• Dernière modification : 25/09/2013 

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    Attaque de Nairobi : élan de solidarité

    dans un Kenya en deuil

    Attaque de Nairobi : élan de solidarité dans un Kenya en deuil
    © Leela Jacinto © FRANCE 24

    Les drapeaux sont en berne ce mercredi au Kenya, où trois jours de deuil national ont été décrétés après la prise d’otages meurtrière du centre commercial de Westgate. Les Kenyans se sont massivement mobilisés pour venir en aide aux victimes.

    Par Leela JACINTO , envoyée spéciale à Nairobi (texte)
     

    Un samedi au pas de course. C’est sur un rythme effréné qu’a commencé la journée de Josephine Mutungi. Ce 21 septembre, cette quadragénaire prend quelques instants sur son planning serré pour s’arrêter faire des courses au centre commercial de Westgate, à Nairobi, avant le match de foot de son fils.

    "Mon fils et moi étions dans le magasin Planet Media [une enseigne très populaire de jouets, NDLR], au deuxième étage du bâtiment, lorsque nous avons entendu une forte détonation, raconte Joséphine Mutungi. Sur le moment, j’ai pensé que quelqu’un avait laissé tomber quelque chose de lourd, je n’ai pas imaginé un seul instant qu’il s’agissait d’une explosion."

    Cette détonation est en réalité le début d’un calvaire qui durera quatre heures pour cette femme et son fils. Recroquevillée avec lui sur le sol, dans un coin du magasin, Josephine entend les coups de feu retentir et les balles siffler dans les couloirs du centre commercial. Elle voit les terroristes, armés jusqu’aux dents, arpenter calmement les allées en fumant.

    Dans les boutiques, les employés tentent désespérément de cacher leurs clients, paniqués, dans les recoins et les espaces étroits entre les murs et les étagères.

    Finalement, Josephine et son fils parviennent à s’échapper de Westgate, sains et saufs, avec l’aide du personnel de sécurité. "J’ai eu de la chance, commente-t-elle simplement. Je remercie Dieu, il m’a sauvée."

    Un lourd bilan

    Tous n’ont pas eu la même chance. Au moins 67 personnes ont été tuées au cours de l’attaque, selon des chiffres encore provisoires communiqués par les autorités kényanes. Au moins 170 personnes ont été blessées, dont 62 se trouvent encore à l’hôpital. Sur l’un de leurs comptes Twitter, les terroristes ont, eux, affirmé avoir exécuté 137 otages

    Parmi les victimes décédées se trouvent des ressortissants français, britanniques, canadiens, hollandais, australiens, péruviens, indiens, ghanéens, sud-africains et chinois. Le centre commercial, situé dans un quartier cossu de Nairobi, était prisé de la classe aisée kényane et des expatriés.

    Pendant la difficile opération de libération des otages et de sécurisation du périmètre, qui a duré quatre jours, trois étages du très chic centre commercial se sont effondrés, piégeant plusieurs corps sous des tonnes de décombres.

    "Triomphe sur le diable"

    Les Shebab, groupe d’islamistes somaliens affilié à Al-Qaïda, ont revendiqué l’attaque. Les autorités kenyanes ont diligenté une enquête pour déterminer qui se trouve réellement derrière cet acte terroriste.

    C'est Uhuru Kenyatta qui a annoncé la fin de l’assaut contre les terroristes mardi soir, à la télévision publique. "Les Kenyans ont humilié et maîtrisé les assaillants", a-t-il déclaré à cette occasion, ajoutant, grandiloquent, que la nation avait "triomphé sur le diable". "Nous avons vaincu nos ennemis et montré au monde ce que nous sommes capables d’accomplir", a-t-il poursuivi.

    Cinq assaillants ont été tués et 11 suspects ont été arrêtés, a déclaré le président kenyan Uhuru Kenyatta, lors d’une allocution télévisée mardi soir. Selon le ministère britannique des Affaires étrangères, un Anglais se trouve parmi les suspects. Les nationalités des autres assaillants présumés n’ont pas encore été dévoilées.

