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    Ecrivains en France, stars au Japon

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    <time datetime="2013-05-30T18:43:07" itemprop="dateCreated">Créé le 30-05-2013 à 18h43</time> - <time datetime="2013-06-02T17:12:59" itemprop="dateModified">Mis à jour le 02-06-2013 à 17h12</time>

    Et l'on parle ici d'Echenoz, Ernaux, Toussaint, Chamoiseau, Rahimi, Todd... Enquête.

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    Daniel Pennac, Annie Ernaux et Jean Echenoz, célèbres à Tokyo (photomontage). (©Photononstop-AFP/Baltel-Sipa/Andersen Ulf-Sipa/Bisson-JDD-Sipa/Photomontage Yan)

    Daniel Pennac, Annie Ernaux et Jean Echenoz, célèbres à Tokyo (photomontage). (©Photononstop-AFP/Baltel-Sipa/Andersen Ulf-Sipa/Bisson-JDD-Sipa/Photomontage Yan)

    <aside class="obs-article-brelated" style="margin-left:20px;"> <header class="obs-blocktitle">Sur le même sujet</header>

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    Lorsque Jean Echenoz raconte ses voyages au Japon, il a l'air étonné d'intéresser un pays si lointain: «J'y suis allé trois ou quatre fois. J'ai souvenir d'un amphithéâtre d'étudiants, à ma grande stupéfaction très rempli, où j'ai fait une lecture, et où la rencontre était animée par Ryoko Sekiguchi, qui a traduit certains de mes livres, et publie de la poésie chez P.O.L. Il y a eu aussi des rencontres de presse chez l'éditeur, et des séminaires en comité restreint, avec des professeurs. C'était absolument passionnant. Cela dit, j'ai l'impression que le rythme des traductions baisse un peu.»

    Il ne devrait s'étonner pourtant ni de son succès ni du fléchissement qui l'affecte ces dernières années. La France et le Japon n'ont noué de relations diplomatiques qu'en 1858; et c'est seulement dix ans plus tard, avec la restauration Meiji, l'industrialisation, la signature de traités d'échanges commerciaux, que le Japon s'ouvre vraiment à l'Occident et à la France en particulier.

    Le premier livre français traduit, c'est «le Tour du monde en quatre-vingts jours» de Jules Verne (en 1878)... La première trentaine de Français invités sont alors des professeurs d'art militaire; et l'on n'apprend le français au Japon que depuis 1889 (première faculté de lettres française à Tokyo). Aujourd'hui notre langue est au deuxième rang des langues étrangères, après l'anglais: sur 300.000 étudiants inscrits en français, 30.000 obtiennent un diplôme d'aptitude au français tous les ans.

    La francophilie explose. Entre les années 1920 et 1980, le goût des Japonais pour les ouvrages français est «proche de l'avidité», écrit Corinne Quentin, irremplaçable agent littéraire à Tokyo (1). Certains des meilleurs spécialistes de Proust, de Baudelaire, de Rousseau sont japonais. Aujourd'hui encore on rencontre des professeurs d'université, jeunes, parlant un français immaculé, et qui passent leur vie à étudier Diderot ou Claudel.

    «C'est pointu !»

    Jean Echenoz s'émerveille: «Ils sont parfois spécialistes d'auteurs français très mineurs, qu'on ne connaît même pas toujours ici.» Et Jean-Philippe Toussaint, une vraie star au Japon depuis la traduction de sa «Salle de bain» (140.000 exemplaires vendus), le confirme: «J'étais récemment à un colloque à Louvain. Deux étudiants japonais étaient là; l'un a fait une communication, en français, sur l'influence de Byron sur Flaubert, et l'autre sur la bibliothèque personnelle de Marguerite Yourcenar ! C'est pointu !»

    La japonisante Véronique Brindeau dit en souriant: «Ils aiment ce qui est difficile, compliqué: Mallarmé, Derrida...» Et à l'Institut français, le directeur du département Livre et Promotion des savoirs, Paul de Sinety, dit: «On voit bien, c'est indéniable, que certains auteurs français sont connus et reconnus: Echenoz, Volodine, Chamoiseau, Toussaint...» Annie Ernaux a vendu 40.000 exemplaires de «Passion simple».

