• Dujardin d'Eden

    Publié le 5 février 2012

    Le puritanisme américain va-t-il empêcher Jean Dujardin de décrocher un oscar ?

    Les affiches censurées du nouveau film de l'acteur, Infidèles, font polémique aussi outre-atlantique. Selon François Durpaire, l'impact sociétal d'une œuvre et son contexte comptent tout autant que le film pour ce genre de cérémonie. Mais l'Amérique est une terre de paradoxes !


     
    L'affiche du film Les infidèles a été retirée pour être de mauvais goût. Coûtera-t'elle un oscar à Jean Dujardin ?

    L'affiche du film Les infidèles a été retirée pour être de mauvais goût. Coûtera-t'elle un oscar à Jean Dujardin ?  Crédit Mars distribution

    Atlantico : La polémique sur les affiches du nouveau film de Jean Dujardin "Les infidèles" risquerait bien de lui couter un Oscar. Qu'en pensez-vous ?

    François Durpaire : Oui, c'est déjà arrivé dans l'histoire du cinéma américain. Ce qu'il faut comprendre, c'est que l'oeuvre ne se suffit pas à elle-même ; il y a tout l'à côté, qui compte autant. Ce qui entoure le travail compte autant que le travail lui-même. Il y a eu la polémique sur les propos de Mel Gibson et son comportement. Il ne s'agissait pas d'un acteur français ! L'enjeu est surtout vif lorsqu'il s'agit d'une cérémonie - les Oscars - qui est une vitrine mondiale. On ne discute pas seulement du contenu d'une oeuvre, de sa qualité et de ses défauts, mais de l'impact sociétal de la remise d'un prix à cette oeuvre ou à cet acteur. Quel impact cela aura sur l'Amérique et sur le monde qui nous regarde ? Dans les relations hommes-femmes, noirs-blancs, dans les images que nous voulons montrer à nos enfants etc. Souvenez-vous de l'impact de la remise du prix à Sidney Poitier, ou à Halle Berry, sur les relations interaciales aux Etats-Unis, on était bien au delà du simple jugement professionnel, même si ce sont des acteurs de qualité !

     

    Les magazines Vanity Fair et Hollywood Reporter se sont déjà faits l'écho de cette polémique. Est-ce le signe que l'esprit français rentre en collision avec l'esprit américain ?

    Pas forcément ! La dualité est peut-être moins marquée qu'il n'y paraît de prime abord. Un exemple ? La semaine dernière, les affiches de Underworld 4, jugées trop violentes, ont été interdites de bus par la RTM (Régie des Transports de Marseille). Le motif ? La présence d'armes à feu qui poserait problème dans une ville touchée par la violence. Cette fois, la situation était inversée,  l'affiche étant américaine et le censeur français ! L'écart entre nos deux sociétés est bien souvent moins grand qu'on ne veut bien l'accepter.

     

    L'Amérique est-elle vraiment si puritaine ?

    L'Amérique est terre de paradoxe. On y trouve les excès de tous les côtés. C'est le pays du puritanisme, d'accord, mais aussi celui de la pornographie. La permissivité la plus échevelée peut y cotoyer les tenants de l' ordre moral le plus rigide. N'oubliez pas que nous sommes dans un pays-continent, le troisième plus le plus peuplé au monde, et celui qui prône le plus la diversité (des personnes, des points de vue, des comportements, des options morales, des choix de vie...)

     

    Au-delà du puritanisme, est-ce plus une question de "politically correct" ?

     

    Cette expression est utilisée à toutes les sauces en France. N'oublions pas qu'elle a été popularisée dans les années 80 par l'extrême droite américaine pour dénoncer les freins mis à l'expression des préjugés sexistes et racistes sur le mode "On ne peut plus rien dire, nous les mâles blancs, dès qu'il s'agit de femmes ou de Noirs !" Donc, il ne faut pas se laisser piéger par ce vocable, bien pratique en France lorsqu'il s'agit de défendre l'idée qu'on peut tout dire même le pire. Je ne pense qu'il s'agisse de cela ici, mais plutôt de débat au sein de la société américaine, entre différents points de vue.


    N'anticipons-nous pas aussi la polémique en ayant cette image faussée de l'Amérique "très puritaine" ?

    Vous avez tout à fait raison ! Car de quoi est-il question au juste ? D'une société américaine fondée sur ce qu'on appelle le "pluralisme démocratique". Cela remonte à Madison, l'un des pères fondateurs ! Des groupes s'expriment et entendent faire valoir leur point de vue. D'un côté, des parents qui entendent protéger leurs enfants d'images de violence ou d'images de sexe. De l'autre, les partisans du Premier Amendement à la Constitution qui entendent défendre la liberté totale, de tout dire et de tout montrer. Et même si les premiers se font souvent entendre, les seconds finissent presque toujours par l'emporter !