    Mobilisation des Kenyans

    La prise d’otage de Westgate a pris fin. Mais la douleur et le traumatisme ne font que commencer. Trois jours de deuil national ont été décrétés au Kenya. Dans tout le pays - et dans le monde - les familles des victimes préparent les funérailles de leurs proches, morts au cours de l’attaque. Les corps des ressortissants étrangers sont peu à peu rapatriés.

    À Nairobi, dans les couloirs des hôpitaux, des morgues et des crématoriums, la même souffrance se lit sur les visages, les mêmes larmes noient les regards. À l’extérieur des bâtiments, les familles se regroupent sur les pelouses et sur les parkings, essayant de soustraire leurs regards angoissés aux caméras des chaînes d’information. D’autres vont à leur rencontre, acceptant des interviews, cherchant des informations sur leurs proches dont ils n’ont pas de nouvelles. Selon la Croix-Rouge kényane, 63 personnes sont portées disparues.

    La sanglante prise d’otages a par ailleurs suscité une forte mobilisation à travers la ville pour venir en aide aux victimes. De grandes files d’attente s’étirent le long de tous les établissements de dons du sang de Nairobi. En une seule journée, la Croix-Rouge a collecté quelque 3 000 poches de sang dans le seul centre du parc Uhuru.

    Dans son allocution à la nation mardi soir, Kenyatta a rappelé que les Kényans avaient fait don de 60 millions de shillings kényans (environ 510 000 euros). "Vous vous êtes levés comme un seul homme, et avez sans failles soutenu votre pays, vos frères et vos sœurs, a affirmé le chef de l'État. Vous avez également donné de la nourriture, des vêtements et d’autres denrées, pas seulement pour les victimes, mais aussi pour soutenir les secouristes bénévoles."

    À un coin de rue, à quelques encablures de Westgate, une famille kényane a distribué des repas gratuits aux forces de sécurité et aux journalistes qui se trouvaient là pendant toute la durée du siège.

    "J’ai une cuisine qui fonctionne, donc je peux cuisiner, explique Zena Anezdishes. Cela m’aide à mieux dormir". Samedi, elle avait rendez-vous dans un salon de beauté à l’intérieur du centre commercial. Mais elle n’a pas pu arriver à temps, son mari l’ayant retardée. "Ces cinq minutes m’ont sauvé la vie. C’est ma façon à moi de rendre cette chance, de remercier Dieu".


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  • Dernière modification : 25/09/2013 

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    Reportage exclusif en Centrafrique : "Ce que nous vivons est pire que tout"

    © Capture d'écran FRANCE 24

    Six mois après l’arrivée au pouvoir des rebelles de la Séléka, les populations civiles de Centrafrique se retrouvent prises en étau entre les soldats restés fidèles à l’ex-président Bozizé et des "éléments incontrôlés" de la rébellion.

    Par Steven JAMBOT (texte)VIDEO
     

    Depuis le renversement du président François Bozizé et l’installation au pouvoir des ex-rebelles de la Séléka, l’appareil d’État – déjà vacillant auparavant – a quasiment disparu en Centrafrique. Nombre des 25 000 combattants de la coalition Séléka n’obéissent plus qu’à leurs chefs directs, qui se sont taillés des fiefs à travers le pays.

    Vendredi 13 septembre, le président de transition centrafricain Michel Djotodia, arrivé au pouvoir à la tête de la Séléka le 24 mars, a annoncé à Bangui la dissolution immédiate de cette alliance rebelle. Il avait déjà ordonné publiquement à plusieurs reprises le désarmement et le cantonnement des combattants de l’ex-rébellion. À Bangui, il leur avait même interdit de participer à toute opération de maintien de l’ordre.

    Ces effets d’annonce n’avaient jusque-là eu que peu de résultats. Si les observateurs ont noté une légère amélioration de la situation à Bangui, il n’en est rien en province. Des combattants – "incontrôlés" selon les autorités – commettent des exactions, des violences et des pillages à répétition contre la population, comme ont pu le constater Étienne Huver et Boris Heger. Pour FRANCE 24, ils ont pris la route de Bossangoa (250 km au nord-ouest de Bangui) le mercredi 11 septembre.

