• <article class="article article_normal" itemscope="" itemtype="http://schema.org/NewsArticle">

    Qu'est-ce que le maïs NK603, soupçonné de toxicité ?

    Le Monde.fr | <time datetime="2012-09-19T22:03:21+02:00" itemprop="datePublished">19.09.2012 à 22h03</time> • Mis à jour le <time datetime="2012-09-19T22:03:22+02:00" itemprop="dateModified">19.09.2012 à 22h03</time>

    <figure class="illustration_haut"> La Commission européenne pourrait rouvrir le dossier des plantes transgéniques sur fond d'incertitude scientifique. </figure>

    Des rats nourris avec un maïs OGM (organisme génétiquement modifié) qui développeraient des tumeurs grosses comme des balles de ping-pong : l'étude conduite par le biologiste Gilles-Eric Séralini (université de Caen) et publiée dans la revue Food and Chemical Toxicology a fait l'effet d'une bombe, mercredi 19 septembre. L'organisme génétiquement modifié visé : le maïs NK603, commercialisé par le géant américain Monsanto.

    • Quelle est la particularité du NK603 ?

    Le maïs NK603 a été modifié pour lui conférer une tolérance aux herbicides à base de Glyphosate. Il s'agit essentiellement du Round Up, l'herbicide le plus utilisé au monde, développé par la firme Monsanto. Les agriculteurs qui cultivent du maïs NK603 peuvent ainsi traiter leurs champs à l'aide de ce produit sans altérer les cultures. 

    • Où est-il cultivé ?

    Le NK603 a reçu des autorisations de mise en culture, entre 2001 et 2011, dans douze pays du monde répertoriés par l'Isaaa, organisme qui promeut les biotechnologies végétales : aux Etats-Unis, en Argentine et au Brésil – trois pays qui produisent la majorité du maïs transgénique –, mais aussi au Canada, au Japon, en Afrique du Sud, aux Philippines, en Colombie, au Paraguay, en Uruguay, au Salvador et au Honduras.

    En Europe, une demande d'autorisation pour la culture de cet OGM est en attente. L'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a rendu un avis favorable le 11 juin 2009, mais la Commission européenne ne l'a pas encore validé, empêchant de fait son inscription au catalogue des variétés homologuées. Une quinzaine d'autres OGM sont en attente d'une autorisation à la culture dans l'Union, les procédures d'homologation étant bloquées en l'absence de consensus entre les Etats membres.

    • Où peut-on trouver le NK603 en Europe ?

    Le maïs NK603 a été autorisé à la mise sur le marché, via les importations, par la Commission, le 19 juillet 2004, après un avis favorable de l'EFSA datant de novembre 2003. Il est autorisé pour l'alimentation animale, ainsi que pour la fabrication de produits alimentaires pour l'homme, comme la farine ou la semoule de maïs.

    Ces ingrédients peuvent donc potentiellement se retrouver dans les céréales, les biscuits apéritifs, la chapelure, les plats cuisinés, les sauces, les crèmes desserts, les potages ou encore les pâtisseries. Ce maïs transgénique peut par ailleurs être utilisé dans des additifs alimentaires, comme l'amidon oxydé (E1404), les phosphates d'amidon (E1410, E1412 à E1414) ou le sorbitol (E420). Mais il est impossible d'être sûr de la présence de ce maïs, dans la mesure où la réglementation européenne n'impose pas un affichage signalant la présence d'OGM pour des produits contenant moins de 0,9 % d'organismes génétiquement modifiés.

    • Cet OGM pourrait-il se voir interdit à la suite de l'étude ?

    Mercredi, le gouvernement français a saisi l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) ainsi que le Haut conseil des biotechnologies (HCB), pour examiner respectivement les risques nutritionnels et sanitaires des aliments et les risques environnementaux. En fonction de leur avis, l'Etat français pourra demander aux autorités européennes de prendre des mesures d'urgence.

    De son côté, la Commission européenne a saisi l'EFSA. Après examen des risques sanitaires et pour l'environnement, les experts de l'agence peuvent demander la suspension de l'autorisation de mise sur le marché. "En réalité, s'il n'est pas rare qu'une variété soit réexaminée, aucune autorisation donnée n'a jamais été suspendue par la Commission", livre Eric Meunier, chargé de mission à l'association Inf'OGM.

