• Société

    Notre-Dame-des-Landes: les élus PS locaux pas prêts à céder aux opposants

    <time datetime="2012-11-17T16:07:49.436796+01:00" itemprop="datePublished">17 novembre 2012 à 16:07     </time>lien
     

    Les élus socialistes locaux favorables au projet de nouvel aéroport nantais ont assuré samedi qu’ils ne se laisseraient pas «dicter» leur destin, alors que des milliers d’opposants étaient rassemblés sur le site de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique).

     

    «Les gens de l’Ouest, dont nous sommes les élus, ne se laisseront jamais dicter leur destin par des leaders nationaux. Nous ne laisserons pas des Bové, Joly ou Mélenchon mettre en cause le développement de ce territoire», écrivent dans un communiqué ces responsables PS, en référence aux personnalités de gauche ayant fait le déplacement de Notre-Dame-des-Landes.

    «Si nous respectons les opposants sincères au transfert (de l’aéroport, ndlr), nous voulons exprimer notre ras-le-bol devant la présentation unilatérale, caricaturale et à charge contre ce projet», ajoute le communiqué, signé Jacques Auxiette, président du conseil régional des Pays de la Loire, Philippe Grosvalet, président du conseil général de Loire-Atlantique, Gilles Retière, président de Nantes Métropole, et Patrick Rimbert, le maire de Nantes.

    Les opposants au projet ont réussi samedi leur pari en mobilisant de très nombreux manifestants sur le site, dont les squatteurs avaient été évacués il y a un mois. Leur manifestation a rassemblé 40.000 personnes selon les organisateurs, 13.500 selon la préfecture de Loire-Atlantique.

    En réaction, les élus PS jugent de leur responsabilité «de préparer l’avenir» économique de leur région. «Nous ne permettrons à personne de casser cette dynamique de croissance, gage d’emploi, de pouvoir d’achat et de qualité de vie», assurent-ils.

    «Nous ne sommes pas le Larzac. Il ne s’agit pas d’implanter un camp militaire, mais de transférer un équipement qui permettra la création de milliers d’emplois et le développement de tout un territoire», ajoutent ces responsables, assurant que les élus «de deux régions, quatre départements et plus de 50 communes soutiennent ce transfert qui profitera à tout le grand Ouest».

    Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, ancien maire de Nantes, a reçu vendredi l’appui du président François Hollande, qui s’est prononcé publiquement pour la construction de l’aéroport qui doit ouvrir en 2017.

    (AFP)


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  • Politiques

    L'aéroport Notre-Dame-des-Landes, le casse-tête de Jean-Marc Ayrault

    <time datetime="2012-11-17T18:47:52.985838+01:00" itemprop="datePublished">17 novembre 2012 à 18:47    </time>lien
     

    Jean-Marc Ayrault est dans une position délicate après la forte mobilisation à laquelle se sont joints samedi les écologistes, pourtant membres de la majorité gouvernementale, contre la construction d’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes, qu’il défend âprement.

     

    Quand les heurts étaient sporadiques entre les opposants au projet et les forces de l’ordre, loin dans le bocage nantais, à Paris, dans l’entourage de François Hollande et de Jean-Marc Ayrault, on relativisait le mouvement, estimant qu’il était l’apanage d’un petit groupe d’irréductibles.

    Mais samedi, de 13.000 à 40.000 personnes selon les estimations, de tous âges, de toute la France, handicapés ou valides, en groupe ou en famille et d’obédiences très diverses ont envahi le site pour s’opposer au projet d’aéroport.

    «Non à l’Ayraultport», «Docteur Folayrault», «Ayrault démission»: le Premier ministre et ex-maire de Nantes, ardent défenseur du projet, était la première cible des manifestants.

