• Sciences Po : des étudiants occupent un amphi pour la nuit

    Publié le 27.02.2013, 21h58 | Mise à jour : 23h39    lien

    La confusion s'installe avant la désignation du nouveau directeur de Sciences Po,

    La confusion s'installe avant la désignation du nouveau directeur de Sciences Po, | DR

    Quatre cents personnes réunies dans un amphithêatre de Sciences Po lors d'une assemblée générale à l'appel d'étudiants, salariés et enseignants ont voté l'occupation des lieux pendant la nuit de mercredi à jeudi. Ils protestent contre la procédure de succession à la présidence de l'Institut, a annoncé le syndicat étudiant Unef dans un communiqué.
     
    «Avec cette occupation, nous voulons interpeller la ministre» de l'enseignement supérieur Geneviève Fioraso «pour qu'elle intervienne en urgence et siffle la fin de la récréation», a expliqué Nicolas Robin, de l'Unef Sciences Po. Près d'une centaine de personnes sont restées dans l'amphithéâtre Boutmy, le plus grand de l'école. Certains sont sortis chercher des provisions dans la soirée.

    Deux jours avant la désignation du directeur de Sciences Po et près d'un an après le décès de Richard Descoings, la confusion s'est installée: un des deux conseils de l'Institut a repêché mercredi un candidat non officiellement retenu, tandis qu'étudiants et personnels dénonçaient une procédure «verrouillée».

    Une succession qui fait débat

    La succession de Richard Descoings, disparu brutalement début avril 2012 à New York, a été riche en rebondissements. Fin novembre, la ministre de l'Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, avait refusé d'avaliser une première procédure, critiquée pour son opacité, au moment où la Cour des comptes confirmait des dysfonctionnements dans la prestigieuse école. Elle avait rejeté la nomination du directeur de la scolarité Hervé Crès, considéré comme le candidat des présidents des deux conseils de l'école, Jean-Claude Casanova (FNSP) et Michel Pébereau (IEP), lequel vient de céder sa place.

    Ils réclament une procédure «plus transparente»

    La ministre avait alors nommé un administrateur provisoire, Jean Gaereminck, chargé d'organiser une nouvelle procédure «ouverte, transparente et incontestable». Un comité de recherche a été créé pour sélectionner les candidats: 32 se sont présentés, 6 ont été présélectionnés, sans que les noms ni les projets ne soient dévoilés.Etudiants, enseignants et salariés de Sciences Po, mobilisés mercredi soir en assemblée générale, réclament une procédure «plus transparente».

    L'assemblée générale a voté plusieurs résolutions, réclamant notamment la démission de Jean-Claude Casanova, président du Conseil d'administration de la FNSP et un débat public entre les candidats avant la désignation, prévue vendredi, par les deux conseils qui chapeautent l'école. Ils ont aussi demandé que les projets des 32 candidats qui ont postulé soient rendus publics et que soit affirmée la prééminence du Conseil de direction de l'Institut d'études (IEP), dont les membres sont élus, sur le CA de la FNSP, dont les membres sont cooptés.


     

    LeParisien.fr


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  • Les cardinaux pourront avancer le début du conclave

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    Par Jean-Marie Guénois Mis à jour <time class="updated" datetime="25-02-2013T20:02:00+02:00;">le 25/02/2013 à 20:02</time> | publié <time datetime="25-02-2013T19:51:00+02:00;" pubdate="">le 25/02/2013 à 19:51</time> Réactions (1)
    Benoît XVI lors de son dernier Angélus, dimanche à Rome.
    Benoît XVI lors de son dernier Angélus, dimanche à Rome. Crédits photo : ALESSANDRO BIANCHI/REUTERS

    Benoît XVI vient de modifier les règles de la succession papale, cherchant ainsi à tenir compte de la spécificité de sa démission pour un texte qui est censé répondre à la mort du pape.

    L'élection d'un pape est régie par une réglementation d'une extrême précision. Cette procédure a été réformée à plusieurs reprises au cours des siècles. La dernière réforme substantielle remonte à Jean-Paul II. Il avait publié en février 1996 une constitution apostolique - texte d'une très haute autorité juridique dans le droit canonique - intitulée Universi Dominici Gregis, portant sur «la vacance du siège apostolique et l'élection du pontife romain». Benoît XVI vient de retoucher ce texte en modifiant 16 des 92 articles, en signant, le 22 février, un motu proprio, c'est-à-dire un décret.

