• Économie

    La direction de PSA accepte le dialogue sur le plan social

    <time datetime="2012-10-25T09:22:06+02:00" itemprop="datePublished">25 octobre 2012 à 09:22</time> (Mis à jour: <time datetime="2012-10-25T09:27:05+02:00" itemprop="dateModified">09:27</time>) lien

    L'entrée de l'usine de PSA Peugeot Citroën à Aulnay-Sous-Bois.

    L'entrée de l'usine de PSA Peugeot Citroën à Aulnay-Sous-Bois. (Photo Eric Piermont. AFP)

    Article + vidéos Un comité central extraordinaire se tient ce jeudi. Le président du directoire a redit que le plan était «nécessaire», mais s'est dit prêt à en réduire l'impact.

     

    A la demande quasi unanime des syndicats de PSA Peugeot Citroën, la direction du constructeur, engagé dans une vaste restructuration, a accepté l’ouverture de négociations sur le volet social de ce plan, pour l’heure suspendu le temps d’une expertise, ont indiqué jeudi les syndicats.

    «C’est un tournant, un pas dans le dialogue : la direction a accepté, comme on lui réclamait, de négocier le volet social, l’accompagnement des salariés pour qu’aucun ne se retrouve à Pôle Emploi», a déclaré  Tanja Sussest du SIA en marge du comité central d’entreprise extraordinaire au siège de PSA à Paris. 

    A lire aussi : «PSA, le lion aux abois»

    Dans le même temps, le président du directoire de PSA Peugeot Citroën a réaffirmé jeudi matin, peu avant la tenue d’un comité central d’entreprise (CCE), que le plan de restructuration du groupe automobile prévoyant 8 000 suppressions de postes était «nécessaire», sur Europe 1. Interrogé sur la possibilité de sauver l’usine d’Aulnay-sous-Bois, en région parisienne, dont l’arrêt d’activité est programmée pour 2014, il a répondu : «La fermeture d’Aulnay doit se passer».

    Philippe Varin a redit qu’il voulait réduire «l’impact social de ce plan, soit par des plans de reclassement interne, soit par le traitement des salariés les plus défavorisés, soit des mesures de revitalisation. Le reste se fera par des départs volontaires», a-t-il dit.

    Le gouvernement veut que le groupe aille plus loin. Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a demandé cette semaine une «réduction de l’impact social» qui «doit se chiffrer en centaines d’emplois préservés», d’autant plus que l’Etat va apporter une garantie de 7 milliards d’euros à la banque de PSA. Philippe Varin et Arnaud Montebourg auront l’occasion d’en parler lors d’une réunion prévue à Bercy à 16 heures, qui comprendra aussi des syndicalistes et des élus locaux.

    Les syndicats ont également demandé dès l’ouverture du CCE extraordinaire le retrait d’un point litigieux, selon eux, portant sur les mobilités internes à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) et Rennes, les deux sites touchés par un plan de sauvegarde de l’emploi.

    Ils disent avoir obtenu de la direction son accord pour ouvrir de «véritables négociations» sur les mesures sociales, selon Tanja Sussest, qui est sortie de la réunion pour informer les quelques manifestants présents. Elle a évoqué «une première victoire», sous les applaudissements.


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  • Économie

    PSA, le lion aux abois

    <time datetime="2012-10-24T21:56:55+02:00" itemprop="datePublished">24 octobre 2012 à 21:56   </time>lien

    Analyse Alors que l’Etat octroie une garantie de 7 milliards d’euros à sa banque interne, le constructeur a enregistré une nouvelle baisse sur les marchés, hier, et envisage l’avenir avec circonspection.

    Par YANN PHILIPPIN

    La descente aux enfers continue pour PSA. Le cours de Bourse du constructeur s’est effondré de 4,6% hier (et de 54% depuis janvier !), au terme d’une nouvelle journée folle qui a démontré encore une fois l’extrême faiblesse du groupe. De plus en plus malade économiquement, PSA est accusé par les marchés d’être passé sous la coupe de l’Etat pour sauver sa banque interne. Sans oublier une alliance industrielle a minima avec General Motors, et la tentation de la famille Peugeot d’abandonner le navire. Revue des enjeux d’un groupe à la dérive.

    PSA est-il passé sous la tutelle de l’État ?

