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    Bugarach avant la fin du monde

    Ici on les appelle les "zozotériques". Attirés comme des aimants par les croyances qui gravitent autour de ce petit village de l'Aude, ils amusent sans inquiéter vraiment. Mais avec l'apocalypse annoncée du 21 décembre 2012, même le maire commence à craindre une affluence record. Par Eric Collier

     

    IL ÉTAIT UNE FOIS DANS LE SUD. Un petit village de l'Aude niché à l'abri d'une montagne, le pic de Bugarach. Un château à la fois en ruine et en réfection, une atmosphère paisible, de beaux sentiers de randonnées qui attirent les touristes. "On vient de toute l'Europe pour photographier nos orchidées et nos vautours fauves", souligne fièrement Jean-Pierre Delord, le maire de Bugarach. Ne serait-ce une petite bizarrerie, le fronton de la mairie n'arbore pas la devise de la République, voilà ce qu'on pourrait appeler un village "sans histoires". Sauf que non. C'est tout le contraire. Bugarach et sa "montagne magique" regorgent d'histoires – ou de légendes, c'est selon.

    C'est d'ailleurs une spécialité dans cette Haute Vallée de l'Aude. Des communes voisines, Rennes-le-Château, Rennes-les-Bains ou Alet, connaissent une renommée mondiale et accueillent depuis longtemps des chasseurs de mythes fabuleux, qui viennent là sur les traces du trésor des Templiers ou de celui des Cathares, de Jérusalem ou du roi des Wisigoths, ou même des tombeaux de Jésus et de Marie-Madeleine. Vieilles lunes. A Bugarach, on regarde plutôt vers l'avenir. On scrute l'avènement de l'apocalypse, la prochaine, programmée le 21 décembre 2012 selon l'interprétation récente d'un calendrier maya. La fin du monde, qui verra des Extraterrestres cachés dans les plis de la montagne, prêts à secourir des humains méritants et élus, et donc sauvés du désastre annoncé.

    Gentilles galéjades mystiques pour les uns, fermes croyances pour d'autres. Et entre les deux, tout un peuple qui aimerait s'en amuser, juste s'en amuser, sans s'y résoudre tout à fait. Ceux qu'une habitante du coin surnomme les "zozotériques", et qu'on appelle aussi, dans le coin, les "pélutes" (chevelus), les "Indiens" ou même les "hippies RSA". Ils sont nombreux dans cette région du Razès, où on les a longtemps considérés, plus simplement, comme des "néoruraux", ou des " arrivés ". Stéphanie Baclin, 36 ans, s'est établie à Rennes-les-Bains voilà quelques années, " enécoutant [son] instinct".

    Dans sa maison en surplomb de la rivière Sals et de ses sources d'eau chaude, elle se "sent loin de tout ça", de l'apocalypse annoncée. Pourtant, elle accepterait volontiers la promesse d'un passage à autre chose, de "la fin d'une illusion". Philippe Margarita, 54 ans, se montre moins circonspect : "Je ne dis pas que j'y crois, mais c'est intéressant, j'écoute", explique ce musicien sans emploi installé à Fa. "S'ils trouvent quelque chose sur la montagne, tant mieux pour eux", avance prudemment son copain Alain Didier, 63 ans, adjoint au maire de Saint-Jean-de-Paracol, animateur pour enfants et "branché sur les techniques parallèles de médecine ou d'astrologie, comme tout le monde ici".

    PHILIPPE MARGARITA A RANDONNÉ "une seule fois" jusqu'au sommet du pic de Bugarach, pour "faire une médit'". "Ça te recharge, ça te ressource." En 1987, il avait été, dit-il, "catapulté ici depuis le fin fond de l'Espagne", où il jouait de la musique de rue avant d'être "expulsé" du pays. Il a ressenti "des sensations, du feeling", "direct en arrivant ici", "sur ce point d'acupuncture de la Terre". Il a fréquenté les chasseurs de trésors de Rennes-le-Château – "ça vibre fort " –, côtoyé un moment un mouvement hippie, le Rainbow, puis "trippé avec des copains qui vivaient dans des tipis avec des chevaux". Et il a "fini par comprendre que le trésor, ici, c'est la terre, les sources d'eau chaude". Pas de trésor matériel, donc, mais des Extraterrestres ? "Tu vas te marrer, mais un jour, j'ai vu une soucoupe volante, une lentille, un petit point lumineux avec comme une boule de lumière autour." Alain Didier évoque lui aussi un souvenir assez précis, quoique vieux d'une trentaine d'années : "On était en train de bricoler avec un pote, quand on a vu un truc d'un vert très lumineux survoler à grande vitesse la ligne de crête."

    Les histoires de fin du monde à la fin 2012, bien sûr, ça les fait "bien rigoler". Mais tout de même. Philippe Margarita s'est intéressé aux Mayas, il a "vachement étudié la question". Sa conclusion : "Ils n'ont jamais parlé de la fin du monde, mais de la fin d'un grand cycle. L'idée, c'est plutôt de repartir de zéro." Nouveau départ, nouvelle vie, voilà des thèmes omniprésents dans la région du Razès. Alain Didier a fui la région parisienne et "le piston" (il désigne les veines au creux de son bras), après 1968, pour essayer de "vivre autrement, rompre avec le modèle courant". Stéphanie Baclin a fait de même, trente ans plus tard, pour s'éloigner de "la machine industrielle, qu'[elle] ne pouvait plus accepter".

