• Une petite commune de la Sarthe, Pincé, a solennellement remis vendredi une paire de poules à tous les foyers volontaires, dans une démarche à la fois "conviviale" et "citoyenne" destinée notamment à réduire le volume des déchets ménagers organiques.

    Une petite commune de la Sarthe, Pincé, a solennellement remis vendredi une paire de poules à tous les foyers volontaires, dans une démarche à la fois "conviviale" et "citoyenne" destinée notamment à réduire le volume des déchets ménagers organiques.

    Une petite commune de la Sarthe, Pincé, a solennellement remis vendredi une paire de poules à tous les foyers volontaires, dans une démarche à la fois "conviviale" et "citoyenne" destinée notamment à réduire le volume des déchets ménagers organiques.

    Lancé en mars presque comme une boutade, le projet s'est concrétisé avec la remise vendredi des gallinacés --et d'un sac de grain-- aux intéressés, après signatures de "contrats d'adoption" en bonne et due forme, lors d'une cérémonie parrainée par le chroniqueur culinaire Jean-Pierre Coffe, a constaté un journaliste de l'AFP.

    "L'idée est de réduire la quantité des déchets de chaque famille, de produire de bons oeufs, tout en jouant un rôle pédagogique auprès des enfants et en favorisant la convivialité entre voisins", précise Lydie Pasteau, maire (sans étiquette) de ce village de 200 âmes situé en zone d'élevage du poulet de Loué.

    "C'est un beau succès puisque 31 foyers sur 87 ont adhéré à la démarche, alors qu'on n'en attendait qu'une douzaine", a ajouté l'élue.

    Le contrat stipule que les "adoptants" doivent conserver leurs poules au moins deux ans, bien les traiter, les nourrir et leur offrir la nuit un abri contre les prédateurs.

    "Je trouve que c'est une idée citoyenne simple et excellente. Essayer de réduire les déchets dans un pays où il y en a tant est une démarche intéressante. Et d'un point de vue nutritionnel, l'oeuf vaut largement un bifteck. Sans oublier l'aspect social, le partage, la convivialité", a commenté Jean-Pierre Coffe.

    Une habitante, Claudia Perreaux, a témoigné avoir tissé de nouveaux liens avec un des ses voisins grâce au projet: "Nous partageons notre poulailler avec lui, et en échange il garde nos poules quand nous partons en vacances."

    Une poule peut absorber quelque 150 kg de déchets organiques par an et produire 200 oeufs, rappelle la mairie de Pincé, pour qui la facture totale de l'opération s'élève à 600 euros, "poules et sac de grains compris", selon Mme Pasteau.

    L'initiative d'offrir des poules pour limiter les déchets a déjà été testée avec succès par la ville belge de Mouscron, il y a deux ans.


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    Journée de mobilisation en France contre les gaz de schiste

    Le Monde.fr | <time datetime="2012-09-22T19:47:27+02:00" itemprop="datePublished">22.09.2012 à 19h47</time> • Mis à jour le <time datetime="2012-09-22T19:48:30+02:00" itemprop="dateModified">22.09.2012 à 19h48</time>

    <figure class="illustration_haut"> Lors de la manifestation parisienne contre les gaz de schiste, le 22 septembre. </figure>

    Plusieurs manifestations contre le gaz de schiste ont eu lieu samedi 22 septembre à Paris, en Ile-de-France, dans le Gard et le Tarn-et-Garonne à l'occasion de la journée internationale contre la fracturation hydraulique (baptisée Global Frackdown).

    "Malgré les déclarations du chef de l'Etat, les permis d'exploration et d'exploitation pour les gaz et pétrole de schiste déjà accordés sont nombreux. Les travaux commencent à l'automne prochain, en Seine-et-Marne", expliquent dans un communiqué les collectifs citoyens qui ont organisé ces manifestations.

