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    Plus de 10 millions d’euros pour Charlie Hebdo

    <time datetime="2015-01-14T20:08:06+01:00">Le 14/01 à 20:08  lien </time>
    Au total, Charlie Hebdo pourrait récupérer plus de 10 millions d’euros - AFP
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    Outre les dons, et les ventes en kiosque, Charlie Hebdo a également multiplié par plus de dix son nombre d’abonnements en quelques jours.

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    En cumulant ventes, abonnements, dons et aide publique, Charlie Hebdo pourrait recueillir plus d’une dizaine de millions d’euros après l’attentat, une manne pour ce petit magazine qui fin décembre ne savait plus comment payer ses salariés.

    Imprimé à 5 millions d’exemplaires, vendus 3 euros pièce, le numéro de mercredi, s’il est intégralement écoulé, lui rapportera environ 8 millions d’euros. Le journal touchera en effet la totalité des recettes pour le premier million d’exemplaires (soit 3 millions d’euros), dans le cadre d’une grande opération de solidarité de toute la chaîne d’impression et de distribution, qui a accepté de travailler gratuitement, en rendant leur commission pour aider Charlie Hebdo et les familles des victimes. Comme habituellement pour ses ventes, le journal percevra aussi quelque 40% des recettes sur les 4 autres millions, soit environ 4,8 millions d’euros.

    Des abonnements multipliés par 10

    Charlie Hebdo a aussi multiplié par plus de dix son nombre d’abonnements en quelques jours, passant de moins de 7.000 à « beaucoup plus » de 120.000 abonnés, a indiqué sur RTL Patrick Pelloux. A la veille de l’attentat, lors d’un dîner avec Charb, les deux hommes s’étaient réjouis d’avoir gagné... 50 abonnés supplémentaires, a-t-il raconté.

    Le journal bénéficie aussi d’achats inattendus, comme Air France qui a acheté 20.000 exemplaires pour ses passagers, au tarif plein, alors que la compagnie bénéficie généralement de prix très réduits.

    En outre, les dons affluent de France et de l’étranger. Le fonds « Presse et pluralisme », qui permet de faire des dons défiscalisés aux médias, a annoncé avoir déjà reçu mercredi 1,4 million d’euros apportés par plus de 21.000 particuliers. Et certaines entreprises organisaient aussi des collectes mercredi.

    En outre la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, a promis de débloquer une aide d’urgence d’un million d’euros et envisage de permettre au journal satirique, comme à d’autres hebdomadaires comme Le Monde Diplomatique, de percevoir des aides structurelles, comme les quotidiens.

    Même les géants américains de l’internet ont apporté leur écot. Le fonds Google pour l’innovation numérique dans la presse, cogéré par les éditeurs, va lui accorder 250.000 euros. Les sites eBay et Amazon se sont eux engagés à reverser à Charlie Hebdo les éventuelles commissions perçues sur les produits estampillés « Je suis Charlie ».

    En novembre, Charlie Hebdo, dont les ventes de 28.000 exemplaires par semaine ne suffisaient plus à payer les salaires, avait lancé un appel aux dons pour survivre. Juste avant l’attentat, il avait récolté 250.000 euros et quelques centaines d’abonnés en plus.

    Source AFP
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    D'après Fox News, la charia règne à Paris

    Le Point - Publié le <time datetime="2015-01-13T21:18" itemprop="datePublished" pubdate=""> 13/01/2015 à 21:18</time> - Modifié le <time datetime="2015-01-14T17:12" itemprop="dateModified"> 14/01/2015 à 17:12</time>

    VIDÉO. Un intervenant de la chaîne américaine conservatrice n'a pas hésité à comparer la France à l'Irak pour expliquer les attentats qui s'y sont produits.  lien

     
    6Medias
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    La Goutte d'Or, Ménilmontant, la porte Saint-Martin, la porte Saint-Denis... autant de quartiers populaires de Paris qu'un intervenant de Fox News a carrément comparés aux "rues de Bagdad".

