• A quelques heures des Oscars, "The Artist" primé aux Spirit Awards

    Créé le 26-02-2012 à 12h13 - Mis à jour à 18h40      Réagir

     

    SANTA MONICA, Californie (AP) — A quelques heures des Oscars, "The Artist" a encore raflé de nouveaux prix aux Etats-Unis, remportant quatre trophées aux Spirit Awards. Ce film français, muet et en noir et blanc, apparaît plus que jamais favori pour la 84e cérémonie des Academy Awards, pour laquelle il compte dix nominations.

    Poursuivant son rêve américain, "The Artist", hommage à l'âge d'or d'Hollywood, a dominé samedi soir les Spirit awards, sorte d'Oscars du cinéma indépendant, en remportant quatre récompenses, dont meilleur film.

    Fraîchement récompensé lors de la cérémonie des César du cinéma français, Michel Hazanavicius est venu chercher le prix du meilleur réalisateur lors de la soirée organisée à Santa Monica à la veille de la 84e cérémonie des Academy Awards. Le film a aussi remporté le prix de la meilleur photographie, pour Guillaume Schiffman.

    Jean Dujardin, en lice dimanche pour l'Oscar du meilleur acteur, a remporté le Spirit Award dans la même catégorie, après avoir déjà été récompensé par un prix d'interprétation à Cannes, un Golden Globe et un BAFTA, le César anglais, entre autres. Le César lui a en revanche échappé vendredi soir alors que sa partenaire Bérénice Bejo a obtenu celui de la meilleure actrice lors de la remise des prix du cinéma français. Elle est nommée pour l'Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle.

    Jean Dujardin, qui interprète une star du muet dont la carrière ne va pas résister à l'avènement du parlant, devra battre entre autres George Clooney, nommé pour "The Descendants", pour devenir le premier Français à remporter l'Oscar du meilleur acteur.

    Si "The Artist" est sacré meilleur film, ce serait le seul film muet à avoir jamais été primé aux Oscars. Ses concurrents dans la catégorie sont "The Descendants" d'Alexander Payne, "Extrêmement fort et incroyablement près" de Stephen Daldry, "La Couleur des sentiments" de Tate Taylor, "Hugo Cabret" de Martin Scorsese, "Minuit à Paris" de Woody Allen, "Le Stratège" de Bennett Miller "The Tree of Life" de Terrence Malick et "Cheval de Guerre" de Steven Spielberg.

    La soirée à Los Angeles présentée par Billy Crystal, qui fait son grand retour comme maître de cérémonie des Academy Awards, pourrait réserver d'autres surprises ou records. Dans la catégorie de la meilleure actrice, Meryl Streep, nommée pour "La Dame de fer", pourrait rejoindre le cercle fermé des acteurs trois fois récompensés aux Academy Awards. Christopher Plummer, nommé pour le meilleur acteur dans un second rôle, pourrait devenir, à 82 ans, le plus vieux vainqueur jamais récompensé. AP

    Sur Internet:

    http://www.spiritawards


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  • Décès du trompettiste classique Maurice André

    Mis à jour le 26.02.12 à 17h47

    Maurice André, trompettiste classique de renommée mondiale qui a redonné ses lettres de noblesse à un instrument parfois mal aimé, a rendu son dernier souffle dans la nuit de samedi à ce dimanche à l'âge de 78 ans, laissant une oeuvre à la fois virtuose et populaire.

    Né le 21 mai 1933 à Rochebelle, près d'Alès (Gard), Maurice André a travaillé à la mine dans son adolescence avant de devenir le maître incontesté de la trompette à partir des années 50, jouant et enregistrant avec les plus grands chefs d'orchestre jusqu'au début des années 2000. Il est décédé dans la nuit de samedi à dimanche à l'hôpital de Bayonne, près d'Urrugne (Pyrénées-Atlantiques) où il résidait. Sa famille n'a pas souhaité communiquer les causes de son décès.

    Son père fut son premier professeur

    Initié par son père, un passionné de musique classique qui fut son premier professeur, Maurice André a intégré le Conservatoire de Paris en 1951, à l'âge de 18 ans, première étape d'une carrière jalonnée de prix et de récompenses. Doué, le jeune homme au souffle inépuisable s'impose rapidement comme la figure de proue d'une brillante école française en tant que soliste aux concerts de l'orchestre de Robert Lamoureux et à l'orchestre philharmonique de l'ORTF.

