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    L'homme d'affaires Ziad Takieddine

    en garde à vue

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    <time datetime="2013-05-30T13:31:07" itemprop="dateCreated">Créé le 30-05-2013 à 13h31</time> - <time datetime="2013-05-30T13:31:07" itemprop="dateModified">Mis à jour à 13h31</time>

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    PARIS (Reuters) - Ziad Takieddine a été placé en garde à vue jeudi à Paris dans le cadre d'une information judiciaire ouverte début mai par le parquet de Paris des chefs de corruption d'agents publics étrangers et escroquerie, a-t-on appris de source proche de l'enquête.

    Les enquêteurs soupçonnent l'homme d'affaires franco-libanais d'avoir voulu quitter la France alors qu'il fait l'objet d'une mesure de contrôle judiciaire, indique une source policière, confirmant une information de Mediapart.

    Mis en examen dans le volet financier de l'affaire Karachi et impliqué dans l'enquête sur d'éventuels financements libyens de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, Ziad Takieddine aurait acheté un passeport diplomatique de la République dominicaine, précise-t-on de même source.

    Ce passeport aurait coûté 200.000 dollars (environ 154.000 euros), selon une source proche de l'enquête.

    Deux hommes d'affaires soupçonnés d'avoir servi d'intermédiaires dans l'achat de ce passeport ont également été placés en garde à vue jeudi.

    Le juge Renaud Van Ruymbeke est chargé de l'instruction dans cette information judiciaire ouverte contre X.

    Nicolas Bertin et Chine Labbé, édité par Sophie Louet


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    Mariage gay à Montpellier: Pourquoi les journalistes du monde entier se passionnent pour la première

    Publication:   |  Mis à jour: 29/05/2013 15h06 CEST

     

    MARIAGE GAY – "Mais que se passe-t-il dans le pays des droits de l’Homme?" C’est la question qui taraude les médias venus des quatre coins du monde pour couvrir le premier mariage gay français célébré ce mercredi 29 mai à Montpellier, mais aussi pour tenter de comprendre l’agitation autour de la loi Taubira.

    La ville a reçu quelque 140 demandes de journalistes pour entendre Vincent Autin et Bruno Boileau se dire “oui” devant Hélène Mandroux, la maire PS de Montpellier. Au total, 70 médias différents suivaient l’évènement mardi déjà. La presse française est bien sûr représentée, mais les caméras, micros et bloc-notes des journalistes étrangers sont tout aussi nombreux.

    CNN et Al Jazzera English pour les Etats-Unis, le Guardian et la BBC pour les Britanniques, TV2 pour le Danemark, TV Rossia ou la Stampa pour l’Italie, la ZDF pour l’Allemagne, la Tribune de Genève pour la Suisse ou encore le Chunichi Shimbun pour le Japon… tous ces titres de presse ont envoyé des équipes à Montpellier, du jamais-vu depuis le début du débat sur le mariage pour tous.

    Ce mercredi, le chiffre semble avoir encore gonflé:

    Caroline Politi @c_politi

    230 médias du monde entier sont accrédités pour retransmettre le premier mariage homosexuel pic.twitter.com/0OnvlkDVmZ

    L’engouement est tel que les reporters ne pourront pas tous assister à la cérémonie donnée dans la gigantesque salle des Rencontres de l’hôtel de ville. "Mais il y aura un système de retransmission dans une salle dévolue aux journalistes", assure le service de presse de la mairie.

    Assister au dénouement

    Après de longs mois de débats et de manifestations, la presse étrangère peut donner l’impression de découvrir le sujet du mariage pour tous dans l’hexagone. “Non, nous avons suivis les différents évènements depuis chez nous, explique une journaliste de la chaîne allemande ZDF. Mais pour le premier mariage nous voulions être là, c’est l’aboutissement, quelque chose de concret.”

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    INTERVIEW - La réaction de Vincent Autin, futur premier marié gay

    En effet, la loi Taubira a désormais un visage, ou plutôt deux: ceux de Vincent et Bruno, et les journalistes étrangers veulent tout savoir de leur histoire. Comment se sont-ils rencontrés? Comment ont-ils vécu les derniers mois et les manifestations des anti-mariage gay? Pourquoi vouloir être les premiers?

    journalistes mariage gay montpellier

    Vincent, Bruno et leurs proches en conférence de presse, mardi 28 mai

    La veille du grand jour, le couple a ainsi consacré plusieurs heures à la presse, y compris internationale: interviews, reportages, conférence de presse aux côtés de leurs proches... Vincent et Bruno ont joué le jeu même si leur décoration de table n’était pas encore terminée et que leur famille les réclamait.