    L'auteur français est un intellectuel, «et c'est ça qu'ils veulent». De même, ils sont attirés par les contestataires, altermondialistes, de gauche en général: Rancière, Badiou; et Emmanuel Todd se rend au Japon, où il est célèbre, comme on part à son bureau le matin. Aujourd'hui, les deux tiers des traductions de livres français concernent les sciences humaines et sociales, les documents, les essais.

    Les Anciens et les «nouveaux»

    Il existe une parenté entre le Japon et la France, fondée sur le raffinement, ou un certain héritage des Lumières (le deuxième livre traduit au Japon, en 1882, est le «Contrat social» de Rousseau), qui a pris des couleurs très particulières ici et là-bas, mais qui est commun. C'est la feuille et la fleur d'une même plante, aurait dit Mishima. «Nous sommes attirés par la France, dit une Japonaise, à la fois parce qu'elle nous est proche et parce qu'elle nous est opposée.» 

    Parmi les grandes figures qui ont rapproché les deux civilisations, celle de Claudel reste la plus brillante, et son oeuvre diplomatique, notamment par la création de plusieurs institutions très importantes, est à la hauteur de son oeuvre littéraire. L'«ambassadeur poète», comme on le nommait là-bas, voyait une France «correspondante du Japon en Europe». Et tandis que Yourcenar est hypnotisée par Mishima, Barthes par l'écriture japonaise, Jo Yoshida travaille à la nouvelle édition Proust de la Pléiade.

    Gide, Valéry, Sartre ont eu leur heure de gloire. Jean-Philippe Toussaint: «Ce qui les attirait? Le chic. Paris est attirant parce que c'est une ville chic. Un auteur chinois, dans les années 1990, n'était pas chic. Il ne faut pas entendre "chic" comme un mot péjoratif. Il faut le voir sous l'angle de l'intérêt pour l'avant-garde, pour ce qui se fait de neuf.» Ce qui se faisait de neuf était justement estampillé «nouveau»: Nouveau Roman, Nouvelle Vague, «nouveaux philosophes», et maintenant Nouvelle Cuisine.

    Things have changed

    De grands intellectuels japonais sont arrivés à Paris, y sont restés, y sont encore. Et pourtant les choses ont changé. «Il y a eu un âge d'or dans les années 1960, raconte Toussaint. Par la suite le terrain s'est révélé assez difficile. Une fois traduit, "la Salle de bain" a été un grand succès: on me fêtait, on me célébrait. Et j'en étais surpris. Mais c'est un cas un peu à part, si l'on exclut Agota Kristof qui était très reconnue là-bas. Cela s'est un peu tassé par la suite.» Si Pennac s'est bien vendu, Bernard Werber ou Patrick Besson y récoltent des résultats modestes.

     
    En chiffres

    Depuis 2009, 38 ouvrages ont reçu une aide à la cession de la part de l'Institut français pour un montant total de 47.665 euros, et une moyenne annuelle de 10.000 euros.

    De surcroît, l'ambassade de France au Japon alloue 20.000 euros par an en moyenne d'aide à la traduction.

    Entre 20 et 30 auteurs français sont envoyés au Japon tous les ans, avec l'appui financier de l'Institut français et de son réseau. En 2012, 5 auteurs de BD ont été sélectionnés pour y partir.

    Paul de Sinety fait le même constat: «Beaucoup de romanciers, de philosophes français sont étudiés au Japon, et invités dans les universités comme "visiting professors"On étudie toujours beaucoup Foucault et Derrida, on invite toujours des romanciers, et même beaucoup, mais vous n'y trouverez plus l'atmosphère qui régnait à l'époque de Sartre et de Simone de Beauvoir. Cette atmosphère n'existe plus nulle part: c'est la figure de l'intellectuel qui s'est dissoute, quelle que soit sa nationalité.»