    Avertissements présidentiels

    Parmi eux, des élus écologistes, parmi lesquels Jean-Vincent Placé, le turburlent chef de file des sénateurs Europe Ecologie-Les Verts, et le député EELV de Gironde, Noël Mamère. Ils n’ont eu cure des avertissements présidentiels contre une participation à une manifestation visant le chef d’un gouvernement auquel leur parti appartient.

    En marge d’un déplacement en Pologne, vendredi, le président Hollande les a mis en garde, faisant valoir «la force du droit» dans cette affaire et l’assentiment des élus locaux au projet.

    Le numéro un du PS, Harlem Désir, a donné de la voix samedi en jugeant qu’un «parti de la majorité gouvernementale ne devrait pas s’impliquer dans des manifestations qui prennent pour cible le Premier ministre sur un projet soutenu par les collectivités locales et leurs habitants très majoritairement».

    M. Ayrault ne s’est pas exprimé samedi. Alors que sa participation avait été annoncée dans la matinée au conseil national du PS, il a décliné pour des raisons d’agenda, selon son entourage, évitant ainsi les questions de la presse.

    «On n’a jamais vu une partie de la majorité défiler contre le projet-phare de son Premier ministre. C’est quelque chose qui ne m’est jamais arrivé pendant cinq ans», a ironisé François Fillon (UMP), son prédécesseur à Matignon.

    Situation inextricable

    La situation semble inextricable pour Jean-Marc Ayrault, déjà fragilisé dans les sondages: le projet, comme l’a rappelé François Hollande, a fait l’objet de nombreuses procédures et recours aujourd’hui épuisés. «Le droit à manifester est un droit fondamental, mais en même temps, quand une décision a été prise, quand un projet a été déclaré d’utilité publique, il faut savoir les respecter», a résumé vendredi la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem.

    M. Ayrault «comme d’ailleurs François Hollande commettent une lourde erreur en croyant qu’il leur suffira de dire "de toute façon il n’y a plus de recours et c’est comme ça et pas autrement" pour pouvoir régler ce qui est plus qu’un problème de projet mais qui commence à être un problème de conception de la civilisation que se font les gens de gauche», a répliqué samedi Jean-Luc Mélenchon, co-président du Parti de gauche, qui a fait le déplacement sur le site.

    «Les gens montrent du doigt Jean-Marc Ayrault, c’est normal, c’est son projet, c’est lui qui le porte», a-t-il observé.

    Dès le départ, l’opposition de EELV à cet aéroport, décidé par la droite et soutenu par le PS, était connue. D’ailleurs, ce projet ne faisait pas partie de l’accord PS/EELV pour les législatives.

    Néanmoins, cette nouvelle pomme de discorde entre les deux partis donnera du grain à moudre à l’opposition qui s’interroge sur la cohésion de la majorité, la solidité du gouvernement et doute de l’autorité de M. Ayrault.

    (AFP)


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  • No wine is innocent

    La France exporte l'équivalent de 130 Rafale par an en pinard... Si ça ne cache pas une ou deux bonnes histoires ! Ici, je parle donc du vin dans la bouteille, mais surtout de ce qui se trame autour d'elle.

    Non, le vin naturel n’est pas une mode pour embobiner les bobos

    Antonin Iommi-Amunategui
    Fondateur de Vindicateur.fr
    Publié le 12/11/2012 à 15h13

    Le vin naturel n’a pas de définition officielle. Il n’est pas réglementé. Nombreux sont ceux qui ignorent ou nient son existence.

    Mais pas le vigneron Lilian Bauchet, installé dans le Beaujolais depuis 2007, pour qui ce vin naturel – en principe bio, sans béquille chimique ou technologique, affranchi du système agro-industriel – pourrait être le signal d’une nouvelle forme de révolution : une « révolution par l’estomac ».

    Le vin naturel, c’est quoi ?

    Pour Lilian Bauchet, il y a urgence à clarifier ce qu’on entend par vin naturel :

    « Certains disent que leur vin est naturel parce qu’ils l’ont vinifié sans sulfite, d’autres parce que leur vin n’a pas été levuré, d’autres estiment qu’un vin naturel doit être libre de tout intrant œnologique et n’avoir subi aucune opération jugée dénaturante, comme le chauffage à haute température ou encore la filtration stérile.