    Un couple amoureux face aux violences

    Mais pas question de se contenter du portrait du couple d’amoureux: les correspondants s’intéressent aussi de près aux manifestations et aux violences qui agitent la France.

    Les images de la Manif pour tous du dimanche 26 mai ont particulièrement choqué la presse étrangère. “Nous avons été très surpris par le nombre de manifestants -après le vote de la loi- et par les affrontements. Il fallait envoyer une équipe sur place, confie Marc, caméraman pour RTL Television en Allemagne. “Nous seront très attentifs aux débordements lors du mariage”, confient ses coéquipiers Dotke et David,.

    Mais les plus interloqués sont certainement les journalistes danois. Le débat qui fait rage en France est difficilement compréhensible vu du premier pays au monde à avoir autorisé les unions civiles entre personnes du même sexe (dès 1989). Depuis un an déjà, le Danemark autorise les couples homosexuels à se marier à l'Eglise luthérienne d'Etat... l’écart est grand.

    “Dans notre pays, la loi est passée en une après-midi, sans heurts. Nous ne pensions pas que les Français s’opposeraient de la sorte au mariage homosexuel, confie Solveig Jensen, correspondante pour un quotidien danois. Il y a quelque chose qui nous a échappé dans votre pays et vous ne pouvez pas imaginer la surprise que c’est, de l’étranger, de voir de telles scènes dans la patrie des droits de l’Homme”

    Rimbaud, Verlaine et les droits de l’Homme

    Sa compatriote, Ulla Terkelsen -qui travaille elle pour la chaîne TV2- partage cet étonnement. "Pour nous la France c'est le pays des droits de l'Homme, les Lumières, Rimbaud, Verlaine, la révolution sexuelle, la terre d'accueil des homosexuels depuis des années... Avec cette image-là, l'opposition au mariage pour tous est impensable dans un pays comme la France", s'interroge la reporter.

    Pour la presse internationale l'enjeu est clair: ce mercredi, le pays des droits de l'Homme joue sa réputation, et la partie a lieu à Montpellier, sur le parvis de l'hôtel de ville.


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  • Société

    France Télécom devient Orange, «une rupture avec l'histoire»

    <time datetime="2013-05-28T18:53:12.133451+02:00" itemprop="datePublished">28 mai 2013 à 18:53</time>

    Une cabine téléphonique, à Nice, en 2008.

    Une cabine téléphonique, à Nice, en 2008. (Photo Eric Gaillard. Reuters)

    Reportage Les actionnaires votaient ce mardi pour le changement de nom du groupe, acte symbolique de l’échec de la privatisation de France Télécom pour ses salariés.

    Le 1er juillet, France Télécom devrait définitivement s’appeler Orange. Mardi, 14h30, devant le Palais des Congrès de la porte Maillot, à Paris, une centaine  de salariés de France Télécom s'étaient réunis sous les drapeaux de leurs syndicats respectifs (Sud-Solidaires, , CFE-CGC, CGT, CFDT) avant l’assemblée générale des actionnaires du groupe. Lors de cette AG, la décision d’abandonner définitivement l’appellation France Télécom au profit du nom Orange devait être entérinée. Le groupe a expliqué ce changement par la nécessité de «cohérence, simplification» ainsi que par «le besoin d’avoir une meilleure visibilité à l’internationale». 

    Pour Noël Barroyer, fonctionnaire France Télécom à Nancy, «qui travaille à la facturation depuis des années», ce changement de nom est «le dernier acte d’une mauvaise pièce». Il demande à ce qu’un bilan soit fait de la privatisation de France Télécom amorcée en 1996, «et ses conséquences sur les clients comme sur les salariés». Depuis 1996, France Télécom, anciennement la Direction Générale des Télécommunications, a peu à peu ouvert son capital à des actionnaires privés, au détriment de la participation de l’Etat, qui ne détient aujourd’hui plus que 26,9% des parts. Une situation absurde pour Noël Barroyer : «Pour la plupart, nous sommes toujours fonctionnaires, mais on travaille pour une multinationale privée! On doit être les seuls au monde dans ce cas-là», rit-il, amer.

