Vladimir Poutine a suivi les recommandations d'Alexandre Bortnikov, chef des services secrets russes (FSB), qui privilégiait la suspension des vols des compagnies aériennes russes vers l’Egypte après le crash de l’Airbus de la compagnie Metrojet dans le Sinaï, qui a fait 224 morts samedi. Le président russe a ordonné la suspension dans la foulée.

Plus tôt, lors d’une réunion du Comité national antiterroriste, Bortnikov avait déclaré : «je trouve nécessaire de suspendre les vols de l’aviation russe vers l’Egypte, jusqu’à ce que nous puissions établir les vraies raisons de ce qui s’est passé» avec l’avion russe dont le crash a été revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique (EI).

Parallèlement à cette décision, l’opération de rapatriement des touristes britanniques a commencé vendredi avec le décollage d’un premier avion de Charm el-Cheikh, six jours après le crash. Illustrant la nervosité des compagnies aériennes, la néerlandaise KLM a interdit «par précaution» les bagages en soute sur son vol Le Caire-Amsterdam vendredi, après que Londres et Washington ont ouvertement évoqué la piste d’une bombe à bord de l’Airbus A321 qui a explosé en vol le 31 octobre.

L’aviation civile égyptienne, après avoir fait état de 29 vols vendredi, a finalement indiqué que seuls huit seraient autorisés à rapatrier dans la journée les Britanniques de Charm el-Cheikh, la cité balnéaire d’où avait décollé l’avion russe avant le crash dont le groupe jihadiste Etat islamique s’est dit responsable. Mais l’une des compagnies britanniques censées ramener les quelque 20 000 vacanciers, EasyJet, a affirmé que les autorités égyptiennes avaient suspendu les atterrissages de 8 de ses 10 vols prévus vendredi. Les autres compagnies britanniques Monarch (cinq vols) et British Airways (un vol) n’ont pas évoqué ces restrictions. 

Après une longue attente sur la piste, le premier avion rapatriant les Britanniques depuis le crash a décollé de l’aéroport de Charm el-Cheikh à destination de Londres-Gatwick, a annoncé un responsable de l’aéroport. Le vol EZY9854 d’EasyJet a décollé avec 165 ou 166 passagers à bord, à 13H20 (11H20 GMT). Un second appareil d’EasyJet était sur le point de décoller, selon lui. Il devrait atterrir à Luton, au nord de Londres. Une foule de touristes britanniques ont afflué dès le matin à l’aéroport de Charm el-Cheikh cherchant un vol. Selon Londres, seuls les bagages à main sont autorisés sur les vols affrétés pour les rapatrier.

Présent dans le hall des départs, l’ambassadeur de Grande-Bretagne John Casson a été interpellé par des touristes fatigués et frustrés, criant dans la cohue: «Quand allons-nous rentrer chez nous?» «Pourquoi personne ne nous parle?».

«Sécurité déplorable»

«C’est certain, le Premier ministre David Cameron a pris la bonne décision, je suis ravie que la sécurité des citoyens soit la priorité. Quand on est arrivé à Charm, la sécurité était déplorable», a dit Donna Conway, 49 ans, qui attend depuis mercredi de pouvoir quitter Charm el-Cheikh. «On était venu hier déjà mais il n’y avait pas de vol (...)». Des centaines de touristes russes patientaient eux aussi dans des files d’attente au milieu de leurs bagages devant les comptoirs d’embarquement des compagnies russes. 

Après la multiplication des déclarations jugeant probable la thèse de l’attentat, plusieurs compagnies étrangères dont les britanniques ont suspendu leurs vols vers et en provenance de Charm el-Cheikh alors que la France et la Belgique ont déconseillé à leurs ressortissants de s’y rendre. «Je pense qu’il existe une possibilité qu’il y ait eu une bombe à bord (de l’avion russe) et nous prenons cette piste très au sérieux», a déclaré jeudi le président américain Barack Obama, tout en soulignant qu’il n’y avait à ce stade aucune certitude.

A Londres, où le président égyptien Al-Sissi achève vendredi une visite officielle, M. Cameron a évoqué des renseignements indiquant qu’il était «plus que probable qu’il s’agisse d’une bombe terroriste». Les autorités égyptiennes ont mis en garde contre des conclusions prématurées, les enquêteurs n’ayant pas selon elles «encore de preuve ni de données confirmant l’hypothèse» d’une bombe. Les données de l’une des deux boîtes noires, celle des paramètres de vol, ont été extraites mais celle contenant les conversations de l’équipage, endommagée, demandera beaucoup de travail.

LIBERATION avec AFP