    Il y aussi le problème de la matière première, les raisins. Certains prétendent faire des vins naturels à partir de raisins non bio, c’est pour moi une imposture. »

    Pour régler la question, il faudrait plutôt aller chercher du côté du consommateur :

    « Comme il est le principal intéressé – c’est lui qui achète, lui qui boit – on ne peut pas le tromper en acceptant d’autres définitions du vin naturel que celle qu’il s’est intuitivement construite, faute de référentiel clair. Et pour lui, qu’est-ce qu’un vin naturel, sinon un jus de raisin bio, qui aurait naturellement fermenté, et qu’on aurait mis directement en bouteille après élevage ?

    Cessons donc d’appeler naturels les vins qui n’entrent pas dans cette acceptation, informelle mais largement partagée. C’est une question de respect du consommateur, qui fait vivre toute la filière. »

    Le vin naturel a 8 000 ans

    Le Beaujolais Nouveau de Lilian Bauchet

    Le vin naturel, pour Lilian Bauchet, ce n’est pas une mode tricotée pour embobiner la clientèle des bars branchés ; mais avant tout un vin ancestral, originel, à l’opposé du vin « technologique », invention de la science moderne :

    « Les historiens estiment que les premiers humains à avoir domestiqué l’activité fermentaire du raisin ont vécu il y a 8 000 ans… Que représentent quelques décennies de production de vins technologiques, au regard de ces millénaires de vins naturels ?

    On peut également s’interroger sur un éventuel lien entre la baisse de consommation de vin en France et la récente arrivée des vins technologiques. »

    Lilian Bauchet ne nie pas la « somme de recherche considérable » accumulée depuis Pasteur, notamment. Mais il y voit des failles, et un grand oublié, le goût :

    « La chimie du vin est rapidement devenue une science à part entière, l’œnologie. On a isolé les souches de levures responsables de la transformation du sucre en alcool, on a mesuré leur aptitude à influencer le profil aromatique du vin, on les a modifiées génétiquement...

    Aujourd’hui, grâce aux travaux des œnologues, les itinéraires de vinification ont été sécurisés, les accidents fermentaires sont devenus rares. Mais quid du goût du vin ?

    Parce que les œnologues ne sont pas capables aujourd’hui d’embrasser la complexité du vivant à l’œuvre lors des fermentations, nous ne devons plus accepter, au prétexte de leur sécurisation, une simplification à outrance des itinéraires de vinification. Cette simplification conduit à une perte de complexité aromatique des vins et à une réduction inéluctable de leur diversité naturelle. »

    Des vins non alignés qui défient la grande distribution

    En outre, le vrai gagnant de cette simplification ou homogénéisation, ce serait la grande distribution :


    Lilian Bauchet, dans ses vignes (Lilian Bauchet/DR)

    « Rien de plus stable que ces vins fortement sulfités, dépouillés de leurs micro-organismes par des filtrations stériles, qui peuvent tranquillement prolonger leur pseudo-vieillissement dans les linéaires des supermarchés.

    Et rien de plus conforme à leur logique de distribution déshumanisée – celle où la permanence du goût des produits de marque a permis l’élimination du conseil humain auprès du consommateur – que cette homogénéisation des vins.

    Personne n’a besoin d’un conseiller pour savoir quel goût a le Coca-Cola. Et personne ne doit avoir besoin du conseil d’un sommelier pour connaître le goût du vin vendu au supermarché.