    Au Monde, le Collectif 07 "Stop au gaz de schiste" expliquait cette mobilisation du 22 septembre par le fait qu'"Hollande vient d'annoncer sept rejets de demandes de permis, mais [qu'il en reste] des dizaines déjà accordées".

     Reportage: Ces collectifs qui ne croient pas à la fin du gaz de schiste

    Lire : François Hollande ferme la porte à la fracturation hydraulique

    Lire : les approximations de Delphine Batho sur les techniques d'extraction des gaz de schiste

    Ces collectifs souhaitent ainsi que le gouvernement rejette toutes les demandes de permis, et retire ceux déjà accordés concernant la recherche d'hydrocarbures. Ils estiment qu'une grande partie de ces permis ou demandes visent des gaz et pétrole de schiste, des hydrocarbures exploitables seulement par la technique de la fracturation hydraulique considérée à risques pour l'environnement et la santé.

    ATELIERS, CLOWNS ET FARANDOLES

    Les principales manifestations en ce sens ont eu lieu à Saint-Christol-lès-Alès (Gard), Beaumont-de-Lomagne (Tarn-et-Garonne) et à Tournan-en-Brie (Seine-et-Marne). En Seine-et-Marne, entre 400 et 600 personnes se sont rassemblées pour protester contre l'exploration du gaz de schiste. Dans ce département, sept communes sont concernées par des forages prévus en novembre dans le cadre de plusieurs permis d'exploration d'hydrocarbures.

    <figure class="illustration_haut"> Lors de la mobilisation parisienne contre le gaz de schiste, le 22 septembre. </figure>

    A Paris, place du Trocadéro, une trentaine de personnes grimées en clowns ont mimé le forage symbolique d'un puit lors d'une manifestation éclair. Réunies à Beaumont-de-Lomagne (concernée par l'une des sept demandes de permis d'exploration dont le chef de l'Etat a annoncé le rejet), environ 400 personnes ont formé une chaîne humaine en début d'après-midi autour de la halle où ils ont organisé des débats et animations pendant toute la journée.

    Ils ont dansé une farandole dans une ambiance bon enfant en criant "non aux gaz de schiste", et demandant "le vote d'une loi interdisant totalement l'expérimentation, l'exploration et l'exploitation des gaz et huiles de schiste, quelle que soit la technique utilisée le plus rapidement possible".

    A Saint-Christol-lès-Alès, 3500 personnes étaient attendues tout au long de la journée pour des ateliers de sensibilisation, selon Jacqueline Balvet, en charge de l'organisation de cette manifestation. Des rencontres par visioconférence sur internet ont été organisées avec des militants espagnols et polonais. Des témoignages de la situation au Québec, en Pennsylvanie (Etats-Unis) et aux Pays-Bas ont également été projetés. Une trentaine de stands de différentes associations ont été montés dans le centre du village gardois.

    La députée européenne Corinne Lepage, fondatrice de Cap21, est venue dans la matinée à la rencontre des élus locaux. "On n'est pas sorti du problème", a-t-elle déclaré, précisant, à l'instar des collectifs citoyens, que "102 permis avaient déjà été déposés et seulement 7 avaient fait l'objet d'un rejet".

    Lire également notre dossier : faut-il avoir peur du gaz de schiste ?

    </article>

     


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  • Accueil > OGM, le scandale > EXCLUSIF. Oui, les OGM sont des poisons !

    EXCLUSIF. Oui, les OGM sont des poisons !

    Créé le 18-09-2012 à 00h19 - Mis à jour le 20-09-2012 à 11h27 
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    Des chercheurs français ont étudié secrètement, pendant deux ans, 200 rats nourris au maïs transgénique. Tumeurs, pathologies lourdes… une hécatombe. Et une bombe pour l'industrie OGM.