    Les deux journalistes ont accompagné un convoi humanitaire sur cette route, sous escorte militaire de la Fomac (Force d’interposition d’Afrique centrale). Ils ont traversé des dizaines de villages déserts alors que, depuis plus d’une semaine, les civils sont directement pris pour cible par les deux camps qui s’opposent. En chemin, ils ont croisé des groupes d’autodéfense qui harcèlent les troupes du gouvernement.

    Les populations civiles visées

    À 50 kilomètres de Bossangoa, en ce 11 septembre, le convoi a découvert l’horreur dans un village réduit en cendres quelques heures plus tôt. Au total, six personnes ont été assassinées à coups de machette. Selon la présidence, les exactions de ce type sont le fait de partisans de l'ex-président qui s'en prennent aux habitants de confession musulmane. Michel Djotodia étant le premier président musulman d'un pays très majoritairement chrétien.

    "Dans chaque communauté, des gens nous ont supplié de rester"

    Le conflit qui se poursuit attise les tensions entre chrétiens et musulmans, faisant craindre une guerre confessionnelle. Chaque communauté compte désormais ses morts et ses blessés. Plus de 6 000 chrétiens n’osent plus quitter l’évêché de Bossangoa. Les conditions sanitaires y sont extrêmement précaires : un seul point d’eau, deux latrines, pas de médicaments. L’abbé Frédéric Tonfio, vicaire général de Bossangoa, est dépassé : "Ça c’est du jamais vu. Il y a eu des mutineries, des rébellions, mais ce que nous vivons actuellement est pire que tout."

    Les 8 et 9 septembre, des affrontements opposant forces du nouveau régime et partisans du général Bozizé avaient fait une centaine de morts près de cette localité, selon un bilan non définitif fourni par la présidence. Selon l'ONG Médecins sans frontières (MSF), des "atrocités ont été commises par les deux parties au conflit".


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  • "New Deal" en Somalie: 1,8 milliard d'euros

    débloqués à Bruxelles

    Publié le 16.09.2013, 17h11

    Partenaires et donateurs de la Somalie se sont réunis lundi à Bruxelles pour conclure un

    Partenaires et donateurs de la Somalie se sont réunis lundi à Bruxelles pour conclure un "New Deal" avec ce pays, visant à l'extraire des affres de la guerre civile et de l'extrême pauvreté. | John Thys

    Zoom 1/3

    La communauté internationale s'est engagée lundi à verser 1,8 milliard d'euros pour un "New Deal" avec la Somalie visant à l'extraire des affres de la guerre civile et de l'extrême pauvreté.
    "Nous avons des engagements pour 1,8 milliard d'euros", soit près du double de ce que l'UE espérait mobiliser, s'est félicité le de la Commission européenne, , à l'issue d'une conférence internationale en faveur de ce pays de la Corne de l'Afrique.
     