    <figure> Jean-Pierre Delord, le maire de Bugarach, a-t-il voulu se lancer dans la promotion de sa commune qui l'a débordé par son ampleur ? </figure>

    Jean-Pierre Delord, le maire de Bugarach, appartient lui aussi à la catégorie des "arrivés". Il a quitté Paris dans les années 1970, pour "changer de vie", mais aussi "pour le pic", fameuse barre rocheuse qui a toujours nourri de nombreuses légendes locales. Pour résumer – si c'est possible –, la "montagne sacrée" des Corbières dégagerait un magnétisme étonnant, générant quelques curiosités. Par exemple, de légers malaises chez certains visiteurs. Ou alors l'emballement saugrenu des appareils de guidage des avions qui ont l'audace de le survoler – une croyance largement répandue sur place prétend d'ailleurs, à tort, que son survol est interdit. Et donc, nouvelle déjà assez ancienne, le pic de Bug abriterait parfois des Extraterrestres. Une preuve ? Ces nuages aux formes suggestives parfois accrochés en son sommet attesteraient de leurs allées et venues. "Voici une trentaine d'années, un habitant du village m'avait demandé d'enregistrer le bruit émis par les moteurs d'engins spatiaux situés sous le pic, racontait récemment un ancien journaliste local, André Galaup, lors d'une conférence organisée à Limoux et chroniquée par le quotidien régional, L'Indépendant. Le bruit qu'on entendait, c'était le moteur du magnéto qui ronronnait..."

    Le thème de l'apocalypse est apparu plus récemment. Le maire tendance " progressiste gauchiste" de Bugarach en a entendu parler à l'automne 2010. " Un particulier un peu particulier " du village avait alors attiré son attention sur " des sites Internet américains " colportant l'étrange nouvelle. Jusque-là, comme tous les habitants de la région, monsieur le maire avait entendu toutes sortes d'" histoires vraies ", qu'il n'avait jamais vraiment prises au sérieux. Il avait haussé les épaules lorsqu'un passant lui avait prédit, "il y a dix ans", "tu vas voir, ça va devenir comme à Lourdes ici". Il ne s'était pas davantage inquiété quand il avait fallu, voilà trois ans, "monter faire le ménage là-haut", au sommet du pic. Il en avait redescendu une Vierge noire scellée dans une cavité, qu'il conserve en sa mairie avec tout un bric-à-brac d'objets de culte, colliers, bagues, cristaux noirs et blancs, etc. "Gardons-nous de tout sectarisme ", était sa devise. "Ces gens ont le droit de faire leurs histoires, pas d'en tirer un commerce exagéré", sa limite de tolérance.

    Mais là, cette histoire d'extraterrestres sauveurs d'humains méritants. Sur sa commune et nulle part ailleurs ! En l'entendant, son esprit de dessinateur industriel a commencé à échafauder les scénarios du pire pour l'hiver 2012. Des hordes de croyants et autant de curieux déferlant sur sa commune. Des débordements désastreux, sait-on jamais. Ne pas oublier les affaires de l'Ordre du Temple solaire, rappelle-t-il. Et puis, sur un plan plus terre à terre, l'édile a fait les comptes. Il n'a dénombré qu'une centaine de lits marchands sur sa commune, alors que des tenanciers de chambres d'hôte de la commune recevaient, semble-t-il déjà des demandes d'hébergement pour la période de décembre 2012 soit avec près de deux ans d'avance. Que faire ? "Tirer la sonnette d'alarme", se dit-il alors. Prévenir les autorités. Renseigner les services de l'Etat, l'armée, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes).

    LE MAIRE A D'ABORD ÉVOQUÉ LA CHOSE LORS D'UN CONSEIL MUNICIPAL, à l'automne 2010. Puis un élu en a parlé devant un journaliste de L'Indépendant. Qui a publié, fin novembre 2010, un bel article bien vendu à la"une" et reprenant les inquiétudes du maire. Bruno Coince, le correspondant de L'Indépendant à Limoux, se souvient avoir voulu écrire "un truc marrant", à destination de lecteurs habitués aux contes et légendes de la région. Mais cette fois, la puissance d'Internet aidant, "c'est parti en flèche". Les médias régionaux. Puis "l'AFP, Reuters, le New York Times, El Mundo..., énumère le sous-préfet de Limoux, Olivier Tainturier. Un emballement médiatique autour de pas grand-chose".

    <figure> Le pic de Bugarach, la "montagne  sacrée" des Corbières, qui  dégagerait un magnétisme étonnant.  </figure>

    "Apocalypse 2012 : a French village awaits the "esoterics"", a titré le New York Times, début 2011. L'article mentionnait une aubergiste du coin, Sigrid Benard. Elle y affirmait avoir reçu "nombre d'appels de gens souhaitant réserver des chambres ou des places en caravane pour la période décembre 2012 fin janvier 2013". "Ces gens disaient qu'ils voulaient venir trois semaines avant l'apocalypse et réserver la semaine suivante pour voir ce qui allait se passer", précisait Mme Benard. Jointe au téléphone à la mi-décembre, elle n'a pas souhaité commenter ces déclarations. Un autre hôtelier du coin, dans la commune de Sougraigne, à une dizaine de kilomètres de Bugarach, a lui aussi reçu, "début 2011", deux demandes d'hébergement pour l'hiver prochain. "Un couple et un groupe de 12 personnes", assure François Dumas. Il a repoussé les demandes – son hôtel est fermé en hiver.