    Les échanges, notamment l'exportation, ne se font plus naturellement. Il faut leur donner un coup de pouce. L'Institut français mène une politique d'aide à la traduction, et à la cession des droits. Il tâche de maintenir le cap. Toussaint explique: «Il est vrai que si le Japon s'est tourné volontiers vers l'Europe, vers la France, il se tourne aujourd'hui spontanément vers l'Asie: Chine, Taïwan, Corée du Sud. Pour le cinéma, c'est pareil: la nouveauté vient de Taïwan ou de Pékin. Le Japon a donc naturellement tourné ses yeux de ce côté.»

    Paul de Sinety ne se voile pas la face, il s'adapte: «Nous prenons en compte ce glissement vers l'Asie, et nous agissons de manière régionale, soit dans la circulation des intellectuels et créateurs français, soit en organisant nos Universités francophones d'Asie, qui se tiennent chaque année dans un pays différent.» Par ailleurs le Japon se tourne vers les auteurs francophones, comme Patrick Chamoiseau, ou Atiq Rahimi. Si «le tremblement de terre du 11 mars a arrêté beaucoup de choses, a refroidi les ardeurs, les projets, l'enthousiasme en général» (Toussaint), il a dirigé le projecteur japonais vers des terres soeurs, comme Haïti. Dany Laferrière, auteur haïtien, a été splendidement accueilli au Japon, où il s'est rendu après le séisme. Il est vrai qu'il avait écrit, dès 2008, «Je suis un écrivain japonais»...

    Manga, le mot est lâché

    Yasuo Sano, directeur de la Maison du Japon à la Cité internationale universitaire, voit baisser le nombre d'étudiants littéraires à Paris: «Il y en a toujours, bien entendu. Nous avons un spécialiste de Perec, un autre d'Hugo, une autre du XVIIe siècle français... Mais aujourd'hui, les scientifiques sont beaucoup plus nombreux. Au Japon, la pop culture, les mangas, internet, les jeux vidéo, absorbent une énergie qui était autrefois dépensée dans les livres. Comme chez vous... D'ailleurs, la figure de l'intellectuel français est passée par les Etats-Unis. C'est parce que les Américains s'intéressaient à Foucault et Derrida que les Japonais y sont venus aussi.»

    Manga, le mot est lâché. Il n'est pas rare que dans une librairie japonaise il occupe des étages entiers. «Quand vous allez voir un nô, raconte Véronique Brindeau, il arrive que le texte ancien soit reproduit sur la plaquette, accompagné de son résumé en japonais moderne... et en manga !» Les stratèges de l'Institut français ne manquent pas d'exploiter ce filon. Mais une Japonaise nous confie: «La BD occidentale, et franco -belge en particulier, est réservée à une élite, et aux adultes. Elle est difficile, on la considère comme un art.» Allons bon ! Le manga «One Piece» (69 tomes) s'est vendu à plus de 270 millions d'exemplaires dans le monde.

    Reste donc à se tourner vers les traducteurs. Ils sont la porte presque unique de ce pays, les premiers prescripteurs. On ne mesure pas l'importance d'une personne comme Ryoko Sekiguchi... Elle vit à Paris, traduit Echenoz, Rahimi, Alferi, Enard, Chamoiseau, Eric Faye, et détaille ainsi sa méthode: 

    Quand un livre français m'intéresse, je fais une fiche de lecture, et je le propose à un éditeur japonais, ou alors à Corinne Quentin, pour qu'elle m'en trouve un. Rarement, un éditeur me demande des projets. Après le succès de la tournée de Chamoiseau au Japon, les éditeurs japonais se sont réveillés, et m'ont demandé de leur faire des propositions le concernant.»

    Le Japon ne lirait plus ? «Moins, c'est sûr. Surtout ils apprennent le chinois ! Quand je suis entrée en fac de français, il y a vingt ans, il y avait 120 inscrits. Quand j'en suis sortie, ils n'étaient plus que 90, et quand j'y suis retournée, il y a trois ans, il n'y en avait plus que 30.»

    Les traducteurs sont rares: «Les universitaires font tout eux-mêmes, pratiquement sans être payés. Donc il faut beaucoup travailler, et la Fabrique des Traducteurs, lancée à Arles par l'Institut français, est une initiative formidable. Je peux vous dire que ceux que nous formons là sont jeunes, passionnés, et qu'ils repartent avec la pêche !»

