• L’essentiel de la loi sur le renseignement

    jugé conforme à la Constitution

    Le Monde.fr | <time datetime="2015-07-23T22:48:28+02:00" itemprop="datePublished">23.07.2015 à 22h48</time> • Mis à jour le <time datetime="2015-07-23T23:51:04+02:00" itemprop="dateModified">23.07.2015 à 23h51  lien </time>

     
    <figure class="illustration_haut " style="width: 534px">manifestation contre le projet de loi sur le renseignement le 13 avril à Paris. <figcaption class="legende" data-caption="manifestation contre le projet de loi sur le renseignement le 13 avril à Paris."> manifestation contre le projet de loi sur le renseignement le 13 avril à Paris. ÉRIC FEFERBERG / AFP</figcaption> </figure>

    Le Conseil Constitutionnel a validé jeudi 23 juillet l’essentiel de la loi sur le renseignement , dont les très controversées « boîtes noires ». Trois articles ont cependant été censurés, dont un qui devait permettre aux services de renseignement, en cas « d’urgence opérationnelle », de déroger à l’autorité politique.

    L’institution a rejeté un autre article relatif aux mesures de surveillance internationale au motif que « le législateur n’a pas déterminé les règles concernant les garanties fondamentales accordées au citoyen pour l’exercice des libertés publiques ». Le troisième article censuré est mineur, selon le Conseil constitutionnel, et touche aux lois de finances.

    Cette loi, fortement décriée, entend donner un cadre aux pratiques des services de renseignement, rendant légales certaines pratiques qui, jusqu’à présent, ne l’étaient pas.

    Le Conseil constitutionnel avait été saisi par le président de la République et par le président du Sénat, après l’adoption définitive de la loi le 24 juin. Un groupe de 106 députés de tous bords avait également adressé un recours au Conseil constitutionnel. C’est la première fois qu’un président de la République défère une loi au Conseil constitutionnel avant sa promulgation.

    Lire le décryptage : Ce que contient la loi sur le renseignement

    Une loi « dangereuse » selon ses détracteurs

    Une démarche inhabituelle, qui s’explique notamment par les vifs débats sur la protection de la vie privée dont le projet de loi a fait l’objet. Dans le texte de leur recours, les députés demandaient au Conseil constitutionnel d’examiner quelques points problématiques à leurs yeux :

    « Nous nous interrogeons notamment […] sur la définition large et peu précise des missions pouvant donner lieu à enquêtes administratives ; sur les moyens techniques considérables de collectes massives de données ; ainsi que sur la proportionnalité, par rapport aux objectifs recherchés, de la mise en œuvre de ces techniques intrusives et attentatoires au respect de la vie privée, à l’ère où le numérique est présent à chaque instant de notre vie. »

    Au cœur de la polémique, les « boîtes noires », finalement validées par le Conseil constitutionnel. Ce dispositif prévoit de pouvoir contraindre les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) à « détecter une menace terroriste sur la base d’un traitement automatisé  » en surveillant tout le trafic. En pratique, les services de renseignement pourraient installer chez les FAI ces « boîtes noires » chargées d’examiner les métadonnées de toutes les communications : origine ou destinataire d’un message, adresse IP d’un site visité, durée de la conversation ou de la connexion… Dans le but de détecter des activités « typiques » des terroristes.

    Une forme de « pêche au chalut », un brassage très large des données des Français à la recherche de quelques individus, vivement critiqué par de nombreuses organisations.

    Lire nos explications : Loi sur le renseignement : la « boîte noire » reste obscure

    Le Comité des droits de l’homme de l’ONU inquiet

    La Commission nationale informatique et libertés (CNIL) avait notamment émis d’importantes réserves, soulevant que l’anonymat des données collectées, prévu par la loi, restait très relatif, puisqu’il pouvait être levé. Plus de 900 acteurs du numérique avaient par ailleurs signé l’appel « Ni pigeons, ni espions », dénonçant une loi « inefficace » mais aussi « dangereuse pour la croissance ». Les entreprises signataires, parmi lesquelles de grands hébergeurs comme OVH ou Gandi, craignaient que leurs clients ne se détournent de leurs services afin de protéger leurs données.

    Voir le visuel interactif : La galaxie des opposants au projet de loi sur le renseignement

    Jeudi, quelques heures avant l’avis du Conseil constitutionnel, c’était au tour du Comité des droits de l’homme de l’ONU d’émettre des réserves sur cette loi, inquiet des « pouvoirs excessivement larges de surveillance très intrusive » attribués aux agences de renseignement, indique-t-il dans ses observations. Il critique notamment le fait que cette surveillance s’effectue « sur la base d’objectifs vastes et peu définis, sans autorisation préalable d’un juge et sans mécanisme de contrôle adéquat et indépendant ».