    Quand on sait que la grande distribution écoule plus de la moitié des vins vendus en France [75% des ventes de vin aux ménages, ndlr] on comprend pourquoi les vignerons nature sont perçus comme des empêcheurs de tourner en rond, y compris par les instances de gestion de leurs bassins viticoles qui s’obligent à tenir compte des exigences de leurs principaux distributeurs... »

    Et si certains ersatz ont pu faire leur apparition, les vins naturels semblent irrécupérables par la grande distribution :

    « Il est bien sûr peu probable que la grande distribution finisse par s’intéresser à ces vins. Les obstacles à leur commercialisation paraissent insurmontables. Le premier d’entre eux étant le refus probable des vignerons nature à alimenter la grande distribution, comme le font nombre de producteurs bio dans d’autres secteurs, pour des raisons idéologiques.

    Il n’est d’ailleurs pas impossible que la grande distribution perde des parts de marché au profit de circuits de commercialisation alternatifs. A voir le nombre de nouveaux cavistes ou bars à vin avec qui j’ai pu être en contact ces dernières semaines, j’ai envie de croire à ce changement. Il traduit une demande croissante pour un commerce de proximité, plus humain, associé une alimentation plus saine, vins compris. »

    Le vin naturel révélé par Internet

    Pour Lilian Bauchet, le levier principal de l’avènement médiatique des vins naturels, c’est Internet :

    « La communication autour du vin a été chamboulée par l’arrivée d’Internet. La parole autour du vin était occupée par une poignée de journalistes, et sans remettre en question leur professionnalisme, combien d’entre eux se sont aventurés en dehors des sentiers balisés par les interprofessions pour déguster les vins des vignerons nature ?

    Avec le Net, avec les blogs, les amateurs de vins nature ont pu porter ces vins à la connaissance du plus grand nombre, et on peut affirmer que des blogueurs comme Olif ont fait beaucoup plus pour la promotion des vins nature que la majorité des guides papier publiés jusqu’à l’arrivée du Net.

    Aujourd’hui, avec cette parole libérée et exponentiellement partagée, on est entré dans l’ère de la subjectivité triomphante. C’est la forme la plus accomplie de démocratie qu’on ait pu vivre, une agora numérique que les politiques souhaiteraient voir devenir la démocratie participative, sous leur botte, mais qui leur échappe. »

    De la buvabilité révolutionnaire

    Pour les lendemains qui chantent, la révolution passerait moins par les réseaux que par l’estomac :

    « Le vin naturel, en effet, ça se boit moins avec la tête qu’avec l’estomac. On peut toujours le soumettre à l’analyse sensorielle, tenter d’en décortiquer le profil gustatif à la manière d’un sommelier, mais ce que j’apprécie par-dessus tout avec les vins naturels, c’est qu’un verre en appelle spontanément un autre.

    C’est un concept que certains jugeront fumeux mais qui pour moi a tout son sens, celui de buvabilité. Je ne dis pas qu’il ne m’arrive jamais de trouver à des vins qui ne sont pas naturels des profils gustatifs sympathiques, mais j’éprouve plus rapidement à leur dégustation un sentiment de satiété… Comme si mon estomac avait ses raisons que ma raison ignore.

    L’homme a conduit des révolutions avec son cœur, d’autres avec sa tête, voici venu le temps pour lui de conduire une nouvelle révolution, avec son estomac. »

    Aller plus loin

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  • OGM : la guerre secrète pour décrédibiliser l’étude Séralini

    Benjamin Sourice
    Journaliste pigiste
    Publié le 12/11/2012 à 13h15

    Des grains de maïs MON810, génétiquement modifiés, produits par Monsanto, lors d’une manifestation anti-OGM à Trèbes, près de Carcassonne, le 23 janvier 2012 (ERIC CABANIS/AFP)

    Pour enterrer définitivement l’étude controversée du professeur Gilles-Eric Séralini tendant à démontrer la nocivité potentielle d’un maïs OGM et de l’herbicide Roundup,ses détracteurs ont trouvé un moyen simple : obtenir de la très sérieuse revue Food and Chemical Toxicology (FCT) qui l’a publiée, qu’elle se rétracte et « retire » l’étude de la liste de ses publications.