    Car pour tous les salariés présents, le changement du nom historique du groupe signifie qu’il devient clairement une entreprise multinationale. «C’est une rupture avec l’histoire et un déracinement du territoire sans prise en compte des besoins locaux, regrette Caroline Angeli, élue au conseil d’administration pour représenter les salariées non-cadres et syndiquée Sud-Solidaires. Il n’y a aucune obligation à faire disparaître le nom de France Télécom, en France comme à l’étranger. Pour nous, il est important de garder la tradition du groupe qui est celle d’être un service public. Nous sommes contre la sortie d’une logique nationale pour devenir une marque, et nous sommes aussi défavorables à la baisse de l’investissement de l’Etat.»

    «Oui, c’est un die-in!»

    Les salariés profitent de cette assemblée générale et du prétexte du changement de nom pour rappeler leur défiance vis-à-vis des actionnaires. Pour Benoît Martin, secrétaire régional de la CGT et fonctionnaire chez France Télécom depuis 1985, les conséquences de la privatisation n’affectent pas seulement l’organisation de France Télécom, mais aussi les clients. «Le manque d’implication de l’Etat entraîne un abandon du pilotage public et donc un retard en terme de modernisation des réseaux et des prestations. Des pays comme le Japon et la Corée du Sud, où l’intervention de l’Etat est plus forte dans les télécommunications, sont beaucoup plus en avance que nous, au niveau de la 4G par exemple. D’autant qu’en France, une grande partie du travail est dorénavant externalisée, c’est préoccupant. Et contrairement à beaucoup, nous pensons que la libre-concurrence est un frein à l’innovation.»

    Pour accueillir les actionnaires avant l’assemblée générale, les salariés décident de s’allonger dans le hall du Palais des Congrès : «Oui, c’est un die-in! C’est la mort des salariés!» s’amuse Nicolas Galepides, secrétaire général de Sud-Solidaires et salarié de La Poste venu soutenir ses camarades de France Télécom. L’homme ne comprend pas qu’aucun effort ne soit fait au niveau national. «L’Etat ne pense pas à l’intérêt général, regrette-t-il, alors qu’il y a tant à faire danc le domaine des communications».

    A l’arrivée des actionnaires, les salariés en colère distribuent tracts et faux billets de 500 euros, et clament «On lâche rien» et «Ça va péter». Tous les actionnaires se faufilent entre la haie d’honneur des salariés. L’un deux se confie : «Je comprends que les salariés défendent leurs droits. Qui ne le fait pas? Tout ce que je souhaite, c‘est qu’il n’y ait pas de violence!» «Là-dessus, on est d’accord», plaisante un syndiqué.


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    Le Point.fr - Publié le <time datetime="2013-05-27T18:02" itemprop="datePublished" pubdate=""> 27/05/2013 à 18:02</time>

    Selon les syndicats, le géant américain de l'informatique a annoncé la suppression de 689 postes d'ici à décembre 2013. IBM n'a pas souhaité en dire plus.

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    Le géant américain de l'informatique IBM a annoncé lundi la suppression de 689 postes d'ici à la fin de l'année 2013 sur les 9 700 que compte le groupe en France, via un plan de sauvegarde de l'emploi, a-t-on appris auprès des syndicats. Après avoir annoncé fin avril un projet de suppressions de 1 226 emplois avant fin 2014, la direction a informé les élus du personnel des détails du plan au cours d'un comité central d'entreprise extraordinaire. "Ils ont décidé de supprimer 689 postes d'ici le mois de septembre via un plan de sauvegarde de l'emploi. À cela s'ajoutent 129 postes soumis à une obligation de mobilité, c'est-à-dire des gens qui sont à Marseille, par exemple, à qui on va demander d'aller à Lille", a affirmé Gérard Chameau, délégué central CFDT.

     

    Il estime qu'il y a un "fort risque de refus de la part de ces salariés, ce qui entraînerait forcément des licenciements". Les métiers les plus touchés sont, selon lui, ceux "du coeur de métier" : les consultants et les chefs de projet, puis les fonctions support (finance, ressources humaines, marketing, achat). La direction d'IBM France n'a pas confirmé le nombre de postes touchés par le plan. "Nous allons tout faire pour éviter les départs contraints", a seulement assuré un porte-parole. La direction espère boucler le processus d'information-consultation des partenaires sociaux lors d'un CCE le 24 juillet, selon les syndicats. Première entreprise créée hors des États-Unis en 1914, IBM France emploie 9 730 salariés aujourd'hui, dont 92 % de cadres. En 2012, son chiffre d'affaires s'élevait à 3 milliards d'euros.