    "C'est un jour historique pour la Somalie", a lancé le président somalien, Hassan Cheikh Mohamoud, co-organisateur du rendez-vous avec l'UE.
    La Commission européenne a promis 650 millions d'euros, suivie notamment de la Suède, du Danemark, de l'Allemagne et du Royaume-Uni, selon une source européenne. Depuis 2008, l'UE a déjà débloqué 1,2 milliard d'euros pour ce pays.
    Les fonds doivent soutenir la mise en oeuvre d'une feuille de route pour la reconstruction, après 20 ans de chaos, en vue de la tenue d' en 2016, a précisé M. Barroso.
    "Le message est avant tout politique, il s'agit de donner une vision d'ensemble et d'articuler tout ce que fait la communauté internationale", a souligné une source diplomatique.
    Le président somalien a plaidé pour que la communauté internationale "respecte ses engagements" pour aider le pays à poursuivre la "transformation remarquable" dans laquelle il est engagé. "Tout dépendra de la manière dont un mécanisme sera mis en place pour garantir la délivrance de ces fonds", a-t-il insisté.
    Quatre priorités
    Il a souligné que le plan de reconstruction formellement adopté au cours de la conférence allait "aider la Somalie à se remettre sur ses pieds". L'objectif est d'organiser le redressement du pays autour de quatre "priorités: la sécurité, la réforme judiciaire, la réforme des finances publiques et le redémarrage économique".
    L'assurant du soutien sans faille des partenaires internationaux, la représentante de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, a relevé que "la liste des besoins reste longue et les défis importants". Créer des emplois pour empêcher une reprise de la piraterie, qui a perturbé ces dernières années le trafic maritime au large des côtes somaliennes, figure parmi les objectifs, a précisé M. Barroso.
    Plus de la moitié des fonds européens versés depuis 2008, soit 697 millions d'euros, l'ont été pour financer les missions de maintien de la paix ou de lutte contre la piraterie, le reste allant au développement.
    Quelque 50 délégations d'Europe, Afrique et du Golfe participaient à la conférence, au côté de bailleurs de fonds internationaux.
    Le président somalien s'est prévalu que le plan de redressement ait été établi après de larges consultations avec l'ensemble de la société somalienne. "Il est essentiel que la confiance soit rétablie entre les gens et ceux qui les représentent, entre les clans et les régions", a souligné le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy.
    Mais les rebelles islamistes shebab ont dénié tout intérêt au processus. Les "milliards promis" resteront "le plus probablement impayés" ou alimenteront "la corruption", ont-ils affirmé sur leur compte twitter, assimilant la réunion à une "gaufre belge: sucrée mais sans consistance".
    L'ONU avait exprimé des inquiétudes en juillet sur l'ampleur de la corruption dans le pays. L'insécurité persistante sur place "multiplie les risques d'évaporation" de l'aide, gérée via de multiples intermédiaires, a relevé une source européenne.
    L'élection en septembre 2012 de Hassan Cheikh Mohamoud a lancé le processus de reconstruction d'un Etat central. Mais malgré les revers infligés aux islamistes, qui ont perdu depuis août 2011 l'ensemble de leurs bastions du sud et du centre du pays, le gouvernement peine à asseoir son autorité au-delà de la capitale Mogadiscio et de sa périphérie.
    Contrôlant toujours de grandes zones rurales, les islamistes multiplient les attentats. Le dernier a fait au moins 18 morts dans le centre de Mogadiscio le 7 septembre.
    Moins de 48 heures après son élection, ils avaient signé dans la capitale une tentative d'attentat contre le président, à nouveau visé pour son premier anniversaire au pouvoir par une embuscade tendue contre son convoi, le 3 septembre.


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  • Dernière modification : 24/09/2013 

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    Attaque de Nairobi : "trop sophistiquée

    pour venir uniquement de Somalie"

    © AFP

    Bien que les Shebab somaliens aient revendiqué la prise d’otages de Nairobi, l'identité des assaillants reste une énigme. Les autorités kenyanes pointent du doigt Al-Qaïda, mais d'autres scénarios sont également plausibles.

    Par FRANCE 24 (vidéo)lien
    Leela JACINTO , envoyée spéciale au Kenya (texte)
     

    Alors que les combats ont repris mardi 24 septembre au matin entre l'armée kenyane et "un ou deux" hommes armés dans le centre commercial de Westgate, à Nairobi, le mode opératoire des assaillants révèle une autre facette du mouvement djihadiste somalien qui a revendiqué l'attaque. "Un seuil a été franchi avec cet événement", explique Matt Bryden, directeur du think tank Sahan Research, basé à Nairobi. "En Somalie, nous avons constaté une évolution progressive partant de simples opérations-suicides à des attaques hybrides plus complexes, impliquant à la fois des hommes armés et des kamikazes. Maintenant, nous pouvons voir qu'ils ont réussi à exporter cette tactique à travers la frontière vers le Kenya".

    Nairobi accuse Al-Qaïda
     
    En s’attaquant à la grande métropole politiquement stable et économiquement prospère qu’est Nairobi, cette offensive des djihadistes somaliens rappelle l’attaque terroriste qui frappa le cœur de Bombay en 2008.
     