    Selon le journaliste américain Nolan Peterson, ces zones de "non-droit" sont "abandonnées à la communauté musulmane". Pire, l'accès y est "interdit aux non-musulmans" par leurs habitants. "Beaucoup de ces No-Go-Zones sont gouvernées par la charia", explique-t-il.

    "Je suis allé en Afghanistan, en Irak, et parfois cela ressemblait"

    Ce "spécialiste des zones de conflits", qui était appelé samedi à commenter les attentats en France sur la chaîne controversée, n'a pas arrêté là son analyse. Cartographie à l'appui, il a expliqué comment ce qu'on appelle les "banlieues" (en français dans le texte) françaises dans leur ensemble est des nids à prosélytisme islamique.

    Vétéran de l'armée américaine, Nolan Peterson dépeint ainsi - dans ces "ghettos" omniprésents - des "vies assez effrayantes". "Je suis allé en Afghanistan, en Irak, au Cachemire, et parfois cela ressemblait à cela", assure-t-il. On s'y promène d'ailleurs "avec des tee-shirts d'Oussama Ben Laden".

    Enfin, selon lui, si les Américains seraient à la place des Parisiens "choqués" par le fait qu'il "suffise de prendre un taxi dix minutes depuis la tour Eiffel pour se retrouver dans des rues qui ressemblent à celles de Bagdad", les Français pour leur part semblent accepter gentiment ce "statu quo", regrette-t-il.

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    Attentats en France : quelle est la véritable implication

    d'al-Qaida et de Daesh ?

    Le Point - Publié le <time datetime="2015-01-14T16:52" itemprop="datePublished" pubdate=""> 14/01/2015 à 16:52</time> - Modifié le <time datetime="2015-01-14T18:38" itemprop="dateModified"> 14/01/2015 à 18:38</time>

    Si al-Qaida au Yémen a revendiqué l'attaque des frères Kouachi, le rôle de l'EI dans les tueries commises par Amedy Coulibaly semble beaucoup plus incertain.  lien

    <figure class="media_article panoramique" itemprop="associatedMedia" itemscope="" itemtype="http://schema.org/ImageObject"> Nasser ben Ali al-Anassi, l'un des chefs d'al-Qaida au Yémen, revendiquant dans une vidéo l'attaque contre "Charlie Hebdo". <figcaption>Nasser ben Ali al-Anassi, l'un des chefs d'al-Qaida au Yémen, revendiquant dans une vidéo l'attaque contre "Charlie Hebdo". © HO / AL-MALAHEM MEDIA / AFP </figcaption> </figure>
     
     
    Par
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    Une semaine après les effroyables attentats qui ont visé la capitale française, des questions subsistent sur leurs possibles commanditaires. Au cours de la fusillade contre le siège de Charlie Hebdo, les frères Chérif et Saïd Kouachi ont revendiqué leur acte au nom d'al-Qaida au Yémen. Quant à Amedy Coulibaly, l'auteur de la fusillade de Montrouge et de la sanglante prise d'otages de l'épicerie casher de la porte de Vincennes, il a indiqué au cours de cette dernière agir au nom de l'organisation État islamique (EI). Problème, ces attentats "synchronisés", comme l'a indiqué Amedy Coulibaly, impliquent deux organisations rivales, si ce n'est ennemies, au Moyen-Orient. Et qui se combattent farouchement en Syrie, avec plus de 3 000 morts depuis fin 2013.

    "Ces deux organisations djihadistes s'opposent sur le plan idéologique", souligne Mathieu Guidère*, professeur d'islamologie à l'université de Toulouse-Jean-Jaurès. "Al-Qaida prône un djihad global et déterritorialisé, dont le but est de convertir le monde entier en perpétrant des attentats. Pour ce faire, l'organisation forme des cellules qu'elle envoie en Occident", explique l'islamologue. "Au contraire, l'EI se situe dans un djihad territorialisé. Son but est de favoriser la venue de djihadistes au Moyen-Orient afin de créer un véritable État viable." Un rêve que l'organisation a concrétisé en juillet dernier avec la proclamation par son chef, Abou Bakr al-Baghdadi, d'un "califat" islamique à cheval sur la Syrie et l'Irak.

