Couacs au gouvernement : les cinq règles
édictées par Hollande et Ayrault
COMMUNICATION - L'exécutif a lancé son opération anti-couacs. Échaudés par la récente polémique entre Cécile Duflot et Manuel Valls sur la question Rom, François Hollande et Jean-Marc Ayrault ont tenté de recadré leurs troupes ce mercredi. Cela a commencé dans la matinée au conseil des ministres. "Le recadrage a été clair, net et personne n'a moufté", a confié un participant.
Mais une fois n'est pas coutume, le chef de l'Etat s'est également adressé directement à son Premier ministre. François Hollande lui a en effet demandé "d'assurer encore davantage la coordination du travail et de l'expression du gouvernement". "L'exemplarité est la condition de l'efficacité", a ajouté le président de la République. C'est dans ce but que les services de Matignon ont, selon Europe 1, adressé une note aux communicants de tous les ministres. Celle-ci est visible en bas de cet article.
A l'issue de cette journée de mise au point, les ministres sont tenus de respecter cinq règles.
1- Faire preuve de solidarité
En ouvrant le conseil des ministres, ce mercredi matin, François Hollande a rappelé les principes qui régissent, en théorie, la vie d'un gouvernement. "Vous devez faire preuve de collégialité, solidarité et responsabilité", a lancé le chef de l'Etat. Un peu plus tard, lors des questions au gouvernement, Jean-Marc Ayrault a répété ses commandements. Interrogé par le député UMP Gérald Darmanin, il a autant répondu au parlementaire que mis en garde ses ministres. "Le président de la République a tenu à apporter une précision de comportement et de méthode. Il a rappelé ce qui doit guider l’action et le comportement de tous les membres du gouvernement, c’est la collégialité, c’est la solidarité et, cela a l’air de vous manquer, la responsabilité", a déclaré le Premier ministre.
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2- "Arrêter de communiquer dans tous les sens"
Lors du conseil des ministres, Jean-Marc Ayrault a pris la parole après François Hollande pour s'adresser à tous ses ministres. "Je tiens à dire qu'il faut arrêter de communiquer dans tous les sens", a lancé le chef du gouvernement selon un participant. En clair, il leur demande de ne plus s'exprimer hors de leur périmètre d'action. Chacun est désormais prié de s'en tenir à son domaine de compétence, ce qui devrait éviter que la ministre du Logement parle des Roms ou que le ministre de l'Education donne son avis sur la légalisation du cannabis comme Vincent Peillon l'avait fait il y a maintenant quelques mois.
3- Demander l'autorisation à Matignon avant une interview
De manière à coordonner les prises de paroles, voire à les contrôler, Matignon a édicté de nouvelles règles, visibles dans la note ci-dessous. Alors qu'auparavant les ministres devaient informer les services du Premier ministre quand ils passaient à la radio ou à la télévision, ils vont devoir désormais demander l'autorisation. "Ce dispositif a des avantages, mais ne permet pas une coordination d’ensemble. Nous devons l'améliorer", écrit le responsable de la communication de Jean-Marc Ayrault.
Voici la nouvelle règle: quand un média sollicite un ministre, celui-ci doit informer au préalable Matignon. "Recevant les informations des uns et des autres, nous aurons la possibilité d’évaluer la pertinence du projet de média au regard de l’ensemble des passages médias déjà programmés, et de l’actualité", précise le conseil du Premier ministre. C'est "en fonction de cette appréciation", que le passage sera validé ou non.
"Vous recevrez ensuite un message de ma part dans un délai aussi rapide que possible afin de vous permettre de pouvoir répondre dans les temps aux invitations. Je veillerai à ce qu’une réponse vous soit donnée en toutes circonstances", assure Jérôme Batout.
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4- Faire relire les interviews sensibles au Premier ministre
La note envoyée par Matignon rappelle également une règle édictée durant l'été à propos des interviews dans la presse écrite et les tribunes des ministres. "Il n’y a pas de relecture systématique par Matignon, même si, comme je vous l’avais dit fin juin, il vous appartient
d’apprécier si une relecture est souhaitable", écrit Jérôme Batout. "Le cabinet du Premier ministre sera toujours à votre disposition pour cela", ajoute-t-il.
On peut néanmoins relever que le dernier couac émanant d'une interview à la presse écrite avait pour origine Jean-Marc Ayrault lui-même. Dans une interview à Metronews, il expliquait que la pause fiscale ne serait effective qu'en 2015.
5- Le limogeage au prochain écart
Pour bien s'assurer que le message a été reçu par tout le monde, François Hollande a adressé une mise en garde à ses ministres. "Le président a ajouté, détachant les syllabes: c'est la dernière fois", a-t-il lancé, selon un participant au conseil des ministres. Néanmoins, cet avertissement n'est pas le premier envoyé par le président de la République. Dès le mois de mars, il répondait "oui" à David Pujadas qui lui demandait sur France2 si au prochain écart, le ministre concerné serait mis "dehors".
Cela s'était concrétisé par le limogeage de la ministre de l'Ecologie Delphine Batho qui avait qualifié de "mauvais" le budget 2014 alors en préparation. Mais depuis, plusieurs membres du gouvernement sont sortis des clous sans dommage, reposant une fois encore la question de l'autorité de François Hollande.
Retrouvez la note envoyée par les services de Matignon.
Le HuffPost | Par Alexandre Boudet Publication: 02/10/2013 20h00 CEST | Mis à jour: 02/10/2013 20h04 CEST lien