    S'ils estiment malgré tout son interdiction nécessaire, les Etats membres peuvent en dernier recours, au nom du principe de précaution, faire jouer la clause de sauvegarde pour interdire l'OGM sur leur territoire. La France l'a ainsi fait en 2008, avec six autres pays – Autriche, Hongrie, Grèce, Roumanie, Bulgarie, Luxembourg –, pour le maïs MON810, au motif qu'il risquait de contaminer les cultures traditionnelles et biologiques.

    • Quels sont les OGM autorisés en Europe ?

    Deux sortes d'OGM sont autorisés en Europe à la culture : le maïs MON810 de Monsanto et la pomme de terre Amflora de BASF. Mais dans la pratique, le MON810 est le seul à être cultivé, en Espagne essentiellement (80 % des surfaces cultivées) ainsi qu'au Portugal, en République tchèque, en Roumanie et en Slovaquie. Au total, les surfaces cultivées représentent 94 800 hectares. BASF a, de son côté, finalement renoncé à cultiver la pomme de terre Amflora en Europe.

    L'Union européenne a par ailleurs autorisé quarante-quatre autres OGM pour la commercialisation via des importations. On y trouve vingt-cinq variétés de maïs, huit de coton, sept de soja, trois de colza et une de betterave.

    </article>

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  • <article class="article article_normal" itemscope="" itemtype="http://schema.org/NewsArticle">

    La banquise arctique pourrait complètement disparaître d'ici à quatre ans

    Le Monde.fr | <time datetime="2012-09-18T14:00:12+02:00" itemprop="datePublished">18.09.2012 à 14h00</time> • Mis à jour le <time datetime="2012-09-18T15:27:11+02:00" itemprop="dateModified">18.09.2012 à 15h27</time>

    <figure class="illustration_haut"> L'océan Arctique devrait être libre de glace entre 2015 et 2016, estime Peter Wadhams, de l'université de Cambridge, en Angleterre. </figure>

    La fonte de la banquise arctique s'accélère au point qu'elle pourrait avoir totalement disparu en été d'ici à quatre ans. C'est la mise en garde de l'un des plus grands spécialistes du sujet, Peter Wadhams, dans le Guardian, lundi 17 septembre, alors que la superficie des glaces de mer de l'hémisphère Nord est sur le point d'atteindre son plus bas historique.

    Wadhams, qui dirige le département de physique de l'océan polaire à l'université de Cambridge, en Angleterre, a passé de nombreuses années à recueillir des données sur l'épaisseur de la glace grâce aux mesures de sous-marins parcourant l'océan Arctique. Il avait prédit l'effondrement des glaces de mer au cours de l'été 2007, lorsque le précédent record de fonte a été atteint, à 4,17 millions de kilomètres carrés.

    Cette année, le retrait des glaces s'annonce bien plus important : la banquise Arctique – la zone de l'océan où au moins 15 % de la surface est glacée – ne s'étend pour l'instant plus que sur 3,3 millions de km2 et elle continue de reculer, comme le montre le suivi quotidien du National Snow and Ice Data Center (NSIDC) américain.

    <figure class="illustration_haut"> Evolution de la fonte de la banquise arctique en 2012, comparé à 2007 et à la moyenne entre 1979 et 2000. </figure>

    La surface des glaces de mer se situe bien en-deçà de la moyenne relevée entre 1979 (date des premiers relevés satellites) et 2000, qui s'établissait autour de 6,5 millions de km2.

    <figure class="illustration_haut"> L'état de la banquise arctique au 16 septembre 2012, comparée à la moyenne entre 1979 et 2000. </figure>

    Au-delà de la superficie, la banquise se rétrécit aussi en volume : "Les mesures effectuées par les sous-marins montrent que la glace a perdu 40 % de son épaisseur depuis les années 1980", livre Peter Wadhams.

    "UNE CATASTROPHE MONDIALE" en 2015 OU 2016

    "Du fait du réchauffement du climat, la fonte de la glace au cours de l'été dépasse sa reconstitution l'hiver, explique-t-il au quotidien britannique. Au début, ce recul de la glace de mer se faisait à un rythme suggérant que la banquise tiendrait encore cinquante ans ou plus. Mais depuis quelques années, le recul s'est accéléré. On se dirige vers un effondrement, qui devrait survenir en 2015 ou 2016, et qui verra l'Arctique libre de glace durant les mois d'août et de septembre. C'est une catastrophe mondiale."