    Depuis, plus rien. Pas de quoi inquiéter ce Suisse de 51 ans : l'été dernier, il a vu débarquer dans le champ d'un voisin plusieurs dizaines de personnes à la recherche du trésor des Wisigoths. Tout ce beau monde est reparti au bout d'une dizaine de jours. Apparemment bredouille. Ou vraiment très discret. À un an de la date supposément fatidique, l'emballement médiatique a redoublé. Le maire Delord a reçu des envoyés spéciaux de la presse mondiale. Aurait-il voulu se lancer dans une opération de promotion de sa commune qui l'a débordé par son ampleur ?

    Dans sa sous-préfecture, M. Tainturier envisage ouvertement une telle hypothèse : "C'est lui qui a allumé la mèche en évoquant l'intervention possiblement nécessaire de l'armée en décembre 2012. Je l'ai rapidement mis en garde : à force de hurler au loup, on finit par le faire accourir." Après avoir sermonné l'élu, il a néanmoins invité les conseillers de la Miviludes à venir enquêter sur place, puis organisé, en juin, une réunion avec des élus des communes les plus exposées, des infirmières, des médecins : "On leur a rappelé qu'ils avaient un rôle de vigie à jouer. La fin du monde vaut bien qu'on s'y prenne un an à l'avance", sourit-il.

    Pour l'heure, aucun indice ne signale de mouvements suspects, promet le sous-préfet de l'Aude. Un compteur pédestre installé sur un sentier du pic de Bugarach n'a pas enregistré de hausse de la fréquentation. Dans la vallée, la gendarmerie n'a été saisie d'aucune plainte pour escroquerie ou atteinte à l'ordre public. Mais, assure M. Tainturier, "des gens qui savent ce qu'ils font, (...) qui se présentent comme des chercheurs, (...) qui organisent des stages plus ou moins à découvert", bref, des personnes "non désintéressées", font l'objet d'une surveillance. "Vigilance" est le maître-mot du sous-préfet, sur ses gardes tant "l'irrationnel échappe à la raison". "Et, ajoute-t-il, on sait que les temps de crises, financière, économique ou morale, favorisent la survenance de mouvements alternatifs, de gourous."

    Ce lien n'a pas échappé aux plus avertis des "arrivés". Joël Ruffier des Aimes, ancien membre du groupe des Négresses vertes aujourd'hui installé à Couiza (Aude), croit lui aussi déceler un lien entre le "bouillonnement" qu'il observe autour de lui et le "ras-le-bol social". "Ici, cela prend une dimension mystique", constate-t-il. Les Extraterrestres, il y croit sans y croire, "ça dépend des moments". Tout ce qu'il souhaite, c'est que l'histoire de Bugarach "finisse en farce. Que les tam-tams sortent, qu'on fasse un grand pique-nique. Oui, ça va finir comme ça, en rave party." Sa prédiction en vaut bien une autre.


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    Guillaume Canet, l'intranquille

    Un César ("Ne le dis à -personne") et 5,2 millions d'entrées plus tard ("Les Petits Mouchoirs"), Guillaume Canet n'a pas changé. Il est et restera un homme inquiet, qui continue sans relâche à se mettre en danger. Comme pour mieux tester son infaillibilité ? Par Béline Dolat
     

    DANS LE LUXE OUATÉ d'un palace parisien, Guillaume Canet reçoit la presse. A l'américaine. Combien d'interviews en une journée ? Cinq ? Dix ? Demain il sera de retour en Espagne, sur le tournage de Jappeloup, une grosse production de Christian Duguay sur le monde équestre. Un modus operandi conforme à la notoriété et à l'emploi du temps du personnage, mais pas à ce qu'il est. Aminci par des semaines d'exercice physique (pour les besoins du film, il monte à cheval 6 à 7 heures par jour), le regard cerné, l'acteur-réalisateur n'a pas exactement le profil d'un "entertainer" rodé aux tournées promotionnelles. Econome, il répond précisément aux questions et fait l'impasse sur les divertissantes anecdotes de tournage.

    Pour ce garçon paradoxalement timide, l'exercice n'est pas aisé. Il cultive à l'égard de la presse une certaine méfiance. D'abord parce que telle est sa nature, il demande à voir avant d'accorder sa confiance. Peut-être aussi parce que la critique l'a parfois chahuté. Contrairement aux apparences, la vie n'a pas été une douce et constante ascension vers le succès pour Guillaume Canet, 39 ans, qui a pris quelques mauvais coups avant d'en arriver là : il sera en février prochain président de l'Académie des Césars, cette même assemblée qui, l'an passé, a boudé ses Petits Mouchoirs.