    Sa carrière internationale décolle en 1963 quand le virtuose, déjà vainqueur du concours de Genève en 1954, remporte le prestigieux concours international de Munich. Il n'a que 30 ans et sa renommée dépasse désormais les frontières. Loué pour sa délicatesse, le musicien a donné une popularité nouvelle à son instrument, en introduisant la trompette piccolo pour le répertoire baroque, en revisitant des partitions classiques et en incitant des compositeurs à écrire pour son instrument, comme André Jolivet, Marcel Landowski ou Henri Tomasi.

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    «Il a permis la renaissance d'un grand répertoire de la trompette»

    «Il a permis la renaissance d'un grand répertoire de la trompette», indique à l'AFP son disciple, Guy Touvron, auteur d'une biographie en 2003 intitulée Une trompette pour la renommée (éditions du Rocher). Maurice André a également toujours eu à coeur de transmettre son art, en tant que professeur au Conservatoire de Paris jusqu'en 1978, où il a formé plus de cent trompettistes, mais aussi au grand public, grâce à l'émission de télévision "Le grand échiquier" à laquelle il participe deux fois.

    Sa discographie comprend plus de 250 disques dont des dizaines d'or et de platine, mêlant des registres variés. «La trompette est un instrument difficile», constatait-il dans les colonnes du Monde en 2003. «Elle suscite des réactions ambivalentes, elle qui a gardé son usage guerrier, le goût du triomphe et de la parade, de ses origines bibliques l'image de l'Apocalypse. Mais elle sait aussi faire danser les filles dans les bals populaires!», ajoutait celui qui s'est vu décerner trois Victoires de la musique classique et la Légion d'honneur.

    Fatigué mais toujours enthousiaste, Maurice André, dont les enfants Béatrice et Nicolas sont également musiciens, avait organisé sa grande tournée d'adieux à travers la France en 2004, même s'il a ensuite rejoué ponctuellement. Retiré au Pays basque depuis les années 90, d'abord à Saint-Jean-de-Luz puis à Urrugne, ce passionné de sculpture sur bois s'y faisait «très discret», ne participant pas à la vie publique localement, a précisé dimanche la municipalité de Saint-Jean-de-Luz. Sa famille n'était pas en mesure de dire dimanche où et quand auront lieu ses obsèques, précisant simplement qu'elles se dérouleraient dans l'intimité.

     
    © 2012 AFP

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  • Le Point.fr - Publié le 26/02/2012 à 16:29 - Modifié le 26/02/2012 à 16:59

     

    Le rêve américain de "The Artist" connaîtra (ou pas) son aboutissement à partir de 1 heure du matin, heure française. Suspense...

    Jean Dujardin, sa femme Alexandra Lamy et leur fille à leur arrivée à Los Angeles samedi.

    Jean Dujardin, sa femme Alexandra Lamy et leur fille à leur arrivée à Los Angeles samedi. © Nivière / Sipa

    Avec dix nominations, The Artist, film-hommage au cinéma muet d'Hollywood, figure parmi les favoris de la 84e édition des Oscars du cinéma américain, marquée cette année par une tendance à fuir l'âpreté du monde et le côté sombre de l'humanité.

    Ces dernières années, les Oscars ont souvent couronné des films durs et violents, à l'humour acide, comme les Démineurs de Katherine Bigelow, meilleur film en 2010, ou No Country for Old Men des frères Coen, couronné en 2008. Rien de tel cette année. Les films favoris pour obtenir la statuette d'or du meilleur long-métrage offrent une touche rafraîchissante de légèreté, d'amour ou d'humour qui tranchent avec la crise économique et les conflits dans le monde.

    Aussi, les votants de l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences devraient s'inscrire, dimanche, dans la même veine que le vainqueur de 2011, Le discours d'un roi, l'histoire de George VI qui était parvenu à surmonter ses difficultés d'élocution. De surcroît, ces films pleins d'optimisme semblent trouver un écho favorable chez les cinéphiles américains comme français.