    Peter Wadhams appelle alors à "des mesures urgentes" pour limiter l'augmentation des températures. "Nous ne pouvons plus prétendre faire quelque chose contre le changement climatique dans quelques décennies. Il est non seulement urgent de réduire les émissions de CO2, mais aussi d'examiner d'autres façons de ralentir le réchauffement, en développant notamment diverses méthodes de géo-ingéniérie", lance-t-il.

    Le scientifique de Cambridge n'est pas le seul à livrer des projections pessimistes. "Si la tendance actuelle se poursuit, nous pensons que l'océan Arctique pourrait être presque libre de glace, à la fin de l'été, dès l'année 2016, plus ou moins trois ans", estimait dans Le Monde, en septembre dernier, l'océanographe Wieslaw Maslowski, professeur à la Naval Postgraduate School de Monterey (Californie). Soit bien loin de l'estimation du dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), en 2007, qui tablait sur 2080 environ.

    Lire : La fonte estivale de la banquise arctique renforce le pessimisme des chercheurs (édition Abonnés)

    Si la fonte de la banquise n'a pas de conséquence sur le niveau de la mer, elle entraîne toutefois des effets néfastes sur le climat. Elle est ainsi à l'origine de modification des courants océaniques et atmosphériques, ainsi que d'un relargage accru de pesticides et autres polluants organiques persistants dans l'atmosphère, qui vont renforcer le réchauffement climatique. Dans le même temps, elle attise les convoitises des Etats limitrophes et des grandes compagnies pétrolières, qui y voient une aubaine pour exploiter les immenses ressources en hydrocarbures que le Grand Nord renfermerait, menaçant l'un des derniers sanctuaires encore vierges de la planète.

    Lire : L'Arctique, terre promise pour les compagnies pétrolières ?

    </article>

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  • SPECIAL CONFERENCE ENVIRONNEMENTALE    
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    Conférence environnementale : les écolos satisfaits, les industriels combatifs, les syndicats prudents

    Dominique Pialot | 14/09/2012, 17:48 - 540 mots


    Le discours prononcé par François Hollande ce matin en ouverture de la Conférence environnementale est nettement plus « vert » qu'attendu, à la grande satisfaction des écologistes, EELV en tête. Les industriels, déçus par les annonces sur la fermeture de Fessenheim et le rejet de permis d'exploitation de gaz de schiste, ne s'avouent pas vaincus. Quant aux syndicats, ils restent prudents quant aux incidences en matière d'emploi et regrettent certaines annonces qui auraient dû être faites seulement après consultation.

    De Nicolas Hulot à Pascal Durand (secrétaire général de Europe Ecologie Les Verts) en passant par Yannick Jadot (député européen EELV), le WWF ou la FNE, les écologistes sont ressortis extrêmement satisfaits. Pascal Durand n'aurait pas «changé un seul mot» au discours prononcé par François Hollande, se réjouissant tout particulièrement de l'affirmation «on ne dissocie pas les questions écologiques, économiques et sociales». Même José Bové est satisfait de l'annonce concernant le rejet des permis de gaz de schiste. Mais l'onction suprême vient de Nicolas Hulot, naguère inspirateur du Grenelle: «Il y a une vision, des objectifs, une cohérence, s'est-il réjoui. Cela fait du bien après avoir eu l'impression de crier le désert depuis des années. Je ne suis pas naïf, les difficultés viendront maintenant, mais le discours est à la hauteur des enjeux.» Pour les précisions quant aux modalités de mise en œuvre et aux moyens, il compte sur la «mise en musique» attendue demain de la part de Jean-Marc Ayrault.

    Le Medef n'abandonne pas le combat des gaz de schiste

    Côté industrie, Laurence Parisot, la patronne du Medef, s'est déclarée déçue par les annonces sur les gaz de schiste, mais n'abandonne pas le combat. Elle regrette par ailleurs «l'absence de modèle économique». «Le développement durable repose sur l'écologie, l'économie et le social, et si on oublie l'économie, on ne pourra pas faire avancer le social». Pour Jean-François Roubaud (CGPME), globalement satisfait des promesses de l'économie verte, du potentiel d'emplois offert par le chantier de la rénovation et même par le démantèlement de Fessenheim, il souligne les enjeux en termes de formation et de reconversion des salariés des secteurs concernés.

