• Comme chaque année, le magazine financier américain Forbes établit son classement des 100 femmes les plus influentes du monde. Qui sont les 10 premières? Angela, Michelle, Dilma, Melinda, Christine, elles sont toutes là.

    Réalisation: Bertrand de Volontat


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  • Voilées et en tunique, des Iraniennes se lancent dans le "parkour"

    Une jeune adepte du parkour sur une plage du Lahijan.
      
    Elles n’ont certainement pas les vêtements les plus adaptés pour s’entraîner, mais cela n’a pas empêché une poignée d’Iraniennes de se mettre à fond au parkour, un sport popularisé en France par le film "Yamakasi". Une activité à l’origine urbaine et publique, qu’elles sont contraintes, en tant que femmes, de pratiquer loin des regards pour éviter la police. Une adepte témoigne.
     
    Né en France dans les années 90, le parkour doit sa popularité au film "Yamakasi", sorti en 2001, ainsi qu’à plusieurs reportages et documentaires diffusés à la télévision. La discipline, qui consiste à franchir des obstacles en les sautant ou en les escaladant, s’est ensuite rapidement répandue à travers le monde grâce à Internet. Elle connaît aujourd’hui des adeptes sur les bords du Nil ou encore dans la bande de Gaza.
     
    Vidéo tournée au Lahijan, Iran.
    Contributeurs

    "Tout est une question de rapidité, alors que les jeunes iraniennes ont d’ordinaires la sensation d’avoir une vie totalement figée"

    Gilda (pseudonyme), 20 ans, est étudiante à Lahijan, ville du nord-est du pays.
     
    En Iran, on a entendu parler de cette discipline, au même titre que d’autres sports urbains, sur les chaînes satellitaires [chaînes illégales en Iran, mais regardées par de nombreux Iraniens]. Le parkour a gagné en popularité ces dernières années. Je connais plusieurs filles et garçons qui le pratiquent dans ma ville, mais il y aussi des adeptes à Rasht, où dans les villes de la côte de la mer caspienne, où le parkour est pratiqué sur les plages. Nous ne sommes pas particulièrement organisés, on fait ça entre amis.
     
    Bien entendu, ce n’est pas simple pour les filles. Alors que les garçons peuvent le pratiquer dans les rues, comme c’est censé se faire, les filles choisissent des lieux où il y a moins de monde, comme les plages ou les parcs naturels. On a peur de se faire embêter par la police ou les bassidjis [des milices civiles chargées, entre autre, de la promotion de la vertu] qui nous accusent de copier les modes occidentales. Ils peuvent aussi tout simplement nous reprocher de faire du sport en dehors des endroits prévus à cet effet.
     
    À Téhéran. Photo publiée sur la page Facebook Iranian Parkour Girls.
     
    "À cause de nos habits, on bouge moins vite que les garçons"
     
    Il n’est pas facile de faire du parkour avec un foulard ou un manto [sorte de longue tunique portée par la plupart des Iraniennes au dessus de leur pantalon]. Vous pouvez vous accrocher en passant et tomber. On bouge donc moins vite que les garçons mais quel choix avons-nous ?
     
    Malgré cela, on s’amuse beaucoup. Tout est une question de rapidité, alors que les jeunes Iraniennes ont d’ordinaire la sensation d’avoir une vie totalement figée.
     
    J’ai fait du kung-fu avant le parkour, mais je savais que je n’irai pas loin dans cette discipline dans une société sexiste comme la notre et régie par des lois islamiques radicales. Les Iraniennes ont officiellement le droit de pratiquer tous les sports, exceptées la boxe et la lutte, mais il y a énormément de restrictions. Pour rejoindre une équipe officielle, vous devez obligatoirement porter le voile, ce qui est tout sauf pratique. Par ailleurs, les infrastructures ne sont pas les mêmes pour les filles et les garçons. Les filles s’entraînent dans des endroits beaucoup plus petits, si tant est qu’elles aient le droit à un espace. Enfin, les médias ne s’intéressent pas du tout aux athlètes féminines. Tout ce contexte n’encourage pas du tout les femmes à se lancer dans un sport.

     
     
    Un garçon et une fille pratiquent ensemble le parkour à Téhéran. Vidéo publiée sur Facebook
     

     
    Vidéo tournée à Ispahan en 2010. 
     

