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    Nucléaire : polémique autour d'un projet d'accord entre EDF et le chinois CGNPC

    Par Emmanuel Grasland | 27/12 | 07:00

    Les interrogations se multiplient autour du projet de partenariat conclu en novembre 2011 - et annulé depuis - entre EDF et le chinois CGNPC. Déjà affaibli par des relations compliquées avec le gouvernement actuel, le PDG de l'électricien, Henri Proglio, serait aujourd'hui visé par une enquête de l'Inspection générale des Finances sur les conditions de signature de cet accord, selon des informations du « Canard Enchaîné ». Dans le même temps, le patron d'EDF devrait présider prochainement un comité de stratégie du groupe au cours duquel le sujet sera abordé, indiquait hier soir l'AFP. Bloqué par le précédent gouvernement, cet accord, qui portait sur la conception d'un réacteur de moyenne puissance, avait été présenté au conseil d'administration d'EDF le 5 avril 2012, avant d'être abandonné. Mais il suscite encore des questions sur l'ampleur des transferts de technologie qu'aurait consentis EDF à cette occasion.

    « Mise en commun d'équipes »

    Dans une note, l'électricien souligne que cet accord «  prévoyait pour chaque action de coopération envisagée, l'élaboration d'un accord spécifique, précisant notamment les modalités de rémunération et les clauses de protection de la propriété intellectuelle ».

    Mi-novembre, l'Elysée avait indiqué que le Conseil de politique nucléaire jugeait « stratégique le développement d'un partenariat durable et équilibré avec la Chine dans le respect du principe de priorité accordé à la sûreté ».

    Sous le précédent gouvernement, Nicolas Sarkozy avait mandaté le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) pour mener avec EDF et Areva des négociations « en vue d'un partenariat global avec la Chine », où se trouve l'essentiel des projets de construction de centrales nucléaires dans le monde. Dans ce cadre, EDF Areva et CGNPC ont signé en octobre un accord de coopération prévoyant « notamment la mise en commun d'équipes en vue d'élaborer un nouveau réacteur de troisième génération ».


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    Une "droitosphère" en expansion face à une "gauchosphère" en plein doute

    Le Monde.fr | <time datetime="2012-12-26T08:35:55+01:00" itemprop="datePublished">26.12.2012 à 08h35</time> • Mis à jour le <time datetime="2012-12-26T12:20:19+01:00" itemprop="dateModified">26.12.2012 à 12h20</time>

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    La blogosphère politique fin 2012

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    L'alternance se passe aussi sur Internet. Si la gauche continue de dominer la blogosphère politique française, l'année 2012 montre que la dynamique, elle, est passée à droite, même si ce bloc tend à se diviser en plusieurs tendances. Qu'ils s'appellent Opposition républicaine ou MdameMichu, blogs et sites tenus par des militants ou des sympathisants de l'UMP contre le pouvoir socialiste se multiplient, tandis que les blogueurs piliers de la "gauchosphère" qui ont mené durant cinq ans un combat quotidien contre Nicolas Sarkozy hésitent entre soutien à la nouvelle majorité et critique.

    Internet, contre-média politique. L'institut Linkfluence établit depuis cinq ans une cartographie annuelle de cette blogosphère : à partir des liens que font entre eux sites et blogs politiques, un algorithme génère automatiquement une cartographie qui "fait émerger des proximités entre les sites qui sont au final des proximités idéologiques et communautaires, d'interaction et d'échange", explique Guilhem Fouetillou, cofondateur de Linkfluence.

    Voir la cartographie 2012

    La carte montre ainsi une domination certaine des blogs et sites de gauche ou proches du PS, qui occupent toujours 46 % du corpus, malgré une stagnation, voire un léger recul. Elle montre aussi la dynamique qui se poursuit à l'extrême droite, zone en constante progression depuis 2007, et qui représente désormais 14 % du corpus. Mais c'est surtout à droite que le changement est marqué. "On assiste à une croissance du Web de droite. Le fait que la gauche arrive au pouvoir a donné un électrochoc à la droitosphère qui se motive pour aller bloguer", explique M. Fouetillou.

