• Dernière modification : 10/06/2013 

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    Affaire Tapie : le patron d'Orange Stéphane Richard placé en garde à vue

    Affaire Tapie : le patron d'Orange Stéphane Richard placé en garde à vue
    © AFP

    Le PDG d'Orange et ex-directeur de cabinet de Christine Lagarde, Stéphane Richard (photo), a été placé en garde à vue, ce lundi, dans l'affaire Tapie. L'ex-président du Consortium de réalisation a lui aussi été placé en garde à vue.

    Par FRANCE 24 (texte)
     

    Nouvelle avancée dans l’affaire Tapie. Le PDG d'Orange et ex-directeur de cabinet de Christine Lagarde, Stéphane Richard, ainsi que Jean-François Rocchi, président du Consortium de réalisation (CDR), la structure chargée de gérer le passif du Crédit lyonnais après sa faillite en 1993, ont été placés en garde à vue ce lundi 10 juin.

    Tous deux doivent s'expliquer sur leur choix en faveur de l'arbitrage dont a bénéficié Bernard Tapie dans son conflit avec le Crédit lyonnais. M. Richard devrait être entendu en détail sur le rôle de Bercy et de l'Elysée.

    "Ni ordre, ni pression particulière" de l'Élysée

    Il n'y a eu "ni ordre, ni instruction, ni pression particulière de l'Elysée pour aller à l'arbitrage", a affirmé à plusieurs reprises à l'AFP l'ex-directeur de cabinet de Christine Lagarde, l'actuelle patronne du FMI, qui était ministre de l'Economie à l'époque.

    Christine Lagarde, qui a quant à elle été placée le 24 mai sous statut de
    témoin assisté dans ce dossier, a déclaré à plusieurs reprises qu'elle assumait le choix de cette procédure d'arbitrage privé, qui a permis à l'homme d'affaires d'obtenir, en juillet 2008, 403 millions d'euros d'indemnités.

    Afin de déterminer si cet arbitrage a été entaché d'irrégularités, les juges d'instruction du pôle financier s'attachent à démonter la chaîne de prises de décision ayant conduit au choix de recourir à un tribunal privé en 2006.

    Le mode de désignation des arbitres et la décision du gouvernement de ne pas contester cet arbitrage malgré des soupçons d'irrégularités est particulièrement à l'étude.


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  • Accueil > Economie > La Chine divise l'Europe pour mieux régner sur ses marchés

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    La Chine divise l'Europe pour mieux régner

    sur ses marchés

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    <time datetime="2013-06-07T19:11:42" itemprop="dateCreated">Créé le 07-06-2013 à 19h11</time> - <time datetime="2013-06-08T12:28:43" itemprop="dateModified">Mis à jour le 08-06-2013 à 12h28</time>

    Alors que l'Europe a décidé de taxer les importations chinoises dans le secteur du photovoltaïque, Pékin réplique. Dans son viseur, le vin français et les voitures allemandes.

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    <aside class="obs-article-brelated" style="margin-left:20px;"> <header class="obs-blocktitle">Sur le même sujet</header>

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    La tension reste vive entre l'Union européenne et la Chine. Début mai, après que Bruxelles a proposé de taxer les panneaux photovoltaïques chinois qui menacent des dizaines de milliers d'emplois en Europe, la Chine a annoncé avoir lancé une enquête antidumping sur les tubes sans soudure importés de l'Union européenne, du Japon et des Etats-Unis. 

    Cela n'a pas découragé la Commission européenne. Elle a mis sa décision en pratique mardi 4 juin : les panneaux importés sont désormais taxés à 11,8% et passeront à 47,6% dans deux mois si la Commission ne parvient pas à trouver un accord avec Pékin. Mais là encore, la réponse ne s'est pas fait attendre. 

    Le lendemain, la Chine a annoncé une enquête antidumping, cette fois sur les vins importés du Vieux continent. Et elle ne semble pas s'arrêter là. Selon Les Echos, qui cite plusieurs sources européennes, Pékin menacerait d'imposer des taxes douanières sur les voitures européennes haut de gamme. Qui sortira vainqueur de ce bas de fer commercial ?

