• Le Point.fr - Publié le 24/03/2012 à 12:27

    Une remarque sur l'odeur d'un salarié est une atteinte à la dignité selon deux récentes décisions de la Cour de cassation.

    Employeurs, vous trouvez qu'un salarié sent mauvais ? Surtout, ne le lui dites pas ! Ou bien prenez des pincettes oratoires, car vous pourriez être amené à payer cher le "harcèlement" auquel toute remarque liée à ces désagréments olfactifs pourrait s'apparenter. Dans une affaire jugée le 12 janvier 2012, la chambre sociale de la Cour de cassation a admis que des propos, même corrects, tenus devant une sténo-dactylo au sujet "de son problème d'odeurs corporelles", pouvaient laisser présumer l'existence d'un harcèlement moral à l'égard de l'intéressée. Pour l'employeur plaidant sa bonne foi, il s'agissait "de tenter de trouver une solution" et donc de "répondre aux intérêts de la salariée qui risquait à terme de devenir l'objet de remarques désobligeantes de ses collègues de travail ou de tiers". Cet excès de sollicitude n'a pas convaincu les juges, attentifs en revanche aux "nombreuses attestations émanant de médecins et de clients établissant qu'elle ne souffrait pas d'une sudation anormale et qu'elle ne dégageait pas d'odeurs corporelles désagréables".

    "Le seul fait d'évoquer, un peu trop à la légère, des problèmes d'odeur avec un subalterne peut être un des éléments constitutifs du harcèlement moral s'il s'avère que ces reproches sont dénués de fondement, et ce d'autant que la jurisprudence n'exige pas de prouver l'intention malveillante du harceleur pour condamner celui-ci", explique Bastien Ottaviani, avocat spécialisé en droit social. La salariée a obtenu des dommages et intérêts pour son préjudice moral. "Elle aurait pu solliciter sa réintégration si elle s'était basée sur le terrain de la discrimination" (article L122-45 du code du travail), souligne Me Ottaviani.

    "Nauséabonde"

    Une autre salariée, visée par des reproches encore plus humiliants, a invoqué l'atteinte à sa dignité pour demander la résiliation judiciaire de son contrat de travail aux torts de l'employeur. Quelques semaines avant que l'adjointe au chef de service contentieux atteinte d'un "syndrome anxio-dépressif" ne parte en arrêt maladie, l'employeur l'avait apostrophée en ces termes : "Auriez-vous une grave maladie, un ulcère qui pourrit, des incontinences, un cancer ?... quand je sors de votre bureau, j'ai mes vêtements qui sont imprégnés des odeurs nauséabondes." Le médecin du travail ayant examiné l'intéressée n'avait pourtant rien noté à ce sujet. Les attestations produites par les deux parties se contredisaient. En appel, la demande de la salariée a été rejetée.

    Tel n'en a pas jugé la Cour de cassation : elle a estimé (décision du 7 février 2012) que la cour d'appel aurait dû rechercher si les propos litigieux avaient eu des répercussions sur l'état de santé de la plaignante, de surcroît atteinte d'un handicap. Le harcèlement moral n'a pas été retenu, car il exige des agissements répétés de la part de l'employeur. Mais "les juges ont considéré que les propos, isolés, étaient suffisamment graves pour constituer à eux seuls un manquement de l'employeur à ses obligations sur le fondement de L. 1222-1 du code du travail, qui pose le principe selon lequel "le contrat de travail doit être exécuté de bonne foi ". "Avec ces deux décisions, la jurisprudence a élargi le devoir de respect de la dignité du salarié par l'employeur", commente Bastien Ottaviani.


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  • Exclusif: Nouvelle affaire d'espionnage chez Ikea

     Géraldine Meignan, Stéphanie Benz et Charles Haquet - publié le 20/03/2012 à 17:22

    Les pratiques d'espionnage de salariés chez Ikea ont perduré au-delà de 2009. Selon nos informations, la surveillance aurait notamment visé des syndicalistes sur le site de Franconville, dans l'Oise. Il a été fait appel à une société spécialisée dans "l'intelligence économique" pour infiltrer les salariés.