    Une "droitosphère" que l'opposition réveille. De fait, depuis le 6 mai, sites et blogs tenus par des sympathisants de droite ou des militants UMP se multiplient, à l'instar d'Opposition républicaine, site monté par deux entrepreneurs accueillant des contributions de sympathisants de tous bords. Créé le 7 mai par Olivier Degioanni, ancien informaticien reconverti dans l'événementiel et sympathisant UMP, ce site se veut une "plateforme de diffusion pour que les gens s'expriment". Riche de 150 contributeurs, le site publie six à sept articles par jour.

    En huit mois d'existence, il est proche du million de visites, un score plutôt bon pour un site amateur. Se réclamant "de droite", M. Degioanni a pris sa carte de l'UMP "pour les primaires", mais se dit "en guerre contre l'organisation malsaine de l'UMP". Il ne s'en cache pas, sa démarche s'inspire de la gauche et de sa pratique d'Internet : "On peut en dire ce qu'on veut mais la gauche a une culture du militantisme que la droite n'a pas." Quant à cette soudaine croissance de la "droitosphère", il s'en amuse : "Trouver des gens révoltés est plus facile que d'écrire pour dire 'j'aime bien ce qu'il fait'."

    "Anti-hollandisme" et ponts avec l'extrême droite. Si son site essaye de faire dans la critique "de fond" et "s'interdit de tomber dans la facilité de taper sur 'Flanby'", le sobriquet dont les sympathisants de droite affublent souvent François Hollande, d'autres ont moins de scrupules. De sa cravate de travers à sa compagne en passant par ses tics de langage, le "Hollande bashing" fleurit dans la blogopshère de droite, comme l'antisarkozysme avait servi de ciment à celle de gauche entre 2007 et 2012. A cet égard, la carte montre une forme de "balkanisation" de l'UMP, qui se divise en deux pôles, explique M. Fouetillou : "Alors que l'univers militant reste satellisé autour du parti et des blogs de personnalités de l'UMP", une autre droite émerge, celle des sympathisants, qui "a des interactions à la fois vers l'extrême droite et la gauche, dans une logique de débats".

    La querelle fratricide entre MM. Copé et Fillon a laissé des traces chez les militants. Mais au-delà des personnes, on retrouve au sein de la "droitosphère" des pôles qui incarnent bien deux droites différentes. D'un côté, une polarisation autour des questions économiques et de fiscalité émerge, notamment dans la sphère des blogs (ultra) libéraux. De l'autre, une droite plus conservatrice, concentrée sur des questions de société, comme le mariage entre personnes de même sexe. Cette seconde droite s'incarne par exemple dans le blog de l'éditorialiste du Figaro Yvan Rioufol, très consulté, ou encore sur le blog de l'ex-député UMP Christian Vanneste.

    Une gauche qui hésite entre soutien et critiques. Si la droite se réveille, la gauche, elle, découvre la gueule de bois des lendemains de victoire. Habituée à critiquer le gouvernement en place, la "gauchosphère" a du mal à trouver son rôle dans la majorité, d'autant que les premiers mois de l'équipe Hollande n'ont pas toujours été des plus appréciés, y compris dans son camp.

    Ex-tenancier de "Sarkofrance", une chronique détaillée, semaine après semaine, des cinq ans du mandat de Nicolas Sarkozy, Juan a choisi le "soutien critique", quitte à devoir subir les quolibets de son propre camp. "Les critiques contre Hollande étaient tellement rapides, systématiques et violentes que l'équilibre s'est trouvé tout seul vers la fin septembre : le soutien critique. On sait que la période est et sera dure", explique-t-il. "Politeeks", du nom de son blog, anciennement "Intox 2007", a quant à lui choisi de ne pas se contraindre. "Cela pose forcément un problème de voir qu'on s'est peut-être trompé ou qu'on a cru qu'un Roosevelt se planquait derrière Hollande, alors qu'en fait on risque un Schroeder, commente-t-il. Du coup, je scrute chaque mouvement de Hollande. Je ne sais jamais facilement si je suis contre ou pour."