    C’est la grande crainte des marchés, et la raison de la nouvelle chute de l’action. En échange de la garantie de 7 milliards d’euros de l’Etat pour sauver sa banque interne, PSA a dû accorder plusieurs contreparties : aucun versement de dividendes pendant trois ans, pas de stock-options pour les dirigeants, nomination au conseil de surveillance d’un représentant des salariés et d’un représentant officieux de l’Etat. Et, surtout, création d’un «comité de suivi» de la garantie bancaire, où siégera l’Etat. Lequel devra, selon les ministres Pierre Moscovici (Economie) et Arnaud Montebourg (Redressement productif), «donner son accord à toute opération affectant le contrôle» ou «le périmètre» de PSA.

    Le patron du groupe, Philippe Varin, a dit au contraire que ce comité ne jouera qu’un rôle «technique». Et assuré que les concessions s’inscrivent dans «le cadre de la gouvernance normale». Il est vrai que deux administrateurs isolés n’auront aucun pouvoir face à la famille Peugeot, qui contrôle le groupe. Même si l’Etat a acquis, grâce à la garantie, davantage d’influence. Au-delà des concessions, les marchés ont aussi surréagi aux déclarations musclées d’Arnaud Montebourg et de Jean-Marc Ayrault. Lequel martelait hier que le temps «des cadeaux, comme cela, sans engagement, […] est terminé».

    Y aura-t-il des contreparties en matière d’emploi ?

    Montebourg avait exigé mardi que le plan social de PSA, et ses 8 000 suppressions de postes, soit réduit de «plusieurs centaines d’emplois». Varin a refusé de confirmer, renvoyant le sujet à la consultation en cours avec les syndicats. Car PSA ne peut rien annoncer hors procédure : ce serait un délit d’entrave qui retarderait le plan social de plusieurs mois. Mais Varin a évoqué hier de possibles «ajustements» et le fait qu’il était «ouvert aux suggestions». De source gouvernementale, PSA a bien accepté de faire un effort, incluant quelques suppressions d’emplois en moins et, surtout, davantage de reclassements internes et externes. Le sujet sera abordé aujourd’hui lors d’une réunion tripartite entre la direction, les syndicats et les pouvoirs publics, a indiqué hier Pierre Moscovici.

    L’alliance avec General Motors manque-t-elle d’ambition ?

    Avec une nouvelle baisse du chiffre d’affaires de 3,9% au troisième trimestre et une hémorragie de cash qui se poursuit, PSA est aux abois. Au-delà du plan d’économies, la seule piste de rebond à moyen terme est le partage des frais de développement des nouveaux modèles avec l’allié américain GM. Seul problème : les quatre projets communs (monospaces, berlines, etc.) annoncés hier sont presque tous limités au marché européen, et réalisés non pas avec GM, mais avec sa filiale européenne Opel. Le projet de petite voiture destinée à l’Amérique latine, dont PSA a grand besoin, n’a pas été retenu. Il n’y aura rien non plus en Chine. Varin a assuré qu’il s’agit d’un arbitrage «économique». Et qu’au vu des pertes des deux groupes sur un marché européen déprimé, c’est là qu’il faut «tout faire pour réduire les coûts». Il n’empêche, cette focalisation sur l’Europe accrédite les rumeurs selon lesquelles GM refuse d’aider PSA dans les pays émergents, où l’américain est fort et le français en position de faiblesse.

    La famille Peugeot va-t-elle larguer PSA ?

    Le conflit s’envenime entre Thierry Peugeot, qui veut que la famille conserve le contrôle sur l’activité automobile, et son cousin Robert, qui souhaite lâcher progressivement les rênes en fusionnant la division auto de PSA avec Opel dans une coentreprise détenue à 50-50. Ce projet n’est pas encore arbitré. Mais il n’est pas démenti par Varin. «On ne s’interdit pas d’avoir d’autres idées en matière de synergies [avec GM et Opel]», a-t-il glissé hier. Cette perspective crée une forte émotion en interne, où la famille Peugeot est perçue, malgré ses erreurs stratégiques, comme le dernier pôle de stabilité. Mais aussi au sein du gouvernement, qui redoute de lourdes conséquences sociales en cas de fusion entre PSA et Opel. Selon un bon connaisseur du groupe, les fuites dans la presse vont en tout cas forcer la famille à «accélérer le processus de décision» sur ce choix stratégique explosif.


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  • Économie

    Les ventes de voitures neuves continuent de baisser en France

    <time datetime="2012-11-02T10:13:53+01:00" itemprop="datePublished">2 novembre 2012 à 10:13</time> (Mis à jour: <time datetime="2012-11-02T11:03:50+01:00" itemprop="dateModified">11:03</time>) lien

    Les immatriculations de PSA ont décroché de 5% en octobre, celles du groupe Renault (Renault et Dacia) de 26,4%.