    Charb, personnalité à abattre

    Longtemps leader du djihadisme mondial, al-Qaida est indéniablement en perte de vitesse depuis la mort d'Oussama Ben Laden en 2011. Et se voit désormais supplanter par l'EI. Preuve en est, nombre d'organisations islamistes au Maghreb et dans la péninsule arabique rejoignent l'EI, menaçant à terme la raison d'être d'al-Qaida. Pourtant, si l'organisation a perdu au cours des dernières années nombre de ses cadres dans des attaques de drones américains au Pakistan, elle conserve néanmoins une branche très active au Yémen : al-Qaida dans la péninsule arabique (Aqpa ou al-Qaida au Yémen), fruit de la fusion des branches saoudiennes et yéménites en janvier 2009.

    Disposant de camps d'entraînement dans la région désertique de l'Hadramaout, dans l'est du Yémen, Aqpa a profité de l'affaiblissement du pouvoir yéménite après la révolte populaire de 2011 pour se renforcer. À l'origine de plusieurs vagues d'attentats contre les forces de l'ordre et les rebelles chiites dans le pays, l'organisation n'a jamais caché son souhait de frapper l'Occident et ainsi renaître sur la scène internationale. Spécialisé dans la "formation au djihad" de jeunes islamistes étrangers sous le couvert d'études religieuses, Aqpa a accueilli plusieurs fois depuis 2009 au moins un des frères Kouachi. Le cadet, Chérif, a même indiqué par téléphone à BFM TV avoir été formé dans un camp au maniement des armes en 2011. Pour susciter des vocations dans le monde entier, al-Qaida au Yémen est allée jusqu'à lancer en 2010 Inspire, son magazine en langue anglaise. Il y a inscrit en 2013 le nom de Charb, directeur de la publication de Charlie Hebdo décédé dans l'attaque, comme personnalité à abattre pour avoir caricaturé le prophète Mahomet.

    "Des héros ont été recrutés" (al-Qaida au Yémen)

    Ce n'est donc pas une surprise si Aqpa a revendiqué ce mercredi l'attentat contre Charlie Hebdo. "Des héros ont été recrutés et ils ont agi [...] à la grande satisfaction des musulmans", a déclaré dans une vidéo Nasser ben Ali al-Anassi, l'un des chefs d'al-Qaida au Yémen. "C'est nous qui avons choisi la cible, financé l'opération et recruté son chef", a-t-il assuré, avant de préciser que "l'opération a été menée sur ordre de notre émir Ayman al-Zawahiri [chef d'al-Qaida, NDLR] et conformément à la volonté posthume d'Oussama Ben Laden".

    "L'attaque des frères Kouachi contre Charlie Hebdo a été minutieusement préparée", note le journaliste Wassim Nasr, expert des questions djihadistes à France 24, qui rappelle que les cibles choisies - la rédaction de Charlie Hebdo - ne doivent rien au hasard. "Au contraire, les attaques d'Amedy Coulibaly ont frappé par leur caractère désorganisé et aléatoire", poursuit le spécialiste. En effet, après avoir probablement tiré à la mitraillette sur un joggeur de Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine) dès mercredi soir, Amedy Coulibaly a abattu une policière municipale jeudi matin lors d'un accident de la route à Montrouge, alors qu'il semblait se diriger vers une cible beaucoup plus importante, peut-être une école juive de la ville. Une communauté qu'il a précisément visée dès le lendemain, en abattant quatre juifs dans la prise d'otages de l'épicerie casher de Vincennes.

    "Tuer les méchants et sales Français"

    La vidéo de revendication de Coulibaly au nom de l'organisation État islamique est à l'image de ses attaques. Vêtu de la robe musulmane et du keffieh, l'homme lit dans un arabe plus qu'hésitant son serment d'allégeance en se tenant devant un grand drap blanc sur lequel est accrochée la bannière noire djihadiste. "Malgré l'accent marqué, la vidéo ne comporte aucune faute", remarque l'islamologue Mathieu Guidère. "Il y a chez Amedy Coulibaly un souci de conformité." Romain Caillet, chercheur et consultant sur les questions islamistes au cabinet NGC Consulting, note cependant que la vidéo "n'a pas été diffusée par la branche médiatique officielle de l'organisation État islamique".