    Diviser pour mieux régner

    La Chine a bien compris comment jouer sur les divisions européennes. Elle a frappé la première, en inondant de ses panneaux solaires le marché mondial, faisant chuter les prix. "Les prix des produits chinois ont baissé de 40% dans les six derniers mois", explique Pierre-André de Chalendar, PDG de Saint-Gobain. En Europe, Q-Cells, Solarhybrid et Solar France ont déjà mis la clé sous la porte et Photowatt a été repris par EDF. Environ 30.000 emplois seraient encore en jeu, selon Bruxelles, qui estime que sa taxe n'est qu'une "mesure d'urgence".

    Pour désamorcer la défense européenne, la Chine a utilisé "la carotte et le bâton simultanément, vis-à-vis d’interlocuteurs différents", explique Jean-François Dufour, de DCA Chine-Analyse. Dans un premier temps, rappelle-t-il, l’Allemagne a fait l’objet de toutes les attentions : le Premier ministre chinois est venu à Berlin ratifier les projets en Chine de BASF et de ThyssenKrupp, tandis que Solvay et Vallourec étaient pointés du doigt en France.

    Résultat : l'Allemagne a mené campagne contre la taxe définitive des produits chinois, la qualifiant "d'erreur" et tirant dans son sillage 17 autres Etats de l'UE. Et en réponse aux attaques contre les vins européens, François Hollande a immédiatement demandé une réunion des 27 pour dégager "une solidarité de point de vue" sur les négociations. 80% des importations chinoises de vin viennent de France. 

    Pour faire la paix, prépare la guerre

    Enfin, pour que l'Allemagne fasse davantage pression sur la Commission européenne, la Chine menace désormais son industrie automobile. Avec la Chine, l'Union ne dispose pas d'un accord de libre-échange comme celui qu'elle est en train de renégocier avec les Etats-Unis. Et alors que certains secteurs stratégiques comme le photovoltaïque se font anéantir par l'industrie chinoise subventionnée, elle ne parvient pas établir de rapport de force pour pouvoir négocier au cas par cas.

    La Chine n'a pas plus intérêt à une guerre commerciale que l'Union européenne. Le Vieux continent est son premier débouché, devant les Etats-Unis. Elle y a exporté pour 281 milliards d'euros en 2012, soit le double de ce qu'elle a importé d'Europe. Elle a simplement réussi à "imposer l’idée d’un tout ou rien", explique Jean-François Dufour. Une stratégie de long terme qui pourrait triompher face aux besoins à court terme des Européens.

    C'est là toute la difficulté de cette négociation commerciale. L'Europe étant en pleine déprime, ses membres refusent de se priver un des rares marchés en croissance. Jusqu'au dernier trimestre de l'année dernière, le marché chinois avait permis à l'Allemagne d'échapper à la récession. Mais les performances japonaises lui ont fait perdre des parts de marché en Asie, ce qui lui a valu un recul de 0,7% du PIB au dernier trimestre outre-Rhin.


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    Mort de Clément Méric : l'extrême droite violente en accusation

    LE MONDE | <time datetime="2013-06-07T10:51:22+02:00" itemprop="datePublished">07.06.2013 à 10h51</time> • Mis à jour le <time datetime="2013-06-07T10:59:03+02:00" itemprop="dateModified">07.06.2013 à 10h59</time>

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    Hommage à Clément Méric, jeudi 6 juin, place Saint-Michel, à Paris.

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    Huit personnes, six hommes et deux femmes gravitant dans la mouvance de l'extrême droite radicale, étaient toujours en garde à vue, vendredi 7 juin au matin, dans le cadre de l'enquête sur la mort de Clément Méric, 18 ans. L'étudiant de Sciences Po, militant syndical à Solidaires et membre de l'Action antifasciste, a été tué d'un coup de poing, mercredi 5 juin en fin de journée, lors d'une altercation avec un groupe de skinhead, à Paris.