    L'histoire commence lorsqu'il a 18 ans. Il est membre de l'équipe de France junior de sauts d'obstacles et une mauvaise chute met fin à ses rêves de compétition interna-tionale. Puis le cours Florent, les castings... deux ou trois rôles significatifs font décoller sa carrière. A la fin des années 1990, il tourne dans La Plage de Danny Boyle, une expérience et un film calamiteux dont le seul bénéfice sera une amitié durable avec son partenaire, Leonardo Di-Caprio. En 2001, après l'échec retentissant de Vidocq, le téléphone cesse de sonner et l'acteur se morfond. Il écrit le scénario de ce qui sera son premier film en tant que réalisateur, Mon idole, une fable grinçante sur les dérives de la célébrité. A chaque coup dur, ce volontariste forcené répond par le travail, refusant de lire les critiques – "J'ai le droit de ne pas être maso" – dont certaines éreintent son jeu d'acteur ou ses choix de metteur en scène. Ce sourire charmeur à qui rien ne semble résister cache en réalité un homme inquiet, en recherche, que même le succès n'a pas apaisé.

    On l'a quitté réalisateur, auréolé des 5,2 millions d'entrées pour Les Petits Mouchoirs, film populaire et quasi autobiographique qui a conquis le public, un peu moins certains critiques. On le retrouve acteur chez Cédric Kahn (L'Ennui, Roberto Succo, Les Regrets) dans Une vie meilleure (sortie le 4 janvier), aux côtés de Leïla Bekhti et du jeune Slimane Khettabi. Un film social, politique même. L'histoire d'un homme qui, par amour et pour changer de vie, s'engage dans un projet de restaurant trop lourd, se perd dans la spirale du surendettement avant de s'inventer un nouvel idéal.

    Un rôle difficile d'homme en lutte, qui lui a valu le prix d'interprétation au dernier Festival du film de Rome. Avec Une vie meilleure, Guillaume Canet s'affranchit de son image de célébrité et fait passer le message : il est avant tout un artiste, qui ne veut pas manquer son rendez-vous avec le cinéma. "Depuis longtemps, j'avais envie d'un rôle comme celui-là. Or je n'avais pas cette crédibilité en tant qu'acteur. Aucun metteur en scène ne m'envisageait pour ce type de personnage. Sans doute à cause de cette image un peu lisse de séducteur que j'ai pu renvoyer à une certaine époque", analyse-t-il. Sans doute aussi parce que, depuis le succès de Ne le dis à personne, celui des Petits Mouchoirs, son union avec Marion Cotillard – star internationale et "égérie" de Dior –, sa présence dans le classement annuel des artistes français les mieux payés, il n'apparaissait pas spontanément comme le candidat idéal pour un film d'auteur traitant, entre autres, de la précarité...

    <figure> Leïla Bekhti et Guillaume Canet dans "Une vie meilleure", sur les écrans le 4 janvier. </figure>

    POURTANT, DANS LE RÔLE DE YANN, ce jeune homme ambitieux et en colère qui cumule les prêts revolving dans l'espoir de s'extraire de sa modeste condition, il est d'une grande justesse : "Guillaume a rarement atteint une telle vérité", constate Alain Attal, fidèle parmi les fidèles, producteur de ses trois longs-métrages, à ses côtés depuis presque vingt ans. J'ai été très surpris par l'intensité de son jeu, par le don de soi. En un regard, il réussit à faire passer beaucoup de sentiments, en assumant une certaine profondeur. Et ça, c'est nouveau." Le réalisateur Cédric Kahn confirme : "J'ai senti qu'il était à la recherche d'autre chose, qu'il s'agissait d'une vraie envie et pas d'un discours d'acteur. Guillaume est quelqu'un qui peut être lumineux, son visage d'enfant et son image de type à qui tout réussi me plaisaient. Dans ce rôle, un acteur plus réaliste aurait été moins intéressant. Dès la première scène, il se fait oublier, on croit à son personnage de précaire. C'est là la marque des très bons comédiens."

    Canet forme avec Slimane Khettabi un duo poignant. Enfant imprévisible choisi par Kahn pour son authenticité, le jeune Slimane n'a pas épargné son partenaire : "Le tournage a été compliqué. Il ne connaissait jamais son texte. Tout en respectant le scénario et les dialogues, je devais l'amener à lui faire dire ce que l'on attendait de lui. Il m'a rendu chèvre, mais j'ai vécu avec Slimane de grands moments d'acteur. Lorsqu'il était disposé à jouer, nous avions de vrais échanges", se souvient-il.

    SI LES "PETITS MOUCHOIRS", et son histoire de trentenaires égocentriques qui vont droit dans le mur, n'est sans doute pas, comme on serait tenté de le croire, le film de la maturité pour Guillaume Canet, juste une étape, une remise à niveau avant l'âge adulte, Une vie meilleure pourrait bien l'être. Entre les deux, la perte d'un ami et la naissance de son premier enfant. Mais aussi le succès, avec ce que cela comporte de joie et de violence : "Evidemment, je n'ai rien contre la célébrité. Ma popularité me permet de monter des projets et de choisir les gens avec qui je travaille. Mais lorsque, dans la rue, on m'arrête pour me demander des nouvelles de mon fils, j'ai du mal."

    Des paramètres essentiels qui ont sans doute contribué à cette mue intime dont le film de Cédric Kahn se fait l'écho : "Au début de l'histoire, lorsqu'on lui confie Slimane, cet enfant qui n'est pas le sien, il est au même niveau que lui. Il a mentalement 9 ans et demi. Mais progressivement, on le voit devenir adulte et père." Chez Canet, comme chez beaucoup d'autres acteurs-réalisateurs, une expérience en nourrit une autre. Et celle des Petits Mouchoirs qui a, de son propre aveu, valeur de bilan, lui a sans doute permis d'accéder au palier supé-rieur en tant que comédien.