    Corinne Quentin raconte qu'autrefois elle proposait plusieurs contrats de traduction par jour aux éditeurs français, et qu'elle n'en gère plus que 120 ou 150 par an. Dépasser les 10.000 exemplaires est devenu exceptionnel. L'âge d'or est révolu. Là-bas ou ici?

    Jacques Drillon

    (1) «Revue des Deux Mondes», avril 2013.


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  • Dernière modification : 31/05/2013 

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    À la Biennale de Venise, le Vatican se réconcilie avec l'art contemporain

    À la Biennale de Venise, le Vatican se réconcilie avec l'art contemporain
    L'installation "Création" du Studio Azzuro à la Biennale de Venise
    © AFP PHOTO / GABRIEL BOUYS

    Un pavillon du Vatican concourt pour la première fois à la compétition internationale de la Biennale de Venise. Les artistes exposés par l’Etat catholique ne sont autres que Joseph Koudelka, Lawrence Carroll et le groupe Studio Azzurro.

    Par Priscille LAFITTE (texte)
     

    Quelque 600 ans après avoir commandé le tableau sur la "Création d’Adam" à Michel-Ange pour embellir la chapelle Sixtine, le Vatican se lance à nouveau dans la commande d'art. L’église catholique s’est tournée vers des artistes contemporains pour exposer à la prestigieuse Biennale de Venise (du 1er juin au 24 novembre 2013) un triptyque sur le livre biblique de la Genèse.

    Les trois artistes convoqués sont le photographe Joseph Koudelka, le plasticien Lawrence Carroll et le Studio Azzurro. Le thème de la "création : au début, et puis" a été développé par ce collectif de vidéastes et de photographes, basé depuis trente ans à Milan, dans une installation vidéo interactive.

    Joseph Koudelka, photographe tchèque âgé de 85 ans, célèbre pour son travail en noir et blanc, notamment sur les tziganes, expose ses œuvres sur la Grèce antique, déjà montrées à l’ouverture des festivités de Marseille - capitale européenne de la culture 2013. Ces ruines antiques représentent le deuxième volet du triptyque : la "dé-création" (allusion au meurtre d’Abel par Caïn et au Déluge, et plus généralement à la destruction éthique et matérielle par l'homme).

    Enfin, le thème de la "re-création" (inspiré du nouveau départ pris par Abraham) a été confié au plasticien américain d’origine australienne Lawrence Carroll, qui s’inspire de l’arte povera et de l’art conceptuel. L’artiste a réalisé quatre tableaux dont "Wall Paintings" et "Floor Piece".

     
    Oeuvre de Joseph Koudelka exposée à Marseille dans le cadre de l'exposition "Vestiges 1991-2012".

    Rien n’est à vendre

    Le Vatican se dit conscient qu’il ne peut pas prétendre commander à de tels artistes de l’art liturgique, comme pouvait le faire l’Église catholique auparavant. Il assume cependant le fait de retisser un "lien entre les messages religieux et l’art", comme le formule le président du Conseil pontifical pour la culture du Vatican, le cardinal Ravasi, qui estime que "l’art moderne s’est globalement détourné de Dieu, mais [que] Dieu ne s’est jamais détourné des artistes". Depuis 2009, le cardinal Ravasi travaille à ce projet, avec le soutien du précédent pape Benoît XVI.

    Si le passé artistique grandiose du Vatican et son retour dans l’arène de l’art contemporain attirent de nombreux curieux et la presse, c’est cependant dans la rude compétition internationale de la Biennale – où les pavillons rivalisent de génie artistique mais où rien n’est à vendre - que s’inscrit le pavillon du Vatican. "L’Église a abandonné le leadership des arts depuis 200 ans (…) et n’a pas bien vécu sa relation à la modernité", explique le président de la Biennale Paolo Baratta, dans une interview au Figaro.