    La loi sur le renseignement expliquée en patates par lemondefr

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  • <header id="titre_article">

    L’élection de plusieurs sénateurs invalidée

    par le Conseil constitutionnel

    Les Echos | <time datetime="2015-06-11T19:06:09+02:00">Le 11/06 à 19:06, mis à jour à 19:19   lien </time>
    L’élection de cinq sénateurs a été invalidée par le Conseil constitutionnel ce jeudi - Shutterstock
     
    </header> <section class="left" id="gauche_article">

    Les Sages ont aussi déclaré inéligibles quatre sénateurs pour une durée d’un an.

    L’élection de plusieurs sénateurs a été invalidée par le Conseil constitutionnel ce jeudi. Elus le 28 septembre dernier, les comptes de campagne de Aymeri de Montesquiou, Pierre Jarlier, Marc Laménie, François Aubey et Jean-Patrick Courtois avaient été rejetés par la CNCCFP (Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques). Cette décision des Sages s’est doublée d’une inéligibilité d’un an pour quatre d’entre eux.

    « Le Conseil constitutionnel a déclaré inéligibles, pour une durée d’un an Aubey, Courtois, de Montesquiou et Jarlier qui avaient réglé directement, sans le truchement de leur mandataire financier, une part substantielle des dépenses engagées en vue de l’élection, à la fois par rapport au total des dépenses du compte de campagne et au plafond de dépenses autorisées », ont déclaré les Sages .

    Deux élections partielles organisées d’ici à trois mois

    Deux élections partielles devront être organisées d’ici à trois mois. « MM de Montesquiou et Jarlier avaient été élus au scrutin uninominal, respectivement dans les départements du Gers et du Cantal. Leur démission d’office a pour effet la vacance de leur siège », ont expliqué les Sages.

    Pour mémoire, Aymeri de Montesquiou avait vu son immunité parlementaire levée en mars en raison de sa citation dans une enquête sur des soupçons de commissions perçues dans le cadre de contrats avec le Kazakhstan. La Haute autorité pour la transparence de la vie publique a par ailleurs transmis son dossier au parquet national financier en raisons de soupçons de sous-évaluation de son patrimoine.

    Le Conseil constitutionnel a précisé que François Aubey et Jean-Patrick Courtois ayant été « élus au scrutin de liste, respectivement dans les départements du Calvados et de la Saône-et-Loire, leur démission d’office a pour effet d’appeler le suivant de liste à les remplacer ».

    Enfin, le Conseil constitutionnel n’a pas déclaré inéligible Marc Laménie. La raison ? Celui-ci «  a acquitté directement des dépenses avant la désignation de son mandataire et n’en avait pas demandé le remboursement, dès lors que le total des dépenses qu’il avait réglé directement était négligeable au regard du plafond des dépenses autorisées », font valoir les Sages

    </section>
     

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  • Taxis vs Uber : ce qui va changer pour les VTC

    <time datetime="2015-05-22T10:37:09Z" itemprop="datePublished">Publié à 10h37, le 22 mai 2015</time><time datetime="2015-05-22T11:52:07Z" itemprop="dateModified">, Modifié à 11h52, le 22 mai 2015</time>

    <figure>

    Taxis vs Uber : ce qui va changer pour les VTC
    <figcaption> Tarification des VTC: le Conseil constitutionnel donne raison à Uber </figcaption></figure>

    DÉNOUEMENT - Les Sages ont donné raison aux VTC sur les prix mais ils valident aussi l'interdiction de leur "maraude". 

    Il ne sera plus si facile de trouver un VTC disponible. Le Conseil constitutionnel a rendu vendredi sa décision sur trois points de la loi Thévenoud du 1er octobre 2014. Uber, le géant américain des véhicules avec tourisme, avait saisi les Sages pour tenter d'assouplir cette loi, qu'il n’appliquait pas vraiment en attendant la décision. Résultat : s'il a eu gain de cause sur les tarifs, les sages ont validé de nombreuses interdictions, susceptibles de freiner l'activité de ces nouveaux modes de transport. Décryptage. 

    Les VTC pourront avoir un compteur. C'est la seule chose qu'Uber a réussi à supprimer de la loi Thévenoud : les VTC pourront afficher des prix en fonction des kilomètres (tout comme les taxis), alors que la loi leur interdisait auparavant. Ils pourront désormais disposer de compteur kilométrique.