    Lire aussi : Un jeune frappé à mort à Paris : la marque de l'extrême droite

    Les premières interpellations ont eu lieu jeudi, dès 13 h 15, à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). Grâce aux nombreux témoignages et aux images de vidéosurveillance, les policiers de la direction du renseignement de la préfecture de police (DRPP) sont parvenus à identifier rapidement une partie du groupe de militants d'extrême droite – la mouvance est particulièrement bien suivie. Trois hommes et une femme sont conduits dans les locaux du 1er district de police judiciaire de Paris.

    L'un d'eux, Esteban M., est soupçonné d'être l'auteur du coup mortel. Quelques heures plus tard, vers 17 heures, deux hommes et une femme se rendent aux policiers. Plus tard dans la soirée, un dernier homme s'est présenté de lui-même devant les policiers.

    Les gardés à vue ont entre 20 et 37 ans. Tous n'étaient pas sur les lieux. Le plus âgé, qui est également le seul à avoir un casier judiciaire, pourrait être rapidement mis hors de cause. D'autres ne sont pas impliqués, et plusieurs d'entre eux devraient être relâchés dans la journée de vendredi. Ceux qui étaient probablement présents rue de Caumartin, mercredi, ont plutôt une vingtaine d'années.

    lire aussi : Mort de Clément Méric : les suspects invoqueraient la légitime défense

    Les premières auditions – cinq gardés à vue et deux vigiles avaient déjà été entendus, vendredi matin – ont permis de préciser le déroulement des faits. Trois amis de Clément Méric ont croisé plusieurs skinheads, mercredi après 18 heures, lors d'une vente privée de vêtements, rue de Caumartin (Paris, 9e). Ils alertent le jeune homme, qui doit les rejoindre car il a du retard. Celui-ci décide néanmoins de monter dans l'appartement où la vente a lieu. Les deux groupes échangent des insultes. "Ils se narguent, se chambrent, se provoquent", explique une source judiciaire. Un vigile intervient pour calmer le jeu.

    Tous se retrouvent ensuite dans la rue, les skinheads ayant appelé du renfort. Avant même qu'une bagarre générale soit déclenchée, Clément Méric reçoit un coup de poing, et chute sur un poteau. Il perd connaissance. Les policiers ont "de fortes présomptions" que l'homme qui a frappé le jeune étudiant était équipé d'un coup de poing américain. L'autopsie, qui devait avoir lieu vendredi matin, devrait permettre de l'établir.

    Le principal suspect, Esteban M., 20 ans, n'est pas inconnu des services de police. Il apparaît sur les fichiers pour un port d'arme prohibé de 6e catégorie (poignards, matraques, coups de poings américains, etc.), en mai 2011. Mais il est surtout connu pour fréquenter la mouvance d'extrême droite qui gravite autour du groupe Troisième Voie, et des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR).

    "LUTTE CONTRE LE MONDIALISME"

    Ces deux groupes ont été créés par Serge Ayoub, ancien chef des skinheads d'extrême droite parisiens dans les années 1980-1990 et dont l'aura est restée intacte dans le milieu skin. Les "JNR" sont les vieux de la vieille, des quadras ou quinquas, qui forment depuis des années la garde rapprochée de M. Ayoub et l'aident surtout à tenir Le Local, un bar au statut de cercle associatif privé – on n'y entre que sur parrainage et invitation.

    Situé dans le 15e arrondissement de Paris, c'est l'un des principaux lieux de rendez-vous de l'extrême droite radicale dans la capitale. Des concerts et des conférences y sont régulièrement organisées. Les JNR ont leurs propres tee-shirts siglés et un slogan "Croire, combattre, obéir", repris du fascisme italien. Cette devise constitue aussi un clin d'oeil au groupe de musique oï Evil Skins, une référence de ce milieu, qui l'a utilisée pour l'un de ses titres phare.

    L'essentiel de l'activité politique des JNR consiste à défiler à Paris chaque deuxième week-end de mai dans le cadre de leur "lutte contre le mondialisme" et en hommage à Sébastien Deyzieu, jeune militant d'extrême droite radicale, mort en 1994 après être tombé d'un toit en cherchant à échapper à la police.