    Tour à tour devant et derrière la caméra, c'est dans cette configuration qu'il trouve désormais son équilibre. Et lorsqu'on lui suggère qu'un jour, peut-être, il sera tenté de se consacrer uniquement à la réalisation, sa réponse est catégorique : "Même si mettre en scène me permet de m'exprimer pleinement, jamais je ne pourrais être qu'auteur. Le besoin de jouer est viscéral chez moi, j'aime la sensation physique du jeu. Pour Jappeloup, j'ai dû me remettre au cheval et c'est un immense bonheur. Non, je ne pourrais pas me passer d'être acteur."

    <figure> Le jeune Slimane Khettabi, choisi par Cédric Kahn pour son authenticité, est le partenaire de Guillaume Canet dans "Une vie meilleure". </figure>

    "D'un côté, le fils spirituel de Pialat, de l'autre, la belle gueule du cinéma populaire, réunis pour réussir ce film. Je trouve très beau que Cédric Kahn et Guillaume Canet passent ce cap ensemble. C'est ça, le nouveau cinéma français", s'enthousiasme Thierry Frémaux, directeur de l'Institut Louis Lumière de Lyon et délégué général du Festival de Cannes. Un cinéma français qui, après une année fastueuse, se porte plutôt bien : le succès des Petits Mouchoirs fin 2010, le prix d'interprétation de Jean Dujardin à Cannes pour The Artist de Michel Hazanavicius – depuis nominé six fois aux Golden Globes à Los Angeles –, le prix de la mise en scène pour Polisse de Maïwenn, et enfin le triomphe d'Intouchables d'Eric Nakache et Olivier Tole-dano, avec Omar Sy et François Cluzet.

    Cluzet... que Guillaume Canet a remis en selle dans Ne le dis à personne et qui, avec Jean Dujardin et Gilles Lellouche – qui jouent tous deux dans Les Petits Mouchoirs –, fait partie de sa famille élective, sa "bande". Des fous du 7e art, qui gravitent autour des Productions du Trésor – dirigées par Alain Attal – et trustent les écrans depuis plusieurs années. Des artistes dont la plupart sont à peine quadra, davantage issus du cours Florent que de la Fémis ou du Conservatoire, qui r-evendiquent un cinéma populaire, intelligent mais pas cinéphile – " On se moque d'avoir vu tout Truffaut, Godard ou Hitchcock ", confirme le producteur –, et qui portent sur le monde un regard générationnel et apolitique. "Je ne me positionne pas en tant que militant. Faire du cinéma, c'est parler de la vie, des sentiments, témoigner de ce qui se passe dans notre société", assure Guillaume Canet.

    Une bande d'amis, à laquelle s'ajoutent Marion Cotillard, Matthieu Chedid, Philippe Lefèbvre, coscénariste de ses deux premiers films, et quelques autres, que l'acteur-réalisateur aime retrouver sur les plateaux. "C'est plus agréable de travailler avec les gens que l'on aime, non ?" Sur leur succès à tous, son analyse est simple : "Si nous en sommes là aujourd'hui, ce n'est pas un hasard. Les choses appartiennent à ceux qui les font. Il faut y aller et on y va !" "Cette nouvelle génération, ce sont les enfants d'Audiard, commente Thierry Frémaux. Il y a dans leur cinéma, populaire et commercial, un grand potentiel. Des gens comme Serge Hazanavicius, Xavier Giannoli, Nakache et Toledano ou encore Maïwenn sont en train d'inventer autre chose, l'après-Nouvelle Vague, et Guillaume Canet est au coeur de ce mouvement."

    Pas cinéphile, mais sous influence. Comme beaucoup d'artistes de sa génération, Canet a une prédilection pour le cinéma américain en général et pour les films indépendants des années 1970 en particulier. Ceux de Sam Peckinpah, dont on retrouve l'esthétique dans certaines scènes de Ne le dis à personne, des premiers Scorsese (Mean Street, Taxi Driver), de Husbands de Cassavetes mais aussi des films de Jerry Schatzberg, réalisateur culte de Portrait d'une enfant déchue et de L'Epouvantail : "J'ai eu la chance de travailler sous sa direction dans The Day the Ponies Come Back, à New York. Jerry est un peu mon père spirituel, nous nous parlons très souvent et il a tourné dans Ne le dis à personne et Les Petits Mouchoirs. Mais à chaque fois, pour des raisons de scénario, je l'ai coupé au montage", confie-t-il. D'aucuns appellent cela "tuer le père"...

    C'EST SANS DOUTE POUR ASSOUVIR CE FANTASME D'AMÉRIQUE – pas n'importe lequel, il a refusé de travailler sur commande pour de grands studios – que Guillaume Canet s'attelle aujourd'hui à son nouveau projet : le remake aux Etats-Unis des Liens du sang de Jacques Maillot, dans lequel il jouait aux côtés de François Cluzet. Un scénario coécrit avec James Gray, auteur phare du cinéma indépendant américain actuel, et une production européenne, orchestrée par Alain Attal, avec dans les rôles principaux Marion Cotillard, Mark Wahlberg et Zoe Saldana.