    Les immatriculations de PSA ont décroché de 5% en octobre, celles du groupe Renault (Renault et Dacia) de 26,4%. (Photo Sebastien Bozon. AFP)

    Le mois d'octobre a prolongé les mauvaises performances du secteur, en particulier pour Renault.

    Par LIBÉRATION.FR avec AFP

    Le marché automobile français a poursuivi sa baisse en octobre, avec un recul de 7,8% des immatriculations de voitures neuves sur un an. Cette baisse a particulièrement touché Renault, selon des chiffres publiés vendredi par le Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA). 162 411 voitures ont été immatriculées le mois dernie. A nombre de jours ouvrables comparable, la chute est encore plus brutale : -15,8%.

    Les constructeurs français continuent à souffrir plus que leurs concurrents. En octobre, les immatriculations de PSA Peugeot Citroën ont décroché de 5% et celles du groupe Renault (Renault et Dacia) de 26,4%. Les immatriculations des étrangers dans leur ensemble ont en revanche augmenté de 2,5%, tirées par le japonais Toyota, le coréen Hyundai-Kia, l’allemand Daimler (Mercedes et Smart) et, dans une moindre mesure, son compatriote Volkswagen.

     Pessimisme pour 2012

    Le sud-coréen Hyundai-Kia continue sur sa lancée (+20,8%). Cette progression inquiète le gouvernement français, qui avait demandé la mise sous surveillance des importations de véhicules en provenance du Corée du Sud. Cette demande a été rejetée fin octobre par la Commission européenne, pour qui les conditions juridiques requises pour l’introduction d’un tel mécanisme, c’est-à-dire l’existence d’une augmentation des importations concentrée dans un ou plusieurs Etats membres, ne sont «pas remplies».

    Sur dix mois, le recul du marché atteint 13,3% en données brutes. Pour l’ensemble de l’année 2012, le CCFA table sur un recul des immatriculations de 12%. «Nous espérons que notre prévision ne soit pas trop optimiste», a averti un porte-parole, joint par l’AFP. «L’arrivée de la Clio IV de Renault pourrait un peu relancer le marché sur la fin de l’année», espère-t-il. Cette nouvelle citadine sera en concurrence avec la Peugeot 208. Traditionnellement, ce type de véhicule fait partie des modèles les plus vendus en France.

    Problème de gamme

    Symbolisées par les difficultés de PSA, ces mauvaises performances des constructeurs français sont «le résultat de deux phénomènes», expliquait cet été à Libération Bernard Jullien, économiste spécialiste du marché automobile : «D’abord, la fin de la prime à la casse, qui avait conduit les Français à anticiper leurs achats d’automobiles. Le retour de bâton est d’autant plus violent que le dispositif avait gonflé les ventes.Pour compenser le reflux, les constructeurs misaient sur la reprise d’autres grands marchés européens : Royaume-Uni, Italie, Espagne, Allemagne. Or, cette dernière mise à part, le redémarrage n’a pas eu lieu».

    Autre facteur de déclin : la spécialisation des constructeurs français sur le milieu de gamme, quand les segments low-cost et haut de gamme -ce dernier dominé par les Allemands- sont les plus dynamiques. 

    Le plan de soutien à la filière automobile, présenté fin juillet par le gouvernement, a notamment renforcé les primes à l'achat de véhicules électriques ou hybrides et le soutien public à la recherche dans ce domain, espérant y donner un avantage compétitif aux constructeurs tricolores. Le gouvernement doit par ailleurs annoncer dans les prochaines semaines des mesures sur la compétitivité de l'économie française, qui devraient porter tant sur le coût du travail que sur la recherche et l'innovation.


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  • Économie

    Compétitivité : Montebourg dévoile ses plans

    <time datetime="2012-11-02T18:57:49.357822+01:00" itemprop="datePublished">2 novembre 2012 à 18:57    </time>lien

    L'allègement de 20 milliards d'euros de cotisations patronales préconisé par Arnaud Montebourg concernerait les salaires compris entre 1,6 et 2,5 fois le Smic.

    L'allègement de 20 milliards d'euros de cotisations patronales préconisé par Arnaud Montebourg concernerait les salaires compris entre 1,6 et 2,5 fois le Smic. (Photo Philippe Wojazer. Reuters)

    Selon «les Echos», le ministre du Redressement productif préconise d'abaisser les cotisations patronales de 20 milliards d'euros en échange de garanties sur l'investissement.

    Par LIBÉRATION.FR

    Sans attendre la remise du rapport Gallois, lundi prochain, Arnaud Montebourg a présenté ses solutions en matière de compétitivité. Dans un document consulté par les Echos, le ministre du Redressement productif propose d'agir sur le coût du travail, avec un allègement de 20 milliards d'euros des cotisations patronales sur les salaires compris entre 1,6 et 2,5 fois le Smic, soit 2 281 à 3 465 euros bruts mensuels. Plus de 3,1 millions de salariés seraient compris dans cette fourchette de revenus, dont un million dans l'industrie. 