    C’est à quoi s’emploient de nombreux experts, dans une bataille qui ressemble à une opération savemment orchestrée. Une véritable guerre de relations publiques où tous les coups sont permis.

    La revue scientifique a publié en ligne une vingtaine de lettres de détracteurs ainsi qu’une « réponse aux critiques » rédigée par l’équipe Séralini. Débat scientifique légitime, me diriez-vous ? Pourtant, derrière la cohorte des titres universitaires affichés, se dessine une « biotech-sphère » où s’entremêlent chercheurs en biotechnologie, spécialistes en politique de régulation et représentants de l’industrie.

    La tactique de ces partisans de la biotechnologie ? Dénoncer la « mauvaise science » (« junk science ») de ces « chercheurs-militants » systématiquement présentés comme des « activistes liés à la cause écologiste » et « animés d’intérêts personnels ».

    Un réseau international

    L’une des premières lettres publiées est collective. Elle est signée par 26 personnes, pour la plupart des scientifiques, dont le détracteur national de Séralini : Marc Fellous de l’Association française pour les biotechnologie végétale (AFBV).

    OGM : deux articles pour poursuivre le débat

    Nous publions ce lundi deux articles extrêmement contradictoires mais qui nous semblent intéressants l’un et l’autre, deux pièces à apporter au dossier OGM

    Notre blogueur Benjamin Sourice, journaliste mais aussi militant anti-OGM (il a fondé le collectif « Combat Monsanto ») a enquêté sur les liens entre les détracteurs de l’étude de Gilles-Eric Séralini sur la supposée nocivité des OGM. Il en ressort que nombre d’entre eux sont liés à l’industrie agroalimentaire, voire à Monsanto.

    Jérôme Quirant, pour sa part, membre du comité éditorial de « Science et pseudo-science », récapitule avec une grande clarté toutes les critiques – qu’il partage – contre l’étude de Séralini.

    P. Riché

    L’AFBV est également derrière le communiqué vengeur des Académies [PDF] dénonçant l’« orchestration de la réputation d’un scientifique […] pour répandre des peurs » ou insistant sur le profil « militant » de Gilles-Eric Séralini.

    Après enquête, nombre des co-signataires, aux côtés de Marc Fellous, sont liés au groupe pro-OGM Agricultural biotechnology world (AgBioWorld) animé par le généticien C.S Prakash, lui-même signataire de la lettre collective.

    Prakash et son organisation sont également les auteurs de deux pétitions [la première recueille 57 signatures  ; la seconde 731] pour réclamer « la diffusion des données brutes » de Gille-Eric Séralini. Etonnamment, les premières signatures de chaque pétition correspondent aux mandataires de lettres envoyées à la revue FCT. Par ailleurs, de nombreux signataires anonymes profitent de ces pétitions en ligne pour écorner la réputation du Pr. Séralini

    Campagnes virales et diffamation

    En 2002, le quotidien britannique The Guardian révélait qu’AgBioWorld avait joué un rôle majeur dans une « campagne virale » de diffamation contre le lanceur d’alerte Ignacio Chapela après qu’il eut découvert la pollution génétique du maïs mexicain par des OGM.

    L’enquête indique que le site de l’association était hébergé par le cabinet de communication Bivings, mandaté par Monsanto et dirigé par un certain Jay Byrne.

    Celui-ci utilisait de fausses identités (« Mary Murphy et Andura Smetacek ») pour parler au nom « de la communauté scientifique » et insister sur les liens de Chapela avec les écologistes, assimilés à des « terroristes » et des « vandales ».

    La société Bivings a été dissoute en décembre 2011 suite à une cyber-attaque des Anonymous dans la cadre de l’opération « End Monsanto ». Mais Byrne a depuis repris ses quartiers à Saint Louis (Illinois, USA), où siège Monsanto, avec sa nouvelle société V-fluence.