     
    Parkour à Téhéran en 2012.

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  • Dernière modification : 20/05/2013 

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    Amina, la Femen tunisienne, arrêtée à Kairouan

    après avoir tagué un mur

    Amina, la Femen tunisienne, arrêtée à Kairouan après avoir tagué un mur
    Amina Tyler (peudonyme), première Femen tunisienne

    Amina, la Tunisienne de 18 ans appartenant au groupe des féministes aux seins nus, les Femen, a été interpellée dimanche 19 mai à Kairouan pour s’être adonnée à "des gestes immoraux" dont la nature n’a pas été précisée par les autorités.

    Par Dépêche (texte)

    Vidéo amateure de l'arrestation d'Amina Tyler publiée par le site d'informations Nawaat.org

    Une jeune tunisienne qui avait fait scandale en mars en publiant des photos d'elle seins nus à la manière du groupe féministe Femen, a été arrêtée dimanche pour avoir commis des "gestes immoraux", a indiqué lundi le ministère de l'Intérieur.

    "La Femen tunisienne a tenté de taguer le mot 'Femen' sur une mosquée"
    Par David THOMSON, correspondant à Tunis

    "La jeune fille a été placée en état d'arrestation hier (dimanche) à Kairouan sur instruction du ministère public en raison de gestes immoraux", a indiqué en conférence de presse le porte-parole du ministère, Mohamed Ali Aroui.

    "Notre société est musulmane et nous n'acceptons pas ces comportements marginaux", a-t-il ajouté.

    Interrogé sur la nature des "gestes immoraux", le porte-parole a refusé d'apporter des précisions.

    Selon des vidéos circulant sur internet, cette jeune fille, connue sous son pseudonyme Amina Tyler, s'est rendue à Kairouan où le groupe salafiste Ansar Ashariaa voulait tenir un congrès annulé finalement face au déploiement des forces de l'ordre.

    Sur ces images on peut voir la jeune fille conduite par des policiers ou prise à partie par des civils après avoir peint "FEMEN" sur un mur, près de la mosquée ou devait se tenir le congrès.

     

    Cette lycéenne de 18 ans avait fait scandale en Tunisie et déclenché une campagne de solidarité en ligne après avoir été menacée par des salafistes pour avoir publié sur Facebook des clichés d'elle seins nus.

    Décrite comme dépressive chronique par ses proches, ses parents l'ont longtemps empêché de sortir de leur domicile arguant de sa sécurité. Fin avril Amina a fugué et apparaît depuis régulièrement en public sans pour autant se dénuder.

    Le ministère de l'Intérieur n'a pas précisé les accusations retenues contre elle. Néanmoins, l'attentat à la pudeur est passible en Tunisie de six mois de prison ferme.


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  • 17/05/2013 / TOGO    lien

    Les "Nanas Benz", reines déchues du tissu

    Depuis que le marché d'Adawlato a brûlé, certaines Nanas Benz tiennent leur stand dans la rue. Photo prise par notre Observateur Gracia Egom Amah.
     
    L’incendie qui a ravagé le marché central de Lomé en janvier dernier a porté un coup fatal à l’activité des Nanas Benz, ces célèbres commerçantes dont certaines ont fait fortune dans la vente de pagnes il y a une quarantaine d’années. Doyenne du mouvement Nana Benz, notre Observatrice nous explique qu’en l’absence d’un lieu digne de ce nom et de plus en plus soumise à la concurrence étrangère, elles ont aujourd’hui recours au système D pour écouler leurs pièces.
     
    Au Togo, il est impossible de parler du commerce de tissus sans évoquer les Nanas Benz qui, à partir des années 1970, ont su s’imposer comme de véritables businesswomen. Surnommées ainsi en raison des Mercedes Benz avec lesquelles certaines se déplaçaient, elles sont devenues au fil des années un poids majeur de l’économie togolaise. Elles ont fait partie des personnalités les plus riches du Togo et leur renommée dépassait les frontières du pays. Le marché d’Adawlato, qui a été réduit en cendres le 12 janvier, a longtemps attiré des commerçants venant de toute l’Afrique de l’ouest en quête de tissu wax hollandais, réputé pour son excellente qualité.
     
    Stand sauvage à proximité du marché d'Adawlato dont il ne reste que la carcasse. Photo prise par notre Observateur Gracia Egom Amah.
     