     
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    Photo du film "Tous cobayes ?". 
(Jean-Paul Jaud / ©J+B Séquences)

    Photo du film "Tous cobayes ?". (Jean-Paul Jaud / ©J+B Séquences)
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    (Cet article paraît dans le "Nouvel Observateur" daté du 20 septembre 2012) 

     

    C’est une véritable bombe que lance, ce 19 septembre à 15 heures, la très sérieuse revue américaine "Food and Chemical Toxicology" - une référence en matière de toxicologie alimentaire - en publiant les résultats de l’expérimentation menée par l’équipe du français Gilles-Eric Séralini, professeur de biologie moléculaire à l'université de Caen. Une bombe à fragmentation : scientifique, sanitaire, politique et industrielle. Elle pulvérise en effet une vérité officielle : l’innocuité du maïs génétiquement modifié.

    Lourdement toxique et souvent mortel

    Même à faible dose, l’OGM étudié se révèle lourdement toxique et souvent mortel pour des rats. A tel point que, s’il s’agissait d’un médicament, il devrait être suspendu séance tenante dans l’attente de nouvelles investigations. Car c’est ce même OGM que l’on retrouve dans nos assiettes, à travers la viande, les œufs ou le lait. 

    En 2006, c’est comme un véritable thriller que commence cette recherche, dont le maître d’œuvre, Gilles-Eric Séralini, divulgue lui-même les conclusions dans un ouvrage à paraître la semaine prochaine ("Tous cobayes !", Flammarion, en librairie le 26 septembre).

    Nom de code In Vivo

    Jusqu’en 2011, les chercheurs ont travaillé dans des conditions de quasi-clandestinité. Ils ont crypté leurs courriels comme au Pentagone, se sont interdit toute discussion téléphonique et ont même lancé une étude leurre tant ils craignaient un coup de Jarnac des multinationales de la semence.

    Le récit de l’opération – nom de code In Vivo - évoque la très difficile récupération de semences de maïs OGM NK 603, propriété brevetée de Monsanto, par le truchement d’un lycée agricole canadien. Puis la récolte et le rapatriement des "gros sacs de jute" sur le port du Havre fin 2007, avant la fabrication de croquettes dans le secret le plus total et la sélection de deux cents rats de laboratoires dits "Sprague Dawley". Bilan ? Glaçant : "Après moins d’un an de menus différenciés au maïs OGM, confie le professeur Séralini, c’était une hécatombe parmi nos rats, dont je n’avais pas imaginé l’ampleur".


    Dans l’Obs : Oui, les OGM sont des poisons par LeNouvelObservateur

    Pathologies lourdes, tumeurs mammaires

    Tous les groupes de rats, qu’ils soient nourris avec le maïs OGM traité ou non au Roundup, l'herbicide de Monsanto, ou encore alimentés avec une eau contenant de faibles doses d’herbicide présent dans les champs OGM, sont frappés par une multitude de pathologies lourdes au 13e mois de l’expérience. Chez les femelles, cela se manifeste par des explosions en chaine de tumeurs mammaires qui atteignent parfois jusqu’à 25% de leur poids. Chez les mâles, ce sont les organes dépurateurs, le foie et les reins, qui sont atteints d’anomalies marquées ou sévères. Avec une fréquence deux à cinq fois plus importante que pour les rongeurs nourris au maïs sans OGM. 

    Comparaison implacable : les rats nourris au maïs OGM déclenchent donc de deux à trois fois plus de tumeurs que les rats nourris sans OGM quel que soit leur sexe. Au début du 24e mois, c’est-à-dire à la fin de leur vie, de 50% à 80% des femelles nourries aux OGM sont touchées contre seulement 30% chez les sans-OGM.

    Surtout, les tumeurs surviennent nettement plus vite chez les rats nourris aux OGM : vingt mois plus tôt chez les mâles, trois mois plus tôt chez les femelles. Pour un animal qui bénéficie de deux ans d’espérance de vie, l’écart est considérable. A titre de comparaison, un an pour un rongeur, c’est à peu près l’équivalent d’une quarantaine d’années pour un homme…

     

    Exiger des comptes

    C’est forte de ces conclusions que Corinne Lepage, dans un livre qui paraît vendredi 21 septembre ("La vérité sur les OGM, c’est notre affaire", Editions Charles Léopold Mayer), entend bien exiger des comptes auprès des politiques et des experts, français et européens, des agences sanitaires et de la Commission de Bruxelles, qui se sont si longtemps opposés et par tous les moyens au principe d’une étude de longue durée sur l'impact physiologique des OGM.

