• Les femmes saoudiennes bravent le pouvoir en prenant le volant

    Publié le 17-06-11 à 13:46    Modifié à 22:28     21 réactions

    La campagne "Women2drive" réclame le droit pour les citoyennes saoudiennes de conduire.

    Une femme saoudienne entre dans un taxi, à Ryad (c) Afp Une femme saoudienne entre dans un taxi, à Ryad (c) Afp

    Des militantes saoudiennes prennent le volant ce vendredi 17 juin. A l'appel du mouvement "Women2drive", elles ont décidé de braver l'interdiction qui leur est faite de conduire, au risque de se faire arrêter.

    En début de matinée de cette journée de repos où les rues sont habituellement tranquilles, on ne signalait pas beaucoup de mobilisation. Mais quelques vidéos commencent à circuler sur les réseaux sociaux.

    Cette campagne, lancée depuis deux mois sur les réseaux sociaux, demande aux femmes d'agir individuellement, et ne prévoit pas spécialement de lieu de manifestation ou de rassemblement. Une chaîne Youtube a été créée pour encourager les conducteurs du monde entier à poster des vidéos de soutien aux conductrices saoudiennes. 

    Elle intervient alors que l'icône de la campagne, Manal al-Charif, une jeune informaticienne détenue pendant deux semaines pour avoir bravé l'interdiction de conduire et avoir posté sur Youtube une vidéo la montrant au volant a été libérée le 30 mai.

    Cette démarche doit se poursuivre "jusqu'à la publication d'un décret royal autorisant les femmes à conduire", selon les organisateurs, appuyés par Amnesty international. L'ONG a en effet demandé la levée de cette interdiction, l'Arabie saoudite étant le seul pays au monde qui ne tolère pas de voir des femmes conduire.

    "Les autorités doivent arrêter de traiter les femmes comme des citoyens de seconde zone et ouvrir les routes du royaume aux femmes conductrices", a affirmé l'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty International dans un communiqué.

    Les militantes du mouvement "Woman2drive" évoque également le danger que comporte pour elles le fait de devoir dépendre d'un homme pour être conduite. Elles dénoncent en effet des agressions, notamment par des chauffeurs de taxi.

    Danger

    Question danger, la mobilisation n'est pas sans risque non plus pour ces conductrices dont la plupart possède un permis international obtenu à l'étranger.

    Des menaces ont été proférées à leur encontre. Une campagne a même été lancée pour inciter les hommes à "frapper" les Saoudiennes qui oseraient braver l'interdiction de conduire.

    La "campagne du Iqal"- du nom du cordon dur qui retient le couvre-chef dans l'habit traditionnel des hommes- appelant à frapper les femmes qui oseront conduire, a rassemblé des milliers de Saoudiens sur une page de Facebook.

    Selon les premiers témoignages sur Twitter, certaines conductrices se sont fait accompagner, en convoi, comme Azizza qui, selon ce tweet, s'est fait suivre par trois voitures qui "s'assuraient que personne l'attaque".


    Et en ce vendredi, chacun peut également soutenir le mouvement sur twitter en #FF #women2drive.

    Céline Lussato – Le Nouvel Observateur  SAOUDIENNES


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  • Culture 16/06/2011 à 00h00 (mise à jour à 16h05)

    Trois hommes dans un fauteuil

     

    François Weyergans entre aujourd’hui à l’Académie française. Il occupera le siège 32, hanté par les spectres de Maurice Rheims et d’Alain Robbe-Grillet. Epilogue d’une succession tumultueuse.

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    Par EDOUARD LAUNET

    L'écrivain François Weyergans portant l'habit vert de l'académicien le 16 juin 2011 à Paris.

    L'écrivain François Weyergans portant l'habit vert de l'académicien le 16 juin 2011 à Paris. (© AFP Miguel Medina)

     

    Cet après-midi, l’écrivain François Weyergans sera reçu sous la haute Coupole du quai de Conti et posera son maigre séant sur le fauteuil 32 de l’Académie française. Ceci n’a pas en soi une importance considérable. Notez tout de même que ce fauteuil 32 se trouve être celui dans lequel Alain Robbe-Grillet, le «pape du Nouveau Roman», n’a jamais daigné venir s’asseoir jusqu’à sa mort en 2008. Cela rend la chose un peu plus originale. C’est un siège très vacant dont le dernier occupant, le commissaire-priseur Maurice Rheims disparu en 2003, attend toujours qu’on vienne lui rendre hommage, et avec lui sa famille, qui trépigne. Là, l’histoire devient tout à fait cocasse.