    "Le Conseil constitutionnel a jugé que cette interdiction de recourir à certaines méthodes de fixation des prix des VTC porte à la liberté d'entreprendre une atteinte qui n'est pas justifiée par un motif d'intérêt général en lien direct avec l'objectif poursuivi par la loi. Il a, en conséquence, déclaré l'article L. 3122-2 du code des transports contraire à la Constitution", a précisé la plus haute juridiction française dans un communiqué.

    L-ultimatum-des-taxis-pour-faire-interdire-UberPop

    © AFP

    Les VTC libres ne pourront plus être localisées. Mais s'ils gagnent sur les prix, les VTC vont perdre beaucoup dans cette décision. Le Conseil constitutionnel a en effet jugé constitutionnelles l'interdiction pour les voitures de transport avec chauffeur (VTC) de pratiquer la "maraude". Les Sages ont validé l'interdiction faite aux VTC "d'informer un client à la fois de la localisation et de la disponibilité d'un véhicule lorsqu'il est situé sur la voie publique", précise le communiqué, en soulignant qu'elle n'empêche pas de fournir l'une de ces deux informations.

    En clair, via votre application smartphone, vous pourrez voir où se trouve les VTC autour de vous. Mais vous ne saurez plus s'ils sont libres ou non. Vous ne pourrez plus non "hélé" un VTC dans la rue, où alors au hasard, car ceux-ci ne doivent pas avoir de signe montrant qu'ils sont disponibles. Les VTC pourront certes renseigner le nombre de véhicules disponibles, mais pas leur localisation. Ce qui risque de porter un sérieux coup à l'attrait pour ces véhicules.

    Obligation du retour à la base. Les Sages ont également validé l'obligation, pour un VTC venant d'achever une prestation, de retourner au lieu d'établissement de l'exploitant du VTC ou dans un lieu hors de la chaussée, où le stationnement est autorisé. Traduction : les VTC, une fois leur client déposé, ne pourront plus continuer à tourner dans le quartier sans s'arrêter, ils devront obligatoirement se garer. Il s'agit d'une obligation dite du "retour à la base", également contestée par Uber. Les VTC ne pourront donc pas non plus attendre aux abords des gares et des aéroports, où il n'y a pas de place pour se garer si vous n'êtes pas un taxi.


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  • <article class="article article_normal" itemscope="" itemtype="http://schema.org/NewsArticle">

    Le Conseil constitutionnel valide une déchéance

    de nationalité contestée

    Le Monde.fr avec AFP | <time datetime="2015-01-23T08:17:23+01:00" itemprop="datePublished">23.01.2015 à 08h17</time> • Mis à jour le <time datetime="2015-01-23T11:20:42+01:00" itemprop="dateModified">23.01.2015 à 11h20  lien </time>

    L'essentiel

    • Le Conseil constitutionnel a rejeté la demande de l'avocat d'Ahmed Sahnouni qui contestait la déchéance
    • de nationalité de son client.
    • Depuis les attentats en région parisienne, le gouvernement réfléchit à inclure la mesure dans l'éventail
    • des outils de lutte contre le terrorisme.

    La façade du Conseil constitutionnel.

    L'avis était très attendu. Le Conseil constitutionnel a validé, vendredi 23 janvier, la déchéance de la nationalité française du Franco-Marocain Ahmed Sahnouni. Le Conseil avait été saisi le 31 octobre 2014 par le Conseil d’Etat, qui lui avait transmis une question prioritaire de constitutionnalité (QPC).

    Ahmed Sahnouni, né à Casablanca en 1970 et naturalisé français en février 2003, s'est vu retirer la nationalité française le 28 mai par un décret signé par Manuel Valls et le ministre de l'intérieur, Bernard Cazeneuve. Il avait été condamné en mars 2013 à sept ans de prison pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». Il est libérable à la fin de 2015.

    Un Français ne peut être déchu de sa nationalité – les traités internationaux interdisant la création d’apatrides –, mais l’article 25 du code civil permet de déchoir de sa nationalité un binational condamné pour atteintes aux intérêts fondamentaux de la nation ou terrorisme. La déchéance ne peut être prononcée que dans un délai de dix ans à compter des faits, et dix ans après l’acquisition de la nationalité française – quinze ans pour terrorisme. La déchéance de nationalité a été utilisée huit fois depuis 1973.

    La décision du Conseil, dans un climat qui n’incite guère à renforcer les droits de la défense pour les personnes condamnées pour terrorisme, n’est pas une surprise. La haute juridiction avait déjà statué sur un point semblable en 1996, et considéré que la différence de traitement des personnes nées françaises ou ayant acquis la nationalité ne violait pas le principe d’égalité. Il avait seulement réservé le délai de quinze ans aux seuls faits qualifiés de terrorisme.