    La réforme principale voulue par Benoît XVI cherche à tenir compte de la spécificité de sa démission pour un texte qui est censé prévoir la mort du pape. C'est ainsi que les cardinaux qui avaient la faculté, une fois la vacance du siège apostolique constatée, de voter la date d'entrée effective en conclave (donc dans la chapelle Sixtine pour élire le nouveau pape) dans un délai de quinze à vingt jours, voire plus, pourront désormais réduire ce temps de quelques jours. «Je laisse au collège des cardinaux, écrit Benoît XVI en latin, la possibilité d'anticiper le début du conclave une fois constatée la présence de tous les cardinaux, ou de repousser, en cas de motifs graves, le début de l'élection de quelques jours.»

    Semaine sainte

    Concrètement, les cardinaux présents à Rome ce vendredi 1er mars, au premier jour de la vacance du siège apostolique et au lendemain du départ pour Castel Gandolfo de celui qui aura été Benoît XVI, le jeudi 28 février, pourront donc voter de l'avancement ou non de l'entrée en conclave. Certains le souhaitent, pour faciliter le déroulement très chargé sur le plan liturgique, de la semaine sainte, dernière de mars, d'autres voudraient prendre plus de temps, c'est-à-dire les quinze jours réglementaires, pour mieux réfléchir.

    Les autres modifications portent sur des détails de procédure. Ainsi, un cardinal qui ne serait pas présent au moment de l'entrée en conclave pour une raison qui ne serait pas liée à son état de santé perd son droit de vote. De même, les mesures de confidentialité du conclave sont encore renforcées par ce texte. La réforme insiste enfin sur l'indépendance absolue des cardinaux, qu'aucune pression extérieure ne peut empêcher de participer au conclave.

    LIRE AUSSI:

    » Le Vatican accepte la démission du cardinal O'Brien


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    Le niveau scolaire baisse, cette fois-ci c'est vrai !

    LE MONDE | <time datetime="2013-02-20T14:43:10+01:00" itemprop="datePublished">20.02.2013 à 14h43</time> • Mis à jour le <time datetime="2013-02-20T15:03:09+01:00" itemprop="dateModified">20.02.2013 à 15h03</time>

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    Une écolière du cours préparatoire réalise un exercice de lecture à l'école Arthur Rimbaud d'Andrézieux-Bouthéon, dans la banlieue de Saint-Etienne.

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    A force de crier au loup, c'est en vain qu'on appelle au secours s'il surgit... On a tellement dénoncé la baisse du niveau, alors qu'il montait, comme le montraient les évaluations faites à la veille du service militaire, lors des "trois jours", qu'aujourd'hui l'opinion ne s'alarme guère, alors qu'il baisse pour de bon.

    Il faut pourtant sonner le tocsin. Tous les indicateurs sont au rouge. Dans les fameuses enquêtes PISA, la France est passée entre 2000 et 2009, pour la compréhension de l'écrit, du 10e rang sur 27 pays au 17e sur 33.

    La proportion d'élèves qui ne maîtrisent pas cette compétence a augmenté d'un tiers, passant de 15,2 %, à 19,7 %. En mathématiques, nous reculons également et nous sommes dans la moyenne maintenant, alors que nous faisions partie du peloton de tête.

    Ces chiffres gênent : on les conteste. Ce sont des évaluations de compétences à 15 ans, qui mesurent indirectement les acquisitions scolaires...

    Et pour ne pas risquer d'être mal jugés, nous nous sommes retirés de l'enquête internationale sur les mathématiques et les sciences. Mieux vaut ne pas prendre sa température que de mesurer sa fièvre.

    Mais cela ne l'empêche pas de monter. Les données s'accumulent.

    Voici une autre enquête internationale qui, elle, fait référence aux programmes scolaires (Pirls). Elle porte sur les compétences en lecture après quatre années d'école obligatoire, donc à la fin du CM1.

    En 2006, sur 21 pays européens, la France se place entre le 14e et le 19e rang selon les types de textes et les compétences évaluées.

    Les enquêtes nationales vont dans le même sens. Le ministère a publié une synthèse des évaluations du niveau en CM2 de 1987 à 2007 (note d'information 08 38).

    Si le niveau est resté stable de 1987 à 1997, il a en revanche nettement baissé entre 1997 et 2007. Le niveau en lecture qui était celui des 10 % les plus faibles en 1997 est, dix ans plus tard, celui de 21 % des élèves.

