• Coupe Davis : un set pour l’éternité

    Rafael Nadal a offert à l'Espagne sa cinquième Coupe Davis en dominant Juan Martin Del Potro (1/6, 6/4, 6/1, 7/6) à l'issue d'un match et d'un quatrième set mémorables.

    L'histoire du sport est ainsi faite qu'elle recèle de moments uniques, de minutes où le temps semble se suspendre, d'instants précieux que l'on raconte avec la même vigueur et le même enthousiasme vingt ans après. Il ne fait guère de doute que ce quatrième set entre Rafael Nadal et Juan Martin Del Potro, cette ultime manche de la finale de la Coupe Davis 2011, va fièrement venir prendre place au beau milieu de ce florilège. Car, sans présumer de la mémoire des uns et des autres, on peut affirmer avec certitude que pas un spectateur de l'affrontement n'oubliera ces ultimes moments.

    1/1. Regonflé par une troisième manche survolée, Nadal commence par réaffirmer sa supériorité du moment. Devant une foule déjà extatique, il prend
    le service de Delpo... qui refait son retard dans la foulée ! Essoré, tourneboulé pendant 5 heures deux jours plus tôt par David Ferrer, l'Argentin est à bout de forces. Ses pas sont lourds, lents, patauds et ses coups perdent la force qui les anime d'ordinaire. Quand Rafa se remet d'aplomb et vire à 3/2 service à suivre, comment peut-on imaginer ce qui est sur le point de se passer ? Comment supposer l'impossible ?

    Le retour du possédé

    Pourtant, l'impossible se produit. Sachant que son salut ne peut passer par une lutte physique perdue d'avance, Juan Martin fait tomber la grêle. Il cogne comme un damné dans tout ce qui bouge comme si sa vie en dépendait. La transformation est telle qu'on le croit habité, limite possédé. Lui qui parvenait à peine à regagner sa chaise au changement de côté virevolte désormais entre les points et ponctue tous les échanges les plus délirants
    par autant de sauts de cabris, le poing serré !

    Le regard hagard, Nadal ne sait pas ce qui lui arrive. Dans une cacophonie monumentale (quel bruit ! quelle ambiance !), il recule, explose, fléchit
    sous le poids de la conviction. Del Potro mène 5/3. Il sert pour le set, pour arracher l'espoir. L'arbitre français, Pascal Maria, est dépassé. Il ne peut endiguer les hurlements qui dévalent les tribunes et scandent chaque première balle manquée, ou mieux, chaque coup réussi. On en revient à ces instants hors du temps où l'on oublie le reste. Tout le reste. Le sport donne ici sa pleine mesure et dévoile son pouvoir d'attraction inouï. Et c'est loin d'être fini.

    Jeu décisif à contre-courant

    Nadal, à deux minuscules points de tomber dans une cinquième manche si incertaine, repart à l'assaut. Il défend comme un forcené, glisse, frappe,
    remet à n'en plus pouvoir. Au bout de cette résistance il aperçoit la délivrance et revient dans le set : 5/5. A chaque jeu gagné, le prince de Roland
    Garros hurle "Vamos", brandit le poing et bondit, les bras en croix, comme s'il avait remporté le match. Les deux hommes tourbillonnent désormais dans l'étuve surchauffée. Une fois de plus, Rafa reprend le dessus. 6/5, il s'apprête à servir pour la victoire. Sur le banc, Fernando Verdasco est fou furieux. Il harangue la foule entre chaque point, tandis que les spectateurs ne prennent même plus la peine de se taire pendant les échanges.

    On se dit que tout est fini, que l'épilogue est proche mais dans un ultime soubresaut, Del Potro enfonce la défense de Nadal au prix d'efforts démesurés et revient. Tous les repères ont maintenant volé en éclats sous la force des retournements de situation. Et voilà que commence le tie-break, juge de paix tellement cruel pour un acte aussi brillant. La fin n'en sera que plus abrupte. Alors que l'incertitude a escorté tout le set, Rafa ne laisse pas le doute briser son rêve. 7/0, fin des débats. Fin de cette parenthèse unique. Sur sa chaise, Juan Martin Del Potro pleure, sans un mot, tandis que Rafael Nadal est enlacé par tous ses coéquipiers. Retour à la réalité.


    votre commentaire
  • La coalition de centre-gauche en tête des législatives en Croatie

    LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 04.12.11 | 19h33   •  Mis à jour le 04.12.11 | 20h30

    Le chef de l'opposition croate et candidat au poste de premier ministre, Zoran Milanovic, vote aux législatives du 4 décembre 2011.