    D’autres pays s’exposent pour la première fois à la Biennale de Venise : l’Argentine – dont le pavillon jouxte celui du Vatican, en un clin d’œil, que les organisateurs disent involontaire, à la nationalité du pape François -, l’Afrique du Sud et les Émirats arabes unis. Le royaume de la péninsule arabique a souhaité "être près du Vatican, car sa présence donne à tout l’endroit une importance majeure et garantit une certaine tenue", révèle le président de la Biennale, Paolo Baratta. À croire que dans le monde de l’art contemporain, toutes les religions se rejoignent...


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    Le Point.fr - Publié le <time datetime="2013-05-31T22:15" itemprop="datePublished" pubdate=""> 31/05/2013 à 22:15</time> - Modifié le <time datetime="2013-05-31T22:16" itemprop="dateModified"> 31/05/2013 à 22:16</time>

    L'émission musicale qui allait fêter ses 20 ans fait les frais de la cure d'austérité de France Télévisions.

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    France Television annonce devoir supprimer l'émission de Nagui "Taratata" pour réaliser des économies.

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    France Television annonce devoir supprimer l'émission de Nagui "Taratata" pour réaliser

    des économies. © Sipa / Sipa

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    Le couperet est tombé. France Télévisions, contrainte à une cure d'austérité, vient d'annoncer coup sur coup la suppression de deux célèbres émissions sur France 2, "Taratata" et "Des mots de minuit", après avoir fait également arrêter "Chabada" (France 3). Le groupe promet "une offre musicale renouvelée et amplifiée" à la rentrée.

    "Nous confirmons l'arrêt de "Taratata" après 20 ans d'existence de cette émission musicale présentée par Nagui, mais "France 2 proposera à la rentrée une offre renouvelée et amplifiée", a assuré vendredi la chaîne sans plus de commentaires.

     "Nous confirmons l'arrêt de "Taratata" après 20 ans d'existence de cette émission musicale présentée par Nagui, mais "France 2 proposera à la rentrée une offre renouvelée et amplifiée", a assuré vendredi la chaîne sans plus de commentaires.

    50 millions d'euros d'économies

    Bruno Patino, récemment promu numéro 2 du groupe audiovisuel public en charge des programmes et du numérique, avait prévenu dans la presse fin mars: "On ne va pas se mentir. Le plan d'économies entériné (...) va toucher tout le monde et impacter les programmes. Il va y avoir des arrêts d'émissions". Quelques jours avant, le P-DG du groupe Rémy Pflimlin avait présenté devant son conseil d'administration des mesures visant à réaliser environ 150 millions d'euros d'économies et parvenir à l'équilibre des comptes en 2015. Outre la chute des ressources publiques, pour cause de rigueur budgétaire, les chaînes de France Télévisions, qui diffusent de la publicité jusqu'à 20 heures, sont également victimes d'une baisse des revenus publicitaires en période de crise.

    Pétition pour sauver Chabada

    Première victime fin avril, "Chabada", l'émission de variétés diffusée le dimanche sur France 3 à 17 heures. La chaîne publique, qui diffuse ce programme présenté et produit par Daniela Lumbroso depuis 2009, a annoncé "une consultation pour un nouveau magazine musical afin de faire évoluer le programme et en réduire les coûts".

    Céline Dion, Michel Sardou, Patrick Bruel, Nicoletta, Véronique Sanson, Nolwenn Leroy, Olivia Ruiz et Grégoire, parmi une soixantaine d'artistes, ont signé une pétition "pour sauver Chabada", en vain.

    "La fin Des mots de minuit"

    Après 13 ans de diffusion, c'est ensuite le journaliste Philippe Lefait qui annonçait à l'antenne la suppression, "faute de moyens", de l'émission culturelle "Des mots de minuit", qu'il animait depuis 13 ans sur France 2, et qui était programmée à 00H30. "La finance est mon ennemie. Faute de moyens, Des mots de minuit ne sera plus à l'antenne en septembre", déclarait-il y a quelques jours au début de la 496ème édition.