    Pour financer la mesure, Arnaud Montebourg suggère d'en appeler aux «secteurs protégés de l'économie», comme « la restauration, le secteur bancaire et l’immobilier». Parmi les autres pistes, une baisse des dotations de l'Etat aux collectivités locales, une augmentation de la fiscalité pour les retraités les plus fortunés, la fiscalisation des allocations familiales et a création d'une «taxe carbone aux frontières»

    La baisse des cotisations patronales n'irait cependant pas sans conditions : les entreprises devraient s'engager à investir pour en bénéficier. Les allègements seraient égaux à la moitiés des sommes investies dans la création de «nouveaux produits ou processus»

    Selon le ministère du Redressement productif, cette mesure représenterait «une évolution de compétitivité du même ordre de grandeur que celui réalisé par l’Allemagne dans les années 2000». Elle favoriserait «une hausse massive de l’investissement dans les entreprises», et déboucherait sur la création de «plusieurs centaines de milliers d’emplois».


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  • Sports

    Hand : des paris pour «niquer le système»

    <time datetime="2012-11-01T19:56:06+01:00" itemprop="datePublished">1 novembre 2012 à 19:56</time> (Mis à jour: <time datetime="2012-11-02T10:35:30+01:00" itemprop="dateModified">2 novembre 2012 à 10:35</time>) lien

    Geraldine Pillet  (à gauche) et Jeny Priez (R),compagnes de Nikola et Luka Karabatic, avec leur avocat, au palais de justice de Montpellier, le 16 octobre.

    Geraldine Pillet (à gauche) et Jeny Priez (R),compagnes de Nikola et Luka Karabatic, avec leur avocat, au palais de justice de Montpellier, le 16 octobre. (Photo Pascal Parrot. Reuters)

    info libé Des PV d’audition, auxquels «Libération» a eu accès, mettent en lumière le rôle des compagnes de Nikola et Luka Karabatic, les joueurs de Montpellier.

    Par VIOLETTE LAZARD

    «Ça sent le roussi», finit par lâcher Jennifer Priez aux enquêteurs qui l’auditionnent depuis plusieurs heures à Nanterre (Hauts-de-Seine), sous le régime de la garde à vue. Après s’être entretenue avec son avocat, la jeune femme, compagne du joueur de handball Luka Karabatic et entendue le 30 septembre dans le cadre de l’affaire des paris suspects, décide de ne plus répondre aux questions. Une posture adoptée par la plupart des sept joueurs et ex-joueurs de Montpellier, ainsi que certains de leurs proches, tous soupçonnés de s’être entendus pour parier sur la défaite de leur club, et aujourd’hui mis en examen pour escroquerie. Mais, pour «Jeny», il est trop tard.

    D’après les PV d’audition que Libération a pu consulter, et comme son avocat l’a admis, la jeune femme, mise en examen pour complicité d’escroquerie, a déjà tout dit. Elle sera la seule. Ce qu’on lui reproche ? D’avoir parié 4 500 euros sur la défaite, à la mi-temps, de Montpellier contre Cesson, le 12 mai, à la demande de son petit ami, Luka. Ce qu’elle a avoué ? Tout. Et même un peu plus. Des aveux qui ont coûté cher au jeune Karabatic, convoqué jeudi prochain pour un possible entretien préalable de licenciement, comme tous les joueurs qui ont reconnu avoir misé.

    «Je sais que je suis là pour un pari bête et stupide», débute la jeune femme. L’animatrice télé de NRJ12, suspendue depuis sa garde à vue, détaille sa matinée du 12 mai. Elle vit à Paris, Luka, blessé, ne participe pas au match et se trouve avec elle. «[Luka] n’était pas avec moi quand j’ai parié, mais il n’était pas loin.» Elle précise qu’il lui «a demandé de parier sur le match qui était selon lui perdu d’avance». Il lui confie 4 500 euros en cash : «Il m’a donné la somme chez moi avant que j’aille parier.»