    Financer la protection sociale en taxant la pollution

    Même préoccupation pour la CGT et la CFDT qui, par les voix de leurs présidents respectifs, ont salué le discours, tout en rappelant que la transition annoncée ne doit pas s'apparenter à une rupture. Bernard Thibault (CGT) regrette surtout l'annonce de certaines décisions avant même la phase de consultation prévue ces deux prochains jours. Notamment, le financement de la protection sociale par la fiscalité verte qui fâche. «Il y a toujours cette même pression du patronat pour alléger le coût du travail, mais on ne peut pas attendre que les gens polluent plus pour financer la Sécu!» s'offusque-t-il. Sur ce point, ses réserves rejoignent celles de Benoît Hartmann de la FNE, pour qui ce projet «est une mauvais nouvelle, qui détourne le principe du pollueur-payeur» en autorisant aux acteurs prêts à payer pour cela, de poursuivre leur œuvre de pollution.

    Les collectivités locales oubliées

    Concernant Fessenheim, certains trouvent que 2016, la date annoncée par François Hollande, c'est trop tard car cela implique des investissements de sûreté ; d'autres (les syndicats), trop tôt pour organiser la reconversion des salariés. Mais la plupart saluent l'annonce d'un calendrier qui a le mérite de clarifier les choses.
    Bien sûr, certains points ont été moins développés que d'autres, notamment la santé environnementale, le rôle des collectivités locales et plus largement la gouvernance de l'environnement, ou encore l'agriculture biologique.
    En termes de méthode, certains acteurs de terrain déplorent un fonctionnement en silo «comme aux premiers jours du Grenelle».
    Mais tous attendent avec confiance les restitutions des cinq tables rondes et le discours de clôture du premier ministre en conclusion de la conférence, demain samedi.


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  • <header class="article_header">

    Sur l'environnement, Hollande fait-il du Sarkozy?

    Par , publié le <time datetime="2012-09-14 19:05:49" itemprop="datePublished" pubdate="">14/09/2012 à 19:05</time><time datetime="" itemprop="dateModified"></time>

     

    Cinq ans après le Grenelle de l'environnement de Nicolas Sarkozy, François Hollande a ouvert ce vendredi la conférence environnementale. L'Express a comparé les discours des deux présidents. 

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    Sur l'environnement, Hollande fait-il du Sarkozy?

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    CONFERENCE ENVIRONNEMENTALE - François Hollande a prononcé le discours d'ouverture de la conférence environnementale, ce vendredi. Quelques mots ont fait écho à ceux de Nicolas Sarkozy, cinq ans plus tôt, en clôture du Grenelle de l'environnement. Mais pas tous.

    REUTERS/Jacky Naegelen

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    Les mots de Sarkozy?

    Qui a dit que la France devait être "exemplaire" et devenir "la nation de l'excellence environnementale"? Nicolas Sarkozy dans son discours de clôture du Grenelle de l'Environnement fin octobre 2007, ou François Hollande en ouverture de la conférence environnementale, ce vendredi? Réponse: les deux. A cinq ans d'intervalle, le président de la République emprunte assez logiquement quelques mots à son prédécesseur: "défis", "volontarisme", "incitation" plutôt que "contrainte". La "transparence" est bien là, mais beaucoup plus discrète qu'il y a 5 ans, quand Nicolas Sarkozy multipliait les occurrences de cette exigence, comme une incantation, notamment dans les dossiers sensibles des OGM et du nucléaire.  

    La France devait alors "être en avance" dans le domaine environnemental: "C'est dans cet esprit que j'ai voulu ce Grenelle", ajoutait Nicolas Sarkozy à la première personne du singulier, martelant la "réussite" et le "succès" de cette "rupture" et de cette "véritable révolution" également comparée à un "plan Marshall" ou à un "new deal" en faveur de l'écologie. Pas d'anglicisme ou de "révolution" dans la bouche de François Hollande, l'emprunt aurait sans doute été trop évident. Il préfère répéter un autre terme, "transition", un mot bien à lui pour imprimer sa marque, "en douceur". 

    La crise est passée par là

    "L'enjeu, c'est d'investir massivement pour créer les conditions de la croissance de demain", disait Nicolas Sarkozy il y a 5 ans. Demain, c'est maintenant! Mais la crise est passée par là. "Le Grenelle a atteint ses limites et l'économie a été opposée a l'écologie", a regretté François Hollande qui veut, lui, faire l'inverse en les liant.  