    Mais commençons par le règlement : tout nouvel académicien est reçu solennellement sous la Coupole quelques mois après son élection, cérémonie lors de laquelle l’intéressé doit prononcer l’éloge de son prédécesseur. C’est un exercice épouvantable, autant pour celui qui écrit que pour ceux qui écoutent. Alfred de Vigny, qui occupa lui aussi le fauteuil 32, dut rendre hommage à un certain Charles-Guillaume Etienne, homme dont la principale qualité fut d’être élu deux fois à l’Académie (proscrit par le nouveau régime, il fut exclu en 1816 puis réélu treize ans plus tard). Le poète romantique débita une louange kilométrique ourlée de phrases insensées : «Distrait comme La Fontaine, Charles-Guillaume Etienne avait comme lui cette grâce de narration et de dialogue qui se plaît à jeter des voiles transparents sur les folies passionnées de la première jeunesse.»

    Rendre hommage à Maurice Rheims sera plus simple. Quoique. Le commissaire-priseur a eu une vie assez agitée, peuplée d’aventures et de bibelots. Pour en rendre compte, son successeur Alain Robbe-Grillet avait rencontré plusieurs fois Nathalie Rheims, une des filles de l’ancien académicien. Ce sont des choses qui se font. Le problème, c’est que le «pape»n’avait pas une folle envie d’aller faire le pitre en habit vert sous la Coupole, même une seule fois.

    Venir en smoking

    Auprès d’Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuelle de l’institution, il avait multiplié les exigences. Ne pas porter d’épée. Hélène Carrère d’Encausse accepta. Pas de costume vert. Le perpétuel consentit. Venir en smoking. Cette fois, Hélène Carrère d’Encausse réalisa que ça sentait vraiment le roussi. Puis, il fut question d’une cérémonie purement privée, mais filmée par des caméras de télévision, lors de laquelle Alain Robbe-Grillet prononcerait un discours élogieux entièrement improvisé. Là, ça n’allait plus du tout. Ne serait-ce que parce que le discours de tout nouvel élu doit être remis à l’Académie une semaine avant sa réception, ce qui n’est guère compatible avec une improvisation. Bref, d’éloge de Maurice Rheims il n’y eut pas. Alain Robbe-Grillet resta chez lui, narguant la compagnie depuis son bel appartement de Neuilly et désespérant son parrain à l’Académie, l’ancien président du Louvre, Pierre Rosenberg. Ce dernier avait déjà préparé son discours pour la réception de son filleul. Car une autre règle veut qu’un académicien fasse une «réponse» au discours du nouvel arrivé. Pierre Rosenberg était plutôt content de son texte, qu’il n’eut donc jamais l’occasion de prononcer mais qu’il finit par donner à la revue de Bernard-Henri Lévy, la Règle du jeu. Maurice Rheims, lui, demeura tricard.

    Alain Robbe-Grillet enterré, il fallut lui trouver un remplaçant. On fit savoir à François Weyergans qu’il pourrait faire l’affaire. Weyergans fut longtemps un auteur discret à l’œuvre rare. Il est né à Etterbeek, dans les faubourgs de Bruxelles, une qualité qu’il partage avec André Franquin, géniteur de Modeste et Pompon, et Lara Fabian, nuisance sonore. Après avoir suivi les cours de l’Institut des hautes études cinématographiques (Idhec), ancêtre de la Femis, Weyergans fut cinéaste, auteur de courts métrages documentaires et de longs métrages de fiction jamais sortis en salle (Maladie mortelle, Couleur chair). Puis, il se consacra à l’écriture avec un remarquable dilettantisme. Sa notoriété d’écrivain fit un immense bond en 2005 lorsque, contre toute attente, l’académie Goncourt lui décerna son prix pour Trois jours chez ma mère. Un roman promis de longue date à son éditeur Grasset, toujours repoussé et finalement rendu juste à temps pour empêcher Michel Houellebecq et sa Possibilité d’une île d’empocher le prix, qui leur semblait pourtant promis. Weyergans s’était trouvé au bon endroit et, pour une fois, au bon moment. Pourquoi un type aussi verni n’irait-il pas tenter sa chance à l’Académie française ? La suggestion lui en fut faite par son ami Claude Berri, cinéaste, collectionneur et à l’époque compagnon de Nathalie Rheims, fille de.