    Le chef de l'opposition croate et candidat au poste de premier ministre, Zoran Milanovic, vote aux législatives du 4 décembre 2011.REUTERS/NIKOLA SOLIC

    La coalition de centre-gauche Kukuriku est arrivée en tête des élections législatives qui se tenaient dimanche 4 décembre en Croatie, avec 44,5 % des voix, selon un sondage réalisé à la sortie des urnes rendu public par la télévision nationale HRT.

    Cette coalition, emmenée par le Parti social-démocrate, distance de loin l'Union démocratique croate (HDZ), au pouvoir depuis huit ans, qui recueille 22,1 % des voix, selon ce sondage réalisé par l'agence IPSOS Puls.

    Plus de 4,5 millions d'électeurs étaient appelés à élire les 151 députés du parlement. Les premiers résultats officiels préliminaires sont attendus autour de 20 heures GMT.

    "UN MANDAT FORT"

    "Merci beaucoup à tous ceux qui ont voté pour nous. Nous prenons [cette manifestation de soutien] avec sérieux et nous allons travailler dur (...) Cela nous donne un mandat fort, mais cela constitue aussi un grand devoir", a déclaré Vesna Pusic, une responsable du Parti croate populaire (HNS), qui est membre de la coalition de centre-gauche, et probable future ministre des affaires étrangères, à la chaîne de télévision commerciale Nova TV.

    La coalition de centre-gauche devrait, selon le même sondage, disposer de 83 sièges sur 151 au Parlement, ce qui lui permettrait de former un gouvernement. Les élus de HDZ et de deux formations politiques mineures qui ont rejoint ce parti dans certaines circonscriptions, devraient occuper 40 sièges.

    C'est donc un gouvernement de centre gauche qui devrait présider aux destinées de la Croatie les quatre années à venir et c'est lui qui conduira le pays à l'adhésion à l'Union européenne, en juillet 2013.

    >>> Lire le reportage "Secouée par des scandales de corruption, la Croatie se dirige vers l'alternance"

     

    Croatie

    Ivo Sanader, l'ancien premier ministre croate, le 19 mars 2008, à Zagreb. Reportage Secouée par des scandales de corruption, la Croatie se dirige vers l'alternance


    votre commentaire
  • A la Une > Tunisie

    En Tunisie, le face-à-face des laïques et des islamistes

    LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 03.12.11 | 17h18   •  Mis à jour le 03.12.11 | 20h33

    Des salafistes tunisiens participent à une manifestation au Bardo, à Tunis, samedi 3 décembre 2011.

    Des salafistes tunisiens participent à une manifestation au Bardo, à Tunis, samedi 3 décembre 2011.AFP/FETHI BELAID

    Des milliers de manifestants pro-islamistes ont convergé samedi 3 décembre devant le siège de l'Assemblée constituante à Tunis, où campent depuis trois jours des centaines de personnes dont de nombreux sympathisants de gauche. Les deux camps se faisaient face à face, séparés tant bien que mal par des barrières et des policiers, mais des altercations se sont produites et les insultes fusaient de part et d'autre.

    Les deux courants s'affrontent depuis le début du "printemps des peuples arabes", qui a débuté en Tunisie en décembre et a porté au pouvoir les islamistes modérés d'Ennahda à la suite des premières élections libres depuis l'indépendance en 1956.

    La dispute qui couvait a été relancée par l'occupation par un groupe d'islamistes conservateurs d'un campus universitaire des environs de Tunis pour exiger la ségrégation des sexes pendant les cours et le droit des femmes à porter le "niqab".

    "LA TUNISIE MUSULMANE N'EST PAS LAÏQUE !"

     

    ''Nous sommes arabes, notre religion est l'islam, le peuple tunisien a choisi Ennahda'', dit la pancarte de cette manifestante, à Tunis, samedi 3 décembre.