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  • «Une mousse blanche leur coulait du nez

    et de la bouche»

    <time datetime="2013-05-09T21:36:09+02:00" itemprop="datePublished">9 mai 2013 à 21:36</time> (Mis à jour: <time datetime="2013-05-10T09:58:16+02:00" itemprop="dateModified">10 mai 2013 à 09:58</time>)

    Image extraite d'une vidéo prise le 13 avril par le personnel de l'hôpital d'Afrin quelques heures après une attaque à Alep.

    Image extraite d'une vidéo prise le 13 avril par le personnel de l'hôpital d'Afrin
    quelques heures après une attaque à Alep. (DR)

    ENQUETE+VIDEO «Libération» a rencontré des victimes d’un bombardement dans la ville d’Alep, ainsi que des médecins à Afrin. Les symptômes décrits sont compatibles avec une attaque au gaz sarin.

    Yasser Yunis n’a pas vu mourir sa femme et ses deux fils. Il a juste entendu Sadiq, 18 mois, suffoquer, incapable de respirer. Il a aussi aperçu sa femme à travers un nuage de fumée alors qu’elle tentait de s’enfuir avec Yahyah, 5 mois. «Elle titubait mais elle a réussi à sortir de la maison. Elle s’est écroulée juste après.» Chancelant, la vision brouillée, la gorge et le nez brûlants, Yasser Yunis a tenté de la rejoindre. Il n’a fait que quelques pas avant de tomber à son tour. «J’ai juste eu le temps de les voir, étendus dans la rue. J’ai rampé pour me rapprocher mais je me suis évanoui. Je ne me rappelle de rien d’autre jusqu’à mon réveil à l’hôpital.»

    Que s’est-il passé le 13 avril peu après 3 heures du matin dans le quartier kurde de Cheikh Maqsoud, à Alep ? La maison de Yasser Yunis, un mécanicien arabe de 27 ans, a-t-elle été la cible d’une attaque à l’arme chimique ? Sa femme et ses deux fils ont-ils péri des suites d’une intoxication au gaz sarin ? Si oui, qui est responsable de cette attaque, qui a franchi la «ligne rouge» consistant à employer des armes chimiques en Syrie ? Le régime de Bachar al-Assad, comme l’a sous-entendu Chuck Hagel, le secrétaire d’Etat américain à la Défense ? Ou les rebelles, comme l’a affirmé lundi Carla Del Ponte, membre d’une commission d’enquête de l’ONU ?

    Symptômes. Ces questions n’ont pas encore, et n’auront peut-être jamais, de réponses définitives. Mais les témoignages de victimes, de voisins accourus après l’explosion et de médecins qui les ont soignés fournissent des indices concordants, laissant penser que Yasser Yunis et sa famille ont bien été visés par une arme chimique. «Selon moi, cela ne fait aucun doute, il s’agit d’une attaque au gaz sarin . Les symptômes coïncident. Et plusieurs membres du personnel soignant on t également été contaminés alors qu’ils n’étaient pas sur le lieu de l’attaque. Cela n’arrive pas avec des armes conventionnelles», affirme le Dr Hassan Kawa, directeur de l’hôpital d’Afrin, où ont été traitées les victimes. Un chef de mission d’une ONG française, qui a envoyé une équipe à Afrin, est moins catégorique. «Les symptômes observés sur une vidéo sont compatibles avec une attaque au gaz sarin. Mais n’ayant pu examiner les corps, il est impossible de trancher.» Un expert français, contacté par Libération, avoue lui aussi ne pas pouvoir émettre d’avis définitif. «Certains symptômes corroborent l’exposition à un agent neurotoxique tel le sarin, mais d’autres non. C’est d’autant plus difficile de trancher que des agents chimiques peuvent être combinés. Il est alors plus compliqué de les détecter et d’isoler les symptômes

    Yasser Yunis, le mécanicien, n’a pas plus de réponse. «Le médecin qui m’a soigné m’a juste dit que c’était une attaque chimique, mais je ne sais pas quel produit a été utilisé», explique-t-il. En cette fin d’après-midi du 1er mai, il revient de son travail, les mains noircies, le tee-shirt couvert de cambouis. Il habite toujours la même petite maison de plain-pied, au coin d’une ruelle au macadam troué de Cheikh Maqsoud. De l’attaque du 13 avril, il ne reste que des sacs de gravier qui se trouvaient sur le toit, où l’engin a explosé, et des bâches en plastique calcinées. «On a préféré y mettre le feu au cas où elles seraient contaminées. Sinon, on a tout lavé à grande eau. Il aurait mieux valu déménager, ou au moins acheter de nouveaux meubles, mais je n’ai pas les moyens», ajoute-t-il. Le jeune Syrien semble méfiant, comme s’il craignait d’être repéré ou victime de représailles. Son quartier est resté à l’écart de la guerre jusqu’à la mi-mars, lorsque les Kurdes, majoritaires, ont décidé de se joindre à la rébellion contre le régime. Yasser Yunis ne combat pas avec eux, et n’a jamais participé aux défilés appelant à la chute de Bachar al-Assad.