    Activer les réseaux

    Un soutien logistique se met en place autour du candidat, et débute alors l’un des épisodes les plus bouffons de la littérature contemporaine. Weyergans s’installe chez une autre connaissance, l’animateur Jean-Luc Delarue, dont l’hôtel particulier est sur les quais à deux pas de l’Institut de France, maison mère des académies. Personnage attachant, Weyergans a beaucoup d’amis et joue volontiers les coucous. Quant à Delarue, il s’est soudain découvert un vif appétit pour les lettres et une vocation de faiseur de rois. Nourri, logé, l’auteur de Trois jours chez ma mère se lance début 2009 dans une campagne éclair, écrivant des lettres flagorneuses à chacun des académiciens. A Claude Lévi-Strauss, par exemple, il raconte comment Mick Jagger lui avait parlé de lui pendant toute une nuit à Londres dans les années 70. Les petits réseaux parisiens s’activent et Weyergans est élu à 68 ans, dès sa première candidature, obtenant la majorité (12 voix sur 24) au troisième tour de scrutin. Nathalie Rheims allait enfin pouvoir entendre l’éloge de son père quai de Conti.

    Mauvaise pioche hélas : Weyergans va se montrer aussi peu pressé de rendre hommage à papa que Robbe-Grillet avant lui. Il y aura d’abord de grandes fêtes chez Jean-Luc Delarue, où l’on croisera aussi bien Valéry Giscard d’Estaing que Laurence Ferrari paraît-il. Des dates sont fixées pour la réception sous la Coupole, puis annulées. En novembre 2009, le magazine Gala photographie l’écrivain chez Hermès en pleines séances d’essayage de son nouvel habit. Puis plus rien.

    Les mois passent, deux années passent, et Hélène Carrère d’Encausse, arbitre des élégances, finit par taper du poing sur le velours vert. La réception avec habit, épée et tout le saint-frusquin, ce sera avant la fin juin 2011, ou ce ne sera jamais, menace-t-elle.

    Fictionner l’éloge

    Nous sommes au début de l’année 2011. Cela fait bientôt huit ans que Maurice Rheims repose sous une dalle de marbre gris au cimetière du Montparnasse, entre Paul Féval et Guy de Maupassant, sans que personne ne se soit donné la peine de retracer les grandes étapes de sa vie : le parachutiste, l’autodidacte, l’historien d’art, l’amant, l’expert, l’académicien, le Vénitien, etc. Mais Weyergans est sur le point de s’y coller enfin. Nathalie Rheims s’en réjouit jusqu’au moment où elle entend dire que le prix Goncourt 2005, dans son discours, va faire de son père un «personnage de fiction». «Ça m’a rendu dingue», confie Nathalie. Weyergans n’a jamais rencontré Rheims. Il ne s’est pas donné la peine de rencontrer sa fille. Et maintenant il veut fictionner, faire de son père un personnage désincarné. Alors Nathalie Rheims décide d’écrire elle-même son hommage, qui vient - très opportunément - de paraître sous le titre le Fantôme du fauteuil 32 aux éditions Léo Scheer. Un livre singulier qui mêle dans un même élan témoignage sur le père, ésotérisme et rouletabilleries. C’est aussi un roman à clés où, sous divers pseudonymes, apparaissent de manière transparente, et rarement à leur avantage, des personnalités aussi diverses que Michel Mohrt, Michel Houellebecq, Erik Orsenna, Alain Robbe-Grillet, le bibliophile Jean-Claude Vrain, l’éditeur Claude Durand, Jean-Luc Delarue, Pierre Rosenberg, la famille Rothschild, les Carrère mère et fils et bien sûr François Weyergans, dépeint sous les traits d’un écrivain «brillant, irrésistible» mais dont la mythomanie était devenue «une sorte de constipation littéraire».

    Nathalie Rheims, comédienne puis chanteuse (sous le nom d’Alix) puis productrice puis romancière, a une vaste imagination, une langue de sorcière et une certaine connaissance du milieu littéraire. Avant de rencontrer Claude Berri, elle a été mariée une dizaine d’années avec l’éditeur Léo Scheer, lequel se trouve avoir exhumé et publié le tout premier roman de Weyergans, Salomé, au moment même où Grasset publiait Trois jours chez ma mère. C’est dire si Paris est un petit écosystème.