    ''Nous sommes arabes, notre religion est l'islam, le peuple tunisien a choisi Ennahda'', dit la pancarte de cette manifestante, à Tunis, samedi 3 décembre.AFP/FETHI BELAID

    Quelque 3 000 islamistes, parmi lesquels des salafistes, se sont rassemblés samedi devant l'Assemblée constituante, qui siège au palais du Bardo. Un cordon de policiers les sépare d'un millier de contre-manifestants laïques.

    Les manifestants islamistes brandissaient des banderoles sur lesquelles on pouvait lire notamment "Nous soutenons la légitimité de la majorité", "La Tunisie musulmane n'est pas laïque !" et "Non à l'extrémisme laïque". Nourdine Machfer, un manifestant islamiste, a expliqué à Reuters : "C'est bizarre. Nous vivons aujourd'hui en Tunisie dans un régime de dictature de la minorité. Ils devraient respecter la volonté du peuple, qui a fait connaître ses desiderata [par les urnes en octobre]".

    Le parti islamiste Ennahda, qui pilote un gouvernement de coalition après sa large victoire électorale le 23 octobre, a publié un communiqué pour se désolidariser de la manifestation islamiste du Bardo. Son porte-parole, Nourredine Bhiri, est allé parler aux manifestants pour tenter de calmer la tension.

    "COUP D'ETAT CONTRE LA DÉMOCRATIE"

     

    Une Tunisienne participe à une manifestation du camp laïque, samedi 3 décembre, à Tunis.

    Une Tunisienne participe à une manifestation du camp laïque, samedi 3 décembre, à Tunis.AFP/FETHI BELAID

    En face, les "modernistes", minoritaires, criaient "Liberté, travail et dignité". Certains d'entre eux, en particulier des chômeurs de la région minière de Gafsa, dans le centre du pays, ont commencé un sit in devant l'Assemblée depuis mercredi. "Nous sommes ici parce qu'il y a dans le pays des urgences sociales que l'Assemblée doit voir, et régler", a déclaré Ines Ben Othman, désignée "porte-parole" des sit-inneurs. "Les gens qui ont été élus par le peuple doivent avoir une position claire, notamment sur ce qui se passe aujourd'hui", a-t-elle dit, affirmant que les participants au sit in avaient été attaqués physiquement vendredi soir par des islamistes.

    Certains manifestants soupçonnent le parti islamiste Ennahda de vouloir en réalité mettre en place un Etat islamiste en sous-main. "Les islamistes (...) veulent utiliser la Constitution pour s'emparer du pouvoir et faire un coup d'Etat contre la démocratie", à en croire l'un des manifestants, Raja Dali. "Ils veulent accorder tous les pouvoirs au premier ministre", a-t-elle ajouté en faisant allusion à Hamadi Jebali, secrétaire général d'Ennahda désigné par son parti pour diriger le gouvernement de coalition.

    APPELS AU CALME

    Afin d'éviter l'escalade, l'Assemblée constituante "appelle au respect de la suprématie de la loi et rejette totalement le recours à la violence", selon un communiqué publié à l'issue d'une réunion convoquée samedi par son président, Mustapha Ben Jaafar. "La Tunisie passe par une phase sensible et décisive où la priorité est accordée à l'instauration d'un nouveau régime démocratique, d'un système économique équitable, ce qui exige d'éviter les sources de tension et d'insécurité qui menacent la stabilité du pays", selon le communiqué.

    Ces manifestations rivales sont les premières du genre depuis la chute, le 14 janvier, du président Zine ben Ali. Cet accès de fièvre risque de compliquer les efforts en cours entrepris par Ennahda et ses deux formations laïques alliées pour former un gouvernement de coalition.

    Les députés de l'Assemblée constituante élue ont conclu vendredi un accord sur le partage et l'organisation future des pouvoirs, après plus d'une semaine de tractations laborieuses. Ennahda, qui dirigera le prochain gouvernement, a été accusé, y compris par ses partenaires de gauche CPR et Ettakatol de vouloir s'arroger les pleins pouvoirs. L'accord doit être soumis dans les prochains jours à l'Assemblée en séance pléniaire. Son adoption devrait permettre l'élection du président de la République et la désignation d'un exécutif.

    La Tunisie s'attend à une croissance zéro en 2011

    La Tunisie réalisera un taux de croissance nul à la fin de l'année 2011, a indiqué samedi le gouverneur de la Banque centrale, Mustapha Kamel Nabli, lors d'un colloque à Tunis.