    Le tueur présumé de Montrouge et de Vincennes semble répondre à l'appel de l'EI de tuer les "méchants et sales Français [...] de n'importe quelle manière", formulé en septembre par l'organisation après les premières frappes françaises anti-djihadistes en Irak. L'islamologue Mathieu Guidère relève par ailleurs la proposition faite par l'EI, "permettant à ses sympathisants de faire allégeance à distance, via Skype, ce qui lui a permis de développer rapidement un réseau conséquent". Seule exigence, qu'un témoin assiste à la scène, même en visioconférence.

    À la différence de l'attaque des frères Kouachi contre Charlie Hebdo, les tueries commises par Amedy Coulibaly n'ont, pour l'heure, pas été revendiquées. Pour nombre d'observateurs, ce dernier aurait en réalité agi de son propre chef, greffant son action à celle de Chérif Kouachi, avec lequel il avait noué des liens en prison. L'expert Wassim Nasr est en tout cas formel : "L'EI n'est pas derrière les actes de Coulibaly. Jusqu'à preuve du contraire, l'organisation n'a pas encore les moyens de monter une opération coordonnée en Occident, ce qui reste l'apanage d'al-Qaida." Au lendemain de l'attentat contre le journal satirique, la radio officielle de l'EI a d'ailleurs salué jeudi les "héros" Kouachi, qu'elle a qualifiés de djihadistes (et donc ne faisant pas partie de l'organisation, dont les combattants sont appelés moudjahidine, NDLR). Elle n'a, en revanche, pas consacré une seule seconde à la fusillade de Montrouge.

    (*) Mathieu Guidère, auteur de Sexe et Charia (Éditions du Rocher).

    Consultez notre dossier : Attentats meurtriers en France

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    Après les attentats islamistes,

    la sourde complainte des musulmans

    Par , , , , , , publié le <time datetime="2015-01-14 17:12:00" itemprop="datePublished" pubdate="">14/01/2015 à  17:12</time><time datetime="2015-01-14 17:32:21" itemprop="dateModified">, mis à jour à  17:32</time>

    lien

    Eux pratiquent un islam dénué d'extrémisme. A Strasbourg, à Lyon ou à Pierrefitte, en Seine-Saint-Denis, ils confient leur désarroi après la vague d'attentats islamistes. Un malaise qui recèle aussi sa part de contradictions. 

    Après les attentats islamistes, la sourde complainte des musulmans<figure class="ouverture"><figcaption>

    Un fatalisme anxieux a gagné les musulmans français qui acceptent aujourd'hui de se confier aux journalistes. (Musulmans à Lyon à l'heure de la prière).

    Guillaume ATGER/Divergence pour l'Express

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    Ce samedi, à Pierrefitte (Seine-Saint- Denis), commune modeste au nord de Paris, Missoum Chaoui a le manteau et la mine sombres. La veille, l'espace Paul-Eluard, qui accueille les fidèles en attendant la construction d'une mosquée promise par la municipalité, n'a pas fait le plein de ses 3000 pratiquants comme à l'accoutumée, un jour de grande prière: "Les gens ont peur d'être stigmatisés parce qu'on les aurait vu rentrer", reconnaît l'imam, également aumônier des prisons et président de l'association des musulmans de Pierrefitte.  

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    >>> Notre diaporama: Moi, musulman de France et républicain

    Une heure plus tard, au côté de l'édile, Michel Fourcade (PS), de plusieurs élus et des représentants des différents cultes de la ville, Missoum Chaoui prend la parole devant la mairie pour dénoncer les "actes odieux" perpétrés à Paris et rappeler la chance que représente "pour tous" la laïcité, gardienne des libertés de conscience et de culte. "Nous sommes tous des citoyens et des enfants de la République !" conclut-il.  

    Le vent, qui souffle fort, a fait chavirer le pupitre. Il sèche aussi quelques larmes dans la petite assemblée d'une centaine de personnes. Parmi celles-ci, Jamila, 47 ans, une mère de famille originaire du Maroc. "Je suis en colère, triste, et j'ai peur. Ça va nous retomber dessus, c'est sûr, alors que les jeunes qui prennent en otage notre religion ne connaissent rien au Coran. Ils n'ont aucune culture, d'ailleurs !" 