     

    L'Amérique a-t-elle évolué depuis l'affaire Depardieu ? (Gérard Depardieu s'était vu barré la course aux Oscars à cause d'une interview malencontreuse sur sa jeunesse "débridée" à Châteauroux)

    Oui et non, tout au long de l'histoire récente de l'Amérique, on retrouve les mêmes débats. Notamment celui de la place de la vie privée et celle de l'oeuvre d'un personnage public. Doit-on juger seulement l'oeuvre, ou aussi tout ce qui l'entoure ? Mais après tout, n'a-t-on pas aussi ce type de débat en France ? Il y a quelques mois, on s'était demandé s'il fallait commémorer Céline, en dépit de sa pathologie antisémite...

    La polémique pourrait même servir les intérêts de Jean Dujardin, car n'oublions pas que le jury est composé d'artistes, donc des gens attachés à la liberté de création, qui pourraient à cette occasion être tentés de réaffirmer leurs convictions face aux tenants de l'ordre moral.

     

    Propos recueillis par Jean-Benoît Raynaud


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  • Ben Gazzara est décédé

    L'acteur américain séduisait les plus grands avec son charme et son talent

    Publié le 04 Février 2012 à 09h19 par Mélissa Brion
     
     
     
    Ben Gazzara est décédé

    L’acteur américain Ben Gazzara s’est éteint vendredi 3 février à New York à l’âge de 81 ans. L’artiste au sourire timide et ravageur souffrait d’un cancer du pancréas.

    Ben Gazzara aura laissé son empreinte de Broadway à Hollywood. Fils d’immigrés italiens, l’acteur né à New York le 28 août 1930 est attiré très jeune par le cinéma. Il avait d’ailleurs confié qu’il quittait régulièrement les bancs de l’école pour les salles obscures.


      

    Mais c’est au théâtre que Biagi Anthony Gazzara, de son vrai nom, débute sa carrière. Après avoir fait ses classes au prestigieux Actors Studio, le comédien fait ses premiers pas sur les planches en 1956 grâce à Elia Kazan dans l’adaptation à Broadway de La Chatte sur un toit brûlant signé Tennessee Williams.


     

    Après New York, Ben Gazzara conquiert Los Angeles et le grand public en 1959 dans le film d’Otto Preminger intitulé Autopsie d’un meurtre. Les succès s’enchaînent alors pour cet artiste qui mène une carrière sur grand écran, à la télévision et au théâtre.


     

     Le cinéma indépendant l’attire plus que les grosses productions hollywoodiennes même s’il fréquente les grands noms du moment comme Audrey Hepburn, avec qui il a une aventure. Car difficile de résister au charme de cet acteur charismatique... Ben Gazzara s'est d'ailleurs marié trois fois. En 1951, il épouse l'actrice Louise Erickson dont il divorce en 1957 puis il reste marié à la belle Janice Rule de 1961 à 1979 avec qui il a une fille, Elizabeth. Il succombe enfin à un top model allemand Elke Krivat en 1982.


    Dans les années 70, il devient l’ami et l’acteur fétiche de John Cassavetes qui le fait tourner dans Husbands avec Peter Falk (1970) ou encore Meurtre d'un bookmaker chinois (1976). En hommage au cinéaste, Ben Gazzara se lance dans la réalisation en 1990 avec Beyond the Ocean.


    En 1998, l’acteur new-yorkais fait partie du célèbre casting des frères Coen dans The Big Lebowski puis partage l’affiche avec Nicole Kidman en 2003 dans Dogville de Lars Von Trier. En 2011, Ben Gazzara apparaît pour la dernière fois au cinéma dans une comédie française signé par Samuel Benchetrit, Chez Gino. Avec son charme et son talent, le regretté Ben Gazzara aura marqué toute une génération d'artistes.

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  • Le scandale de Jean Dujardin

    par Émilie Clément-Émond

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    Au somment de sa gloire avec «The Artist», Jean Dujardin crée un tollé en figurant sur l’affiche d’un nouveau film.

    Sur l’affiche publicitaire du film «Les Infidèles», sur laquelle on peut lire «Je rentre en réunion», l’acteur français Jean Dujardin apparaît dans une position un peu trop sexy. La photo n’a pas manqué de choquer la France. Selon certains, cette apparition osée de la nouvelle coqueluche hollywoodienne pourrait compromettre ses chances de recevoir l’Oscar pour lequel il est nominé. L’acteur de 39 ans a déjà remporté un Golden Globe ainsi qu’un prix au Screen Actors Guild pour sa performance dans le film de Michel Hazanavicius «The Artist».

    «Nous sentons déjà que cette campagne est contre les règles…même si elle se réfère au sujet du film, une comédie sur l’adultère», a annoncé un porte-parole de la surveillance publicitaire française au journal Le Parisien. Ce dernier a également signifié que les affiches allaient être enlevées des yeux du public.

      

    (Source : People)


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  • INFO LE FIGARO - Mort de la peintre Dorothea Tanning

    Publié <time datetime="01-02-2012T18:36:00+02:00;" pubdate="">le 01/02/2012 à 18:36</time>

    Dorothea Tanning, c'était cette beauté brune au regard mélancolique, poitrine nue et jupe de racines comme elle se représenta dans la veine surréaliste de son autoportrait, Birthday, en 1942 (trésor du Philadelphia Museum of Art). C’était aussi la compagne de Max Ernst (né en Allemagne en 1891 et mort à Paris en 1976). Le grand peintre allemand réfugié à New York avec les autres surréalistes, rendit visite à la jeune Américaine, alors âgée de 32 ans, dans son studio new-yorkais, vit ce tableau marquant et resta jouer aux échecs.