    ENRAYER CETTE RÉGRESSION

    La baisse se constate quelles que soient les compétences. A la même dictée, 46 % des élèves faisaient plus de 15 fautes en 2007, contre 21 % en 1997.

    L'évolution en calcul est également négative. Le recul n'épargne que les enfants des cadres supérieurs et des professions intellectuelles, dont les enseignants.

    Le dernier numéro (décembre 2012) d'Education et formations, la revue de la direction de l'évaluation du ministère, présente une étude sur le niveau en lecture en 1997 et 2007 : la proportion d'élèves en difficulté est passée de 14,9 %, à 19 %, soit une augmentation d'un tiers.

    Un élève sur trois est faible en orthographe, contre un sur quatre dix ans plus tôt.

    Il est urgent de réfléchir aux moyens d'enrayer cette régression. Les résultats convergents et accablants qui viennent d'être cités sont tous antérieurs à la semaine de quatre jours.

    Qui peut soutenir qu'elle ait amélioré les choses ?

    Cela dit, elle n'est pas seule en cause. Si l'on ne trouve pas les moyens de faire travailler plus efficacement les élèves, le déclin est inéluctable.

    Le projet de Vincent Peillon donne opportunément la priorité au primaire, mais aucun ministre n'a de prise directe sur ce qui se fait dans les classes.

    C'est aux professeurs des écoles et à leurs inspecteurs qu'il revient d'y réfléchir collectivement. Et le temps presse : nous avons un vrai problème de pédagogie qui ne se résoudra pas en un jour.

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    Contrôles d'alcoolémie et de stupéfiants dans les services de police, les syndicats s'insurgent

    Le Monde.fr avec AFP | <time datetime="2013-02-20T17:57:51+01:00" itemprop="datePublished">20.02.2013 à 17h57</time> • Mis à jour le <time datetime="2013-02-21T17:19:51+01:00" itemprop="dateModified">21.02.2013 à 17h19</time> lien

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    Un fourgon de police à Lyon en décembre 2009.

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    La direction de la police, afin de lutter contre le suicide, souhaite instaurer des contrôles inopinés d'alcool et d'usage de stupéfiants dans les services, selon un projet d'arrêté consulté mercredi 20 février par l'AFP, provoquant la colère et l'incompréhension de certains syndicats.

    Ce projet d'arrêté, qui doit être présenté le 27 février lors d'un comité technique de la police, prévoit notamment d'instaurer un "seuil maximum" d'alcoolémie à 0,1 g par litre d'air expiré, taux auquel sont soumis les chauffeurs de bus. L'administration pourra également effectuer des contrôles d'usage de stupéfiants – ce qui n'existait pas auparavant –, et surtout des contrôles inopinés d'alcoolémie pourront être opérés au sein des services.

    RÔLE DES CONDUITES ADDICTIVES DANS LE PASSAGE À L'ACTE

    La consommation d'alcool et de stupéfiants est évidemment strictement interdite au sein de la police, mais les modalités de contrôle n'avaient jamais été clairement formulées. "C'est scandaleux, c'est honteux !, a réagi Frédéric Lagache, secrétaire général adjoint d'Alliance (deuxième syndicat des gardiens de la paix). Une fois de plus, l'administration tente scandaleusement d'échapper à sa responsabilité en expliquant que le suicide serait de la seule responsabilité de l'agent. En ne réduisant le problème qu'à une seule discussion sur l'alcool et les stupéfiants, cela en dit long sur les intentions de l'administration à l'égard des agents."

    Dans ce projet d'arrêté, la Direction générale de la police nationale rappelle qu'une étude de l'Inserm, menée dans le cadre de la prévention du suicide au sein de la police, avait "mis en évidence le rôle des conduites addictives dans le passage à l'acte", pour expliquer ces préconisations. Cette étude avait démontré que le taux de suicide chez les policiers était supérieur de 36 % au reste de la population.

    "LES GENS VONT PENSER QUE LA POLICE EST COMPOSÉE D'ALCOOLIQUES ET DE TOXICOS"

    "On n'est pas contre le fait que l'on puisse être contrôlé, il est évident qu'on ne peut ni être ivre ni être drogué en service. Mais il n'y a pas de problème particulier d'usage de stupéfiants et d'alcool dans la police, c'est stigmatisant vis-à-vis des policiers, a dit pour sa part Nicolas Comte, secrétaire général adjoint et porte-parole d'Unité-SGP Police (premier syndicat des gardiens de la paix). Ils se basent sur un rapport de l'Inserm sur la prévention du suicide, et sur la prévention des conduites addictives, mais là on est malheureusement dans un texte répressif et pas dans une démarche de médecine de prévention."

