Publié le 02/11/2012 Par Contributeur lien
Alors que New York et la côte est des États-Unis s'efforcent de réparer au plus vite les énormes dégâts de l'ouragan Sandy et de faire face aux inondations qu'il a provoquées, un rapport de l'OCDE datant de 2007 mériterait, sans plus attendre, d'être ramené à la surface. Par Patrick Béguier
Il y a cinq ans, en effet, des experts de l'OCDE ont sorti, avec plusieurs instituts de recherches européens, une étude intitulée Ranking port cities with high exposure and vulnerability to climate extremes - classement des cités portuaires exposées et vulnérables aux risques climatiques - (à consulter ici en anglais). Certes, ces spécialistes n'ont pas l'art du titre et la table des matières qu'ils dressaient ne s'annonçait guère conviviale. Mais l'avertissement qu'ils lançaient méritait la plus grande attention.
D'ici à 2070, indiquaient-ils, au moins 150 millions de personnes vivant dans les villes côtières principalement d'Asie, mais aussi à Londres, New York (tiens donc !) ou Lagos, seront exposées au risque d'une inondation majeure due aux ouragans et à la montée du niveau des océans. Depuis, les prévisions ont évolué sur le chiffre à retenir. Le modèle 2007 s'arrête à 50 cm. Mais plus personne ne conteste le phénomène. La fonte des calottes glaciaires irait plutôt en s'accélérant.
Les pertes humaines (les mégapoles d'Asie et d'Afrique étant les plus vulnérables) et l'impact financier (35 000 milliards USD !) qu'implique, potentiellement, cette concentration de population et d'activité économique sur d'énormes villes portuaires, auraient dû amener les responsables politiques de nombreux États à s'interroger sur leurs mesures de protection - ce qu'ont commencé à faire Londres, Tokyo ou Amsterdam -, sur leurs plans d'urbanisme et de circulation, sur le nécessaire ralentissement, pour les pays pauvres, de l'exode rural. La mer est trop près de trop de monde ou plutôt l'inverse ! En outre, elle subit les outrages de cette surabondante présence humaine. La pollution de certaines côtes fait frémir de dégoût le plus tiède des écologistes !
Il sera intéressant de voir comment les Américains vont analyser après coup le drame de Sandy. Vont-ils simplement nettoyer et écoper, puis revenir à leurs ambitions de puissance mondiale et aux cours de Wall Street , ou se demander si une réflexion ne doit pas d'urgence être engagée sur leur mode d'habitat, de transport, leur rapport au climat et à la mer ? Faut-il encore creuser des tunnels et enterrer des lignes de métro quand la nature est prête à défier les calculs d'urbanistes et d'architectes rivés à leurs écrans d'ordinateur ?
Les effets du changement climatique n'ont pas été abordés lors de cette campagne présidentielle. Même pas à la marge. Le sujet est devenu tabou. L'urgence économique a effacé l'impératif écologique. La leçon de Katrina à La Nouvelle Orléans, en 2005, n'a pas été retenue. Il y aura, hélas, d'autres tragédies aux États-Unis et ailleurs.
Patrick Béguier