    «pas mort d’homme». Mais la jeune femme n’est pas une familière des paris sportifs. Un buraliste la voit arriver au comptoir avec un bout de papier annoté «Cesson menant au score à la mi-temps». Pourquoi, alors, ne pas laisser Luka parier ? «J’imagine que c’est parce qu’il fait partie de l’équipe, je ne sais pas moi. […] Il ne voulait pas que quelqu’un le juge en le voyant faire quelque chose comme ça.» Avant de reconnaître, les policiers insistant : «Je ne suis pas bête, s’il me demande d’aller parier pour lui, je me doute que c’est parce qu’il ne peut pas le faire lui-même.» Pourtant, quelques minutes plus tard, Luka parie lui-même 3 900 euros au Tabac des Pyrénées. Jennifer a une explication : «Le bureau de tabac dans lequel il a joué est tenu par des Asiatiques qui ne parlent pas bien le français, donc il pensait avoir moins de risques et savait sans doute que plus tôt on joue, mieux c’est, parce que la cote baisse [ensuite].» La jeune femme refuse d’en dire plus sur les autres parieurs et l’existence éventuelle d’un pacte : «Moi, je suis avec Luka, je ne me préoccupe pas de ce que font les autres.»

    Lors d’une conversation avec sa mère, Jeny Priez, sur écoute, avait pourtant tenu un autre langage, lui rappelle un policier : «Vous affirmez que si les femmes des joueurs avaient joué, c’est simplement pour "niquer le système" et qu’il n’y a "pas mort d’homme". Vous ajoutez même qu’il ne faut pas avoir de remords, car ce n’est que la FDJ [Française des jeux, ndlr], et ce n’est pas grave. Convenez-vous qu’il s’agit d’aveux à demi-mot ?» Jeny Priez reste évasive : «Ça avait pris une telle ampleur que j’ai dit qu’il n’y avait pas mort d’homme.»

    «tour de contrôle». Placée également en garde à vue le 30 septembre, Géraldine Pillet, compagne du champion olympique Nikola Karabatic, elle, ne pipe mot. Un «droit au silence», qui a probablement sauvé la carrière du joueur, réintégré cette semaine par son club de Montpellier. Ce n’est que devant le juge, lors de sa mise en examen pour complicité d’escroquerie, que la jeune femme, cadre à l’hôtel Méridien à Paris, prend brièvement la parole : «J’ai parié de mon propre chef avec mon argent, 400 euros, le reste [environ 1 000 euros], c’était mes économies. Je ne l’ai jamais fait à la demande de "Niko". Je l’ai fait parce que sept joueurs cadres étaient blessés. […] Je connais bien le handball.»

    Les éléments réunis contre le couple sont pourtant nombreux. Géraldine Pillet a misé 1 500 euros sur la défaite de Montpellier : trois jours avant, le 9 mai, Nikola retire exactement cette somme de son compte en banque. Leurs deux téléphones «bornent» - activent un relais - à proximité des bureaux de tabac où la jeune femme a parié et où elle vient récolter ses gains dans les jours suivants. Pour les policiers, qui ne se découragent pas devant le silence de leur gardée à vue, Géraldine Pillet n’est pas qu’un simple intermédiaire. «Vous semblez être le noyau central, la tour de contrôle du dispositif, qui donne le top départ des prises de paris et à qui l’on rend compte par la suite. Qu’avez-vous à dire à ce sujet ?» Pas de réponse. Les policiers détaillent alors les relevés téléphoniques de la jeune femme pour la matinée du 12 mai. Ce dimanche-là, au moment des paris, Géraldine Pillet entre en contact avec quatre parieurs, deux joueurs et deux de leurs proches. Elle joint trois fois Jeny Priez - qui ne s’en souviendra plus en garde à vue.

    Gérante. Trois appels entre 10 h 44 et 10 h 57 sont passés vers Mladen Bojinovic - joueur de Montpellier mis en examen, qui a reconnu avoir donné 4 000 euros à un tiers pour parier à sa place. Seize appels sont enregistrés avec Mickaël Robin - autre joueur simplement entendu dans le cadre de la procédure. Elle joint enfin à cinq reprises, entre 10 h 14 et 10 h 37, Enzo Di Guardo, 22 ans. Cet ami des frères Karabatic a misé 3 600 euros ce matin-là, soit six fois son salaire. «La gérante d’un de ces établissements s’est souvenue que celui-ci [Enzo] lui avait dit "qu’[il] faisait partie d’un groupe d’une douzaine de personnes s’étant réunies pour faire ce type de paris et que la concrétisation de ce pari était conditionnée à un appel téléphonique qu’[il] attendait",rappelle un enquêteur. L’examen de la téléphonie détermine que son unique interlocuteur le 12 mai 2012 aux alentours de 10 heures était vous.» Toujours pas de réponse de Géraldine Pillet. Entendu, Enzo Di Guardo, lui, tente de se justifier… mais sans brio. «Je ne sais plus si j’ai répondu, comme j’étais en train de parier…»


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