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    L'environnement n'est pas séparable du redressement productif et de la lutte contre les inégalités 

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    "L'environnement n'est pas séparable du redressement productif et de la lutte contre les inégalités", "l'économie verte et l'économie sociale et solidaire sont créatrices d'activité"... et d'emplois, dont la France a tant besoin alors que le cap des 3 millions de chômeurs. François Hollande veut faire de sa "transition écologique (...) le levier d'un nouveau modèle de croissance, durable et solidaire". Tout un programme! 

    Un exemple: le démantèlement de la centrale nucléaire de Fessenheim d'ici fin 2016 qui doit s'assortir de "la préservation de tous les emplois". François Hollande s'est aussi prononcé pour un grand chantier de rénovation thermique pour lutter contre la "précarité énergétique": "Le mal logement est une double peine" contre laquelle il entend lutter.  

    Enfin, l'éolien et le solaire avaient déjà été mis en avant par Nicolas Sarkozy en 2007, avec la promesse de dizaines de milliers d'emplois créés. Mais les "espoirs du Grenelle n'ont pas été traduits", a estimé François Hollande, en annonçant des mesures de soutien d'urgence.  

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    Les enjeux de la conférence environnementale en images

    <figure class="visual"> Cliquez sur l'image pour découvrir notre diaporama. <figcaption>

    Cliquez sur l'image pour découvrir notre diaporama.

    AFP / SEBASTIEN BOZON

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    Des annonces plutôt qu'un discours de la méthode

    François Hollande a multiplié les annonces ce vendredi matin: outre la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim fin 2016, la mise aux normes énergétiques d'un million de logements par an, le rejet immédiat de sept demandes de permis d'exploration de gaz de schiste, la création d'une Agence nationale de la biodiversité, l'allocation d'une partie des fonds de la Banque publique d'investissement à l'innovation dans les nouvelles énergies, la proposition d'accueillir en France la conférence de l'ONU sur le climat en 2015, date à laquelle doit être conclu le futur accord global pour tenter de contenir à +2°C le réchauffement global de la planète... 

    Nicolas Sarkozy avait lui aussi fait des annonces (création de la taxe carbone...). Mais il avait passé bien plus de temps à décrire la méthode "révolutionnaire" de son Grenelle, adressant un satisfecit aux participants dans son discours de clôture. François Hollande a bien sûr évoqué le travail de concertation auquel doivent participer les acteurs de la conférence environnementale, sur le modèle de la conférence sociale menée plus tôt cette année. Mais là où Nicolas Sarkozy devait se justifier sur la forme, c'est davantage sur le fond que François Hollande était attendu au tournant.  

    Revoir ci-dessous le discours de Nicolas Sarkozy en clôture du Grenelle de l'environnement en octobre 2007


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  • La RSE, un levier pour réussir la transition écologique et sociale

     

    Tribune collective de l'ADD (association professionnelle des conseils en développement durable et RSE) | 11/09/2012, 09:18 - 2131 mots

    La Conférence environnementale s'ouvre vendredi 14 septembre, pour traiter, notamment de la transition énergétique de la France. Parmi les sujets qui devraient aussi être au menu de cette réunion, figure la Responsabilité sociale et environnementale des entreprises (RSE). Cet appel signé par un collectif de représentants de la « filière RSE" française tire la sonnette d'alarme sur la trop timide prise en compte de l'utilité de la méthode RSE pour réussir des politiques contractuelles entre l'Etat, les Entreprises et les autres Partenaires. 'Il est temps de sortir du débat de légitimité qui plombe le développement des pratiques de RSE en France pour faire place à plus de pragmatisme, à l'écoute des expérimentations de terrain", expliquent Thomas Busuttil, Président d'Imaginable ; Patrick d'Humières, Président de Institut RSE management ; Elisabeth Laville, Présidente d'Utopies ; Elisabeth-Pastore Reiss, Présidente d'Ethicity-Greenflex ; Agnès Rambaud-Paquin, Présidente de Des Enjeux et des Hommes ; Bruno Rebelle, Président de Transitions ; tous membres de l'ADD, association professionnelle des conseils en développement durable et RSE.