    Un magasin Ikea à Bordeaux

    Un magasin Ikea à Bordeaux
    REUTERS

    Pas une semaine ne se passe sans que de nouvelles révélations s'accumulent sur l'espionnage illégal de salariés chez Ikea. Selon nos informations, sept organisations syndicales membres de FO ont déposé aujourd'hui un complément de plainte auprès du Parquet de Versailles pour élargir le champ d'investigation de l'enquête préliminaire ouverte le 29 février 2012. "Un certain nombre d'éléments tend à prouver que les pratiques d'espionnage ont perduré au-delà des seuls faits connus, notamment de 2010 à 2012", estime Me Lecourt, l'avocat de FO.

    Selon des informations que L'Expansion a recueillies, Ikea se serait en effet livré à la surveillance de certains salariés sur son site de Franconville (Oise) entre juillet 2010 et juin 2011. L'espionnage et les écoutes illégales de salariés et de clients dans les magasins Ikea de Brest et de Rouen semblent donc loin d'être un cas isolé imputable seulement à l'ancien directeur général d'Ikea, Jean-Louis Baillot, qui a quitté l'entreprise fin 2009. Il pourrait s'agir d'un système généralisé de surveillance et d'espionnage interne.

    Des espions infiltrés parmi les salariés

    A Franconville, le mode opératoire est différent des faits constatés jusque-là. Ikea s'est en effet adjoint les services d'une société d'intelligence économique, Groupe Synergie Globale (GSA), spécialisée, entre autre, dans la gestion du risque social. Outre des prestations d'audit, de conseil et de formation aux techniques de négociations syndicales, celle-ci leur a proposé des outils moins classiques: la mise à disposition d'observateurs chargés pour quelques mois de récolter de l'information. "Elle a fournit à Ikea deux personnes à Franconville, où les syndicats étaient plutôt durs", raconte une source de GSG. Une d'entre elles occupait le poste d'hôtesse de caisse. Leur mission? S'immerger incognito dans l'entreprise, pénétrer les cercles de confiance, observer les comportements des salariés et les jeux de pouvoir.

    Dans leur rapport, que L'Expansion s'est procuré, les "observateurs" notent tout. L'ambiance, la teneur des conversations entendues et les caractères. A la lecture de ces documents, il ressort que les salariés syndiqués, et plus généralement les syndicats, ont aussi fait l'objet de surveillance. Des données précieuses pour anticiper les réactions en cas de conflit social. Les renseignements récoltés sont ensuite analysés pour coacher les directions des ressources humaines dans les négociations syndicales. Munies de "fiches réflexes", ces derniers sont alors mieux à même de se positionner en fonction des profils psychologiques observés.

    "Toutes ces pratiques sont inacceptables. Nous avons mandaté un cabinet pour mener une enquête interne afin de déterminer ce qu'il s'est réellement passé", réagit un porte-parole d'Ikea.

    Comment le géant du meuble suédois en est arrivé là ? Le conflit social de février 2010, cristalisé autour des salaires et du temps de travail a laissé des traces. Débrayages, occupation des locaux..., la direction du magasin de Franconville s'est retrouvée confrontée à des syndicalistes charismatiques et chevronnés. Un audit réalisé par GSG à la suite du mouvement était sans appel : tous les indicateurs étaient au rouge. Une crise sociale de l'ampleur de celle de l'hiver 2010 pouvait éclater à tout moment. "Avant d'entamer les négociations annuelles obligatoires pour l'année 2011, il est urgent d'agir", préconisaient les experts de GSG. Quitte à employer des méthodes pour le moins contestables...


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  • Trégunc. Un cadre de La Poste se suicide sur la plate-forme courrier

    Faits divers lundi 12 mars 2012 lien
     
     

     

    Un cadre de La Poste a mis fin à ses jours, dimanche, dans l’enceinte de la plate-forme de distribution du courrier, zone artisanale des Pins à Trégunc (Finistère).

    L’homme de 43 ans était responsable des ressources humaines pour l’établissement postal de Concarneau, Trégunc et Rosporden. Il était en arrêt de travail depuis le mois de novembre dernier.

    Cellule psychologique

    Son corps a été découvert dimanche, vers 17 h 30, par un promeneur. La victime, domiciliée à Quimper, mariée et père de deux enfants, a laissé des écrits sur place et à son domicile pour expliquer son geste.

    Lundi matin, la vingtaine d’agents et de facteurs travaillant sur cette plate-forme récente, ouverte en avril 2010, a cessé le travail « par respect pour ce cadre qui était humain ». Le directeur du courrier du Finistère s’entretient en ce moment avec le personnel.