    Fumée. Le 13 avril, lorsqu’il est réveillé par une explosion vers 3 h 30, il croit d’abord qu’un obus de char s’est abattu sur sa maison où dorment sa femme, ses deux fils et sa sœur. Il sort de sa chambre mais ne constate aucun dégât. «Je n’ai vu qu’une fumée blanche mêlée de poussière qui se déplaçait lentement.» L’air qu’il respire est sec, comme «tranchant». Yasser Younis repart dans sa chambre et voit son fils d’un an et demi qui ne parvient plus à respirer. Il crie à sa femme de sortir, la voit prendre leur plus jeune fils dans ses bras, avancer de quelques mètres avant de laisser tomber l’enfant. Yasser Younis a juste le temps de dire à son frère d’aller aider leur sœur restée à l’intérieur, avant de sombrer dans l’inconscience.

     
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    «Je les ai vus tous les quatre, allongés ici», explique une voisine en pointant du doigt la rigole qui court au milieu de la chaussée. «Ils ne bougeaient plus et avaient comme de la mousse blanche qui leur coulait du nez et de la bouche.» Le frère de Yasser sort au même moment de la maison. Il n’y est resté que quelques minutes mais il ressent déjà des vertiges. Il s’évanouit. «D’autres gens du quartier sont venus voir ce qui se passait. Certains avaient aussi des maux de tête et des étourdissements. Mon mari s’est senti mal, au bout de deux heures, il saignait du nez et a fini par s’évanouir. On a aussi retrouvé plusieurs cadavres de chats», poursuit la voisine. Sans attendre, des combattants kurdes emmènent les blessés à Afrin, à environ une heure de route. A proximité de la frontière turque, la ville est épargnée par les combats et fait figure de base pour le mouvement kurde syrien, proche du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) turc.

    Tests. Les 20 victimes seront toutes traitées dans un hôpital de fortune, créé il y a cinq mois. Sur des vidéos tournées à leur arrivée, on voit Yasser, yeux ouverts et pupilles fixes, de la mousse blanche autour du nez et au-dessus de la bouche. Sa femme est immobile, intubée. Un autre se gratte frénétiquement la tête. «Plusieurs avaient également des mouvements incontrôlés des bras et des jambes. C’est un symptôme d’une exposition à un gaz neurotoxique. Nous leur avons fait des injections d’atropine», explique Hassan Kawa. Dans les heures qui suivent, plusieurs membres de l’équipe médicale d’Afrin, dont le Dr Kawa, seront victimes d’étourdissements. Certains resteront inconscients plusieurs heures. «La seule solution pour confirmer qu’il s’agit bien d’une attaque chimique serait d’effectuer des tests. Mais nous n’avons pas les moyens de les faire ici, nous n’avions même pas d’antidote pour les victimes», poursuit Hassan Kawa. Le médecin dit avoir contacté plusieurs organisations internationales dans les jours qui ont suivi l’attaque. «Aucune n’a répondu. Seuls des représentants d’une organisation américaine sont venus et ont récupéré des échantillons. J’ignore ce qu’ont donné les analyses, ni même si elles ont été faites.» 

    Séquences filmées le 13 avril par le personnel soignant de l’hôpital d’Afrin, dans le nord de la Syrie.

    Devant sa maison de Cheikh Maqsoud, Yasser Yunis répète qu’il «ne comprend rien à ce qui s’est passé». «Pourquoi nous viser ? Il n’y a ni rebelle ni ligne de front ici.» Sa voisine, assise sur une chaise en plastique devant une échoppe vide, lève les bras au ciel en expliquant que Yasser Yunis a simplement manqué de chance. «C’est tombé sur sa maison mais ça aurait pu tomber sur la mienne. A mon avis, c’était un avertissement, une tentative pour nous faire peur et nous pousser à partir. L’armée syrienne veut reprendre le quartier. Je ne serais pas surprise si elle lançait une autre attaque chimique. Mais, cette fois, elle sera massive, conçue pour nous tuer tous.»


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