Dans la nuit de jeudi à vendredi, le Bundestag, chambre basse du Parlement, a adopté une loi interdisant de soumettre un animal à des actes sexuels ou de le mettre à disposition de tiers en vue de le forcer à de tels actes, sous peine de 25.000 euros d'amende.
Le Bundesrat (chambre haute), contrôlé par l'opposition, doit encore donner son aval.
En Allemagne, les zoophiles n'étaient plus inquiétés depuis la suppression en 1969 d'un article de loi condamnant l'homosexualité et son alinéa sur "la fornication contre nature avec les animaux". Ils pouvaient cependant être poursuivis si des souffrances infligées étaient prouvées.
La nouvelle loi permettra de les punir même en l'absence de blessures constatées chez l'animal.
L'Allemagne emboîte ainsi le pas à ses voisins européens, même si la peine encourue est moins sévère que dans d'autres pays. De telles pratiques sont condamnées en France par deux ans d'emprisonnement et 30.000 euros d'amende, en Suisse par une peine de prison allant jusqu'à trois ans ou une amende.
L'Angleterre, le Pays de Galles et l'Irlande du Nord interdisent également les contacts sexuels avec les bêtes, selon la Fédération allemande de protection des animaux.
Mobilisée depuis plusieurs semaines, l'association allemande de défense des Droits des zoophiles (Zeta), qui estime à 100.000 le nombre de personnes attirées sexuellement par des animaux en Allemagne, a annoncé son intention de porter plainte contre cette loi devant la Cour constitutionnelle.
"Des lois morales, telle que l'interdiction de la zoophilie n'ont rien à faire dans un Etat libéral de droit", a protesté Zeta dans un communiqué publié vendredi.
Son président, le bibliothécaire d'une cinquantaine d'années Michael Kiok, qui vit avec sa chienne Cessie de 8 ans et demi, veut empêcher "la discrimination et la persécution des zoophiles en Allemagne".
"Les animaux sont bien plus faciles à comprendre que, par exemple, les femmes", avait-il expliqué fin novembre dans un entretien au quotidien Tageszeitung.
M. Kiok a été marié et dit avoir "refoulé" pendant des années "son attirance pour les bêtes après de premières expériences à l'âge de 15 ans".
De leur côté, les associations de défense des animaux applaudissent au vote du Bundestag. "Nous saluons l'interdiction", a indiqué à l'AFP un porte-parole de la Fédération allemande de protection des animaux.
Pendant des mois, l'association "Vétérinaires contre la zoophilie" a dénoncé les sévices sexuels sur les animaux et a appelé les Allemands à signer une pétition pour que ces pratiques soient enfin condamnées.
L'interdiction de la zoophilie fait partie d'un paquet de mesures visant à renforcer la protection animale pour une mise en conformité avec une directive européenne.
La loi allemande continue cependant d'autoriser jusqu'en 2019 certaines pratiques courantes dans l'élevage, comme la castration des porcins et le marquage des chevaux au fer sans anesthésie, ce qui a provoqué la colère d'associations.
La Fédération allemande de protection des animaux, basée à Bonn, estime que le texte adopté vendredi grâce aux voix des députés de la majorité conservatrice et libérale "ne va pas assez loin".