    "Aux Etats-Unis, on repart de zéro ou presque. Là-bas, ils savent à peine où est la France !" ironise Alain Attal. "Les acteurs ont donné leur accord de principe, j'espère maintenant que l'on va pouvoir monter le film comme on le souhaite, avec des fonds européens et le contrôle total. Le final cut", s'inquiète Guillaume Canet. Il aurait sans doute été plus simple de rester en France, et de cueillir les fruits du succès des Petits Mouchoirs. Mais Guillaume Canet ne cherche ni la facilité ni l'apaisement. Il cultive au contraire cette intranquillité qui le maintient en éveil. Il lui reste tant à faire, à conquérir... "C'est un garçon très intelligent, honnête avec les autres autant qu'avec lui-même. Il connaît son grade et sait à quel type d'excellence il peut prétendre, conclut Thierry Frémaux. Il est fait pour le cinéma."

    <figure> Guillaume Canet. </figure>

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  • Dernière modification : 30/12/2011 
    - Bachar al-Assad - Ligue arabe - Syrie

    Malgré la répression, la présence des observateurs galvanise les opposants

     

    Si la présence des observateurs arabes ne permet pas de faire cesser la répression - au moins 25 personnes ont été tuées jeudi -, elle contribue à mobiliser l'opposition. De nouvelles manifestations sont prévues ce vendredi.

    Par Sammy BERRAHMOUN (vidéo)
    Dépêche (texte)
     

    AFP - Les forces de sécurité ont tué jeudi au moins 25 personnes en Syrie, y compris dans des villes où les observateurs de la Ligue arabe étaient en mission pour surveiller la situation dans ce pays secoué par une révolte populaire, alors que de nouvelles manifestations sont prévues vendredi.

    Des observateurs se sont rendus dans des foyers de la révolte: Deraa (sud), Hama (centre), Idleb (nord-ouest) et près de Damas, les autorités syriennes étant sous pression pour accorder libre accès à cette mission.

    Mission impossible pour les observateurs ?

     

     

     

    A Douma, à 20 km au nord de Damas, quatre civils ont été tués et plusieurs autres blessés, dont certains grièvement, par les forces de sécurité qui ont tiré sur des dizaines de milliers de manifestants rassemblés sur la place de la Grande Mosquée, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

    L'OSDH a précisé que ces tirs avaient eu lieu au moment où un groupe d'observateurs arabes arrivait à la mairie de Douma, non loin de là.

    A Hama (210 km au nord de Damas) où se trouvait également un groupe d'observateurs, des manifestations "massives" ont eu lieu jeudi, et six civils ont été tués par les forces de sécurité, qui ont en outre arrêté des blessés soignés dans un hôpital privé, ont indiqué l'OSDH et des militants sur place.

    Quatre civils ont été tués à Homs, et cinq autres dans le nord-ouest du pays, dans la province d'Idleb, selon l'OSDH.

    Dans la province de Damas, six civils ont péri sous les balles de la sécurité, notamment à Irbine et à Kessoué.

    A Damas, des agents de la sécurité étaient déployés en masse près du quartier historique de Midane, quasiment fermé en raison d'une manifestation prévue, selon l'OSDH et des habitants.

    Toujours dans la capitale, cinq personnes ont été blessées dans le quartier de Kafar Soussé lorsque les agents de sécurité ont tiré sur des manifestants.

    Les observateurs, qui s'étaient rendus mardi et mercredi à Homs (centre), haut-lieu de la contestation, sont chargés de rendre compte de la situation sur le terrain.

    L'opposition et les pays occidentaux accusent le régime de réprimer dans le sang les manifestations alors que les autorités syriennes imputent les troubles à des groupes "terroristes".

    Selon l'ONU, plus de 5.000 personnes ont été tuées depuis le début de la révolte, à la mi-mars.

    Cette mission fait partie d'un plan de sortie de crise qui prévoit également l'arrêt des violences, la libération des détenus, le retrait de l'armée des villes et la libre circulation dans le pays pour les observateurs arabes et la presse.

    En dépit de la difficulté de leur tâche, le président de l'OSDH Rami Abdel Rahmane a jugé que la mission des observateurs arabes était "la seule lumière dans cette nuit sombre".

    "La présence des observateurs à Homs a brisé la barrière de la peur", a-t-il dit à l'AFP, tout en précisant ne pas vouloir "exprimer de jugement avant que les observateurs terminent leur mission".

    La présence des observateurs aide les opposants, même si elle n'a pas permis de faire cesser la répression, a estimé de son côté la diplomatie américaine.

    En revanche, doutant de l'efficacité de la mission arabe, le Conseil national syrien (CNS), principal mouvement d'opposition, a demandé à l'ONU d'envoyer ses propres observateurs.

    Son dirigeant, Burhan Ghalioun, a rencontré jeudi au Caire le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi, a rapporté l'agence officielle égyptienne Mena. Ils ont discuté de la conférence nationale sur la Syrie que doit accueillir la Ligue arabe début janvier au Caire.

    La Chine, alliée de Damas, s'est félicitée elle de la mission "objective" de la Ligue arabe.

    Des militants ont appelé sur internet à de nouvelles manifestations vendredi contre le régime de Bachar al-Assad.