    Cette bataille, l’ex-ministre de l’Ecologie et première vice-présidente de la commission Environnement, Santé publique et Sécurité alimentaire à Strasbourg, la mène depuis quinze ans au sein du Criigen (Comité de Recherche et d’Information indépendantes sur le Génie génétique) avec Joël Spiroux et Gilles-Eric Séralini. Une simple association 1901 qui a pourtant été capable de réunir de bout en bout les fonds de cette recherche (3,2 millions d’euros) que ni l’Inra, ni le CNRS, ni aucun organisme public n’avaient jugé judicieux d’entreprendre.

    Une étude financée par Auchan et Carrefour

    Comment ? Autre surprise : en sollicitant la Fondation suisse Charles Léopold Mayer. Mais aussi les patrons de la grande distribution (Carrefour, Auchan..), qui se sont réunis pour l'occasion en association. Depuis la vache folle, ces derniers veulent en effet se prémunir de tout nouveau scandale alimentaire. A tel point que c’est Gérard Mulliez, fondateur du groupe Auchan, qui a débloqué les premiers financements.

    L’étude du professeur Séralini laisse donc présager une nouvelle guerre meurtrière entre pro et anti-OGM. Les agences sanitaires exigeront-elles de toute urgence des études analogues pour vérifier les conclusions des scientifiques français ? Ce serait bien le moins. Monsanto, la plus grande firme mondiale de semences transgéniques, laissera-t-elle faire ? Peu probable : sa survie serait en jeu. Pour une seule plante OGM, il y a une centaine de variétés. Ce qui impliquerait au moins une dizaine d'études de 100 à 150 millions d’euros chacune !

    Le temps de la vérité

    Sauf que, dans cette nouvelle confrontation, le débat ne pourra plus s’enliser comme par le passé. Dés le 26 septembre, chacun pourra voir au cinéma le film choc de Jean-Paul Jaud, "Tous Cobayes ?", adapté du livre de Gilles-Eric Séralini, et les terribles images des rats étouffant dans leurs tumeurs. Des images qui vont faire le tour de la planète et d’internet, puisqu'elles seront diffusées sur Canal+ (au "Grand Journal" du 19 septembre) et sur France 5 (le 16 octobre dans un documentaire). Pour les OGM, l’ère du doute s’achève. Le temps de la vérité commence.

    Etude publié par la revue américaine "Food and Chemical Toxicology" :

     

    > A lire : l'interview de Gilles-Eric Séralini, ainsi que des extraits de son livre "Tous cobayes!" (Flammarion), dans "Le nouvel Observateur" du 20 septembre.

     

     

     

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  • 20 septembre 2012 - 22H46  

    Le Québec ferme son unique centrale nucléaire et dit non au gaz de schiste

    Le nouveau gouvernement québécois, entré en fonction mercredi, a annoncé jeudi la fermeture de l'unique centrale nucléaire de la province ainsi que le maintien du moratoire sur l'exploration et l'exploitation des controversés gaz de schiste.

    Le nouveau gouvernement québécois, entré en fonction mercredi, a annoncé jeudi la fermeture de l'unique centrale nucléaire de la province ainsi que le maintien du moratoire sur l'exploration et l'exploitation des controversés gaz de schiste.

    AFP - Le nouveau gouvernement québécois, entré en fonction mercredi, a annoncé jeudi la fermeture de l'unique centrale nucléaire de la province ainsi que le maintien du moratoire sur l'exploration et l'exploitation des controversés gaz de schiste.

    La Première ministre Pauline Marois a déclaré à l'issue de son premier conseil des ministres qu'elle mettait en oeuvre "l'engagement pris lors de la campagne de procéder à la fermeture de la centrale nucléaire Gentilly-2".