    Un fatalisme anxieux a gagné les musulmans français qui acceptent aujourd'hui de se confier aux journalistes. Merah, les exécutions sanglantes de Daech, dont celle de l'otage français Hervé Gourdel, et maintenant ces tueries répétées sur trois jours... Comment ne pas redouter des réactions de haine après un tel déchaînement de violence? 

    L'engrenage, du reste, s'est déjà mis en route. Près d'Albi, dans le Tarn, des coups de feu ont été tirés sur une salle de prière. A Liévin (Pas-de-Calais), une mosquée en construction a subi des profanations nazies. Dans le Rhône, une explosion a eu lieu dans un restaurant kebab. Un peu partout, un "climat de psychose" s'installe parmi les musulmans, selon les mots de Zorah Aït Maten, chargée des affaires sociales et de la solidarité à la mairie de Lyon. La jeune élue a reçu des SMS lui déconseillant de se rendre à la mosquée au motif que des skinheads préparaient des opérations dans toute la France. 

    Peu de femmes voilées dans les cortèges du 11 janvier

    Une rumeur, comme toutes celles qui circulent ces derniers jours, notamment sur les réseaux sociaux. Ici, une femme voilée aurait été battue, là, une mosquée aurait été incendiée. "Après l'attentat contre Charlie Hebdo, la première réaction de ma mère a été de me dire : "Tu arrêtes les sorties publiques, et tu fermes ta bouche"", poursuit Zorah. Meriel, une étudiante strasbourgeoise croisée à la sortie de la prière du vendredi, a reçu le même conseil maternel. "Des trois filles de la maison, je suis la seule voilée, ma mère m'a téléphoné pour me dire de faire attention", raconte la jeune fille, devant la porte principale de la grande mosquée, maculée de traces de suie. Il y a deux mois, un individu a tenté d'y mettre le feu ; peu après, un chauffard a défoncé le portail. 

    Manifester ? Certains l'ont fait, d'autres pas. Du reste, on a vu peu de femmes voilées dans les cortèges du dimanche 11 janvier. Pour les uns, comme Faïza, née en France, il y a quarante-six ans, de parents algériens, "se taire après l'électrochoc qui vient de toucher la République, c'est accepter l'extrémisme". Pour d'autres, la démarche n'a rien d'une évidence. Beaucoup rappellent combien ils se sont sentis offensés par les caricatures publiées dans le passé par le journal satirique.  

    Aziz, élevé dans la cité de l'Ill, à Strasbourg (Bas-Rhin), et intérimaire sur une chaîne de charcuterie industrielle, le confesse sans détours : "Je ne me sens pas Charlie. Les dessins me choquent, parce qu'ils montrent le Prophète, alors que c'est interdit dans notre religion. La seule caricature qui ne me dérange pas, c'est celle où le Prophète cache ses yeux avec ses mains en disant : "C'est dur d'être aimé par des cons." On ne voit pas son visage, et la phrase, appliquée aux intégristes, est réaliste !" 

    La discrétion pour éviter le rejet

    Se mobiliser en tant que citoyen français, oui. Descendre dans la rue "parce que" musulman, comme s'il fallait en passer par là pour, pancartes "Charlie" à l'appui, prouver sa réprobation envers des terroristes qui se réclament du même Dieu, non.  

    Le sujet était déjà l'objet de vifs débats entre musulmans après l'assassinat d'Hervé Gourdel, lorsque le slogan "Not in my name" a commencé à circuler sur les réseaux sociaux, lancé par de jeunes fidèles britanniques. Il l'est toujours. Il y a, c'est vrai, une certaine contradiction pour ces musulmans sans histoires à s'exprimer haut et fort aujourd'hui, alors que la plupart ont appris depuis des années à cultiver la discrétion pour ne pas s'exposer au rejet.  