    Troisième Voie de Serge Ayoub est de fondation récente – il a été créé en octobre 2010 – et son recrutement est plus ouvert. Il se réclame du courant solidariste qui développe un aspect "social" dans son discours, plus ou moins hérité du fascisme de la République sociale italienne et du Front noir des frères Strasser.

    DES FRANCHISES LOCALES

    A son lancement, Serge Ayoub décrivait Troisième voie comme une alternative au "capitalisme cynique et gauchisme benêt" ou encore comme une solution entre "un monde libéral et un monde marxiste". "On pense que le dernier rempart des acquis sociaux, c'est la Nation", indiquait M. Ayoub.

    Serge Ayoub misait à l'époque sur le développement de ce qu'il appelle "les bases autonomes". Le Local est la "base autonome" de Paris, partenaire de la Vlaams Huis à Lille et à sa création de Lyon Dissident, dans le Rhône, lieu fermé depuis.

    Troisième Voie, qui a multiplié les franchises locales depuis, attire essentiellement un public de jeunes skinheads, parfois aussi de jeunes hooligans, souvent fascinés par la légende de "Serge", lequel joue auprès d'eux un rôle à mi-chemin entre le parrain, l'assistante sociale et le grand frère.

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  • Accueil > TopNews > La difficile éradication des groupes extrémistes

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    La difficile éradication des groupes extrémistes

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    Des néo-nazi (Sipa)

    Des néo-nazi (Sipa)

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    par Marine Pennetier

    PARIS (Reuters) - La dissolution de groupuscules extrémistes en France, évoquée après la violente agression d'un militant de gauche mercredi à Paris, doit répondre à des critères parfois difficiles à définir juridiquement et ne constitue pas une solution sur le long terme, estiment les analystes.

    Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a annoncé jeudi l'intention du gouvernement de "tailler en pièces" les groupuscules d'extrême droite, accusés d'être derrière l'agression de l'étudiant de 19 ans.

    L'Etat peut dissoudre un groupe si ce dernier répond à l'un des sept critères prévus dans le cadre de l'article L212-1 du code de la sécurité intérieure.

    Les associations provoquant des "manifestations armées dans la rue", ayant pour objectif "d'attenter par la force à la forme républicaine du gouvernement" ou qui provoquent "à la haine ou à la violence envers une personne en raison de ses origines, son ethnie, sa race ou religion" sont notamment concernées.

    "Je pense que la mise en avant de la question de la dissolution n'est juridiquement pas fonctionnelle parce qu'elle doit répondre à des critères spécifiques qui, dans ce cas précis, ne semblent pas être remplis", souligne André Dechot, spécialiste des "extrêmes droites" à la Ligue des droits de l'homme.

    "L'enjeu pour l'Etat n'est pas d'apporter une réponse autoritaire et bureaucratique, il s'agit d'apporter des réponses de fond qui fassent refluer des idées et refluer les groupes qui les défendent", ajoute-t-il.

    Pour Nonna Mayer, politologue spécialiste de l'extrême droite rattachée au Cevipof, la dissolution de ces groupes n'est pas "nécessairement la solution".

    "On sait très bien que chaque fois qu'on dissout un groupe violent, il renaît sous un autre nom mais on peut appliquer des sanctions", dit-elle sur LCI.

    UNITÉ RADICALE

    Plusieurs groupes ont été dissous ces dernières années conformément à la loi du 10 janvier 1936 relative aux "groupes de combats et aux milices privées" dont l'article L212-1 est issu.

    En 2002, le groupe "Unité radicale" dans lequel militait Maxime Brunerie qui avait tenté d'assassiner Jacques Chirac, a été interdit. L'un de ses dirigeants Fabrice Robert participe peu après à la création en 2003 du Bloc Identitaire.

    Trois ans plus tard, sous le gouvernement Villepin, le mouvement alsacien néo-nazi, Elsass Korps, qui prônait la supériorité de la "race blanche", est dissous.

