Avant même que la sélection officielle de Cannes ne soit dévoilée par Thierry Frémaux, un twittos a donné la liste de la compétition avec les jours et les horaires de diffusion au Palais des festivals. C'était un «fake», comme l'on dit aujourd'hui: on y trouvait mention des films de Catherine Breillat et de Luc Besson.
Le doute a vite été dissipé par le délégué général du festival, qui s'est amusé, comme chaque année, des pronostics «diffusés dans les gazettes». Ceux-ci n'étaient pas totalement infondés. Ils tablaient, en effet, sur les présences de Nicolas Winding Refn, de James Gray, de Paolo Sorrentino, de Roman Polanski, de François Ozon ou d'Arnaud Desplechin. Ils sont tous là.
La grande surprise étant la forte représentation des réalisateurs français dans la liste des dix-neuf films en compétition. Outre Desplechin et Ozon, Abdellatif Kechiche, César du meilleur film pour L'Esquive en 2005, entre pour la première fois dans la compétition cannoise avec l'adaptation de la BD de Julie Maroh Le bleu est une couleur chaude (retitré La Vie d'Adèle). Un film de plus de trois heures pour l'instant! C'est aussi les grands débuts pour le scénariste et monteur Arnaud des Pallières. Il affrontera les pointures internationales avec l'adaptation de la nouvelle de Heinrich von Kleist, Michael Kohlhaas, dans laquelle Mads Mikkelsen (prix d'interprétation en 2012) donne la réplique à Denis Lavant et Sergi Lopez. Valéria Bruni Tedeschi, seule femme en compétition avec Un château en Italie (avec Louis Garrel et Xavier Beauvois), complète la liste des cinéastes tricolores.
Une sélection pour Spielberg?
Par la voix de Frémaux, Roman Polanski, retenu en compétition avec La Vénus à la fourrure, film tiré du roman SM de Leopold von Sacher-Masoch, a tenu à dire qu'il était un «réalisateur polonais». Au casting de cette comédie érotique, Mathieu Amalric (également dans le Desplechin) se soumet à Emmanuelle Seigner.
Très attendu sur la Croisette depuis le succès de Drive, prix de la mise en scène en 2011, Nicolas Winding Refn revient avec Only God Forgives. Les midinettes sont déjà en émoi: oui, Ryan Gosling, personnage principal de ce long-métrage, foulera à nouveau le tapis rouge en compagnie, cette fois, de Kristin Scott Thomas. Tourné entièrement en anglais en Thaïlande, l'œuvre du Danois serait, selon Thierry Frémaux, «le film radical et punk de cette sélection».
Autre chouchou du festival, James Gray, qui montera lui-aussi les marches du Palais en mai avec The Immigrant (et non plus Nightingale). «Nous verrons si, comme d'habitude, la critique lui réserve un accueil mitigé avant que le public n'en fasse un succès, ce qui est la règle», s'est amusé le délégué général du festival. En revanche, il ne s'est pas étendu sur la présence de Marion Cotillard et Joaquin Phoenix, acteurs principaux de ce film dont l'action se déroule dans le New York des années 1920. Cotillard, élue par James Gray «meilleure actrice avec qui (il) avait eu l'occasion de travailler» sera également hors compétition dans Blood Ties , le remake des Liens du sang réalisé par Guillaume Canet.
«Les frères Coen sont aussi très heureux de revoir cette année leur oncle Gilles (Jacob, NDLR)», explique Frémaux. avant de couper court à toute polémique sur les cinéastes qui auraient ou non la carte (les habitués) à Cannes et à une autre qui semble naître autour d'une sélection composée pour ne surtout pas déplaire au président du jury de cette 66e édition, Steven Spielberg. «Les grands metteurs en scène font des grands films, au nom de quoi s'en priverait-on», a-t-il lâché avant de poursuivre sa présentation et d'annoncer l'autre grand événement du festival 2013, la venue en compétition de Steven Soderbergh. Le réalisateur, qui affirme au fil des interviews qu'il s'agit de son dernier film, viendra donc défendre Behind the Candelabra, avec Matt Damon et Michael Douglas, métamorphosé dans le rôle du pianiste gay de Las Vegas Liberace.
Si jamais ce film est couronné cette année sur la Croisette, la boucle sera bouclée pour Soderbergh: il avait obtenu en 1989 la palme d'or pour son premier film, Sexe, mensonges et vidéo.
Les films en compétition
Only God Forgives de Nicolas Winding Refn
Borgman d'Alex Van Warmerdam
La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino
Behind the Candelabra / Ma vie avec Liberace de Steven Soderbergh
La Vénus à la fourrure de Roman Polanski
Nebraska d'Alexander Payne
Jeune & Jolie de François Ozon
Wara no tate de Takashi Miike
La Vie d'Adèle de Abdellatif Kechiche
Soshite chichi ni naru (Like Father, Like Son) de Hirokazu Kore-Eda
A Touch of Sin de Zhangke Jia
Grigris de Mahamat-Saleh Haroun
The Immigrant de James Gray
Le Passé d'Asghar Farhadi
Heli d'Amat Escalante
Jimmy P. d'Arnaud Desplechin
Michael Kohlhaas d'Arnaud des Paillières
Inside Llewyn Davis de Joel et Ethan Coen
Un château en Italie de Valeria Bruni Tedeschi
Les films Hors compétition
Gatsby le Magnifique de Baz Luhrmann
Zulu de Jérôme Salle
Blood Ties de Guillaume Canet
All Is Lost de J. C. Chandor
Un Certain Regard
The Bling Ring de Sofia Coppola
Grand Central de Rebecca Zlotowski
Sarah préfère la course de Chloé Robichaud
Anonymous de Mohammad Rasoulof
La Jaula d'Oro de Diego Quemada-Diez
L'Image manquante de Rithy Panh
Bends de Flora Lau
L'Inconnue du lac de Alain Guiraudie
Miele de Valéria Golino
As I lay dying de James Franco
Norte, Hangganan Ng Kasaysayan de Lav Diaz
Les Salauds de Claire Denis
Fruitvake Station de Ryan Coogler
Death March de Adolfo Alix Jr.
Omar de Hany Abu-Assad
Séance de minuit
Blind Detective de Johnnie To
Monsoon Shoutout d'Amit Kumar