénie.

    Un tribunal russe a condamné très récemment à 11 ans de camp un ancien policier pour son implication dans cet assassinat. Mais la presse a dénoncé une enquête et un procès à l'issue desquels aucun commanditaire n'a été identifié. RSF a en outre critiqué la tenue d'un procès express en deux jours, "sans examen des preuves et à huis clos partiel".

    Ce procès "met en doute l'existence d'une réelle volonté de faire éclater la vérité et d'identifier l'ensemble des coupables et des commanditaires de ce crime", a estimé l'ONG dans un communiqué.

    Une majorité des meurtres de journalistes ne sont jamais élucidés dans le pays.


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  • Accueil > Economie > Esther Duflo, une Française à la Maison Blanche

    Esther Duflo, une Française à la Maison Blanche

    Créé le 04-01-2013 à 18h44 - Mis à jour à 18h57    lien

    Cette économiste spécialiste de la pauvreté conseillera Barack Obama sur les questions de développement.

     

    Esther Duflo est diplômée de l'Ecole normale supérieure de Paris et du prestigieux MIT. (BALTEL/SIPA)

    Esther Duflo est diplômée de l'Ecole normale supérieure de Paris et du prestigieux MIT. (BALTEL/SIPA)

    Une économiste française spécialiste de la pauvreté, Esther Duflo, va conseiller le président des Etats-Unis Barack Obama sur les questions de développement mondial, s'est félicité vendredi 4 janvier le Massachusetts Institute of Technology (MIT) où elle est titulaire d'une chaire.

    L'économiste de 40 ans fera partie des premiers membres du "Conseil présidentiel pour le développement global" : une instance consultative créée en février 2012 et censée, selon la Maison Blanche, "informer et conseiller le président et d'autres responsables américains sur les politiques et pratiques américaines relatives au développement mondial".

    Notamment diplômée de l'Ecole normale supérieure de Paris et du prestigieux MIT, Esther Duflo sera l'une des neuf membres de ce conseil, placé sous la houlette de l'Agence pour le développement international (USAID) et présidé par l'Egyptien Mohamed El-Erian, directeur général du fonds d'investissement Pimco, premier gestionnaire obligataire à l'échelle mondiale.

    Professeur d'économie du développement au MIT et titulaire d'une chaire au Collège de France sur les "Savoirs contre la pauvreté", Esther Duflo a obtenu de nombreuses récompenses, dont en 2010 la médaille John Bates Clark distinguant les économistes de moins de 40 ans.


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  • Le viol de l'étudiante va-t-il réveiller la société indienne ?

    Créé le 03-01-2013 à 18h59 - Mis à jour à 20h34 lien

    C'est ce que réclament les milliers d'Indiennes qui ont manifesté contre les atteintes généralisées aux droits des femmes. Pas sûr pour autant qu'elles soient entendues.

    Manifestations en Inde contre les agressions sexuelles sur les femmes (Anupam Nath/AP/SIPA)

    Manifestations en Inde contre les agressions sexuelles sur les femmes (Anupam Nath/AP/SIPA)
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    Cinq de ses six bourreaux présumés ont été inculpés jeudi 3 janvier. Le procès va pouvoir commencer. Ce sera le procès du viol ignominieux d'une étudiante de 23 ans, sauvagement agressée par une bande de brutes dans un bus le 16 décembre, dans la capitale indienne New Delhi, et morte des suites de ses blessures samedi dernier. Mais ce procès sera-t-il également celui d'une société dont le vernis de grande puissance économique et démocratique craque sous la pression de ses millions de pauvres (un Indien sur trois vit sous le seuil de pauvreté), ses inégalités, son conservatisme machiste très enraciné qui fait bien peu de cas du statut de la femme et sa corruption généralisée ?

    24.000 plaintes pour viols

    C'est ce que réclament les milliers d'Indiens, et surtout d'Indiennes, qui, horrifiés par le viol de cette étudiante, sont descendus dans la rue ces dernières semaines pour protester contre les violences commises quotidiennement sur les femmes en toute impunité. C'est ce que demandent aussi les Nations unies. "Il s'agit d'un problème national qui touche des femmes de toutes les classes et castes, et qui requiert des solutions nationales", a dénoncé la Haute Commissaire de l'Onu aux droits de l'Homme, Navi Pillay.

    Plus de 24.000 plaintes pour viol ont été enregistrées en 2011, mais seulement un quart d'entre elles ont débouché sur des condamnations, selon le Bureau national de la criminalité. Et il ne s'agit là que des cas connus. Combien de victimes se taisent sous la pression de leurs bourreaux, de leur propre famille qui préfère souvent étouffer l'affaire de peur d'y laisser son honneur, et d'autorités indifférentes, arrogantes, voire complices ?