    Cette croissance zéro devrait entraîner une baisse du rythme de la création d'emploi et une hausse du taux de chômage qui devrait dépasser les 18 %, a ajouté M. Nabli, cité par l'agence tunisienne TAP. Les dernières prévisions de croissance du gouvernement tunisien s'établissaient entre 0,2 % et 1 % pour 2011.

     

    Elections tunisiennes

    Universitaires, étudiants ou ouvriers ont exprimé leurs inquiétudes sur le chômage, l'intégrisme religieux ou la corruption en Tunisie, jeudi 1er décembre. Les faits Tunisie : des milliers de manifestants devant l'Assemblée constituante


    votre commentaire
  • Liga: le Real et Barcelone s'imposent avant le "clasico"

    Publié le 03-12-11 à 23:01    Modifié le 04-12-11 à 03:01     Réagir

    Geste accrobatique de Cristiano Ronaldo (à gauche) devant Damian Suarez, du Sporting Gijon. Sans grande difficulté, le Real Madridi a conforté samedi sa place de leader de la Liga à une semaine du "clasico" face au Barça en s'imposant 3-0 à Gijon. /Photo prise le 3 décembre 2011/REUTERS/Eloy Alonso
 (c) Reuters
     
    Geste accrobatique de Cristiano Ronaldo (à gauche) devant Damian Suarez, du Sporting Gijon. Sans grande difficulté, le Real Madridi a conforté samedi sa place de leader de la Liga à une semaine du "clasico" face au Barça en s'imposant 3-0 à Gijon. /Photo prise le 3 décembre 2011/REUTERS/Eloy Alonso (c) Reuters

    MADRID (Reuters) - Le Real Madrid et le FC Barcelone, qui ont battu respectivement le Sporting Gijon 3-0 et Levante 5-0 samedi en Liga, ont idéalement préparé le "clasico" du week-end prochain.

    Grâce à des buts d'Angel Di Maria, de Cristiano Ronaldo et de Marcelo, les Madrilènes ont enregistré leur dixième succès consécutif en championnat, le 14e toutes compétitions confondues et ont conservé leur marge de trois points sur les Catalans.

    Le Brésilien Marcelo a inscrit son but au terme d'une combinaison avec le Français Karim Benzema, entré en jeu à un quart d'heure de la fin.

    Face à Levante, l'équipe surprise du début de saison en Liga, Barcelone a poursuivi sa série d'invincibilité à domicile avec désormais huit victoires pour un match nul, et 39 buts inscrits cette saison au Camp Nou.

    Levante s'était offert en septembre le scalp du Real Madrid et avait brièvement pris la tête du championnat, avant de glisser à la quatrième place.

    Cesc Fabregas, le transfuge d'Arsenal, a inscrit les deux premiers buts de son équipe, avant de nouvelles réalisations d'Isaac Cuenca, de Lionel Messi et d'Alexis Sanchez.

    Cristiano Ronaldo et Lionel Messi, avec 17 réalisations chacun au terme de cette journée, ont poursuivi leur course en tête du classement des meilleurs buteurs du championnat espagnol.

    Après deux matches de Ligue des champions en milieu de semaine, sans conséquence pour leur avenir européen, les deux rivaux se retrouveront samedi 10 décembre à Santiago Bernabeu pour leur première confrontation directe en Liga cette saison.

    Derrière le tandem de tête, Valence a conforté sa troisième place, à quatre longueurs de Barcelone, à la faveur de sa victoire 2-1 sur l'Espanyol Barcelone.

    Le Racing Santander a battu Villarreal 1-0.

    Iain Rogers, Simon Carraud pour le service français, édité par Pierre Sérisier


    votre commentaire
  • "La 'ménagère de moins de 50 ans' a fait son temps"

    02-12-11 à 11:02 par Anne-Marie Rocco Réagir

    INTERVIEW de Maryam Salehi, directeur délégué de NRJ Group, à quelques jours d'un débat à l'Assemblée nationale sur "l’image des femmes dans les médias".