    Assiste-t-on à un phénomène de pollinisation transfrontalière des idées ? À une mutualisation de la formation et au partage des ressources dans les milieux djihadistes ? "Ce phénomène n’est pas nouveau, note Cédric Barnes, directeur du projet Corne de l'Afrique de l'ONG International Crisis Group, basé à Bruxelles, puisque nous savons et nous avons des preuves que les combattants djihadistes venus du sous-continent indien  - l’Afghanistan et le Pakistan - traversent le Moyen-Orient vers l’Afrique de l'Est et jusqu’en Afrique de l'Ouest."
    Dans une interview accordée lundi à la chaîne qatarie Al-Jazira, la ministre kenyane des Affaires étrangères, Amina Mohamed, a déclaré qu’Al-Qaïda était responsable de l’attaque du centre commercial de Nairobi et que le groupe islamiste somalien des Shebab, qui a revendiqué le carnage, n'agissait pas seul. Cette distinction entre les Shebab pourtant affilié à Al-Qaïda et la nébuleuse terroriste elle-même a poussé les analystes à expliquer les méandres des relations complexes entre les différents groupes djihadistes.
     
    "C'est comme un partage de codes ou d'une opération conjointe où les djihadistes profitent de l'expérience des Shebab et de l'ensemble du réseau Al-Qaïda, explique Cédric Barnes. L'attaque du Westgate est trop sophistiquée, trop bien organisée pour avoir été dirigée uniquement depuis la Somalie. Celle-ci a eu besoin d’une planification à long terme, qui a dû nécessiter une présence et des préparatifs réalisés sur le sol kenyan."
     
    Des groupes djihadistes kenyans impliqués ?
     
    Alors que les Shebab ont revendiqué leur attaque sur Twitter avec grandiloquence, certains analystes estiment qu’il faut se pencher sur le cas de groupes djihadistes locaux basés au Kenya. Les enquêteurs pourraient notamment s’intéresser de près au groupe kenyan Al-Hijra, implanté dans la région côtière du Kenya et aussi à Majengo, un bidonville tentaculaire de Nairobi. Ce groupe est réputé être également présent à Eastleigh, un quartier à majorité somalienne de la capitale kenyane.
     
    "Ce n’est pas un groupe somalien, mais son chef, Ahmed Iman Ali, qui s'est rendu en Somalie en 2009 où il s'est incorporé aux Shebab, décrypte Matt Bryden. Depuis lors, plusieurs combattants d'Al-Hijra se sont rendus en Somalie pour y être formés." La Corne de l'Afrique abrite différents groupes djihadistes, certains sont nationalistes et concentrent leurs actions sur un plan national, tandis que d’autres opèrent en dehors de leurs frontières. Parfois, leurs agendas peuvent correspondre et donner naissance à des attaques sophistiquées bien planifiées.
     
    Un autre spécialiste de la Corne de l'Afrique, Abdullahi Halakhe, affirme que dans la bataille interne qui oppose en Somalie "le mouvement djihadiste transnational et le mouvement nationaliste somalien", c’est le premier qui a pris l’ascendant sur le second.
     
    Pour comprendre d’où est partie l’attaque qui ensanglante depuis trois jours la capitale kenyanne, il y a l’accusation lancée par la chef de la diplomatie kenyane qui désigne Al-Qaïda, une charge qui sonne juste aux oreilles des capitales occidentales engagées dans la lutte contre le terrorisme. Mais c’est dans la complexité de la nébuleuse djihadiste régionale que réside vraisemblablement la responsabilité de l’attaque du Westgate Mall de Nairobi.

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  • Dernière modification : 23/09/2013 

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    Attaque de Nairobi : Israël, un allié de poids

    pour les forces kenyanes

    Attaque de Nairobi : Israël, un allié de poids pour les forces kenyanes
    Visite de l'ex-Premier ministre kenyan Raila Odinga en Israël en 2011.
    © AFP PHOTO/ GPO /AVI OHAYON

    Plusieurs sources font état de la présence d’Israéliens aux côtés des Kenyans pour tenter de déloger les Shebab du centre commercial de Nairobi. Une information peu surprenante, les deux pays entretenant des relations étroites depuis des décennies.

    Par Marc DAOU (texte)
     

    Quelques heures après le début de l'attaque contre le centre commercial Westgate Mall de Nairobi, plusieurs sources kenyanes ont évoqué la présence d'agents israéliens aux côtés des forces locales, pour tenter de maîtriser le commando islamiste somalien shebab. "Les Israéliens viennent d'entrer et ils secourent les otages et les blessés," déclarait ainsi à l'AFP, dimanche, une source sécuritaire kenyane sous couvert d'anonymat.