    Il aura fallu une semaine d'émeutes pour que le Premier ministre, Manmohan Singh, sorte enfin de son silence pour promettre de réviser une législation qui protège bien mal les femmes. Entre-temps, le chef de la police de New Delhi avait balayé cyniquement la polémique d'un revers de la main, en faisant valoir que les hommes aussi étaient en danger dans la capitale, en raison des pickpockets qui y sévissent... Une déclaration qui en dit long sur un machisme indien plus qu'endurci.

    Des lois sans effet

    L'Inde, qui a pourtant porté Indira Gandhi à la tête du gouvernement dès les années 60, et qui a confié à Sonia Gandhi, sa belle-fille les commandes du parti au pouvoir, le parti du Congrès, ne voit pas un jour passer sans le viol d'une jeune fille, le mariage d'une mineure, un nouveau cas d'esclavage domestique, le meurtre d'une épouse pour dot insuffisante. Pour ne prendre que ce dernier crime, la coutume de la dot est pourtant censée avoir été abolie depuis les années 60 ! A l'évidence, les traditions sont coriaces et se jouent des lois.

    Difficile alors d'imaginer qu'une nouvelle loi, réprimant plus sévèrement les agressions sexuelles, comme l'a proposé mercredi le ministre Shashi Tharoor (ex-diplomate onusien et célèbre écrivain), en suggérant qu'elle porte le nom de l'étudiante, suffira à régler le problème.

    D'autant que la justice indienne est totalement débordée. Il y aurait 32 millions d'affaires en attente, selon le quotidien britannique "The Times". Selon ses calculs, il faudrait 320 années ne serait-ce que pour solder ce retard.

    Vagues de colère

    Et puis, d'autres lois sont à revoir. Parmi elles, une pétition réclamant la suspension des députés poursuivis pour violences sexuelles doit être déposée devant la Cour suprême. Selon une association indienne, l'Association for Democratic Reforms, quelque 260 politiciens poursuivis pour agressions sexuelles ont malgré tout été autorisés à se porter candidats à des élections ces cinq dernières années.

    Ce viol, ces manifestations de colère et ce procès annoncent-ils un bouleversement social ? L'an dernier déjà, des protestations monstres contre la corruption avaient ébranlé le pouvoir au point de faire croire à une révolution en marche. Un an plus tard, le soufflé est retombé : la loi réclamée à cor-et-à-cri n'a toujours pas été adoptée et les scandales de corruption continuent de défrayer la chronique. Mais ces déferlantes successives de colère témoignent du piètre état de santé de la plus grande démocratie du monde.


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    Marée noire aux Etats-Unis : Transocean prêt à débourser 1,4 milliard de dollars

    Le Monde.fr avec AFP | <time datetime="2013-01-03T20:05:51+01:00" itemprop="datePublished">03.01.2013 à 20h05</time> lien

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    <figure class="illustration_haut">  Le groupe est également prêt à plaider coupable d'infraction à la loi sur la propreté de l'eau. </figure>

    Le spécialiste suisse du forage pétrolier en haute mer Transocean a accepté de payer 1,4 milliard de dollars (1 milliard d'euros) aux Etats-Unis dans le cadre de poursuites liées à la marée noire de 2010 dans le golfe du Mexique, a annoncé jeudi 3 janvier le département de la justice américain. Le groupe est également prêt à plaider coupable d'infraction à la loi sur la propreté de l'eau.

    Transocean était propriétaire de la plateforme Deepwater Horizon, située sur le gisement de Macondo et opérée par le groupe britannique BP, dont l'explosion en avril 2010 avait provoqué une catastrophe écologique. L'accord avec les autorités annoncé jeudi, qui doit encore être validé par un juge, prévoit le paiement de 400 millions de dollars (305 millions d'euros) d'amendes dans le cadre de la procédure criminelle, et d'un milliard de dollars (76 millions d'euros) supplémentaires pour solder en partie des procédures au civil, détaille le communiqué du ministère.

    Transocean avait déjà indiqué en septembre dans un avis boursier qu'il tentait de négocier un accord amiable à 1,5 milliard de dollars avec les autorités américaines dans cette affaire. BP avait également accepté mi-novembre de plaider coupable pour la marée noire et de payer plus de 4,5 milliards de dollars (3,4 milliards d'euros) d'amende aux autorités américaines.

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