    Dernier mouvement à avoir été interdit en France, Forsane Alizza, un groupuscule radical adepte d'un islam fondamental dissous le 1er mars 2012. Le groupe était accusé par le gouvernement de former ses militants à la lutte armée.

    La question de la dissolution a refait récemment surface avec les propos tenus par des membres du "Printemps français", l'aile la plus radicale de l'opposition au mariage homosexuel, qui a appelé à prendre pour cible le gouvernement et les partis politiques. Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a indiqué fin mai que l'interdiction de ce mouvement était à l'étude.

    Le gouvernement avait également envisagé l'an dernier de dissoudre "Génération identitaire" qui avait occupé le chantier de la mosquée de Poitiers en octobre avant d'y renoncer, notamment pour des raisons juridiques.

    Edité par Patrick Vignal


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    "Pourquoi je manifeste" : paroles de Turcs

    La place Taksim, au cœur d'Istanbul, mardi soir. Crédit :  @Fawkxy
      
    Les appels au calme et les excuses du vice-Premier ministre et du président turc n’ont pas empêché des milliers de manifestants de battre à nouveau le pavé mardi soir dans les grandes villes du pays. Un mouvement de contestation qui, selon nos Observateurs, réunit une large palette de revendications et de critiques tournées principalement vers la politique du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.
     
    Mardi soir, à Ankara et Istanbul, la police a utilisé des canons à eaux pour repousser des manifestants qui se dirigeaient vers les bureaux du Premier ministre. À Izmir, 25 personnes ont été arrêtées en raison de messages publiés sur Twitter, qualifiés "d’informations trompeuses et diffamatoires" par l’agence de presse officielle Anatolia, mais qu’un responsable du Parti républicain du peuple (CHP), la principale formtion d'opposition, a estimé être de simples "appels à manifester".
     
     
    Affrontements entre police et manifestants, place Taksim, mardi à Istanbul. Crédit : DoÄŸu EroÄŸlu
     
    Les manifestations se doublent désormais d’un mouvement de grève, lancé par l’une des principales centrales syndicales, la Confédération des syndicats du secteur public (KESK), qui revendique 240 000 adhérents. Elle a appelé mardi à arrêter le travail pendant 48h et devrait être rejointe mercredi par la Confédération syndicale des ouvriers révolutionnaires (DISK), et ses 420 000 membres.
     
    Mardi, Bület Arinç, porte-parole du gouvernement et vice-premier Ministre avait présenté ses "excuses à tous ceux qui ont été victimes de violences parce qu'ils sont sensibles à la défense de l'environnement", assurant que les premières manifestations, organisées en début de semaine dernière à Istanbul pour protester contre un projet de centre commercial qui devrait être construit en lieu et place du parc Gezi, étaient "justes et légitimes".
     
    La Turquie est gouvernée depuis 2002 par un gouvernement emmené par le parti de la Justice et du Développement (AKP), qui prône une ligne politique dite "islamo-conservatrice" et dont le leader, Recep Tayyip Erdogan, occupe le poste de Premier ministre depuis mars 2003. L’AKP a remporté les élections législatives de 2002, 2007 et 2011. Le principal parti d’opposition, le Parti républicain du peuple (CHP) est une formation laïque et d’inspiration sociale-démocrate, dont le présiden Kemal KılıçdaroÄŸlu a apporté son soutien aux manifestants.

    “Si l’AKP reste au pouvoir, l’islam régira toute la société”

    Omer Koseoglu a 45 ans. Il gère un club de fitness à Ankara, la capitale turque.
     
     
    "C’est la première fois de ma vie que je manifeste. J’ai rejoint le mouvement parce que la très grande majorité des jeunes se comporte pacifiquement et que je soutiens leurs revendications et partage leurs inquiétudes, notamment concernant la remise en cause de la laïcité à laquelle procède le gouvernement. C’est une valeur fondatrice de notre République, inscrite dans la Constitution et je refuse qu’on y touche.
     