    Au delà des clivages politiques, la plupart des responsables portent le même diagnostic sur notre situation économique très dégradée que nous connaissons. Face aux crises sociale, écologique et financière combinées, le retour à un cycle dynamique d'activité passera par la restauration du contrat social, par l'identification de compromis au service de la relance d'une économie plus responsable et par la rénovation d'un tissu industriel proposant des produits plus durables.
    Pour y arriver, la solution française reposera largement sur la méthode. Nul ne peut prétendre avoir les réponses définitives sur les justes coûts, les meilleures filières industrielles ou les solutions fiscales les plus efficientes. Pendant trop longtemps nous avons, dans ce pays, balancés entre passage en force et consultation sans fin. Il est temps aujourd'hui de mettre en œuvre d'autres outils testés et validés dans de nombreuses régions du monde. La RSE - Responsabilité sociétale des entreprises - est un de ces outils qui encourage à négocier des stratégies collaboratives entre l'entreprise et la société civile, stratégies fondées sur l'écoute des parties prenantes et l'évaluation objective des externalités environnementales ou de la contribution plus large de l'entreprise à la société.

    Sortir du débat sur la légitimité de la RSE

    Ce concept, perçu à tort comme moralisateur ou dirigiste, n'est pas un luxe réservé aux entreprises que la crise épargnerait : il propose une approche partagée et prospective des mutations à engager, pour passer ensemble à une « économie de confiance » plus responsable et plus soutenable, sans imposer par la loi des règles souvent mal adaptées aux spécificités des entreprises. La RSE ouvre des voies dans de nombreux secteurs pour inventer de nouvelles approches en matière d'éco-conception des produits, de prévention des risques, de prises en compte de la précarité sociale, ou de réponses aux besoins de populations peu solvables. Autrement dit : c'est un bon levier pour engager la transition écologique et sociale.
    La bonne nouvelle est que le Premier Ministre a incité les partenaires sociaux à échanger sur le sujet, de sorte que la conférence environnementale se penchera sur la manière de relancer une dynamique RSE en France. Il est temps de sortir du débat de légitimité qui plombe le développement des pratiques de RSE en France pour faire place à plus de pragmatisme, à l'écoute des expérimentations de terrain. Il faut saluer à ce sujet l'engagement de François Chérèque, qui prône l'utilisation de la RSE comme méthode de contractualisation et de partenariat pour rentrer dans le monde plus durable que nous recherchons. L'autre bonne nouvelle est que nous avons, en France, des compétences, des technologies et de réelles expériences qui nous permettront de combiner compétitivité et responsabilité au service d'offres socialement attractives autant que désirables.

    Trois pas dans l'avenir

    En tant qu'acteurs représentatifs de « la filière RSE française », nous appelons les dirigeants patronaux, syndicaux, publics et associatifs - à faire trois pas dans l'avenir à l'occasion de cette conférence environnementale, pour ne pas rater la relance de la RSE. Le premier, en considérant que l'industrie hexagonale se réinventera si, et seulement si, ses offres « origine France garantie » sont socialement et écologiquement responsables. Le deuxième pour faire entrer ces questions de durabilité au sens large dans le dialogue social au sein de l'entreprise, pour promouvoir un partage équitable des efforts et plus de résultats. Le troisième, en faisant du dialogue entre parties prenantes une pratique sans tabous, ni conditions, afin d'identifier par la concertation les intérêts communs.
    Nous restons convaincus que la RSE est une bonne étape pour instaurer un « nouveau modèle d'économie responsable de marché », pour reprendre la déclaration officielle allemande. Nos partenaires d'outre-Rhin ont fait ce saut et agissent désormais dans le monde pour peser sur des accords d'échange et des pratiques plus responsables dans leurs relations avec les grands émergents.
    Il nous faut aujourd'hui en France sortir la RSE de la marginalité. Trop longtemps nos décideurs ont pensé que la loi ou l'initiative individuelle régleraient seules les immenses défis qui sont devant nous. Les menaces pour le « business as usual » sont considérables si on observe les problèmes qui s'accumulent : corruption et contrefaçon, poudrières sociales, drames sanitaires, destructions écologiques et risques d'épuisement des ressources, etc. D'autant, que la démocratie progresse partout - et c'est tant mieux - et que la communication moderne donne plus de pouvoir à la société civile.
    Par l'impératif de dialogue, et par l'obligation de rendre compte des résultats sociaux, environnementaux et sociétaux de l'entreprise dans le rapport de gestion, la RSE incite à progresser au delà de la loi et fédère les initiatives isolées. Progressivement nous passons de la RSE comme contrainte à une opportunité dont se saisissent des entreprises pionnières, qui démontrent ainsi leur capacité à promouvoir l'économie soutenable dont la planète a besoin en rassurant au passage les investisseurs - à force d'innovation, d'attraction et de fidélisation de leurs clients ou de leurs salariés, de différenciation de leurs marques...
    Une stratégie française de RSE est plus que jamais nécessaire. Elle ne peut être que l'affaire de toutes les forces sociales. Mesdames et messieurs les décideurs, donnez leur chance aux initiatives des citoyens de bonne volonté qui veulent prendre leur responsabilité sur le terrain de l'entreprise ou de la collectivité : lancez enfin ce cadre de politique publique RSE qui traitera mieux ceux qui s'y engagent. Gouverner, c'est encourager.
    L'ADD a fait 7 propositions au Gouvernement pour engager une politique publique de RSE en France.