    Ouverte en 1983 et arrêtée depuis fin juillet en raison d'une panne, cette centrale devait être rénovée pour poursuivre son activité. Le remplacement de son réacteur avait été évalué en 2008 à 1,9 milliard de dollars.

    "Je veux que ce geste devienne un symbole pour le Québec, pour l'environnement et le bien-être des générations futures", a dit Mme Marois lors d'une conférence de presse, précisant avoir demandé un rapport devant permettre à la fermeture de se faire "correctement".

    La majeure partie de l'électricité du Québec provient des immenses barrages hydro-électriques du nord de la province, Gentilly-2 ne contribuant que pour environ 2% de la production totale.

    Par ailleurs, la ministre québécoise des Ressources naturelles Martine Ouellet a affirmé que le gouvernement indépendantiste souhaitait "un moratoire complet, tant sur l'exploration que sur l'exploitation du gaz de schiste".

    Face à l'indignation d'une partie de la population québécoise, le gouvernement sortant avait rendu quasi-impossible en mars 2011 de forer pour extraire ou chercher ce gaz naturel, et ce, le temps qu'un comité d'évaluation environnementale et stratégique sur le gaz de schiste enquête sur l'impact de cette industrie naissante sur le milieu naturel. Son rapport est attendu en octobre 2013.

    Mais pour la ministre Ouellet, il n'y a guère de doute: "Je ne vois pas le jour où il y aura des technologies qui permettront une exploitation sécuritaire", a-t-elle affirmé aux journalistes.

    Depuis la découverte en 2007 de vastes réserves de gaz non conventionnel dans la vallée du Saint-Laurent, 31 puits d'exploration ont été forés par l'industrie, suscitant des craintes de contamination des nappes phréatiques, comme cela s'est produit dans l'Etat américain de Pennsylvanie (nord-est).


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  • Bergers et loups du Mercantour enterrent la hache de guerre

    Loup, Juraparc du Mont-d’Orzeires, à Vallorbe (VD) © Olivier Born
     

    «C’est tellement facile pour le loup quand on habite en ville et qu’on vient de temps à autre se promener dans la nature. J’attends de voir ce qui se passera le jour où ce ne sont pas nos brebis qui se feront bouffer, mais un chihuahua plus bas dans la vallée.» Installé avec son troupeau de 1000 bêtes au-dessus de Saint-Dalmas-le-Selvage, en plein cœur du Parc national du Mercantour, le berger François Elies, 36 ans, est loin d’être un antiloup, contrairement à ce que l’on pourrait croire. Son discours est semblable à celui des autres jeunes bergers de la région. Des transhumants pour la plupart, qui se déplacent d’une montagne à l’autre pendant l’été. «Je reste persuadé que la cohabitation est possible. Mais il faut qu’on ait la possibilité de se défendre en cas d’attaque.»

    Le droit de se défendre
    Protégé au niveau européen par la Convention de Berne – que la Suisse a également signé et que certains politiciens suisses aimeraient aujourd’hui dénoncer –, de même que par la loi française, le loup peut toutefois être tiré sur décision préfectorale, lorsque la pression exercée sur un alpage est trop forte. «Il faut avoir mis en place un dispositif de protection et procédé à des tirs d’effarouchement au préalable», précise Jérôme Bricard, berger à Jallorgues, non loin de Saint-Dalmas-le-Selvage. En été 2010, le jeune berger s’est inscrit pour passer le permis de chasse, dont le coût sera pris en charge par la Chambre d’agriculture. S’il trouve logique d’avoir le droit de tirer le loup – uniquement à l’extérieur des limites du parc –, lui non plus ne rêve pas d’éradiquer l’animal. «En 2009, le loup m’a tué plus de cent brebis. J’ai passé l’été à ramasser des cadavres. Sur le moment, je l’aurais flingué sans hésiter. Mais avec le recul, je pense qu’on doit trouver des solutions. Puisque le loup est revenu naturellement, c’est qu’il y a une place pour lui ici.»