    Mais le monopole des Nanas Benz a cependant fini par s'effondrer. Au début des années 1990, d'autres femmes africaines, notamment du Nigeria, se lancent à leur tour dans la fabrication de wax dont elles ont assimilé la technique et qu’elles vendent beaucoup moins cher que leurs homologues togolaises.
     
    Au début des années 2000, les Nanas Benz doivent composer en plus avec la concurrence chinoise qui investit massivement le marché togolais, inondant le pays de tissus wax fabriqués à Shanghai et vendus dix fois moins chers. Face à ce constat, les autorités togolaises, de plus en plus dépendantes de l'aide chinoise, semblent impuissantes pour éviter ce déclin.
     
    Depuis qu'elle n'a plus de stand, Dédé Rose Creppy vend ses pagnes à son domicile. Photo prise par notre Observateur Gracia Egom Amah.
     
    Contributeurs

    "Celles qui n’utilisent pas leur maison comme lieu de travail tiennent des stands sauvages dans la rue"

    Dédé Rose Creppy, figure historique des Nanas Benz, est présidente de l’Association professionnelle des revendeuses de tissus (APRT). Elle vit à Lomé.
     
    La situation que vivent actuellement les Nanas Benz est dramatique. Nous sommes très malheureuses. Bien sûr, avant que l’incendie du marché central ne se déclare, notre activité n’était pas très florissante, mais là c’est encore pire. Les flammes ont réduit à néant une grande partie de mon stock. Pour vendre nos produits, nous faisons désormais appel à la débrouillardise.
     
    En ce qui me concerne, j’ai beaucoup de chance car c’est une de mes maisons qui me sert de boutiques. Cela permet à ma clientèle fidèle, ceux qui me connaissent personnellement, de continuer à m’acheter des produits. En revanche, les autres, les badauds, les flâneurs, je les ai tous perdu. Celles qui n’utilisent pas leur maison comme lieu de travail tiennent des stands sauvages dans la rue – ce qui en ce moment est très compliqué car on est en pleine saison des pluies – ou louent à prix d’or des boutiques à des particuliers [jusqu’à 200 000 FCFA (300 euros) par mois d’après l’Etablissement public autonome pour la gestion des marchés (EPAM), contacté par France 24].
     
    "A l’époque je possédais cinq Mercedes et voyageais beaucoup en Europe"
     
    Les autorités togolaises nous ont promis qu’un nouveau marché verrait le jour. Des travaux ont même été entamés mais ils avancent lentement. Il est impossible aujourd’hui de savoir quand nous pourrons à nouveau disposer d’un stand.
     
    J’ai 79 ans, j’ai commencé à travailler en 1954. L’essentiel de ma carrière est derrière moi. A l’époque, je menais grand train : je possédais cinq Mercedes et je voyageais beaucoup en Europe pour les affaires mais aussi pour le plaisir. En France, j’ai acheté un appartement à Lyon que d’ailleurs j’ai pu garder. J’adore cette ville, tous mes enfants y ont fait leurs études. Ils n’ont jamais manqué de rien, ils ont eu une enfance très heureuse.
     
    Pour les jeunes générations [qui se sont rebaptisées les Nanettes pour se démarquer de leurs devancières] c’est de plus en plus difficile. Pour survivre face à la concurrence, elles sont obligées de se diversifier, de vendre d’autres types de produits qui souvent viennent de Chine.
     
    Billet rédigé avec la collaboration de Grégoire Remund, journaliste à France 24.

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  • Les élections, tribune pour les Pakistanaises

    <time datetime="2013-05-10T20:06:08+02:00" itemprop="datePublished">10 mai 2013 à 20:06</time> (Mis à jour: <time datetime="2013-05-11T17:41:09+02:00" itemprop="dateModified">11 mai 2013 à 17:41</time>)   lien

    Pendant la campagne électorale pour les élections législatives au Pakistan.

    Pendant la campagne électorale pour les élections législatives au Pakistan. (Lucie Peytermann pour Libération)

    Reportage Aux législatives de samedi, des femmes se présentent jusque dans les régions les plus conservatrices, comme les zones tribales. Des candidates indépendantes aux prises avec une société figée.