    Comme le dit Aziz, manager financier dans une banque, "à force de suspicion, on se forge une carapace". Mais la violence change la donne. Et la carapace, d'un coup, se fissure lorsqu'une collègue de travail ou un voisin se fend d'un sonore "Encore un coup des musulmans!" à la nouvelle des attentats islamistes. Dans son épicerie du quartier chic de l'Orangerie, à Strasbourg, où il sert cornes de gazelle et roses des sables à ses clients depuis trente-trois ans, Mohamed raconte : "Quand je me suis rendu chez le grossiste, ce matin, deux restaurateurs se sont arrêtés à côté de moi. A ma tête, ils savaient que j'étais marocain, ils se parlaient entre eux bien fort, pour que j'entende. "Avec les musulmans, disaient- ils, on n'a que des histoires." Ils voulaient me faire mal, j'ai fait celui qui n'entendait rien."  

    Leila, elle, a parlé, explosé même, avec la spontanéité de ses 18 ans, en écrivant sur Twitter : "L'islam ne tolère pas ça, donc foutez la paix aux mosquées, on n'a rien à voir avec ces gens-là." 

    Les amalgames sont bien sûr la hantise de ces musulmans modérés. Et ce n'est pas parce que 66% des Français ont déclaré à l'institut Ifop (1) au lendemain de l'attentat contre Charlie Hebdo ne pas mettre les islamistes et les musulmans dans le même sac que ces derniers peuvent se sentir rassurés. Un tiers des sondés a répondu l'inverse. Plus délicat encore, l'ennemi vient aussi de l'intérieur.  

    Le dangereux "islam des caves"

    Dans l'ambiance électrique de ces derniers jours, Leila et sa copine Meriem ont saisi des phrases au vol, dans une allée de supermarché ou à un arrêt de tramway, qui les ont laissées écoeurées. "Ils l'ont bien cherché, les journalistes de Charlie Hebdo", "C'est bien fait pour eux, ils ne respectent pas notre religion." Dans ces commentaires haineux proférés par de jeunes musulmans de leur âge, elles voient surtout l'expression d'un malaise, celui de "personnes fermées, qui se replient sur elles-mêmes parce qu'elles se sentent mal considérées". Trop facile ? Entre musulmans modérés, on parle peu de ces radicaux qui font la Une des journaux. "Rien à voir avec ces gens-là !" comme l'a twitté Leila.  

    Le terrain, il est vrai, est glissant. De la pratique très scrupuleuse au fondamentalisme salafiste, du fondamentalisme salafiste à l'extrémisme violent... Personne ne veut vraiment rentrer dans des détails épineux qui conduiraient vite à questionner la pratique religieuse du voisin. Faïza et son époux, Farid, livrent tout de même leur inquiétude à la vue de ces visages familiers soudain voilés à la sortie de l'école -"Je me sens mal à l'aise, je préfère rester dans ma voiture, maintenant, quand j'y vais."- ou de la barbe apparue sur le menton de l'un de leurs neveux. Lorsque leur deuxième fille, âgée de 19 ans, a voulu fréquenter la mosquée quotidiennement pendant la période du ramadan, le couple le reconnaît : "Nous avons eu peur qu'elle ne bascule." 

    Pour Samia Hamdiken-Ledesert, candidate de gauche aux dernières élections municipales à Vénissieux (Rhône), comme pour Missoum Chaoui, l'imam de Pierrefitte, le danger vient pourtant non pas des mosquées mais d'Internet et des lieux de culte clandestins, cet "islam des caves" que l'on croyait disparu depuis les années 2000 à la faveur des constructions de mosquées un peu partout en France.  

    Aux Minguettes, quartier de Vénissieux au passé agité, "il n'y a jamais eu tant de voiles", assure l'ex-socialiste, qui dénombre par ailleurs "une dizaine de salles de prière en soussol malgré la création d'une mosquée salafiste, toute proche". Samia Hamdiken- Ledesert reproche aux autorités locales de ne pas faire leur travail. D'autres, tel Driss Ayachour à Strasbourg, chargé de mission au Conseil français du culte musulman, insiste sur la nécessité de créer "des lieux et des structures où donner de l'éducation aux jeunes". 