    Lire aussi : Les contradictions de Manuel Valls sur la déchéance de nationalité

    UN OUTIL DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME

    Le premier ministre, Manuel Valls, n'exclut pas de faire de cette mesure un outil de la lutte contre le terrorisme. « Une question légitime se pose sur les conséquences auxquelles on s'expose quand on décide de s'en prendre à la nation à laquelle on appartient, soit parce qu'on y est né, soit parce qu'elle vous a accueilli », a-t-il expliqué.

    Pour les djihadistes étrangers, M. Valls a précisé que vingt-huit expulsions administratives avaient eu lieu ces trois dernières années. Pour les djihadistes français, il a annoncé « une réflexion transpartisane sur la réactivation de la peine d'“indignité nationale” ». Et, pour les binationaux, il a rappelé que le Conseil constitutionnel se prononcerait vendredi sur la « décision individuelle prise en 2014 » par le gouvernement.

    Lire aussi notre décryptage : Non, on ne peut pas déchoir de sa nationalité « toute personne qui part faire le djihad »

    « DES FRANÇAIS PLUS FRANÇAIS QUE D'AUTRES ? »

    Devant le Conseil, présidé par l'ancien premier ministre Lionel Jospin, son avocat Nurettin Meseci a plaidé le 13 janvier la rupture d'égalité entre Français de naissance et Français naturalisés introduite, selon lui, par ce texte. « Existe-t-il des Français plus français que d'autres ? », a lancé l'avocat. « Si le législateur imagine que la lutte contre le terrorisme passe par la déchéance de la nationalité, il se trompe, c'est un mauvais chiffon agité devant l'opinion publique », a-t-il aussi estimé.

    L'avocat a également dénoncé la disproportionnalité d'un texte qui a fait passer en 2006 de dix à quinze ans la période pendant lesquelles peut être prononcée une déchéance de nationalité, après son acquisition et après la commission des faits terroristes pour lesquels l'individu est condamné. Il a enfin critiqué « un détournement de procédure » visant, selon lui, « à expulser son client vers le Maroc, où il risque d'être condamné à vingt ans de prison » pour les mêmes faits.

    Intervenant ensuite pour l'association « SOS-Sans-papiers », Me Henri Braun a estimé que la déchéance de la nationalité méconnaissait le respect au droit à la vie privée car il s'accompagnait souvent d'une expulsion qui séparait les familles. Il a également considéré que le texte constituait « une atteinte injustifiée aux situations légalement acquises ».

    Lire : Déchéance de nationalité : une impossibilité juridique ?

    LE GOUVERNEMENT POUR LE REJET DE CETTE QPC

    Le représentant du gouvernement, Xavier Pottier, a estimé que les deux premiers griefs évoqués étaient « infondés », et les deux autres, « inopérants ». Il a réclamé en conséquence le rejet de la QPC.

    Le Conseil constitutionnel a déjà jugé le grief de l'inégalité et considéré en 1996 qu'« eu égard à la gravité particulière que revêtent par nature les actes terroristes, cette sanction a pu être prévue sans méconnaître les exigences des droits de l'homme », a-t-il rappelé.

    Quant à l'allongement de dix à quinze ans, il l'a justifié par « la stratégie mise en œuvre par certains réseaux terroristes consistant à implanter des “cellules dormantes” dont certains des membres s'efforcent d'acquérir la nationalité du pays d'accueil et ne passent à l'action que longtemps après ».

    Lire aussi : Indignité nationale : « La France aurait beaucoup à perdre »

    </article>

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  • Jospin repolitise le Conseil constitutionnel

    Le Point - Publié le <time datetime="2014-12-09T19:26" itemprop="datePublished" pubdate=""> 09/12/2014 à 19:26</time>

    La nomination de Lionel Jospin fait monter d'un cran la tension

    politique au sein de l'instance gardienne de la Constitution.

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    <figure class="media_article panoramique" itemprop="associatedMedia" itemscope="" itemtype="http://schema.org/ImageObject"> Lionel Jospin entre au Conseil constitutionnel à la suite du décès de Jacques Barrot. <figcaption>

    Lionel Jospin entre au Conseil constitutionnel à la suite du décès de Jacques Barrot.