    "Des mots de minuit", diffusée le mercredi à minuit et demi, est une émission culturelle où se croisent "artistes et scientifiques ; clowns et architectes, sportifs et chanteurs toujours en direct, cinéastes et chorégraphes, auteurs de BD et photographes, romanciers et acteurs des temps modernes", selon le site internet de la chaîne. Dernière sacrifiée, l'émission musicale "Taratata", dont la fin proche a été annoncée vendredi.

    "Taratata On Air"

    Taratata, qui avait fêté ses 20 ans début 2013, est diffusée tous les vendredis à 00H30. Une heure jugée trop tardive par son animateur. "Ca fait 20 ans que je me bats pour que Taratata existe. Il n'y a pas une année où je ne me suis pas battu pour que Taratata soit à l'antenne l'année suivante. Ca a encore été le cas cet été", avait confié Nagui lors d'une rencontre avec la presse fin octobre.

    Le producteur-animateur Nagui et sa société de production avaient lancé mi-octobre "Taratata On Air", une des 13 "chaînes" françaises de YouTube, et comptaient sur ce nouveau canal de diffusion pour donner une seconde vie à l'émission musicale éponyme de France 2.


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    RENCONTRE

    "Alias Caracalla" : Jean Moulin raconté par son secrétaire

    © Daniel Cordier, collection particulière
    © Daniel Cordier, collection particulière

    Parce qu’il voulait rendre justice à Jean Moulin, son disciple et secrétaire Daniel Cordier est devenu historien. Un parcours hors norme à redécouvrir dans Alias Caracalla, téléfilm diffusé samedi 25 mai sur France 3.

    C’est un petit homme plein d’entrain et de bonne humeur, habillé de couleurs harmonieuses et printanières, qui virevolte au milieu d’un foisonnement d’objets insolites, dans un appartement lumineux qui domine la Méditerranée. À bientôt 93 ans, Daniel Cordier a l’ardeur d’une jeunesse éternelle. Pourtant, il garde en lui la gravité d’une blessure qui n’a jamais cicatrisé. Celle de la disparition de Jean Moulin, dont il fut, pendant un an, le secrétaire, au service de l’unification des mouvements de la Résistance sous la houlette du général de Gaulle, réalisée le 27 mai 1943 par la première réunion du Conseil national de la Résistance... Un événement dont on célèbre ces jours-ci le 70e anniversaire, par rien moins qu’un livre (De l'Histoire à l'histoire, chez Gallimard), une exposition et surtout un film,Alias Caracalla, au cœur de la Résistance, diffusé samedi 25 mai sur France 3, et fidèlement inspiré de l’autobiographie de Daniel Cordier, parue en 2009, Alias Caracalla (disponible en Folio-Gallimard). 

    L’aventure commence le 17 juin 1940, lorsque la voix chevrotante du maréchal Pétain annonce la reddition de la France dans le poste de radio familial. Soulevé d’indignation, le patriote de 19 ans s’embarque sur le dernier bateau à Bayonne, en compagnie de 16 compagnons bien décidés à continuer le combat. Débarqués en Angleterre, ils rejoignent les Forces françaises libres du général de Gaulle. « En juillet 1940, nous étions une armée microscopique... J’étais, à 19 ans, parmi les plus âgés. J’ai presque les larmes aux yeux en repensant à cette fête de Noël 1940 où de Gaulle est venu nous rejoindre, où il a compris que ses soldats n’étaient que des enfants. »

    Entre 1940 et 1942, si l’ardent Cordier suit avec autant de zèle son entraînement en Angleterre, c’est avec un but précis. « Je voulais partir au plus vite en France, pour tuer du Boche ! » Forçant le destin, il s’engage au sein des services secrets de la France libre, où il reçoit la formation réservée aux agents destinés aux missions dangereuses, voués à la torture et à la mort en cas d’arrestation. Mais il va devoir ravaler sa soif de sang… Jean Moulin l’embauche, non pas pour faire sauter des trains, mais pour organiser son secrétariat. Une tâche extrêmement ingrate, consistant à coordonner les liaisons avec Londres, à assurer toute la logistique, à recruter des agents, tout cela dans une peur permanente. À ce stress s’ajoutent des tensions politiques : les chefs de la Résistance s’opposent à Moulin, refusant de reconnaître l’autorité qu’il tient du général de Gaulle. Les seuls moments d’évasion sont ceux où « Rex », dont il n’apprendra l’identité véritable qu’après la Libération, lui parle de peinture et l’initie à l’art moderne. Car l’ancien préfet se fait passer pour peintre, et anime une galerie à Nice. « À ces moments-là, je croyais vraiment qu’il était artiste. Mais lorsqu’on travaillait ensemble, j’imaginais son passé politique, tant il était exigeant et pointu. »