    Première

    La bataille pour remporter l'oscar du meilleur film s'annonce serrée entre les trois favoris, The Artist, de Michel Hazanavicius avec Jean Dujardin, The Descendants d'Alexandre Paye et La couleur des sentiments de Tate Taylor. Les autres films en lice, comme Minuit à Paris de Woody Allen", Hugo Cabret de Martin Scorsese ou The Tree of Life de Terrence Malick, lauréat de la palme d'or au printemps dernier à Cannes, semblent un brin distancés.

    Le public français aura les yeux rivés sur The Artist, en lice pour dix récompenses et qui pourrait devenir le premier film français à remporter l'oscar du meilleur film. Samedi, le film de Michel Hazanavicius s'est largement imposé aux Spirit Awards du cinéma indépendant en remportant quatre trophées, dont celui de meilleur film et du meilleur acteur pour Jean Dujardin.

    Ce long-métrage en noir et blanc raconte les tribulations d'un acteur du cinéma muet hollywoodien qui voit sa carrière s'interrompre lors de l'irruption du parlant en 1927. "C'est drôle, il y a de l'émotion, ça parle de l'industrie (cinématographique) et de l'artiste, tous ces éléments parlent au public. C'est le genre de film qui vous donne le moral", estime David Poland, fondateur du site MovieCityNews.com, habitué des Oscars. Avec onze nominations, Hugo Cabret fait mieux que The Artist, mais la plupart des nominations du film de Martin Scorsese, qui s'intéresse lui aussi aux premiers temps de l'histoire du cinéma, sont dans des catégories techniques.

    Mister Hollywood

    Dans la catégorie meilleur acteur, Jean Dujardin, bien connu du public français depuis Brice de Nice, pourrait rafler la récompense, ce qui serait là aussi une première depuis la création des Oscars, en 1929. Sa composition de George Valentin, acteur star du muet, a déjà valu à l'acteur français le prix d'interprétation masculine à Cannes. Le Frenchie n'a toutefois pas la partie gagnée face à deux pointures du cinéma américain, George Clooney, surnommé "Mr. Hollywood", qui a montré son talent dans la comédie dramatique The Descendants tournée à Hawaï, et Brad Pitt Le stratège, qui se déroule dans le monde du baseball.

    Bérénice Bejo, qui partage l'affiche de The Artist, concourt, elle, dans la catégorie de la meilleure actrice dans un second rôle.

    L'oscar de la meilleure actrice pourrait être attribué à Meryl Streep, dont l'incarnation de Margareth Thatcher dans La Dame de fer a impressionné. Mais Viola Davis est elle aussi convaincante dans son rôle de bonne dans La couleur des sentiments. Meryl Streep a déjà remporté deux fois le trophée et a été nominée à 17 reprises durant sa longue carrière. "Quand la lutte est serrée, les votants ont tendance à récompenser l'artiste qui les a le plus touchés. Alors, certes, Meryl a réalisé une grande performance, mais Viola Davis a joué dans un registre plus émotionnel", juge le scénariste Dave Karger.

    L'autre film français

    Enfin, pour la quatrième récompense la plus en vue, celle de meilleur réalisateur, la lutte devrait se jouer entre Michel Hazanavicius, Martin Scorsese et Alexander Payne. Le réalisateur français est favori d'autant qu'il a déjà été désigné meilleur réalisateur de l'année par la Guilde des réalisateurs d'Amérique (DGA), syndicat professionnel très influent dans l'industrie cinématographique américaine.

    Dans la catégorie des meilleurs films en langue étrangère, le drame Une séparation de l'Iranien Asghar Farhadi, qui a rencontré un vif succès en France, est en compétition au cours de cette cérémonie qui commencera à 1 heure du matin, heure française, et qui sera présentée par Billy Crystal.

    Enfin, dans la catégorie meilleur film d'animation, Une vie de chat de Jean-Loup Felicioli et Alain Gagnol, sera l'autre film français en compétition face, notamment, à Chico et Rita de Fernando Trueba et Javier Mariscal, et Kung Fu Panda 2 de Jennifer Yuh.