    Deux coups vifs sur la porte, une voix forte, et déjà Aneela entre comme un tourbillon dans la maison de ses électrices potentielles, brandissant ses tracts de campagne et son bagou grisant d’énergie. Portée par la même insolente audace avec laquelle elle a balayé les tabous de cette région très traditionaliste du nord-ouest du Pakistan en osant se présenter en indépendante aux législatives de samedi. A l’intérieur de la modeste maison du village de Cham Kani, près de la grande ville de Peshawar, trois générations de femmes recluses chez elles, comme beaucoup d’habitantes de cette région, entrent en effervescence, entourant la candidate dans un brouhaha libérateur.

    «Je me battrai pour la défense de vos droits au Parlement si je suis élue, je veux être au service de ma communauté», leur lance Aneela Shaheen, 32 ans, joues en feu et souffle court. Mehnaz Begum, 31 ans, boit les paroles de la candidate avec enthousiasme : avec un mari au chômage, cinq enfants et aucune qualification, elle désespère d’une vie figée. «Une femme est bien mieux à même de comprendre nos problèmes, et Aneela a déjà prouvé qu’elle était honnête et travailleuse», explique-t-elle. «Aneela est comme Benazir Bhutto [ex-Première ministre et icône assassinée en 2007, ndlr], belle, courageuse et au grand cœur : on veut Aneela !» s’exclame Hasmat Ara, 57 ans. Son voile noir austère ne parvient pas à atténuer la beauté du visage solaire d’Aneela.

    Déjà, elle court vers une autre maison, slalomant entre ornières et égouts. L’une des seules femmes journalistes télé de la province, première Pakistanaise à avoir interviewé un porte-parole taliban, responsable syndicale, Aneela s’est lancé un défi : se présenter dans une circonscription dont un quart au moins est un terrain d’action des talibans pakistanais. A l’instar d’autres candidates dans ces régions où le taux de participation des votantes est très faible voire inexistant, elle a multiplié le porte-à-porte et les réunions discrètes. Son allure intrépide contraste avec les silhouettes courbées des femmes recouvertes d’une burqa qui longent timidement les murs de Cham Kani. «Une large majorité des femmes dans ma circonscription n’ont aucune conscience politique ; souvent, elles n’utilisent leur pouce que pour approuver des documents présentés par leurs maris», déplore Aneela.

    Province féodale. Dans un univers politique encore très dominé par les hommes, un vent d’espoir souffle sur ces élections avec l’émergence de ces candidates indépendantes, une clé pour l’évolution des mentalités. Alors que les violences contre les femmes restent monnaie courante, sept lois pour la défense de leurs droits, portées par des députées, ont pu être adoptées lors de la dernière législature. Au fin fond de la pauvre et féodale province du Sindh (sud), Veeru Kohli, issue de la minorité hindoue et ex-paysanne exploitée par un grand propriétaire, a elle aussi décidé de se porter candidate. Son combat : mettre fin à l’esclavage moderne dans les fermes des grandes familles, dont sont d’ailleurs issus nombre de parlementaires…

    Les femmes représentaient 22,2% dans l’Assemblée nationale sortante et seulement 18% environ dans les hémicycles provinciaux. Cette année, pas moins de 159 candidates se sont lancées dans la course pour le Parlement national et 355 au niveau provincial. Sur 180 millions d’habitants, 37 millions de femmes sont enregistrées sur les listes électorales (contre 48 millions d’hommes). Lors du dernier scrutin, seulement 30% de femmes environ avaient voté, à cause de tabous culturels et religieux, du manque d’éducation ou des menaces des talibans - qui s’opposent à toute émancipation féminine - dans le nord-ouest.

    Mais pour la première fois de l’histoire de cette république islamique, une femme se présente en plein cœur des zones tribales, région semi-autonome à la frontière avec l’Afghanistan. Ces zones, base du réseau d’Al-Qaeda et de ses alliés talibans, sont un véritable univers d’hommes. De Badam Zari, l’on ne verra que le regard franc et déterminé… La candidate de 45 ans, venue rencontrer Libération à Islamabad, à environ sept heures de route de son district de Bajaur, est recouverte d’un niqab noir profond et accompagnée en permanence par son mari, professeur. «Nous avons été ignorées dans tous les domaines dans les zones tribales : on n’a même pas accès à l’eau potable, ni à des centres de santé décents, et je ne parle pas de l’éducation», explique-t-elle d’une voix timide. Le «regret de sa vie» est de ne pas avoir pu faire d’études, interrompues trop tôt sous pression de sa famille paternelle : elle ne peut écrire que son nom… Sa campagne discrète a pourtant «été bien accueillie», assure-t-elle. «Les gens savent que je ne suis pas comme les députés parachutés qui n’ont rien fait pour améliorer notre quotidien.»