    Les deux blogueurs se sont parfois écharpés. "Mais on a l'habitude des disputes", assure Juan, qui veut croire que "la famille reste une famille". C'est souvent le cas : la lutte contre l'ennemi politique commun se charge de resserrer les rangs, par exemple quand il faut se mobiliser pour le mariage entre personnes de même sexe.

    Mais une certaine désillusion pointe. "Beaucoup de soutiens sont en mode binaire, et oublient toute nuance", regrette Politeeks. Juan, lui, estime que "notre rôle, si nous devons en avoir un, est d'éclaircir le débat politique, qui est devenu hystérique".

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  • actu-match | vendredi 21 décembre 2012

    Problèmes de comptabilité pour l’ancien candidat Sarkozy

    Problèmes de comptabilité pour l’ancien candidat Sarkozy

    Nicolas Sarkozy, le soir de sa défaite au second tour de l’élection présidentielle, le 6 mai dernier. | Photo Yves Herman / Reuters

     

    Nicolas Sarkozy a vu ses comptes de campagne retoqués pour avoir dépassé le montant maximum. En cause, un discours prononcé avant la déclaration de candidature officielle de l’ancien président.

    Une information qui pourrait coûter cher à l’UMP. D’après L’Express.fr, Nicolas Sarkozy a vu ses comptes de campagne retoqués par la commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP). L’ancien président avait déclaré des dépenses à hauteur de 21 339 664 euros, alors que le montant maximum est fixé à 22 509 000 euros pour un candidat arrivant au second tour. Or, cette barre aurait été franchie si l’on en croit la commission, puisque des événements qui ont eu lieu avant la déclaration officielle de candidature de Nicolas Sarkozy ont été intégrés au nouveau calcul. D’après LeFigaro.fr, l’ancien chef de l’Etat aurait reçu la nouvelle ce vendredi matin, par un courrier adressé à son domicile.

    Nicolas Sarkozy a la possibilité de faire appel de cette décision devant le Conseil constitutionnel, mais il ne siègerait évidemment pas au moment de l’examen de sa situation. Cette invalidation serait un coup de massue sur l’ancien parti majoritaire car, si elle se voit confirmée en appel, l’UMP pourrait perdre 11 millions d’euros d’aide publique, précise le site de «L’Express». Seuls deux autres candidats ont vu leurs comptes de campagne invalidés: Jacques Cheminade, en 1995, et Bruno Mégret en 2002. Pour Brice Hortefeux, interrogé sur Europe1, «il s’agit d’une question d’ordre technique et comptable».

    En jeu, près de 11 millions d’euros

    Le site du «Figaro» détaille de son côté les irrégularités pointées du doigt par la commission, un service d’envoi de mails ainsi que le meeting de Villepinte. Ce rassemblement public, le plus onéreux de la campagne, avait été présenté par l’UMP comme un événement conjoint entre la présidentielle et les législatives, partageant ainsi les coûts. Or, la CNCCFP ne l’entend pas ainsi et a donc comptabilisé la totalité des frais du meeting de Villepinte dans les comptes de campagne du candidat défait.

    C’est un nouveau coup dur pour l’UMP, qui vient à peine de se remettre de la guerre des chefs qui a divisé le parti pendant un mois. Et ce alors que niveau financier, l’ancien parti présidentiel n’est pas au mieux: outre la défaite à la présidentielle, ce sont également les déconvenues aux sénatoriales et aux législatives qui ont creusé un budget, également égratigné par les départs d’un certain nombre de militants. L’achat d’un nouveau QG, rue de Vaugirard dans le 15ème arrondissement de Paris, a coûté 35 millions d’euros au parti. Un paiement certes étalé sur 14 ans, mais qui n’a pas aidé pas les comptes de l’UMP.Point final


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  • Porte-monnaie 20/12/2012 à 18h48

    Frédéric, 4 000 euros de retraite, en Birmanie

    pour fuir les 35 h

    Rémi Noyon | Rue89

    Frédéric, patron à Rangoun, nous dévoile ses comptes, un peu particuliers : les dépenses passent en notes de frais et la retraite envoyée en France.