    Maryam Salehi (c) Sipa Maryam Salehi (c) Sipa

    Le 7 décembre prochain se tiendra à l’Assemblée nationale un débat sur "l’image des femmes dans les médias" organisé par les services de Roselyne Bachelot, ministre des Solidarités et de la cohésion sociale. Brigitte Grésy (IGAS) remettra à cette occasion son rapport sur l’un des volets de la charte pour l’amélioration de l’image de la femme dans les médias, signée début 2011 par un grand nombre de journaux, radios et télévisions: l’engagement de recourir à un plus grand nombre de femmes expertes dans les domaines habituellement réservés aux hommes (économie, finance, stratégie internationale…). Directeur délégué de NRJ Group, Maryam Salehi souhaite pour sa part lancer le débat sur un autre sujet directement lié à l’image de la femme dans les médias: le concept de "ménagère de moins de 50 ans" toujours en vigueur dans la conception des campagnes publicitaires audiovisuelles.

    Pourquoi partir en guerre contre l’appellation "ménagère de moins de 50 ans" ?

    - Chaque matin, je consulte les données d’audience de la télévision ainsi que les performances quotidiennes des chaînes. J’y retrouve cette division de la société française: "individu de 4 ans et + ; individu de 25-49 ; individu de 35-59 ; individu de 15-49 et surtout la "ménagère de 15-49". Surprise, embarrassée et finalement mal à l’aise, je constate que tous les âges ont droit à une appellation neutre "individu"…sauf "la ménagère". Mais qui est-elle donc cette "ménagère"? Une chose? Un service de couverts rangés dans un coffret? Un intrus? Au contraire: tout le monde la connaît, puisqu’elle est la cible publicitaire de prédilection. Stricto sensu, la "ménagère de moins de 50 ans", incarne la Femme Responsable des achats de moins de 50 ans (RDA Femme -50 ans) dans un foyer, ce qui ne représente pas moins de… 44% de la population française. C’est donc considérable.

    En quoi ce terme est-il choquant ?

    - Il est obsolète, il fleure la IVe République, René Coty, les films de Robert Lamoureux. C’est une expression figée dans la résine péjorative, dévalorisante. Dans l’esprit des gens, c’est la femme au foyer, balai en main et chiffon sur la tête, prête à batailler contre la poussière, le désordre et à menacer son mari du rouleau à pâtisserie. Ménagère, mégère…même combat! Cette appellation dépassée ne correspond plus à rien. Il ne s’agit pas de réclamer au nom du politiquement correct qu’une dénomination utilisée par tous, soit éradiquée de notre vocabulaire. Il s’agit simplement de souhaiter que ceux-ci cessent d’employer une appellation dégradante dans notre imaginaire collectif et qui ne recoupe plus aucune réalité. Car qui emploie encore le mot "ménagère" à part les instituts de sondage et ceux qui utilisent les résultats de leur travail ? Personne.

    Ne faut-il pas simplement y voir une facilité de vocabulaire dont la raison d’être serait purement technique ?

    - Mais elle ne recouvre pas une spécificité pour laquelle le vocabulaire français serait insuffisant, comme lorsque l’on emploie un mot anglais qui n’a pas son équivalent. En réalité, si ce terme a la vie dure, c’est tout simplement parce que nul, jusqu’à une époque récente ne s’intéressait au vocabulaire qui était susceptible d’offenser ou simplement de cantonner les femmes dans un rôle secondaire. L’égalité de l’homme et de la femme doit commencer par l’égalité dans l’utilisation des expressions car elles véhiculent des images et des concepts. Albert Camus disait: "mal nommer les choses c’est ajouter au malheur du monde". Et justement, alors même qu’une prise de conscience collective commence à exister sur la place de la femme (la loi Copé-Zimmermann sur les quotas de femmes dans les conseils d’administration, les accords sur l’égalité salariale hommes/femmes…), ceux-là même qui sondent une partie de la population et qui révèlent le sentiment commun, ne peuvent continuer à utiliser une expression qui caricature la femme et qui relève d’un singulier manque de perception de la culture de l’époque.

    En définitive, il ne s’agit pas que d’une question de vocabulaire ?

    - Non, car cette expression véhicule une analyse sociologique anachronique. Fort justement, les pouvoirs publics ont donné l’impulsion pour appréhender l’image de la femme dans les médias. Il serait donc utile que ces derniers et leurs organes de contrôle redéfinissent avec les instituts de sondage le reflet de la femme qu’ils renvoient, et qui n’est plus celle d’avant-guerre. Rangeons la ménagère dans son placard à balais: voici venu le temps de la femme responsable.

    Anne-Marie Rocco


    votre commentaire