     

    «Premier pas». Une autre candidate indépendante, Nusrat Begum, a présenté une candidature historique dans le district de Lower Dir, frontalier des zones tribales. Dans une circonscription conservatrice, c’est une ex-actrice, Musarrat Shaheen, qui défie, malgré les menaces, le chef d’un parti religieux, Fazlur Rehman (JUI-F)… L’analyste politique Quraysh Khattak ne le cache pas : «Les chances de ces indépendantes sont très minces» face à des candidats masculins bien implantés. «Mais leur engagement est un premier pas capital pour la multiplication de telles candidatures à l’avenir», estime-t-il.

    Au sein des partis traditionnels, plus libéraux mais qui n’honorent pas pour autant leurs promesses, des obstacles tenaces persistent. Ils relèguent encore souvent les femmes aux 60 sièges (sur 342) qui leur sont réservés à l’Assemblée nationale. Ces formations, qui désignent les élues à ces sièges, privilégient parfois des proches de candidats plutôt que d’autres plus compétentes. Les parlementaires ont aussi rejeté une proposition visant à imposer un minimum de 10% de participation d’électrices pour valider un vote.

    Le cas de Hina Rabbani Khar, 35 ans, ministre des Affaires étrangères sortante, est particulièrement décourageant : lors des élections de 2002 et 2008, son père avait été empêché de se présenter dans le fief familial, car il ne disposait pas des diplômes nécessaires. Sa fille, Hina, avait cependant gagné ces scrutins, jusqu’à devenir l’une des femmes ministres les plus brillantes du pays. L’action de la «nouvelle Benazir» à la tête de la diplomatie a été appréciée. Mais voilà, le dernier gouvernement s’étant empressé en 2009 d’abroger cette règle des diplômes, Hina a dû céder sa place à son père et n’a pas été choisie par son parti pour se présenter ailleurs.

    Rose pastel. A l’autre bout du pays, à Lyari, quartier à la réputation sulfureuse et le plus dangereux de Karachi (sud), c’est pourtant une atmosphère de campagne très enthousiaste qui entoure la candidate Saniya Naz, seulement 26 ans. Dans l’audience, on est visiblement happé par son charisme et son charme. Plus d’une centaine de femmes sont venues assister aux meetings nocturnes de cette candidate à l’Assemblée provinciale pour le Parti du peuple pakistanais (PPP), ex-formation au pouvoir. Toute de rose pastel vêtue, de ses nu-pieds à son gloss à lèvres sexy, la pétillante Saniya assassine pourtant sans pitié à la tribune le député sortant, «un traître et un corrompu» puis fustige les «exécutions extrajudiciaires» perpétrées selon elle par les paramilitaires dans son quartier. Issue d’une famille très pauvre, Saniya a pendant des années été à l’école dans la rue, puis travailleuse sociale. «Je veux régler les problèmes de pauvreté et d’éducation et travailler à l’émancipation des femmes», explique-t-elle. Atout majeur, la candidate a reçu l’approbation d’Uzair Baloch - le «maître» de Lyari et à ce titre accusé d’activités mafieuses -, dont le portrait est au moins autant affiché dans les rues que celui de Saniya. Les mauvais esprits notent que la candidate dispose d’un iPhone, d’un véhicule neuf et… d’une assurance d’être élue. Mais pour ses supporteurs, ce sont ses galères personnelles et sa motivation qui priment. «Elle est jeune, dure à la tâche et elle n’a peur de rien», résume un commerçant en marge du meeting.

    A l’autre bout du Pakistan, le soir est aussi tombé, mais Aneela Shaheen court encore vers son minibus de campagne. Des villageois qui ont rassemblé des électrices s’impatientent dans un coin reculé de sa circonscription. «Peut-être que je ne gagnerai pas cette fois-là, souffle-t-elle. Mais les gens m’ont acceptée, et ça, c’est déjà une victoire !»


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