    L’AKP a accru l’importance des cours de religion dans le système éducatif, et surtout, il a modifié ce système l’an dernier : on a désormais un système "4+4+4", les élèves passant quatre ans en primaire, quatre au collège, puis quatre au lycée. Désormais, au sortir du primaire, à 10 ans, un enfant peut décider d’aller dans une école "professionnelle". Or, cela inclut les écoles de l’imam Hatip, qui sont des écoles religieuses. Auparavant, elles n’étaient accessibles qu’à partir de 15 ans.
     
    Ces réformes sont menées sans la moindre concertation : grâce à sa très solide majorité, le gouvernement de l’AKP n’a qu’à dire ce qu’il veut faire pour que ça se fasse. Si ce parti reste au pouvoir, il finira par changer la Constitution, et l’islam régira toutes les parties de la société. Le ras-le-bol est profond et pour moi le mouvement va durer."

    "Je proteste aussi contre le mutisme de la presse turque"

    DoÄŸa Erdem (son nom a été changé) a 25 ans, elle est journalise à Istanbul.
      
    J’étais dans le parc Gezi dès le deuxième jour des manifestations. Mon but, c’était d’abord d’empêcher que les arbres soient coupés et qu’on nous prive du parc pour y mettre un centre commercial. Mais, comme moi, beaucoup de jeunes ont vu dans la réaction violente de la police le symbole d’un gouvernement de plus en plus autoritaire et y ont trouvé une raison d’élargir leurs revendications pour demander plus de démocratie. Au Parlement, l’AKP jouit d’une majorité tellement forte qu’il n’y a même plus de débat : il dépose des projets de loi et ils sont presque instantanément votés. C’est ça la démocratie ? Je proteste aussi contre le mutisme de la presse turque. Presque aucun média ne relaye objectivement les manifestations, c’est aussi la preuve qu’il y a un problème grave de liberté d’expression en Turquie.
     
    Je suis convaincue que notre mouvement va durer. Selon moi, la grande majorité des manifestants sont des jeunes qui ne sont pas membres de partis et viennent d’horizons très différents. Nous sommes là pour notre droit à vivre en démocratie, pas pour telle ou telle cause politique. L’émergence de ce mouvement hétéroclite et spontané est déjà une défaite pour le gouvernement.
     

    "Le gouvernement ne raisonne que par l’islam et le capitalisme à tout prix"

    Cagdas Onder milite au sein du réseau de solidarité de Taksim, où il habite.
       
    Depuis une semaine, les gens utilisent la place Taksim d’Istanbul comme une maison, ils y vont en sortant du travail, y mangent, y dorment et ainsi de suite. Si je manifeste, ce n’est plus seulement contre le centre commercial, mais contre la politique du gouvernement, que ne raisonne que par l’islam et le capitalisme à tout prix, au mépris des travailleurs.
     
    Depuis plusieurs années, le marché du travail est en voie de précarisation. Nous manifestons pour les droits des ouvriers, des chômeurs, des immigrés. Nous manifestons en solidarité avec les employés de Turkish Airlines, qui multiplient les grèves depuis près d’un an après le licenciement abusif de certains employés.

    'Je veux dénoncer la politique économique du gouvernement qui brade nos entreprises"

    Mert Merci a 27 ans et vit à Izmir. Diplômé en arts plastiques, il est à la recherche d’un emploi.
      
    Ce mouvement est spontané et, contrairement aux manifestations des dernières années, il n’est pas lancé à l’initiative de partis et mené par des militants. Nous voulons défendre notre liberté et celle de notre pays, notamment sur le plan économique. Pour moi, c’est l’occasion de dénoncer la politique économique du gouvernement qui brade nos entreprises.
     
    Ainsi, fin mai, une loi a autorisé les entreprises étrangères à entreprendre des explorations de ressources énergétiques sous-marines en mer Méditerranée, mettant fin au traitement préférentiel réservé à l’entreprise publique Türkiye Petrolleri AO (TPAO). Je crains que les conséquences ne se fassent ressentir sur la population. Si nous avons des ressources, pourquoi laisser des entreprises étrangères les trouver pour ensuite leur racheter ce qui nous appartient ?

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