    1 : Définir une politique publique de RSE et l'européaniser
    . Aboutir avec les partenaires sociaux et environnementaux représentatifs et les Assemblées, à un document cadre, ayant vocation à s'intégrer dans la Stratégie Nationale de Développement Durable, qui fait de la RSE un axe du modèle de relations contractuelles entre les entreprises et ses publics que la France souhaite promouvoir.
    . Partir de la définition de la RSE posée récemment par la Commission Européenne qui en fait une démarche de promotion du développement durable dans le modèle et le fonctionnement de l'entreprise, négociée avec ses parties prenantes et évaluée de façon transparente, autour d'objectifs de progrès volontaires, encouragés par les autorités.
    . Donner à cette vision nationale de la RSE la force d'une politique publique, reposant sur une cohérence administrative, l'incitation à des compromis entre parties prenantes autour d'objectifs de développement durable, une promotion européenne et internationale et des outils d'encouragement, dont l'exemplarité de l'Etat avant tout.

    2 : Faire de la RSE un sujet de la négociation internationale sur la régulation des échanges
    . La RSE dans une économie ouverte ne peut être un avantage compétitif pour les entreprises qui s'efforcent de la pratiquer que si elle est reconnue dans les échanges internationaux comme une base juridique justifiant des standards de base, sociaux, environnementaux et de gouvernance. La France et l'UE doivent se donner pour objectif de mettre la RSE dans la régulation des échanges commerciaux (OMC).
    . Considérant la multiplication des référentiels de RSE, publics et privés, des initiatives prises par les organisations internationales (NU...) et de son rôle croissant dans le financement international et les politiques d'aide, la France doit encourager une mise en cohérence qui pourrait se faire à partir des dispositions de l'OCDE (PDM).
    . La crédibilité de la RSE au niveau international nécessitant un reporting fiable et contrôlé, la France doit encourager l'intégration des données RSE vérifiées dans les comptes sociaux des entreprises au travers des règles internationales reconnues, tant par les Etats que par les marchés financiers et les organisations de crédit.

    3 : soutenir une plate-forme nationale de dialogue parties-prenantes sur la RSE
    . La RSE présente la spécificité de constituer un compromis de progrès dans le sens du développement durable, contracté entre une entreprise et ses divers partenaires, elle se distingue de la loi et ne se réduit pas aux relations de marché. Ce mode de régulation caractéristique ne peut donc prendre forme que si les parties le veulent.
    . Mais il faut également une stimulation à passer ce type de compromis qui doit résulter du dialogue entre les parties et d'encouragements publics spécifiques. Une politique publique de RSE ne peut donc s'élaborer qu'au travers d'un dialogue public.
    . Comme un grand nombre de parties prenantes l'ont demandé au Premier Ministre, il est nécessaire d'appuyer une « plate forme nationale » en la dotant de moyens de fonctionnement, intégrant toutes les parties concernées ; elle élaborera un règlement par consensus, avec l'appui éclairé de la puissance publique. Ce sera une instance de proposition, d'évaluation, de discussion et d'expression sur la RSE en France.