    Les Syriens sont invités à "marcher vers les places de la liberté" vendredi, ont indiqué les militants sur leur page Facebook "Syrian revolution 2011".

    Par ailleurs, l'envoyé de la Syrie au Liban a appelé le gouvernement libanais à prendre des mesures drastiques contre le trafic d'armes à la frontière entre les deux pays, "complémentaire du terrorisme", selon lui.

     

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  • La barre des 8 000 médecins formés franchie à la rentrée 2012

    LEMONDE | 30.12.11 | 10h56   •  Mis à jour le 30.12.11 | 14h1

    Fallait-il augmenter le numerus clausus des étudiants en médecine ? L'abaisser plutôt ? Le sujet est loin de faire l'unanimité, mais c'est décidé, à l'horizon 2020, plus de médecins sortiront diplômés de la faculté.

    Alors que les Français s'inquiètent de l'extension des déserts médicaux, le ministre de la santé, Xavier Bertrand, et celui de l'enseignement supérieur, Laurent Wauquiez, ont annoncé, jeudi 8 décembre, une augmentation du nombre de places offertes en deuxième année de médecine de 7 400 à 7 500 à la rentrée 2011-2012. Le nombre de places dites passerelles, qui permettent à des étudiants issus de grandes écoles ou de masters d'entrer en deuxième ou troisième année, passera de 300 à 500. De quoi faire passer, après trois ans de stabilité, le nombre de médecins formés à 8 000 ; soit le niveau de la fin des années 1970.

     

    La hausse du numerus clausus a l'intérêt de donner un peu d'espoir à tous les aspirants médecins : il est devenu problématique que tant de candidats soient recalés alors que le pays est contraint de faire appel à des médecins à diplôme roumain ou encore algérien. Elle ne réglera cependant rien si la question de la mauvaise répartition des médecins sur le territoire et entre disciplines n'est pas prise en compte.

    S'il reconnaît que la hausse du nombre de diplômés ne règle pas à elle seule les problèmes de démographie médicale, M. Bertrand explique : "Ce que je ne veux pas, c'est que l'on ait à nouveau à gérer une pénurie de médecin comme cela a déjà été le cas", en référence aux années où le nombre de médecins formés était tombé trop bas - jusqu'à 3 500 en 1993. "Je refuse de retomber dans les travers du malthusianisme" qui consiste à faire croire qu'avec "moins de médecins, on a moins d'actes, donc moins de dépenses et moins de déficit".

    "Dans dix ans, l'exercice médical aura changé : les futurs médecins, et pas seulement les femmes parmi eux, voudront à l'avenir plus de temps pour leur famille, mais aussi pour leur formation et même dans leur pratique", poursuit-il pour justifier le choix du gouvernement. Des réunions auront lieu en janvier 2012 pour déterminer quelles universités accueilleront les places supplémentaires en fonction des besoins. Une nouvelle faculté de médecine est prévue à Torcy (Seine-et-Marne).

    Les ministres ne comptent pas pour autant s'attaquer de plein fouet à la mauvaise répartition des médecins sur le territoire et entre disciplines. "Nous ne voulons pas de mesure coercitive et restons persuadés que la palette d'outils incitatifs, que nous entendons développer, suffira", plaide M. Wauquiez. Le gouvernement compte ainsi voir la situation s'améliorer peu à peu. Il se veut confiant : pour la première fois depuis longtemps, en 2010, il y a eu plus d'installations en zone rurale que de départs.

    Les ministres misent, par exemple, de nouveau sur l'essor des stages en médecine générale. Ce dispositif est lancé depuis 1997, mais seuls 49 % des étudiants effectuent un tel stage, faute d'entrain des médecins en exercice à faire du tutorat. Pour inciter à s'installer en zone sous-dotée, le gouvernement insiste toujours sur ses mesures fétiches : les maisons de santé pluridisciplinaires, mais aussi l'octroi de bourses aux étudiants en contrepartie d'années d'exercice dans une zone déficitaire. "Ce dispositif n'est pas assez connu et nous allons y remédier", promet M. Wauquiez.

    Refusant toute contrainte, l'exécutif reste sur sa ligne, ce qui lui permet d'éviter de se fâcher avec les médecins à quelques mois de la présidentielle. La profession n'a jamais toléré la moindre entrave à la liberté d'installation. Les doyens des universités de médecine reconnaissent toutefois que si les incitations ne suffisent pas, il faudra en passer par une "solidarité forcée", en imposant aux diplômés de commencer par trois années dans les zones ou spécialités déficitaires. Aujourd'hui, certaines régions forment des médecins, mais n'arrivent pas à les retenir. La Bourgogne n'en conserve que 47 %, selon l'Atlas régional de l'Ordre des médecins. Ceux qui n'arrivent pas à les garder font de plus en plus appel à des médecins à diplôme étranger.

    Les médecins, comme les internes et les doyens d'université, n'étaient pas demandeurs de cette hausse du numerus clausus. Les médecins pensent avant tout qu'il faut redorer le blason de l'exercice libéral. Dans les facultés, déjà saturées d'étudiants, on s'inquiète du manque de place dans les amphithéâtres ou de stages d'externat, mais aussi d'enseignants.