    C’est le même type de stratégie de diffamation que suit Henry Miller, signataire du courrier collectif à FCT, référent « régulation sanitaire » d’AgBioWorld et membre du think-tank néoconservateur Hoover Institution.

    Dans une série d’articles publiée par Forbes, il qualifie l’étude Séralini de « frauduleuse » et dénonce les « profiteurs de peur » issus d’une « industrie de la protestation financée par les intérêts du bio ».

    Or, cette tribune au vitriol est cosignée... par Jay Byrne. Le magazine a dû révéler a-posteriori son CV de responsable de la communication virale pour Monsanto (1997-2001).

    Le CV de Henry Miller est tout aussi intéressant puisqu’il s’agit du « père fondateur » (1989-1994) de la réglementation des OGM au sein de l’Agence fédérale américaine des produits alimentaires et médicamenteux (Food and drug administration). Il est l’architecte, avec l’ancien avocat de Monsanto Michael Taylor, du fameux « principe d’équivalence en substance », la pierre angulaire de la réglementation des OGM dans le monde entier.

    Des conflits d’intérêts masqués

    Autre tactique saisissante parmi les détracteurs de Séralini : dissimuler leur lien avec l’industrie en se présentant systématiquement comme des scientifiques rattachés à des universités ou des centres de recherche.

    Il en va ainsi pour Anthony Trewavas et Bruce Chassy, référents « biologie » et « OGM » d’AgBioWorld. Tous deux auteurs de courriers réclamant la rétractation de Food and Chemical Toxicilogy.

    Se présentant comme professeur émérite en sécurité alimentaire à l’université de l’Illinois, Chassy est un lobbyiste ayant participé à la rédaction de travaux pour Dow Chemicals, autre géant des biotech, afin de simplifier, voir supprimer, les réglementations sanitaires sur les OGM. Il est également le directeur de publication, avec un salarié de Monsanto, de deux rapports d’orientation [2004, PDF ; 2008, PDF] sur la réglementation des OGM pour l’International life science institute (ILSI), le principal lobby sur les questions de réglementation sanitaire touchant à l’agroalimentaire.

    A noter que deux dirigeants du panel OGM de l’Agence européenne de sécurité alimentaire (EFSA), Harry Kuiper, qui l’a dirigé pendant près de dix ans (2003-2012) et Gijs Kleter, son actuel vice-président, ont travaillé sur ces documents stratégiques de l’ILSI sous la direction de Chassy.

    Par ailleurs, si trois auteurs de lettres spécifient ouvertement leur lien contractuel avec Monsanto, le Dr. Andrew Cockburn se présente modestement comme « toxicologiste à l’université de Newcastle ». Pourtant, jusqu’en 2003, M. Cockburn était Directeur Scientifique pour Monsanto Europe/Afrique avant de monter sa société de lobbying Toxico-Logical Consulting Ltd...

    Et puisque ce monde est petit, le Dr. Cockburn est également directeur du Groupe d’Experts de l’ILSI sur l’évaluation des aliments contenant des nano-matériaux...

    Un lobby à 13 milliards de dollars

    La litanie des conflits d’intérêts et autres positionnements pro-biotech de la cinquantaine de détracteurs publics de l’étude Séralini pourrait se poursuivre sur des pages. On croise des représentants de syndicats indiens de promotion des biotechnologie, d’autres souhaitant stopper la faim dans le monde avec une ration d’OGM, ou encore des spécialistes de la communication pro-OGM (David Tribe) et autres lobbyistes travaillant entre São Paulo (Lucia de Souza), Washington et Bruxelles, le triangle d’or des OGM...

    Un monde clos qui réagit de façon épidermique à l’étude Séralini, celle-ci menaçant la stratégie commerciale bien huilée d’une industrie des semences OGM engrangeant 13 milliards de dollars en 2011. Face au poids de ce lobby, déterminé à enterrer toute voix discordante, la revue Food and Chemicals Toxicology pourra-t-elle résister ?


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