    Fronde antiloup moins forte
    Malgré les pertes subies, le ton des bergers est de manière générale plutôt mesuré aujourd’hui. Il en allait tout autrement en 1993, lorsque le loup a officiellement fait son retour dans le Parc national du Mercantour. «Les réactions des éleveurs ont été très fortes, se souvient Gérard Caratti, technicien du parc et chef du projet captures, marquage et suivi du loup. Les mesures de protection étaient encore inexistantes. Dans les troupeaux, il y a eu beaucoup de casse.» En 2000, un loup empoisonné puis dépecé est déposé devant la maison du parc. Deux ans plus tard, une enquête parlementaire est initiée par Christian Estrosi, un élu local à la tête de la fronde antiloup. «Cette action, poursuit Gérard Caratti, visait à démontrer que le loup avait été réintroduit par des écologistes. Cela afin de lever la protection que lui confère la Convention de Berne. Or, on a prouvé scientifiquement que son retour était naturel.»

    Depuis, les esprits se sont calmés. Entre vingt-cinq et trente individus sont aujourd’hui établis dans le Mercantour, qui couvre une superficie de 2150 km2 (contre 5200 km2 pour le Valais). Certains ont formé des meutes. Malgré des dégâts qui restent conséquents dans certaines zones de présence permanente – ou ZPP comme on les appelle ici –, le loup ne fait plus beaucoup parler de lui dans les bistrots. De même qu’il ne fait plus la une des journaux. «Sa présence n’est peut-être pas encore bien acceptée, mais elle est tolérée. Avec la nouvelle génération de bergers, qui ont une vision de l’écologie et de la nature en général différente des anciens, ça se passe de mieux en mieux. Le long travail de sensibilisation que nous menons sur le terrain est aussi en train de porter ses fruits.»

    Médiations sur le terrain
    Les pourparlers avec les éleveurs des vallées avoisinantes, les veillées avec les bergers sur les alpages, les discussions avec les habitants des villages du Mercantour, Véronique Luddeni ne les compte plus. Installée à Saint-Martin-Vésubie, cette vétérinaire dynamique à l’accent du Sud est un pilier de la médiation sur le terrain. «A côté de mes activités à la clinique que je dirige, je consacre une partie de mon temps à soigner les bêtes d’une centaine d’éleveurs de la région. En parallèle, je travaille au parc à loups Alpha et je participe en tant que conseillère vétérinaire au programme Prédateurs-Proies. Cela me permet de parler du sujet avec les éleveurs, avec qui j’ai noué des contacts privilégiés, de façon décontractée.»

    Son constat? «Le loup est entré dans les mœurs. Bien sûr, il s’agit d’une acceptation fataliste. S’il disparaissait, les éleveurs seraient ravis.» Pour elle, son intégration ne sera véritablement réussie que le jour où tous les milieux, que ce soient ceux de l’élevage, du tourisme, des protecteurs de la nature ou encore des scientifiques, auront l’impression d’y trouver leur compte. «L’ouverture du parc Alpha, fondé en 2000 par Gaston Franco, le maire de Saint-Martin-Vésubie, a grandement contribué à éclairer le contexte général dans lequel le loup s’inscrit. Il n’y a pas que l’animal. Il y a aussi l’homme, il ne faut pas l’oublier.»