    Infatigable, Daniel Cordier témoigne un dévouement sacrificiel à la cause de son patron, brutalement interrompue par l’arrestation du 21 juin 1943, à Caluire (69). Moulin ne parle pas sous la torture et meurt. Le jeune homme termine la guerre dans l’ombre… Il voudra tout oublier une fois la paix revenue. « J’avais été, pendant mon enfance, interdit de parole par les hommes qui avaient fait 14-18, et qui me disaient : “Tu parleras quand tu auras fait la guerre !” Je me suis donc juré que je n’imiterais jamais les anciens combattants. » Il enfouit au fond de lui, comme un trésor trop pur pour être profané, cet amour de disciple, fait d’un immense respect, d’une pudeur totale conjuguée à une admiration incandescente, presque mystique. « Il avait l’âge d’être mon père. J’étais en très mauvais termes avec le mien, divorcé de ma mère. J’admirais intensément mon beau-père. Moulin a remplacé ces deux hommes. Moulin était à moi. » Daniel se lance dans une carrière de marchand d’art où il excelle pendant une trentaine d’années. Il fait deux fois le tour du monde, et gagne beaucoup d’argent. « Un argent qui m’a servi pour la deuxième partie de ma vie… » La générosité de Daniel Cordier sera à la mesure de son caractère radical : il fera don au Centre Pompidou de centaines d’œuvres.

    [...]

    En 2009, son livre Alias Caracalla révèle dans cette destinée attachante une autre profondeur de champ. L’aventure de Cordier s’est doublée d’une odyssée identitaire qui fut une véritable conversion, finement décrite par le téléfilm de France 3. En juin 1940, l’ancien Camelot du roi est antirépublicain, maurrassien, et s’honore d’un antisémitisme viscéral, hérité de son milieu. Les péripéties de la guerre vont faire tomber petit à petit toutes ces idoles, à l’image d’une banquise qui se défait. L’homme de gauche qu’était Moulin ne fut pas pour rien dans cette évolution. Il sut voir la droiture et la pureté du jeune homme derrière son idéologie. « Lors de notre première rencontre, il me fit ­parler longuement de moi. J’étais flatté car c’était la première fois qu’un homme s’intéressait à mon itinéraire. Il aurait pu choisir un autre secrétaire. Mais il m’a fait confiance, acceptant que je tienne sa vie entre mes mains alors que mes opinions étaient aux antipodes des siennes. Et, pour la seule et unique fois, il m’a parlé de sa famille, de son père. »

     

     

     

     

     

    Ecoutez l'émission 140 minutes

    La mémoire de 39-45 est-elle encore vivante ? 

    08.05.2013 - 06:30 Ajouter à ma liste de lectureRecevoir l'émission sur mon mobile

    Daniel Cordier et Marc Voinchet © Radio France

     

    Avec :  

     

    Daniel Cordier

    Ancien résistant et secrétaire de Jean Moulin

    Galeriste à Paris

    Auteur d’Alias Caracalla (Gallimard, 2009) adapté à la télévision sur France 3 (printemps 2013).

    Invité(s) :
    Daniel Cordier, résistant et secrétaire de Jean Moulin pendant la Seconde Guerre Mondiale

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    ALIAS CARACALLA AU COEUR DE LA RÉSISTANCE (FRANCE 3) Publiée le 24/05/2013 à 13h05


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  • Info le Parisien

    Série : « Nicolas Le Floch » aura une 6e saison

    Sylvain Merle | Publié le 23.05.2013, 07h00

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    Le commissaire « Nicolas Le Floch », joué par Jérôme Robart, est finalement sauvé.


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