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  • Dernière mise à jour : <time datetime="2012-02-25T14:38:32+00:00" pubdate="">25/02/2012 à 14:38</time>

    César: le triomphe radieux d'Omar Sy, l'image forte de cette 37e édition

    L'acteur Omar Sy après avoir remporté le César du meilleur acteur pour son rôle dans "Intouchables", le 24 février 2012 à Paris

    L'acteur Omar Sy après avoir remporté le César du meilleur acteur pour son rôle dans "Intouchables", le 24 février 2012 à Paris
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    (de g. à d.) Le réalisateur Michel Hazanavicius, l'acteur Omar Sy, l'actrice Berenice Bejo et le producteur Thomas Langmann, le 24 février 2012 à Paris

    (de g. à d.) Le réalisateur Michel Hazanavicius, l'acteur Omar Sy, l'actrice Berenice Bejo et le producteur Thomas Langmann, le 24 février 2012 à Paris
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    Le triomphe d'Omar Sy, premier interprète noir sacré Meilleur acteur dans "Intouchables", comédie à l'immense succès populaire, restera l'événement marquant de la 37e édition des César du cinéma français.

    Omar Sy, déjà adoubé par les 19 millions de spectateurs de "Intouchables", est sacré à 34 ans face à une concurrence pourtant rude, dont deux sociétaires de la Comédie française, Denis Podalydès et Philippe Torreton, François Cluzet, son partenaire dans "Intouchables", Olivier Gourmet dans "L'Exercice de l'Etat", et surtout, Jean Dujardin, en lice pour un Oscar dimanche à Hollywood pour "The Artist".

    Isaac de Bankolé avait ouvert la voie en 1987 avec l'accessit du Meilleur Espoir pour "Black Micmac" et, avant lui, le film de la Martiniquaise Euzhan Palcy, "Rue Case-Nègres", avait remporté le César de la Meilleure première oeuvre (1984).

    Le sourire contagieux, Omar Sy, consacré dès son premier grand rôle, est monté sur scène visiblement ému en esquissant quelques pas de danse, désormais cultes, comme un clin d'oeil au film.

    Il s'est interdit de pleurer, a-t-il raconté plus tard en coulisses: "En montant sur scène, j'ai ressenti le chaos, l'excitation. Mes jambes étaient lourdes et je me demandais ce que j'allais dire".

    "J'ai gagné encore de l'amour ce soir. C'est la profession qui vote. Ce César, c'est un témoignage d'amour et de considération, et j'ai besoin de ça pour avancer", a-t-il encore confié.

    De fait, la victoire d'Omar Sy fait l'unanimité samedi dans la presse et sur les réseaux sociaux: même l'acteur-réalisateur Mathieu Kassovitz, connu pour la franchise parfois abrupte de ses propos, lançait sur Twitter: "Respect pour Omar. Une belle histoire pour le mec le plus gentil du monde. Félicitations".

    "Omar" - signe de son immense popularité, son prénom suffit à le nommer- n'a pas manqué non plus sur scène d'évoquer François Cluzet: "François n'est pas là, je pense fort à lui: c'est +un grand quelqu'un+ comme dit mon père, une grande classe, une grande générosité".

    Il a aussi salué son "copain Frédo", Fred Testot, complice au quotidien des "SAV", le Service après-vente des émissions sur Canal +.

    Déjà prix d'interprétation au Festival international de Tokyo et Globe de cristal, Omar Sy a intégré dès le mois de décembre le Top 50 des personnalités françaises les plus populaires, se classant d'emblée au 3e rang derrière Yannick Noah et Zinédine Zidane, deux autres people de la diversité.

    Pour autant, a prévenu cette semaine dans un entretien à l'Express l'heureux élu, il n'a "pas envie d'être le Noir à la mode", ni d'être cantonné à "des rôles de caïds et de mecs de banlieue".

    "Omar n'est pas noir, il est tout simplement génial", lâchait un anonyme samedi sur twitter.

    Sa victoire dément aussi certaines habitudes de l'Académie qui boude les comédies, même s'il est vrai que "Intouchables" repart avec cet unique prix malgré dix nominations, dont celle de meilleur film et de meilleurs réalisateurs pour le duo Olivier Nakache/Eric Toledano - des fidèles d'Omar Sy qui l'avaient déjà fait tourner dans deux longs métrages, "Nos Jours heureux" et "Tellement Proches".