    Aides aux agriculteurs
    Maire de Saint-Dalmas-le-Selvage et éleveur, Jean-Pierre Issautier estime pour sa part que ses pairs ont été trop longtemps tenus à l’écart des débats. «Quand le loup est revenu, nous ne recevions que très peu d’informations de la part du personnel du parc. On nous disait que nous étions responsables si nos troupeaux se faisaient attaquer. Personne ne nous a appris comment éduquer les chiens de protection. Au début, c’était catastrophique.» Aujourd’hui, le maire reconnaît toutefois que la communication passe mieux. Et que le retour du loup a aussi eu des impacts positifs. «Il a permis d’attirer l’attention de l’opinion publique et des politiques sur les difficultés de la filière ovine. L’Etat nous a octroyé des aides. Celles-ci ont permis de rénover les cabanes de bergers, d’y installer des toilettes et des panneaux solaires. De manière générale, l’état sanitaire du cheptel s’est amélioré.» Sensible aux plaintes des éleveurs, la France a effectivement débloqué des crédits importants. «Il y en a beaucoup qui gueulent contre le loup, ironise un berger. Mais il faut quand même rappeler que les éleveurs reçoivent 650 euros par an pour les frais vétérinaires et la nourriture des patous, à peu près autant pour l’entretien des clôtures, entre 40 et 100 euros par bête tuée, sans parler des primes de stress proches d’un euro par bête quand le troupeau se fait attaquer. L’Etat prend encore à sa charge le salaire d’un aide-berger à hauteur de 80%, soit plus de 1000 euros. Financièrement, il faut être honnête, ils s’y retrouvent. Quant à nous, grâce au loup, nous avons à nouveau du travail.»

    Alexander Zelenka

    Terre&Nature, le 9 septembre 2010

    + D’INFOS

    Pour en savoir plus sur le Parc national du Mercantour et la problématique du loup en France:

    www.mercantour.eu

    www.loup.developpement-durable.gouv.fr


    Dans le Mercantour, la taille moyenne des troupeaux avoisine les 1000 têtes. Les plus grands en comptent plus de 2000.

    Commentaire

    De la trêve à la paix
    En apparence, les bergers et les éleveurs de la région du Mercantour ont fait la paix avec le loup. Mais il suffit de quelques attaques dans les zones sensibles pour que la colère gronde à nouveau. Et que les frustrations des acteurs de la filière ovine, inquiets par leur avenir, se reportent sur le prédateur. Malgré les actes de braconnage et le tir d’une vingtaine d’individus en 2010, les spécialistes sont unanimes: le grand canidé est bel et bien en expansion. Sur le territoire français, comme dans le reste des Alpes. Le moment n’est plus de mettre les pieds au mur mais d’affronter le problème avec calme et pragmatisme. Au-delà des différences liées à la topographie, au climat ou aux modes d’estivage, l’exemple du Mercantour n’est pas si éloigné du cas suisse. Des deux côtés de la frontière, on peut dire que l’opposition au loup a été et est encore farouche. Mais beaucoup reconnaissent aussi que sa présence a des avantages: les troupeaux sont mieux gardés, la qualité du cheptel s’en ressent, les bergers retrouvent du travail. L’intégration de l’animal n’est toutefois pas achevée. Elle ne le sera que lorsque chasseurs, éleveurs, protecteurs de la nature et scientifiques se réuniront autour de la même table pour parler. Comme nos voisins français, nous n’y sommes pas encore arrivés. Ce n’est qu’une fois cette étape franchie, qu’on passera de la trêve à la paix.

     

    En chiffres

    Le Mercantour, c’est…

    • Un des neuf parcs nationaux de France. Il a été créé en 1979.
    • Un espace de 215 000 hectares (dont une zone de 68 500 ha strictement protégée, dite cœur de parc), à cheval entre le Département des Alpes-Maritimes et celui des Alpes-de-Haute-Provence.
    • 18 000 habitants permanents, répartis sur 28 communes.
    • Plus de 350 éleveurs, dont 270 transhumants, et un cheptel ovin de 145 000 têtes en été.
    • Un sanctuaire pour la biodiversité, abritant quelque 2000 plantes sur les 4000 répertoriées au niveau national, 200 vertébrés dont 58 mammifères et 150 espèces d’oiseaux.
    • Une destination très prisée des randonneurs, avec 600 km de sentiers balisés.
    • Plus de 335 millions de visiteurs par an.
    • Un site candidat au Patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco.

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