    Frédéric dans sa galerie d’art, le 11 décembre (Rémi Noyon)

    (de Rangoun, Birmanie) « Le grand Zawgyi ? » Entre deux crachats de bétel, on nous indique une baraque rouge à quelques encablures de la pagode Sule, à Rangoun, près de laquelle les moines ont défilé en 2007. Zawgyi, c’est le nom du restaurant à l’intérieur des murs cramoisis. C’est aussi le nom que les Birmans donnent à Frédéric, le proprio.

    Frédéric, un Français, a la carcasse sèche propre aux bourlingueurs et aux bourreaux de travail. A plus de 70 ans, il cumule. Le crâne dégarni mais le sourire carnassier, Frédéric pose en véritable antimodèle de la France « touche pas à ma retraite ».

    Dans ses vertes années, il lance une entreprise de production audiovisuelle. Puis enchaîne avec une société de location de matériel, une entreprise de graphisme, une voilerie et une boîte de communication qui participera au lancement du Vendée Globe.

    Mais en 2000, patatras, arrivent les 35 heures. A son retour de vacances, ses employés lui annoncent « gentiment » qu’ils ne souhaitent plus faire d’heures supplémentaires.

    « Il fallait que je paye des freelances pour terminer le boulot des permanents. C’était hallucinant. »

    Pour les freelance, c’était du chômage en moins. Ni une ni deux, il rétrocède ses parts et ferme boutique. Pour fuir les 35 heures, il annonce à sa femme et à ses enfants qu’il met les voiles... vers la Birmanie. Il a presque 60 ans.

    « Pas de budget pute »

    « L’objectif était de trouver un pays où je ne connaissais personne, dont je ne maîtrisais ni la langue ni la culture, pour faire un métier dont j’ignorais tout. »

    Après avoir fait le tour du monde pour tourner notamment les pubs de Pepsi et Rémy Martin, la liste des pays disponibles est sacrément raccourcie. Frédéric hésite entre la Birmanie et le Bhoutan, mais les nuits froides du royaume himalayen finissent de le décider.

    A l’époque, la Birmanie est sous le joug d’une junte militaire qui s’est illustrée une dizaine d’années auparavant en remplaçant les billets multiples de 10 par des multiples de 9 au prétexte que ce chiffre portait bonheur au général Ne Win.

    Le pays est l’un des plus corrompus du monde. La liberté de la presse est inexistante, les infrastructures plus que rudimentaires. Mais tout cela n’impressionne pas Frédéric : « Quand on a bravé l’administration française, on peut tout affronter. »

    Il estime la communauté expat’ française actuelle à environ 200 personnes, dont une grosse majorité travaille à l’ambassade ou pour le pétrolier Total. Pour lui, seulement trois ou quatre entrepreneurs sont partis « avec leurs bites et leurs couteaux » en Birmanie.

    « Plus avec leurs bites qu’avec leurs couteaux d’ailleurs : ils se sont tous mariés avec une birmane. »

    Il précise au passage que lui n’a pas de « budget pute ». « C’est l’avantage d’être vieux. »

    Sandwich Man


    Portrait en laque de Frédéric. « Je ressemble à Steve Jobs... » (Rémi Noyon)

    En 2000, Frédéric fait le tour du pays, déniche des fournisseurs et ouvre une galerie de laque et de soie. La junte lui fiche la paix. Mais rapidement, le serial-entrepreneur se rend compte que son commerce n’est pas viable :

    « A l’époque, la Birmanie recevait en unan autant de touristes que la Tour Eiffel en un après-midi. »

    Il décide alors de faire ce que « tous les Français peuvent faire » : des sandwichs. Sa galerie d’art, désormais couplée à un restaurant, connaît une croissance rapide, de 40 à 70% par an. Mais en 2003, la décision de Bush de geler les transferts de fonds vers la Birmanie lui pose un sérieux problème. Les cartes bancaires ne fonctionnent plus.