    L'esquisse d'une autocritique

    La tentation est grande de renvoyer la balle dans le camp des pouvoirs publics, accusés - non sans fondement - de ne pas avoir effectué le travail d'"intégration" de leurs populations d'origine étrangère ni suffisamment lutté contre l'islamophobie croissante. "Il faut que l'Etat prenne ses responsabilités, ferme les lieux de prière clandestins et finance la formation d'imams modérés qui communiquent en français et en arabe en transmettant un message d'acceptation des lois de la République", insiste l'imam de Pierrefitte, Missoum Chaoui.  

    La formation des imams? Un serpent de mer et un casse-tête insoluble, dans lequel se mêlent les jeux de pouvoir entre organisations musulmanes, qui disposent de leurs propres filières d'enseignement; la laïcité, qui interdit à la République de se mêler d'autre chose que du libre exercice des cultes, et la faible représentativité des cadres musulmans sur le terrain, souvent mécon- nus des fidèles eux-mêmes ou jugés peu légitimes. Contraints par les circonstances, certains représentants esquissent néanmoins une autocritique.  

    "Voilà quarante ans que je lutte pour que la communauté trouve sa place, glisse Kamel Kabtane, recteur de la grande mosquée de Lyon. Après le drame de Charlie Hebdo, je culpabilise : a-t-on vraiment bien travaillé?" L'an dernier, le recteur lyonnais a organisé un séminaire sur la radicalisation. Il collaborera avec les autres représentants des musulmans dans la région Rhône-Alpes au plan d'action qui vient d'être mis en place par la préfecture pour lutter contre la montée de l'extrémisme. Un début.  

    A Pierrefitte, Faïza et Farid craignent surtout maintenant que le fragile tissu social de leur banlieue du nord de Paris ne se déchire. "Le vrai danger, c'est la ghettoïsation, soupire le couple. Il faut continuer à vivre ensemble." La tentation du repli sur soi plane, plus redoutable que jamais. 

    Kouachi, plutôt que Charlie

    Un grand flic livre cette confidence à l'heure où se dispersent les impressionnantes "manifestations républicaines" ayant rassemblé près de 4 millions de personnes en France, le 11 janvier. "Nous nous glorifions de cette unité nationale, et pourtant je suis très inquiet pour l'avenir, prévient-il. Certes, nous gagnerons la lutte contre le terrorisme. Mais comment contrer l'obscurantisme rampant qui progresse dans les esprits?" Ce haut fonctionnaire est frappé par le nombre d'incidents recensés depuis l'attaque contre Charlie Hebdo : refus de respecter la minute de silence danscertains lycées, provocations sur les réseaux sociaux -"Je suis Kouachi" en réplique aux "Je suis Charlie". 

    Vendredi dernier, porte de Vincennes, un jeune d'origine maghrébine lançait à ses copains, juste à côté de membres de la communauté juive en pleurs : "Il paraît qu'il y a un enfant. J'avoue, là, c'est trop!" Autrement dit, on pourrait tuer des adultes à condition d'épargner les enfants. De ce terreau, travaillé par le salafisme, né du sentiment d'être rejeté par la République, chauffé à blanc par les images de violence à Gaza ou à Raqqa, peut à tout moment surgir la violence. Un incident rapporté dansle livre La France du djihad (éditions du Moment) illustre le phénomène.  

    En mars, Latifa Ibn Ziaten, mère du premier soldat assassiné par Mohamed Merah, est à Nice (Alpes-Maritimes), où elle tient une conférence dans un snack-bar. Elle a entamé un tour de France contre les discours de haine. Au fil des minutes, le malaise s'installe : des "dizaines de participants" quittent la salle. Mal informés, certains membres du public "pensaient que l'invitée n'était autre que la mère de Mohamed Merah". D'où leur déception. Parfois, la célébration des bourreaux remplit les salles plus facilement que l'hommage aux victimes. 

    (1) Sondage Ifop publié le 10 janvier sur le site Atlantico. 


    En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/actualite/societe/apres-les-attentats-islamistes-la-sourde-complainte-des-musulmans_1640197.html#OFQvL9vZPyjUXwOB.99

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