    Le correspondant de FRANCE 24 à Jérusalem rapporte lui aussi qu’une source sécuritaire israélienne lui a confirmé la présence d’Israéliens sur place, "des experts qui ne jouent qu’un rôle de conseil pour le moment".

    Une information non infirmée ni confirmée par le gouvernement de l’État hébreu, qui, fidèle à sa ligne de conduite, n'a fait aucun commentaire sur cette affaire. "Nous n'avons pas pour habitude de commenter une quelconque opération conjointe de sécurité qui pourrait ou non être en cours", indiquait simplement dimanche, le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Paul Hirschson.
     
    Des relations économiques, militaires et sécuritaires
     
    S'il n'est guère étonnant de voir Israël prêter main forte au Kenya, c'est que les deux pays entretiennent d’étroites relations économiques et militaires depuis plusieurs décennies. "Le Kenya, base avancée d’Israël en Afrique", titre d'ailleurs ce lundi le quotidien "Haaretz". Le journal rappelle que l’État hébreu a vendu ces dernières années une quantité considérable d'armes au Kenya, tout en lui prodiguant son savoir-faire militaire. "Des centaines de soldats kényans ont ainsi reçu une formation en Israël pour lutter contre le terrorisme ou ont été formés au Kenya par des instructeurs officiels ou semi-officiels israéliens", note "Haaretz".
     
    Ces liens, notamment militaires et sécuritaires, qui ont parfois été officieux, ont pris leur essor dans les années 1970, au milieu de la guerre froide, à l’instar des relations israélo-éthiopiennes. Ils se sont renforcés au fil des années dans le cadre de la montée du terrorisme en Afrique de l'Est. Ainsi, en juin 1976 à Entebbe (Ouganda), lors de la prise d'otages d’une centaine de passagers en provenance de Tel Aviv, les autorités kenyanes avaient permis aux commandos israéliens de faire escale à Nairobi, devenue alors une base logistique, pavant la voie au succès de l’opération de sauvetage.
     
    La coopération a franchi un nouveau cap en 2002, à la suite d’un attentat suicide revendiqué par Al-Qaïda contre un hôtel fréquenté par des touristes israéliens, près de la ville côtière de Mombasa.
     
    Un partenariat stratégique
     
    "Israël est un partenaire géostratégique clé", affirmait en 2007 le directeur général du ministère des Affaires étrangères kenyan, Tom Amolo, à un diplomate américain, selon un câble dévoilé par le site Wikileaks. "Il s’agit d’un contrepoids approprié pour nous face à certains États de la région qui ne respectent pas nos valeurs", avait-il ajouté en référence au Soudan voisin, proche des mouvances islamistes honnies par Nairobi.
     
    En 2011, l’ancien Premier ministre kenyan Raila Odinga, de retour d’une visite en Israël, déclarait que son pays avait obtenu l’appui de l'État hébreu pour constituer une "coalition contre le fondamentalisme en Afrique de l’Est, incorporant son pays, l’Éthiopie, le Sud- Soudan et la Tanzanie". Dans un communiqué, il avait cité son homologue israélien Benjamin Natanyahou répétant que "les ennemis du Kenya sont les ennemis d’Israël", ajoutant que les deux pays faisaient face à "des forces similaires qui complotent pour provoquer notre perte, je vois cela comme une opportunité pour renforcer nos liens".
     
    Le responsable kenyan avait, en outre, indiqué qu’il avait obtenu le soutien des Israéliens pour l’aider "à débarrasser son territoire des éléments fondamentalistes". À l’époque, des sources officielles indiquaient que Tel Aviv avait accepté de fournir à Nairobi des drones, des vedettes rapides, des véhicules blindés et du matériel de surveillance électronique.
     
    Pour Israël, l’enjeu est de stabiliser la Corne de l’Afrique, en participant à la lutte contre les activités de groupes islamistes liés à Al-Qaïda. La région représente en effet un intérêt stratégique pour l’État hébreu : l'accès au golfe d’Aden et à l’océan Indien.

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