    Certes, dans les prochaines années, la baisse du nombre de médecins va se faire sentir à cause de départs massifs à la retraite d'ici à 2020. Mais une amélioration était déjà prévue, grâce à l'effet des hausses successives du numerus clausus depuis dix ans. Et il y a d'autres solutions déjà envisagées qu'une nouvelle augmentation du nombre de médecins : développement de la télémédecine, meilleure répartition des tâches avec les autres professionnels de santé (infirmières, kinésithérapeutes...)

    En septembre, la Cour des comptes préconisait d'ailleurs une réflexion sur un éventuel abaissement du numerus clausus. M. Bertrand ne l'entend pas ainsi et compte poursuivre le mouvement de hausse engagé depuis plus de quinze ans.

    Dans Numerus Clausus, pourquoi la France va manquer de médecins (Springer), le Dr Daniel Wallach retrace quarante ans de tentative de régulation. Face à la difficulté à prévoir les besoins en médecins dans les années à venir, face aux erreurs déjà commises (baisse drastique, hausse trop importante), il n'hésite pas à préconiser la suppression du numerus clausus. Mais il y aurait là un écueil évident : l'impossibilité d'absorption de tous les aspirants au métier de médecin.

    Laetitia Clavreul et Isabelle Rey-Lefebvre


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  • L'IRAN MENACE DE FERMER LE DÉTROIT D'ORMUZ

    Téhéran brandit l'arme du pétrole

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    Aucune goutte de pétrole ne transitera par le détroit d'Ormuz en cas d'embargo pétrolier contre l'Iran, a prévenu Mohammad Reza Rahimi, premier vice-président de la République islamique d'Iran.

    Passage obligé par où transitent 40% du pétrole mondial, la manipulation de ce verrou géopolitique provoquerait une flambée des prix du pétrole sans précédent. Elle atteindrait instantanément quelque 50 dollars selon certaines prévisions. Les Iraniens ont entre leurs mains cette arme redoutable. Ils ne resteront pas les bras croisés contre les menaces d'embargo de leur pétrole envisagé par les pays occidentaux, et une hypothétique attaque militaire dont le scénario est déjà ficelé.
    La contre-attaque sera imminente et «néfaste» pour les économies occidentales. Le premier vice-président iranien a averti qu'en cas de sanctions contre les exportations pétrolières iraniennes, son pays fermerait le détroit d'Ormuz. «Si on devait adopter des sanctions contre (les exportations) de pétrole iranien, aucune goutte de pétrole ne transitera par le détroit d'Ormuz», a prévenu Mohammad Reza Rahimi. La marine iranienne est à pied d'oeuvre depuis samedi. Elle a entamé des manoeuvres autour de ce couloir stratégique, qui doivent durer une dizaine de jours. Cette démonstration de force se veut dissuasive pour le moment. «Nous n'avons aucune envie d'hostilités ou de violence (...), mais les ennemis renonceront à leurs complots seulement le jour où nous les remettrons à leur place» a indiqué le premier vice-président iranien. Dans le collimateur des Etats-Unis et de certains pays européens (France, Grande-Bretagne...) qui projettent de durcir leurs sanctions (embargo pétrolier...) contre son pays, le commandant de la marine iranienne leur a adressé une mise en garde destinée en priorité, et selon toute vraisemblance, aux Américains. «Nous surveillons totalement les menaces et les mouvements et nous répondrons de la manière la plus forte à toute menace», a confié à l'agence officielle iranienne Irna, l'amiral Habibollah Sayyari. Une opération des plus élémentaires selon l'officier iranien de haut rang. «Fermer le détroit est très facile pour les forces armées iraniennes, c'est comme boire un verre d'eau, comme on dit en persan», a affirmé l'amiral Sayyari qui a indiqué que: «Tout le monde sait combien le détroit est important et stratégique, et il est complètement sous le contrôle de la République islamique d'Iran.»

    Des affirmations que confirme Alain Nonjon dans un article intitulé «Le détroit d'Ormuz, le verrou géopolitique de toutes les peurs» publié sur le site de diploweb. «A son point le plus étroit, le détroit ne fait que 34 miles et les eaux territoriales iraniennes étant peu profondes, les bateaux sont obligés de circuler dans un couloir entre les îles Quoin et Ras Dobbah en Oman de un mile de chaque côté, avant de transiter par un chenal entre trois îles - grande et petite Tomb et Abu Musa - contrôlées depuis 1971 par les Iraniens, périlleux slalom...», précise le professeur du lycée Michelet de Paris.
    Cette contre-offensive verbale iranienne a eu pour effet de propulser le baril de «Light Sweet Crude» (WTI) au-dessus de la barre des 100 dollars mercredi matin (101,60 dollars plus précisément) sur le marché asiatique.
    Les cours de l'or noir continueront-ils à grimper? C'est ce que révèlent les analyses des spécialistes en la matière, le prix du baril devrait continuer à évoluer sur une courbe ascendante, stimulé par les menaces persistantes qui pèsent sur Téhéran que cela soit au niveau du durcissement des sanctions internationales, sur le plan économique ou de celui plus «dévastateur» d'une agression militaire de la part d'Israël ou d'une puissance occidentale. Les prix du pétrole ont été stimulés par «le regain de préoccupation sur les ambitions nucléaires de l'Iran», a souligné Andrey Kryuchenkov, analyste de VTB Capital.


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