    "Sur le fond, l'exemplarité exigée d'un représentant de l'ordre, c'est une affaire de bon sens. Mais la méthode, la manière dont les choses sont présentées, il y a un risque que ce soit mal ressenti par les policiers, a estimé Patrice Ribeiro, secrétaire général de Synergie-Officiers (deuxième syndicat d'officiers). Par exemple, la possibilité de contrôle de masse de tout un service me paraît hautement improbable. Et la hiérarchie a déjà la possibilité, lorsqu'elle a un soupçon, de soumettre un policier à un contrôle."

    "Mais la manière dont cela est présenté, on a encore l'impression d'une stigmatisation des policiers. Les gens vont penser que la police est composée d'alcooliques et de toxicos", regrette Patrice Ribeiro.

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  • Société

    L'appel à Paris de Nabil Hadjarab, prisonnier à Guantanamo

    <time datetime="2013-02-20T16:52:31+01:00" itemprop="datePublished">20 février 2013 à 16:52   </time>lien

    Un drapeau américain au-dessus du «Camp Six» de la prison américaine de Guantanamo, où est détenu Nabil Hadjarab.

    Un drapeau américain au-dessus du «Camp Six» de la prison américaine de Guantanamo, où est détenu Nabil Hadjarab. (Phoo Mandel Nan. Reuters)

    Récit+document Cet Algérien de 33 ans, toujours détenu dans la prison américaine alors qu'aucune charge ne pèse plus contre lui depuis 2007, demande asile à la France.

    Un nouvel appel au secours a été lancé au gouvernement français par la famille de Nabil Hadjarab. Depuis onze ans, cet Algérien âgé de 33 ans, dont la famille vit en France, est détenu dans la prison américaine de Guantanamo, à Cuba. Alors que depuis six ans, il a été blanchi de tout soupçon de terrorisme par l’administration américaine. «Il n’a même jamais été formellement inculpé», précise Cori Crider, une de ses avocates.

    D’après un document du département de la Défense américain, datant de 2007 et révélé par Wikileaks (lire l'intégralité ci-dessous), Nabil Hadjarab est toujours considéré comme un «combattant ennemi» parti mener le jihad en Afghanistan. Le commandement militaire recommande cependant que «ce détenu soit libéré» car il ne représenterait qu’une menace «moyenne». Pour Sylvain Cormier, un autre des avocats de Nabil Hadjarab, cet argument ne tient pas. «S’ils avaient contre lui le quart de ce qu’ils lui reprochent dans ce rapport, ils seraient déjà allés au procès. L’argument de la menace moyenne n’est pas recevable.»

     

    Pour quitter Guantanamo, Hadjarab doit trouver avant un pays prêt à l’accueillir. Depuis 2007, Ahmed Hadjarab, son oncle qui réside dans le Haut-Rhin, sollicite en vain l’Etat français. Le ministère des Affaires étrangères, tout comme l'Intérieur, sont jusqu'à présent restés muets. Nicolas Sarkozy, François Baroin, Bernard Kouchner... seize courriers au total ont été envoyés aux ministres successifs. «Nous avons signé jeudi dernier un nouveau recours adressé à Manuel Valls dans lequel on lui demande de permettre à Nabil de revenir en France. Pour nous, une absence de réponse dans les deux mois équivaudrait à une réponse négative», indique Joseph Breham, troisième avocat de Nabil Hadjarab. «On espère que ce gouvernement, qui est plus attaché aux Droits de l’homme que le précédent, sera davantage à l'écoute des droits de Nabil qu'à la sécurité», ajoute Sylvain Cormier. Trois critères doivent être rassemblés par une personne pour pouvoir être accueillie par la France: une non-dangerosité, une volonté de venir dans le pays et des liens forts avec lui. Selon Cori Crider, «Nabil répond totalement à ses trois critères». Contacté par Libération, le ministère de l’Intérieur n’a pour l’instant pas souhaité faire de commentaires sur l’affaire Nabil Hadjarab.