    Une cellule psychologique a été mise en place, avec une assistante sociale et un médecin. La gendarmerie a ouvert une enquête.

    La direction de La Poste promet des propositions

    Le 29 février dernier, un cadre de La Poste de Rennes, âge de 28 ans, s’était défenestré sur son lieu de travail. La compagne du jeune homme avait rendu publique une lettre de son compagnon, expliquant sa souffrance. Un cycle sur le bien-être au travail devrait être ouvert à La Poste, a annoncé mardi dernier son président Jean-Paul Bailly.

    La direction de la Poste vient également de faire part lundi de sa « vive émotion » après le nouveau suicide d’un cadre à Tregunc et indiqué qu’à l’issue d’une rencontre avec les organisations syndicales cette semaine, elle ferait « une première série de propositions ».


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  • Béziers Le choc à la CPAM après le suicide : "Je m'appelais Thierry Hainaut"

    JEAN-PIERRE AMARGER
    02/03/2012, 06 h 00 | Mis à jour le 02/03/2012, 10 h 59
    Le choc à la CPAM après le suicide : "Je m'appelais Thierry Hainaut"

    Thierry Hainaut, 52 ans, chargé de mission auprès de la direction de la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) de Béziers, s’est donné la mort mercredi sur son lieu de travail. Il a été retrouvé pendu, vers 21 h 30, entre deux étages de la cage d’escalier, par les policiers partis à sa recherche.

    "J’ai été tué professionnellement, détruit psychologiquement"

    "Si vous lisez ce mail, a-t-il prévenu ses proches, c’est que je vous ai quittés, définitivement." Il était exactement 20 h 15.

    "Mon geste est la conséquence directe de l’enfer psychologique que je vis au quotidien depuis deux ans. Un enfer que j’ai essayé de surmonter, de toutes mes forces, pour mon épouse et mes deux enfants, mais qu’aujourd’hui, je n’arrive plus à assumer."

    Dans ce texte, l’homme dénonce la mise au placard dont il se dit victime. Il accuse sa hiérarchie départementale : "J’ai été tué professionnellement, détruit psychologiquement."

    Thierry Hainaut cible surtout son directeur : "Il a pourri mes deux dernières années, sans me laisser la moindre chance de survie." Depuis la fusion entre les caisses de Montpellier et de Béziers en 2010, ce cadre de niveau 9, qui avait entamé sa carrière en 1980 au bas de l’échelle, assure que les rares tâches qui lui étaient confiées "auraient pu être prises par des cadres 1er niveau".

    "Un cri de désespoir"

    "Nous nous sommes précipités sur place dès que nous avons reçu ce message en pensant le retrouver vivant, relatait hier matin, abasourdi, Lionel Vergnes, le directeur adjoint du site de Béziers, ami de la victime. Nous avons cherché un long moment dans le bâtiment. Le directeur Claude Humbert et la famille étaient déjà arrivés. Il était trop tard."

    Une collègue de travail confie : "Il a eu un geste héroïque. Il est toujours venu à l’aide de ses collègues. Cet acte, même s’il est un cri de désespoir, c’est aussi une énorme mise en garde, un signe de défiance vis-à-vis de la direction. C’est pour nous qu’il a fait ça, même s’il n’arrivait plus à assumer les difficultés auxquelles il devait faire face."

     


    "Nous nous sentons tous coupables." 

    Dans la cour, à l’abri des regards, quelques salariés expriment leur stupéfaction. Et leurs interrogations, même s’ils ne sont pas autorisés à communiquer. "Je suis révoltée", lance celle-ci. "La douleur est beaucoup trop vive pour nous exprimer", expliquent d’autres.

    "Nous n’arrivons pas à imaginer que Thierry ait pu partir ainsi. Personne n’avait vu qu’il allait aussi mal. Nous nous sentons tous coupables." Thierry Hainaut avait pourtant été arrêté durant six mois en 2010, à la suite d’une profonde dépression.

    Très investi dans la vie associative locale, il avait d’ailleurs pris du recul, notamment au sein du club de football dont il avait été le secrétaire. "Nous savions tous qu’il vivait des moments difficiles. Il avait évoqué le sujet qui le préoccupait et je pensais que cette page était tournée. Je n’ai jamais imaginé qu’il envisageait le suicide. Mercredi, il ne nous a laissé aucune chance de l’aider tant son geste était prémédité. Il était trop déterminé", a encore confirmé Lionel Vergnes.