    © PHILIPPE HUGUEN / AFP

    </figcaption> </figure>
     
     

    À 77 ans, il signe son retour. Lionel Jospin entre au Conseil constitutionnel à la suite du décès de Jacques Barrot. Un ancien Premier ministre nommé par Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale, qui fut son ministre délégué à la Ville de 1998 à 2002. Ceux qui partagent un peu la mémoire des éléphants du PS peuvent voir dans cette nomination une réconciliation historique entre les jospinistes et les fabiusiens, dont Bartolone fut l'âme si longtemps avant de rompre avec son ancien mentor.

    Ce petit clin d'oeil mis à part, l'arrivée d'un ancien Premier ministre de la trempe de Lionel Jospin au sein des sages de la rue de Montpensier participe d'un rééquilibrage politique en cours. La gauche est pour l'instant minoritaire au sein des dix conseillers siégeant. Elle est à l'origine directe de la nomination de trois membres : Nicole Maestracci, nommée en février 2013 par François Hollande, et Nicole Belloubet, nommée à la même date par Jean-Pierre Bel, à l'époque président du Sénat. Le cas particulier de Michel Charasse rend le décompte "droite-gauche"délicat dans la mesure où l'ancien ministre de Mitterrand fut nommé par Nicolas Sarkozy en février 2010.

    Valls critique la politisation des décisions du Conseil constitutionnel

    Dire que l'on abandonne toute étiquette politique en entrant au Conseil constitutionnel relève d'une épure à laquelle on voudrait croire. Ce n'est pas le cas de Manuel Valls qui, depuis plusieurs mois, se plaint des "censures politiques" qu'exerce à ses yeux le Conseil présidé par Jean-Louis Debré. Le Premier ministre n'avait pas admis que le Conseil censure l'allégement de charges salariales sur les salaires inférieurs à 1,3 smic dans la loi de finances rectificative. Cette mesure avait été conçue pour améliorer le pouvoir d'achat des salariés modestes. Une différence de traitement en rupture avec "le principe d'égalité", avait jugé le Conseil.

    La politique de la gauche consiste précisément à méconnaître la stricte égalité afin de rectifier les déséquilibres du marché. En entravant cette politique différentielle, le Conseil constitutionnel ferait de la politique et non du droit, juge-t-on au sein de l'actuelle majorité. L'arrivée de Lionel Jospin, à l'origine des 35 heures, de la CMU (couverture maladie universelle), de la parité dans les mandats électoraux, du congé de paternité, du pacs, est-elle neutre politiquement ? Sûrement pas. On ne se refait pas. Tout comme il serait absurde d'exiger de Jean-Louis Debré qu'il renonce à ses convictions gaullistes ou à Michel Charasse qu'il oublie l'héritage de Mitterrand.

    L'interprétation du droit n'est pas dépourvue de politique

    François Hollande avait, quant à lui, décidé de placer sa première nomination sous le signe de la compétence juridique. Sa candidate, Nicole Maestracci, magistrate, fut notamment présidente de chambre à la cour d'appel de Paris. Jean-Pierre Bel, président socialiste du Sénat jusqu'aux dernières sénatoriales, avait mêlé compétences juridiques et accointance politique. Sa candidate, Nicole Belloubet, était agrégée de droit public - voilà pour la compétence - et avait, dans son CV, un parcours politique local au PS en Midi-Pyrénées, la région chère à Jean-Pierre Bel.

    Même si les décisions du Conseil constitutionnel sont préparées par d'éminents juristes, la décision finale revient aux 10 sages, qui peuvent très bien, devant deux options juridiques, choisir celle qui coïncide le plus avec leurs convictions. Le droit n'est pas une matière pure qui serait comme "hors sol", "hors cité".

    Un 50/50 en janvier 2016

    Le rééquilibrage politique va donc se poursuivre en janvier 2016 avec le renouvellement de trois membres. Le président Debré quittera la rue de Montpensier en compagnie de Renaud Denoix de Saint-Marc et de Guy Canivet. François Hollande et Claude Bartolone disposeront de deux sièges et Gérard Larcher (UMP), du troisième. Si bien qu'en 2016 le Conseil constitutionnel sera quasiment à l'équilibre avec cinq membres directement nommés par la gauche. Tout dépend ensuite de la manière de comptabiliser Michel Charasse, sachant que Valéry Giscard d'Estaing est membre de droit et le seul des anciens présidents à siéger réellement.

    À l'instar de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, François Hollande a annoncé qu'il renonçait à siéger au sein de l'instance après son départ de l'Éysée. Il avait même l'intention de réviser sur ce point la Constitution en évitant qu'à l'avenir le juge des élections soit aussi la maison de retraite des présidents de la République. Projet mort-né faute de majorité au Congrès.


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