    « Je faisais comme tout le monde, je me promenais avec des liasses de billets dans les poches. On s’y fait très bien. »

    C’est à cette époque que, pour alimenter son restaurant, il installe une ferme à quelques kilomètres du célèbre site de Pagan et ses 4 000 pagodes et temples. Ne plaisantant qu’à moitié, il explique : « On ne trouvait pas facilement d’asperges d’Argenteuil et de melons de Cavaillon. »

    « Un contrat, c’est comme une feuille de PQ »

    Heureusement, tous ces tracas sont compensés par l’atmosphère de travail particulière du « Myanmar »…

    « En France, ils sont grincheux, pas souriants, pas serviables. Le salarié français n’a que des droits et pas de devoirs. Ici, les Birmans ne comptent pas leurs heures. Le seul problème, c’est l’aspect contractuel. Pour eux, un contrat c’est comme une feuille de PQ. Il arrive fréquemment qu’un matin, sans prévenir, l’employé ne se pointe pas. »


    Frédéric surveille de près ses employés (Rémi Noyon)

    Frédéric a voté Sarkozy. Deux fois. Il assume et s’inquiète d’une visite à Rangoun de juristes français – passés déjeuner dans son restaurant – et de la prochaine mise en place d’un code du travail dans le pays. « Ils discutent même de créer l’équivalent des prud’hommes ! »

    Avec l’afflux de touristes et les gestes de bonne volonté du régime, c’est toute une atmosphère qui change. Autrefois désertes, les rues sont désormais encombrées de voitures importées du Japon. Des portraits d’Aung San Suu Kyi apparaissent à la Une des journaux. Une loi sur les investissements étrangers a réveillé l’appétit de grandes multinationales. Et Frédéric craint que le pays ne finisse par ressembler à tous les autres.

    « Pour l’instant, les gens vous regardent encore avec les yeux du cœur, pas ceux du porte-monnaie. »

    La corruption ? C’est comme en France

    Lui dit n’avoir jamais eu de problèmes avec les militaires. En 2008, après le passage du cyclone Nargis, il crée une association qui aidera 18 000 personnes. Dans la foulée, il lance un bateau-clinique pour soigner les populations du delta. Ce n’est pas pour rien qu’il a choisi de nommer son resto Zawgyi, qui, en Birmanie, désigne un esprit protecteur. Les militaires lui fournissent rapidement des autorisations. La corruption ?

    « Vous savez, c’est pareil qu’en France. Quand vous voulez faire accélérer une procédure, vous glissez une boîte de chocolats. »

    Il s’inquiète néanmoins d’un projet immobilier dans la zone de son restaurant : « Ici, il n’y a pas d’indemnités. S’ils rasent, vous vous retrouvez sans rien. » Pas grave. Si les bulldozers se ruent vers son resto, il lancera une autre entreprise. A 70 ans, il n’envisage pas une seconde de se mettre en retraite. « Pourquoi donc ? Je ne sais faire que travailler ».

    Son porte-monnaie est particulier : il reverse l’entiereté de sa retraite à sa femme restée en France, et il ne vit que de dépenses professionnelles : des notes de frais remboursées par son restaurant et ses autres activités en Birmanie.

    Revenus : officiellement, 4 000 euros par mois

    • Retraite : 4 000 euros par mois

    Frédéric touche sa « petite retraite » – il le dit avec un ton affectueux – de 4 000 euros par mois.

    • Entreprise :

    Parti avec un capital de 38 000 euros, Frédéric possède aujourd’hui un restaurant, une agence de voyage et une galerie d’art. Le chiffre d’affaires de ses entreprises cumulées tourne autour de 2,5 millions d’euros par an. Son bénéfice est d’environ 15% de cette somme.