    Cet après-midi, sous la Coupole, c’est Erik Orsenna qui fera le discours de réception de Weyergans. Selon la coutume, Orsenna est déjà allé à l’Elysée présenter le nouvel académicien au président de la République, «protecteur de l’Académie». C’était le lundi 6 juin, le jour même où Nicolas Sarkozy recevait des mains du professeur Gérard Aubry un rapport sur le développement des soins palliatifs en France. C’était vraiment la journée des seniors.

    «Véritable fraternité»

    Depuis la Bretagne, où son bateau piaffait de partir vers les îles, Orsenna a bien voulu nous confier que son discours serait amusant («je me suis tordu de rire en l’écrivant»), et que celui de Weyergans le serait aussi. Mais ce sera sans doute assez différent de ce que l’on entend habituellement sur la fréquence de Rire et Chansons. L’auteur de l’Exposition coloniale avoue qu’il ne connaissait pas les livres de Weyergans lorsque Hélène Carrère d’Encausse lui a demandé de s’occuper de sa réception mais que, depuis, il a lu toute l’œuvre (c’est assez vite fait) et que, désormais, il ressent une «véritable fraternité» avec le nouvel élu. Le club académique n’est pas si vaste qu’on puisse s’y faire des ennemis.

    Même s’il n’y est pas tenu, Weyergans dira évidemment quelques mots de Robbe-Grillet. En pénétrant à 15 heures dans le temple des vanités, le nouveau membre de la compagnie sera dans la peau du narrateur de l’Année dernière à Marienbad, s’avançant seul le long de ces mêmes couloirs, à travers ces mêmes salles désertes, longeant les mêmes colonnades, ces mêmes galeries sans fenêtre, choisissant son chemin comme au hasard parmi le dédale des itinéraires semblables, arrivant enfin sous la Coupole où voletteront les fantômes d’Alain Robbe-Grillet et de Maurice Rheims, escadrille insolite et farceuse.


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  • L'économie mondiale risque le déraillement, selon le FMI 

    Par Jean-Pierre Robin
    17/06/2011 | Mise à jour : 21:55
    Olivier Blanchard, économiste en chef du FMI.
    STEPHEN JAFFE/AFPOlivier Blanchard, économiste en chef du FMI. Crédits photo :

    Le Fonds monétaire international exhorte l'Europe et les États-Unis à consolider leurs finances publiques. La croissance devrait toutefois atteindre 4,3 % dans le monde en 2011. 

    Le syndrome Lehman est dans toutes les têtes. La crise de la dette publique en Grèce et dans certains autres pays de la zone euro pourrait faire «dérailler la reprise économique en Europe et peut-être dans le monde», a déclaré vendredi à Sao Paulo (Brésil) Olivier Blanchard. L'économiste en chef du FMI garde manifestement en mémoire la faillite de la banque d'affaires Lehman Brothers et l'effet de stupeur qui s'en était suivi. Quelques semaines plus tard, le commerce international plongeait de plus de 15 % et l'économie mondiale entrait en récession.

    Présentant une nouvelle mouture de ses prévisions, cette fois en légère baisse par rapport à avril dernier (la croissance mondiale est ramenée de 4,4 % à 4,3 % pour 2011), le FMI s'inquiète du risque de «défauts déstabilisateurs» sur les dettes souveraines. Le scénario redouté est ainsi décrit : «Dans l'éventualité d'un événement de marché grave, un choc pourrait se réverbérer au-delà de la zone euro par le jeu à la fois de l'exposition transfrontalière (des banques à la dette de ces pays) et d'un recul généralisé de l'appétit au risque.»

    Surchauffe des émergents 

    Longtemps partagé sur la conduite plus ou moins expansionniste des politiques économiques jugées souhaitables par les gouvernements, le FMI délivre désormais un message univoque : «Les responsables politiques doivent s'efforcer de faire des progrès rapides dans la consolidation du système financier.» Il en profite pour demander au Congrès américain de relever «immédiatement» le plafond de la dette de l'État fédéral, actuellement l'objet de désaccords profonds entre les parlementaires républicains et démocrates.