    Ces deux peintres partagèrent 34 années de vie d’artiste, de l’Arizona à la France, de Paris à la Touraine et la Provence. Sa disparition, à New York le 31 janvier au soir, paisiblement dans son sommeil à 101 ans, marque la fin d'une époque inouïe. Cette disparition nous a été confirmée par Werner Spies, ancienne figure du centre Pompidou, historien de l’art, spécialiste de Max Ernst.   C’est l’épilogue de l’histoire de l’art flamboyant du XXe siècle.  


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  • Le dessinateur Jean-Claude Denis remporte le Grand Prix du Festival d'Angoulême

    Compte rendu | LEMONDE | 30.01.12 | 14h14

     

     

    Le dessinateur Jean-Claude Denis et le président du jury, Art Spiegelman, au 39e Festival d'Angoulême, le 29 janvier 2012.

    Le dessinateur Jean-Claude Denis et le président du jury, Art Spiegelman, au 39e Festival d'Angoulême, le 29 janvier 2012.AFP/PIERRE ANDRIEU

    Angoulême Envoyé spécial - Pour son 40e anniversaire, en 2013, le Festival international de la bande dessinée sera placé sous le signe de l'élégance. Quel autre qualificatif employer pour définir l'oeuvre et le style de celui qui, dimanche 29 janvier, a été désigné Grand Prix de la ville d'Angoulême par l'assemblée des précédents lauréats ?

    Si les auteurs de BD ressemblent souvent à leur univers, l'analogie est flagrante avec Jean-Claude Denis. Allure souple et courtoisie incarnée : l'homme donne l'impression d'appartenir aux albums qu'il dessine depuis plus de trente-cinq ans dans un souci permanent de clarté. Ceux qui auraient préféré que le festival récompense un auteur japonais (il n'y en a jamais eu) ou un quadra de type Manu Larcenet regretteront le retour à un certain "classicisme" dans le choix de Jean-Claude Denis.

    Pourtant, âgé de 61 ans, celui qui signe sous l'abrégé "Jean-C. Denis" distille des histoires en demi-teintes dont l'action se déroule dans le monde actuel. Malaxer la pâte humaine, creuser la psychologie des personnages est son credo. Navigant entre comédie sociale et réalisme poétique, ses fictions lui valent du coup d'être considéré comme un des auteurs de bande dessinée les plus littéraires. Ses albums portent d'ailleurs un peu des noms de roman : L'Ombre aux tableaux, Bonbon Piment, Maï pen raï, Le Pélican, Tous à Matha... L'un d'eux, Quelques mois à l'Amélie, raconte même la traversée du désert d'un écrivain - récit que Jean-Claude Denis a ensuite prolongé en écrivant un véritable roman. "La bande dessinée, déclarait-il, dimanche, sur la scène du Théâtre d'Angoulême, est l'un des seuls domaines, avec la littérature, où l'on peut être aussi libre. Mais aussi seul également."

    Antihéros

    A la fois scénariste, dessinateur, coloriste, musicien (ex-membre du groupe Dennis Twist dans les années 1980, il joue aujourd'hui de la guitare en duo avec un autre dessinateur, Charles Berberian), cet ancien élève des Arts déco a également créé un personnage récurrent : Luc Leroi, antihéros désinvolte et décalé ayant bien du mal avec la gent féminine.

    Bien que Jean-Claude Denis semble un peu son opposé, l'Américain Art Spiegelman, l'une des rares superstars de la bande dessinée mondiale, qui présidait le jury, aura marqué de son empreinte le palmarès. Chroniques de Jérusalem, le récit du Québécois Guy Delisle racontant l'année qu'il a passée en Israël et dans les territoires occupés, a reçu le Fauve d'or du meilleur album. Le couronnement de ce livre à la subjectivité assumée consacre l'essor d'un genre auquel Art Spiegelman - auteur de Maus - n'est évidemment pas étranger : la BD-reportage.

    Le palmarès, enfin, a fait la part belle à la bande dessinée alternative en décernant la moitié des principaux prix à des éditeurs indépendants : L'Association (Prix spécial du jury pour Frank et le congrès des bêtes, de Jim Woodring), Six pieds sous terre (Prix révélation pour TMLP - Ta mère la pute, de Gilles Rochier), Cornélius (Prix regards sur le monde pour Une vie dans les marges, de Yoshihiro Tatsumi), Les Requins Marteaux (Prix de l'audace pour Teddy Beat, par Morgan Navarro) et Ki-Oon (Prix intergénérations pour Bride Stories, de Kaoru Mori).

    Issu de l'underground américain et fondateur d'une revue alternative (Raw), qui mieux qu'Art Spiegelman sait que la création artistique se fait aussi en dehors des chemins battus ?


    Sur le Web : le palmarès complet du 39e Festival d'Angoulême.


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