    Il jure que 80% de ses bénéfices sont réinvestis, tandis que le reste est distribué aux salariés. Il ne touche pas de salaire à proprement parler mais fait passer ses dépenses courantes en notes de frais.


    Devant le restaurant de Frédéric (Rémi Noyon)

    Dépenses fixes : officiellement, 4000 euros par mois

    • Famille : 4 000 euros environ par mois

    Il dépense quasiment toute sa retraite lors de ses fréquents retours en France. Ces 4 000 euros partent en « frais de ménage » touchant à l’endroit ou réside sa femme : impôts, électricité, gaz, téléphone, assurance, taxe foncière, taxe d’habitation, nourriture...

    Frais fixes remboursés par ses sociétés : 1775 euros par mois


    Les dépenses fixes de Frédéric

    En Birmanie, Frédéric vit sur ses notes de frais et défie quiconque de vivre pour si peu :

    « Je vis chichement, je mange des soupes, je bois de l’eau, et de toute façon, quand vous travaillez beaucoup, vous n’avez pas le temps de dépenser. »

    Le taux de change est un cauchemar en Birmanie. La monnaie locale, le kyat, s’échange contre des dollars neufs, sans tâches ni pliures. Le taux utilisé ici est de 1 dollar pour 845 kyats, soit environ 1 euro pour 1 100 kyats.

    • Vols : entre 600 et 1 060 euros pour un vol vers la France tous les deux mois, soit environ 430 euros par mois

    Frédéric retourne en France tous les deux mois. Il y a femme et enfants. Ça tombe bien parce que son visa business l’oblige à sortir du pays tous les 70 jours. Il pourrait trouver des vols moins chers mais ne jure que par Thai Airways.

    Environ une fois par mois, il prend un vol intérieur pour des missions de repérage, pour voyager en Birmanie tous les mois, pour 125 euros. Direction les hauts lieux touristiques du pays : Pagan, Mandalay, Lac Inle... Tout cela est financé par son entreprise.

    • Assurance expatrié : 7 000 euros par an, soit 584 euros par mois

    C’est sept fois plus cher que l’assurance de son fils de 25 ans qui l’a suivi en Birmanie.

    • Visa business : 160 euros tous les six mois, soit 27 euros par mois
    • Loyer : 380 euros par mois

    Frédéric vit non loin de l’imposante pagode Shwedagon, à Rangoun, dans un quartier résidentiel. Le « Neuilly local », lâche-t-il en souriant. Il habite une maison avec trois chambres, un living, une cuisine et trois salles de bain. Il a payé cinq ans d’avance de loyer, ce qui le met à l’abri de l’actuelle envolée des prix : « La même baraque vaut aujourd’hui le triple ».

    • Alimentation : environ 230 euros par mois

    Frédéric petit-déjeune, déjeune et dîne dans son restaurant. Il s’oblige à changer de plats tous les jours pour garder un œil sur la qualité. On croit d’ailleurs déceler un léger tremblement chez le serveur lorsque celui s’approche pour prendre la commande du patron.

    • Bonne : 76 euros par mois

    Elle est disponible 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Elle est nourrie, logée, blanchie et touche un bon salaire selon Frédéric. Le salaire moyen birman est d’environ 35 euros par mois.

    • Voiture : 38 euros par mois

    Frédéric a fait acheter par sa boîte une voiture japonaise. En Birmanie, le gouvernement impose des taxes énormes sur l’importation de voitures. La voiture de Frédéric était trop polluante pour être revendue au Japon. Il l’a payée 19 000 euros, dont les deux tiers en taxe. Le plein par mois lui coûte environ 38 euros.

    • Téléphone : 20 euros pour deux mois, soit 10 euros par mois

    Frédéric achète des cartes qui lui tiennent deux mois. Il y a encore quelques années, une carte SIM en Birmanie atteignait la somme record de 2 000 euros.

    • Chien : 1,78 euro tous les ans, soit 15 centimes par mois

    Des rues poussiéreuses de Rangoun déboulent deux caniches à rubans : Elsa et P’tilou, ramenés de France. Ils se nourrissent des restes du resto et le rappel de vaccin ne coûte que 2 000 kyats par an, soit environ 1,78 euro.