    Le FMI estime que le Japon subira un recul de 0,7 % de son PIB cette année, à la suite du séisme qui a frappé l'Archipel le 11 mars dernier, mais son économie devrait rebondir de 2,9 % en 2012. Les experts internationaux prennent acte du ralentissement de l'économie américaine depuis le début de l'année qu'ils jugent «plus important que prévu». Ce qui amène le Fonds à rabaisser de 0,2 à 0,3 point les chiffres de croissance des États-Unis pour 2011 (2,5 %) et 2012 (2,7 %). «À l'inverse, la croissance a surpris par sa vigueur dans la zone euro, tirée par des investissements plus généreux en Allemagne et en France», note-t-il. Pour la deuxième année consécutive, l'économie allemande augmentera à un rythme supérieur à 3 % en 2011, alors que sa voisine française progressera de 2 % cette année et de 1,9 % l'an prochain.

    Les pays émergents, dont l'expansion annuelle dépassera les 6 % en 2011 et 2012, sont confrontés à une problématique de «surchauffe». Sans désigner aucun pays nommément, Olivier Blanchard considère que «l'inflation augmente au-delà de la hausse des matières premières et des prix alimentaires».

    D'où la recommandation qui leur est faite de durcir leur politique monétaire : «Plus les taux demeureront bas longtemps, plus grands seront les risques d'un atterrissage en catastrophe.»

     

     


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  • Biens de Ben Ali et Moubarak : deux informations judiciaires ouvertes pour blanchiment

    PARIS — Le parquet de Paris a ouvert deux informations judiciaires contre X pour blanchiment, l'une visant l'ex-président tunisien Ben Ali, l'autre l'ex-président égyptien Hosni Moubarak afin d'identifier et geler leurs biens en France.

    Les deux informations judiciaires ont été ouvertes le 14 juin quelques jours après le dépôt d'une nouvelle plainte à l'encontre du président tunisien déchu, par deux organisations non gouvernementales (ONG), Sherpa et Transparence International France.

    Sherpa, Transparency International et la Commission arabe des droits humains avaient déjà porté plainte le 19 janvier contre Zine El Abidine Ben Ali et son entourage, quelques jours après sa fuite en Arabie Saoudite.

    Quelques jours plus tard, le président de la République Nicolas Sarkozy avait assuré, lors d'une conférence de presse, que la France s'attachait "à la recherche systématique des richesses pillées qui doivent être rendues au peuple tunisien".

    Le parquet avait ouvert une enquête préliminaire le jour même pour recenser et identifier l'origine des biens détenus en France par l'ancien président tunisien. Elle a été confiée à l'Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF) et à la cellule antiblanchiment du ministère de l'Economie, Tracfin.

    Après une plainte similaire déposée par Sherpa et une association égyptienne contre l'ex-chef de l'Etat Hosni Moubarak et son entourage, le parquet avait également ordonné une enquête pour recel de détournement de fonds publics.

    Une troisième enquête a été par ailleurs été ordonnée visant le leader libyen Mouammar Kadhafi.

    Les ONG disposent de peu d'informations sur le patrimoine de M. Moubarak en France, contrairement à celui de l'ex-dirigeant tunisien Zine El Abidine Ben Ali dont la fortune et celle de son entourage est évaluée à cinq milliards de dollars par les ONG. La famille possèderait plusieurs hôtels particuliers et des appartements à Paris, un chalet à Courchevel et une ou deux villas sur la Côte d'Azur.

    Douze comptes appartenant à quatre proches du président tunisien déchu ont déjà été saisis en France pour un montant de 12 millions d'euros.

    Le 1er février, la justice française a par ailleurs saisi à l'aéroport du Bourget un avion privé appartenant à la famille Mabrouk, dont un des membres est un gendre de Ben Ali.

    Le président de Sherpa, également avocat de Transparence France, Me William Bourdon s'est dit "satisfait" de l'ouverture de ces informations judiciaires. "Il est temps que nous ayons accès à l'enquête dont le caractère secret n'est plus adapté aux enjeux", a-t-il déclaré à l'AFP.

    Selon lui "un juge d'instruction est plus adapté et cela est plus cohérent avec le caractère international des infractions". En outre "cela nous permettra de nous opposer aux tentatives de mainlevées des saisines des biens qui vont se multiplier".

    Me Bourdon estime que "les avoirs bancaires et immobiliers" des deux présidents déchus ont désormais "été identifiés". "Nous attendons leur saisie pour garantir leur restitution aux peuples tunisien et égyptien".