    4 : Installer un dispositif de coordination administrative de l'action publique RSE
    . La génèse de la RSE a souffert en France de la dispersion des impulsions administratives et de leurs divergences. Le caractère interministériel du sujet doit conduire l'Etat à coordonner l'impulsion et le suivi en la matière en veillant à la cohérence des responsabilités administratives et au développement d'une compétence spécifique sur le sujet au sein de la fonction publique.
    . Pour autant, la politique publique de RSE ne peut se réduire à des arbitrages du Premier Ministre et elle a besoin des avis des Assemblées (dont CESE) et des partenaires. Une méthode organisée reposant sur la consultation, la transparence des positions et la recherche de « compromis sociétaux » est à définir et encourager.
    . L'action publique dans un domaine concernant fondamentalement le comportement des entreprises dans le monde, a besoin d'un éclairage international ; le dialogue courant avec d'autres pays engagés, en europe notamment, et la revue de pairs, sont des voies utiles pour harmoniser les pratiques et stimuler l'efficience nationale.

    5 : Engager l'Etat dans une RSE exemplaire pour ce qui le concerne
    . Premier domaine où l'action publique est attendue en RSE, les marchés publics. L'Etat doit impulser une doctrine du mieux-disant RSE dans ses achats, en faveur notamment du tissu PME ( cf.critères de Pacte PME) et d'actions s'inscrivant dans la politique nationale de DD. On peut imaginer d'encourager pour cela les marchés à prix fixes.
    . Deuxième domaine, les établissements et entreprises publiques, doivent s'engager de façon volontariste et suivie en RSE, sous l'impulsion des administrateurs représentant l'Etat ; l'APE doit rendre compte chaque année aux Assemblées de la façon dont les acteurs économiques publics se comportent en RSE
    . Troisième domaine, l'Etat doit rechercher des initiatives de progrès en RSE dans le cadre de sa mission normative, en ouvrant des voies au contrat plutôt qu'à l'obligation et en dotant les initiatives de modes de reconnaissance significatifs. Cette voie créera une dynamique de progrès plus adaptée aux attentes des parties.

    6 : soutenir l'encouragement au reporting des entreprises en RSE
    . A travers la loi NRE (2001) puis la loi Grenelle 2 ( art. 75, 224, 225, 226), la France s'est dotée d'une législation avancée qui facilite l'appropriation des mécanismes de mesure de la RSE. Ce mouvement doit être conforté, encouragé dans sa pratique et évalué avant de subir des modifications, pour laisser le temps de se l'approprier. Les secteurs professionnels doivent être encouragés à se saisir du mouvement pour accompagner leurs membres dans cette construction, selon leur contexte propre.
    . A une échéance à convenir avant trois ans, la France devra tirer les leçons de la pratique actuelle pour l'harmoniser avec les meilleures pratiques internationales et évaluer ses dispositifs, en vue d'élaborer un cadre consensuel plus efficient et reconnu, intégré plus complètement encore aux comptes sociaux.
    . En utilisant le cadre de ses grandes entreprises, la puissance publique doit développer une compétence en reporting RSE qui sert d'incitation et de cadre de référence aux autres acteurs et qui élabore des recommandations pratiques. Elle doit le faire en encourageant une compétence de recherche et une offre de marché.

    7 : engager un chantier d'étude et d'expérimentation sur un dispositif d'encouragement à la RSE
    . Une politique nationale de RSE sera réelle lorsqu'une entreprise qui agit en ce sens sera reconnue par l'Etat au détriment de celle qui ne s'engage pas. Hors la préférence dans les marchés et la reconnaissance par l'attribution de labels, la fiscalité doit devenir un outil d'orientation, dès lors qu'il est fondé sur la péréquation. Il s'agit de rechercher une justice fiscale au regard de la contribution nationale des entreprises, fondée sur des critères d'emplois, d'achats, d'innovation écologique etc... Ce principe doit être inscrit dans les réformes à venir.
    . Au vu d'un dispositif qui reste à préciser et à expérimenter, il doit être envisageable de faire varier des taux d'IS en fonction des résultats constatés d'engagements d'entreprise en faveur d'objectifs RSE posés par la puissance publique (formation, accidents, énergie renouvelable etc..).
    . L'Etat pourrait ouvrir un dispositif expérimental cadre permettant à des entreprises de s'inscrire spécialement dans un « contrat RSE » en substitution du droit commun, dès lors qu'il comporte un suivi et une évaluation reconnus et que ses avantages évalués par la puissance publique et les parties prenantes le justifient.


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