    Ballotté entre la France et l'Algérie

    Le jeune homme est né en Algérie. Mais alors qu’il a 5 ans, son père divorce et décide de le placer dans une famille d’accueil à Lyon. Sa mère, de son côté, repart vivre avec ses parents, et ne cherchera plus jamais à avoir de nouvelles de son fils. Nabil Hadjarab reste en France jusqu'à l'âge de 9 ans, puis son père se remarie et le fait venir vivre avec lui en Algérie. Mais à peine deux ans plus tard, il meurt d’un cancer. Nabil n’a alors plus aucun proche en Algérie. Ahmed Hadjarab décide de s’occuper de son neveu à distance. Pendant des années, le jeune garçon sera ballotté de famille en famille. «Je venais environ une fois par an en Algérie, et je le confiais à des cousins, ou à d’autres connaissances. Ils ne pouvaient généralement pas le garder plus d’un an. Je payais tout pour lui: le loyer, la nourriture...», explique son oncle. Cela dure jusqu'à ses 20 ans.

    Nabil Hadjarab décide, à ce moment, de revenir en France, avec une volonté tenace: devenir un citoyen français. Mais il échoue, et traverse la Manche. Toujours avec cette envie de s'éloigner le plus possible de l’Algérie, pays qui symbolise pour lui souffrance et solitude. Une fois en Angleterre, il téléphone toutes les semaines à son oncle. Lui parle des différents emplois qu’il exerce: plongeur dans un restaurant, DJ..., et de son logement, une mosquée.

    «Neuf mois sans nouvelles»

    Ensuite, pour ses proches, c’est le trou noir. «J’ai passé neuf mois sans nouvelles. J’ai lancé un avis de recherche au consulat algérien de Londres. Des gars de la DST sont venus un jour me voir pour me dire que Nabil était détenu à Guantanamo», indique Ahmed Hadjarab. Il aurait vécu un moment en Afghanistan avant d'être «vendu aux Américains qui offraient alors des primes de 5 000 dollars pour la capture d’hommes arabes», affirme Cori Crider.

    Le document divulgué par Wikileaks livre plusieurs détails sur la vie que Hadjarab aurait menée durant cette période. Selon le texte, il a rencontré en Angleterre Abu Jafar Al-Jazairi, alors principal coordinateur de la logistique d’Al-Qaeda, mort en janvier 2002 lors d’une opération américaine. La mosquée dans laquelle Hadjarab réside serait celle de Finsbury Park, réputée être un des centres de l’islamisme radical de Londres. Selon les services américains, Abu Jafar Al-Jazairi «finance à Nabil Hadjarab un voyage en Afghanistan afin qu’il puisse étudier le Coran et vivre dans un vrai pays musulman». Passé par le Pakistan, Hadjarab «habite pendant huit mois à Jalalabad, dans la maison d’hôtes de Zachariah al-Jazaieri», également membre d’Al-Qaeda. En novembre 2001, il aurait rejoint un groupe international de 65 combattants d’Al-Qaeda, à Tora-Bora, en Afghanistan. Il y est arrêté, avec ses autres compagnons, un mois plus tard.

    «Dans cette situation, on peut tout reconnaître»

    Sylvain Cormier affirme que Hadjarab nie totalement le récit qui a été retranscrit dans le document du département de la Défense. «Ce qu’il a reconnu peut faire partie de ce qui a été dit sous la torture. Dans cette situation, on peut tout reconnaître.» L’avocat ignore en revanche les raisons de la présence de Hadjarab en Afghanistan. «Je n’ai jamais été autorisé à lui parler. Même les courriers que je lui envoie ne lui parviennent pas. Je sais simplement ce que m’ont dit ses défenseurs américains qui, eux, ont pu le rencontrer: il n’a fait partie d’aucun groupe touchant de près ou de loin au jihad.»

    En février 2002, Nabil Hadjarab est transféré à Guantanamo. Onze ans plus tard, la situation n’a pas bougé pour lui. Si ce n’est que plus aucune charge ne pèse contre lui. Ses avocats s’appuient sur deux cas précédents pour justifier la demande d’accueil qu’ils lancent à la France. En 2009, deux Algériens ont été libérés de Guantanamo et recueillis par la France après respectivement sept et huit ans passés dans la base américaine. Pour Hadjarab, il est hors de question de retourner en Algérie. D’autant que les premiers ex-détenus de Guantanamo renvoyés en Algérie ont immédiatement été incarcérés.

    Actuellement, 166 personnes sont encore emprisonnées à Guantanamo, dont 86 sont libérables.


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