    "The Artist" en comparaison, lui aussi nommé dix fois, a récolté six César: meilleur film, réalisateur, musique, décor et photo et Meilleure actrice pour Bérénice Béjo.

    Quant à Jean Dujardin, il se consolera d'autant mieux qu'après ses déjà nombreuses récompenses - prix d'interprétation à Cannes, Bafta britannique, Goya espagnol, Golden Globe américain ...- il figure parmi les favoris pour l'Oscar face à George Clooney ou Brad Pitt.

    AFP


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  • Perec inédit: l’histoire d’un manuscrit perdu

    Créé le 24-02-2012 à 19h37 - Mis à jour à 19h59      Réagir

    Il le considérait comme son «premier roman abouti»«le Condottière» parait pour la première fois.

     

    Georges Perec, en 1965 (Sipa)

    Georges Perec, en 1965 (Sipa)

    En décembre 1966, Georges Perec déménage. Comme tous les gens qui déménagent, il fourre des vieux papiers dans des valises. Perec, qui a obtenu le Renaudot l’année d’avant  avec « les Choses », met sa paperasse inutile dans une valoche, et ses œuvres de jeunesse dans une autre, en carton bouilli, selon Claude Burgelin, excellent préfacier de l’ouvrage. Il veut garder les manuscrits, et jeter les papiers. Il fait l’inverse.

    C’est ainsi que Perec a perdu «le Condottière» (il l’écrivait comme ça, avec un accent grave). Il en était désolé, il en disait dans «W ou le souvenir d’enfance» : «premier roman abouti que je parvins à écrire». Dix ans après la mort de l’écrivain, en 1982, David Bellos, son traducteur en langue anglaise et biographe, en retrouve des doubles, dont deux en Yougoslavie.

    Le livre refait surface aujourd'hui, pour le trentième anniversaire de la mort de son auteur. Il sort en librairie le 1er mars, au Seuil. L’histoire: Gaspard Winckler, faussaire de son état, veut réaliser une copie du « Condottière », tableau peint en 1475 par Antonello de Messine.  Il le fait pour le compte d’un certain Anatole Madera, qu’il assassine d’ailleurs dès le début du récit. On n’en dit pas plus, c’est une sorte de polar.

    La rédaction du livre s’est étalée entre 1957 et 1960. Perec n’a encore rien publié, mais il se dit déjà écrivain. Il compte déjà deux tentatives romanesques à son actif : « les Errants », écrit 1955 à 19 ans, manuscrit perdu ; « l’Attentat de Sarajevo », écrit en 1957, refusé par Maurice Nadeau.

    Ce nouvel essai s’intitule d’abord « la Nuit », puis « Gaspard », puis « Gaspard pas mort ». La rédaction du texte est un grand moment pour Perec, qui écrit à son ami Jacques Lederer : «"Gaspard" se précise, s’éparpille, se retroupe, fourmille d’idées, de sensations, de sentiments, de phantasmes (sic) nouveaux.»

    Le Seuil le refuse. Perec envoie une version remaniée à Gallimard, qui accepte de le proposer à son comité de lecture et donne à l’auteur un à-valoir de 75.000 francs. On est en mai 1959. Un an et demi plus tard, le refus de Gallimard tombe :

    On a trouvé le sujet intéressant et intelligemment traité, mais il semble que trop de maladresse et de bavardages aient braqué plusieurs lecteurs. Et même quelques jeux de mots, par exemple: «Un bon Titien vaut mieux que deux Ribera.»

    Perec vit mal cette fin de non-recevoir. Il avait mis beaucoup dans «le Condottière», exprimé son obsession du faux, trouvé un art de l’emmêlement narratif, toutes choses qu’il déploiera ensuite dans son œuvre. Il finit par avaler la pilule: «Quand au ‘’Condottière’’, merde pour celui qui le lira », dit-il. A Jacques Lederer, il écrit :

    Le laisse où il est, pour l’instant du moins. Le reprendrai dans dix ans, époque où ça donnera un chef-d’œuvre, ou bien attendrai dans ma tombe qu’un exégète fidèle le retrouve dans une vieille malle t’ayant appartenu et le publie.

    A peu de choses près, c’est exactement ce qui s’est passé.

    David Caviglioli


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