    Trop de laissés-pour-compte

    Du côté des syndicats, seul le représentant de Force ouvrière s’est exprimé : "L’organisation des fusions est à revoir. Trop de gens, dont les postes sont en doublon, sont des laissés-pour-compte. Ils en souffrent. Résultat, on arrive à des situations dramatiques comme celle-là. C’est intolérable. Dans le cas de Thierry, on ne s’est aperçu de rien. C’est pire que tout."


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  • Dépêches Aujourd'hui à 19h44

    Un cadre de La Poste se tue en se défenestrant au centre-ville de Rennes

    Un cadre de La Poste de 28 ans s'est tué mercredi midi en sautant du dernier étage de La Poste République à Rennes, en plein centre-ville et devant des dizaines de personnes, a appris sur place un correspondant de l'AFP.

    Un cadre de La Poste de 28 ans s'est tué mercredi midi en sautant du dernier étage de La Poste République à Rennes, en plein centre-ville et devant des dizaines de personnes, a appris sur place un correspondant de l'AFP. ( © AFP Loic Venance)
     

    RENNES (AFP) - Un jeune cadre de La Poste de 28 ans s'est tué mercredi midi en sautant du dernier étage de La Poste République à Rennes, en plein centre-ville et devant des dizaines de personnes, a appris sur place un correspondant de l'AFP.

    Ancien facteur et jeune père, Jérémy, 28 ans, avait rapidement évolué pour devenir cadre, selon des sources concordantes.

    "Il avait bénéficié d'une promotion pour être encadrant à Lannion (Côtes-d'Armor)", mais "pour des raisons personnelles il avait souhaité revenir en Ille-et-Vilaine", a expliqué à l'AFP Lionel Herrouin, directeur des ressources humaines de la direction courrier de Haute-Bretagne.

    Le 1er janvier 2012, il était donc affecté à la direction opérationnelle territoriale du courrier, située au dernier étage de La Poste République à Rennes, avant d'être affecté le 1er février "sur un centre courrier de notre plateforme de distribution du courrier de Rennes Nord", selon le responsable.

    "C'est pour ça que pour nous ce geste est incompréhensible", a expliqué le DRH, qui précise que le salarié était suivi dans le cadre de sa mobilité mais, selon lui, "il n'y a pas eu de signe de nature à nous alerter" avant le drame de mercredi.

    Avant de se suicider, il a laissé une lettre expliquant son geste dans la salle de réunion du 4e étage d'où il a sauté vers midi, selon des sources concordantes.

    Mais le contenu de cette lettre n'a pas été divulgué.

    Selon un communiqué de la CGC, le jeune cadre était "directeur du centre courrier de Lannion", avant de revenir à Rennes.

    Le syndicat de cadres a prévenu qu'il "ne restera pas sans réagir face à ce nouveau suicide survenu dans l'entreprise", et "se demande notamment si ce postier, jeune cadre plein d'avenir, a bénéficié de toute l'aide, de toute l'écoute et de toute l'attention indispensable à la suite de son changement de fonction".

    Même si "les raisons d'un suicide sont toujours complexes", "les conditions globales de travail faites aujourd'hui de restructurations incessantes et de mobilités permanentes sont déstabilisantes pour l'ensemble du personne de La Poste", a souligné de son côté SUD PTT, dans un communiqué.

    Les syndicats ont demandé d'urgence une réunion du CHSCT de La Poste mercredi et cette réunion se tiendra jeudi, a confirmé à l'AFP le DRH.

    Sur place, les salariés de La Poste de Rennes sont tous "très choqués", ont affirmé les syndicats, et une cellule d'aide psychologique a été mise en place, a précisé la direction.

    "Venant après le suicide d'une collègue du centre financier de Paris, ce suicide est pour nous le suicide de trop", a considéré SUD-PTT.

    Une enquête de police est en cours pour tenter d'expliquer les causes du drame.

    Le 15 septembre 2011, une salariée de 52 ans s'était défenestrée du 4e étage du bâtiment situé à Paris (XVe) après un congé longue maladie pour dépression.

    L'inspection du travail avait conclu à "une faute caractérisée" de l'entreprise et mis en cause pour "homicide involontaire" le PDG de La Poste, Jean-Paul Bailly, et le chef d'établissement du Centre financier.

    © 2012 AFP


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