    • Frais bancaires : 0 euro
    • Tabac : 0 euro

    Officiellement, Frédéric ne fume pas, officieusement il pique de temps en temps une cigarette à son fils. En revanche, il ne touche pas à la chique locale. C’est pour garder le sourire carnassier.

    Dépenses variables : 0 euro par mois

    • Télévision : 220 euros à l’achat, 0 euro par mois

    Les gros portefeuilles s’offrent un bouquet de chaînes pour 38 euros par mois. Frédéric a acheté l’antenne parabolique la plus simple possible. De toute façon, il ne regarde que TV5. De toute façon, il ne fait que travailler.

    • Vêtements : 1,33 euro pour un pantalon et 4,45 euros pour une chemise

    Travail de la soie pour la galerie ; c’est là que Frédéric fait faire ses pantalons (Rémi Noyon)

    Frédéric a adopté la mode locale qui évite les auréoles. Il se fait faire ses pantalons par « ses filles », qui travaillent la soie pour sa galerie. Les chemises blanches viennent du marché du coin. Elles tiennent dix ans. Soi-disant.

    • Loisirs : 0 euro

    Frédéric ne lit pas de livres et regarde la télé quand il a le temps. Il emprunte des DVD piratés, venus de Thaïlande ou de Corée, à un marchand de rue et les lui ramène le lendemain.

    • Santé : 0 euro

    Le travail c’est la santé !

    « Je n’ai pas dépensé un centime en douze ans pour un médecin. Et s’il m’arrive une bricole, je retourne en France pour profiter de la Sécu. »


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  • Dernière modification : 19/12/2012 

    Scandale du Libor : la banque suisse UBS accepte de payer plus d'un milliard d'euros

    © AFP

    Le scandale de la manipulation des taux interbancaires Libor a rattrapé le géant bancaire suisse UBS. Ce dernier a accepté, mercredi, de verser une amende de 1,1 milliard d'euros aux autorités bancaires américaines, suisses et britanniques.

    Par FRANCE 24 (vidéo)lien
    FRANCE 24 (texte)
     

    Le géant bancaire suisse UBS a conclu, mercredi 19 décembre, un accord avec les autorités bancaires suisses, américaines et britanniques qui va lui coûter cher. Il a décidé de payer une amende de 1,1 milliard d'euros et plaide coupable des accusations de manipulation de divers taux interbancaires.

    C'est pour l'heure, la plus importante amende infligée à une institution financière dans le cadre du scandale du Libor. Cet acronyme désigne le London Interbank Offered Rate, un ensemble de taux d'intérêt entre les banques qui servent de base à des milliers de milliards de dollars de transactions de par le monde et à toute une batterie de taux, allant des cartes de crédit à de complexes dérivés financiers.

    45 personnes dans le collimateur

    "Au cours de notre enquête interne, nous avons découvert des comportements qui sont inacceptables", a affirmé Sergio Ermotti, PDG d'UBS dans un communiqué. Il a précisé qu'ils "ne reflètent ni les valeurs d'UBS ni les hauts standards éthiques que nous exigeons de tous nos employés".

    Les comportements incriminés semblent concerner essentiellement la filiale japonaise d'UBS dont des employés auraient, de 2005 à 2010, manipulé les données transmises aux autorités bancaires afin d'influencer le taux du Libor. D'infimes variations de ce taux peuvent permettre de gagner des millions de dollars.

    Avant UBS, la banque britannique Barclays a été condamnée pour des faits similaires. Elle a accepté, en juin 2012, de payer une amende de 362 millions d'euros.

    D'autres institutions financières sont également dans le collimateur de la justice. Selon la FSA, l'autorité financière britannique, 45 personnes au moins ont participé aux manipulations de taux. Des négociations seraient ainsi en cours avec la Royal Bank of Scotland et aussi la Deutsche Bank.

    FRANCE 24 avec dépêches


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