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  • Maroc : la nouvelle Constitution va réduire les pouvoirs du souverain

    LEMONDE.FR | 17.06.11 | 19h16  •  Mis à jour le 17.06.11 | 23h04

     

    Le roi Mohamed VI, entouré de son fils Moulay El-Hassan (à gauche) et de son frère Moulay Rachid, va présenter le projet de réforme constitutionnelle au peuple marocain.

    Le roi Mohamed VI, entouré de son fils Moulay El-Hassan (à gauche) et de son frère Moulay Rachid, va présenter le projet de réforme constitutionnelle au peuple marocain.AP

    Le roi du Maroc Mohammed VI a présenté, vendredi 17 juin, lors d'une adresse à la nation, une réforme constitutionnelle très attendue. Le nouveau texte prévoit notamment de réduire certains des pouvoirs politiques et religieux du souverain, ainsi qu'un renforcement des pouvoirs du premier ministre. Le projet de réforme sera soumis à référendum le 1er juillet.


    De nouveaux pouvoirs pour le premier ministre:

    Le nouveau projet de réforme propose notamment un renforcement des pouvoirs du premier ministre, qui deviendra "le président du gouvernement", désormais désigné au sein du parti arrivé en tête d'élections législatives. La politique générale du pays sera, elle, débattue au sein du conseil du gouvernement, qui se tiendra chaque vendredi sans la présence du roi. Jusque-là, seul le conseil des ministres, présidé par le roi, pouvait décider de cette politique.

    le premier ministre pourra également dissoudre le Parlement, un pouvoir uniquement réservé au souverain dans la Constitution actuelle, et son pouvoir de nomination est accru (fonctions civiles, entreprises publiques, administrations publiques, etc.).

    "La nouvelle Constitution s'annonce extrêmement libérale et démocratique", estime Jean-Noël Ferrié, politologue spécialiste du monde arabe et directeur de recherche au CNRS. Libérale, parce qu'elle devrait comporter de nouveaux droits et créer une Cour constitutionnelle. L'égalité entre hommes et femmes devrait être constitutionnalisée et "la Constitution devrait reconnaître, indirectement, la liberté de conscience", par le biais de références à des conventions et traités internationaux.

    Les Marocains pourraient également avoir la possibilité de saisir la Cour constitutionnelle nouvellement créée et ainsi faire progresser leurs droits. Selon Jean-Noël Ferrié, les organisations féministes pourront l'utiliser pour attaquer certaines lois inégalitaires, comme celle qui s'applique en matière d'héritage. Le politologue évoque également la possibilité d'un référendum d'initiative populaire.

    Une réforme de la justice.

    Du côté de la justice, le Conseil supérieur de la magistrature ne sera plus présidé par le ministre de la justice, qui y représentait le roi. "C'est un des moyens par lesquels s'opérerait l'indépendance de la justice", explique Jean-Noël Ferrié. Une indépendance confirmée par les informations obtenues par l'AFP. L'article 107 prévoit que le roi en soit le garant.

    Des limites au champ d'intervention du roi comme "commandeur des croyants" vont être posées. Contrairement à son prédécesseur, Mohammed VI n'a jamais fait un usage politique de ce titre. La Constitution devrait acter cette pratique en le réservant explicitement aux seules questions religieuses. "Elle fera bien la différence entre le roi en tant que chef d'Etat, et le roi comme chef religieux", résume Jean-Noël Ferrié. Enfin, le berbère deviendra la deuxième langue officielle du pays, au même titre que l'arabe.

    Après l'annonce du roi, un référendum viendra clore le processus en juillet. Pour Jean-Noël Ferrié, ce sera "le véritable test" pour la nouvelle Constitution. "S'il y a une participation aux alentours de 60 %, cela voudra dire que la population soutient fortement la Constitution", estime-t-il. Pour le politologue, il s'agit d'un compromis raisonnable, entre l'ancienne Constitution et les monarchies constitutionnelles européennes : "Nous ne sommes pas dans une situation où le monarque est dénué de pouvoir comme en Espagne ou au Royaume-Uni, mais dans une situation où le roi détient des pouvoirs d'arbitrage."

    Pour en savoir plus sur la contestation au Maroc depuis le mois de février :

    >> Lire notre article sur les répliques des manifestations du 20 février : Au Maroc, le "tsunami" du 20 février réplique

    >> Lire notre décryptage du discours du roi : Mohamed VI offre au Maroc "une révolution tranquille"

    LeMonde.fr


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