• Les éditeurs attaquent

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    Le Syndicat national de l'édition (SNE) et six groupes français (Hachette, Editis, Gallimard, Albin Michel...) ont décidé d'attaquer en justice le site de piratage Team Alexandriz, rapporte Alain Beuve-Méry pour le Monde. Formidable ! Les éditeurs ont enfin décidé de faire quelque chose contre le cancer du piratage de livres, me direz-vous ! Tous unis, comme on les voit si rarement.

    Et bien je ne suis pas sûr qu'ils aient eu une bonne idée. Je veux bien croire que le site de piratage de livres électroniques les narguait depuis un moment par la visibilité qu'il avait acquise, notamment depuis qu'ils avaient corrigé le Goncourt 2011. Mais je pense que les éditeurs regretteront un jour le temps de la Team.

    Pourquoi ? Ce n'est pas tant parce que cette bataille est perdue d'avance : des années de lutte contre le piratage ne l'ont pas fait disparaitre, mais n'ont fait que le transformer. Le site de la Team était pour les éditeurs un noeud très visible, riche en informations, à partir duquel tout le petit monde de l'édition pouvait observer les échanges pirates et ses évolutions.

    Sa disparition n'éliminera pas le piratage de livres électroniques, mais le rendra pour eux, plus difficile à mesurer, à observer et même à combattre. La Team était un noeud bien commode pour prendre la mesure du piratage (par exemple pour observer le développement de partages directs entre bibliothèques personnelles, jusqu'à ce que Dropbox limite l'usage des possibilités d'échanges : montrant par cet exemple même que le bon levier d'action n'était pas de se battre contre le protocole OPDS, mais contre les hébergeurs de contenus afin qu'ils limitent le nombre d'accès différents par IP aux services de stockages en ligne).

    C'est ce que nous expliquent les sociologues Antonio Casilli, Fred Pailler et Paola Tubaro quand ils analysent la censure des blogs et forums qui évoquent les troubles de l'alimentation, sous prétexte qu'ils en font la promotion. Ils démontrent que la censure et le filtrage ne sont pas une solution magique. Ils montrent d’abord que celle-ci n’a pas grand effet sur l’existence même des contenus. En étudiant la composition de ces sites, ils montrent que la censure et le filtrage n'ont pas d'effets sur le volume des contenus, mais ont un effet sur leur structuration. Les contenus filtrés se déplacent sans réellement disparaître : ils vont sur de nouvelles plates-formes, dans d'autres espaces, sur d'autres outils qui les rendent toujours plus difficiles à repérer (protection par mots de passe, cryptage...). Depuis la fermeture de Mega Upload, 100 000 ont refleuri. En fait, l'attaque n'a fait que déplacer le problème. Il le rend un temps moins visible de l'extérieur. Cela n'empêche pas les intéressés de s'y retrouver, massivement, mais cela rend plus difficiles la traque et le dialogue.

    Surtout, il déstructure les blogs pivots (comme celui de la Team), des blogs avec lesquels il est encore possible de discuter (de faire des demandes de retrait par exemple, de dire, pour un auteur ou un éditeur son énervement à voir son contenu piraté... - ne croyez pas que cela n'ait pas d'effet, certains éditeurs et certains titres - notamment des titres disponibles en numériques et donc potentiellement faciles à pirater - n'étaient par exemple pas disponibles dans le forum d'échange). Il rend la discussion plus difficile avec ceux qui partagent. Il rend plus invisible ce qui se partage. Mais ne fait disparaitre ni la pratique, ni le volume des échanges.


    Image : le top 20 des livres les plus piratés selon la dernière édition de l'étude du Motif.

    Le piratage de livre électronique va durer comme le souligne les études annuelles du Motif. Et derrière la visibilité de la Team, il faut se souvenir que l'essentiel des échanges sont invisibles (6 % des téléchargements illégaux proviennent des sites de streaming, 23 % des échanges en P2P, et 71 % des copies illicites s'échangent de manière classique entre proches, par l'utilisation de disques durs externes, de clefs USB ou de disques gravés, selon un Memo confidentiel de la RIAA révélé par TorrentFreak). Ils se font par e-mail, par échanges de clefs USB ou de disques durs, voir par l'interconnexion des bibliothèques personnelles de livres électroniques. Demain, les échanges retourneront sur les sites P2P (où ils sont toujours) et dans des réseaux cryptés (où ils sont déjà), qu'il sera plus difficile d'observer et de mesurer. La Team permettait à tous les éditeurs de voir l'évolution du piratage, de mesurer ce qui s'échangeait... De pouvoir y réagir. Demain, ce piratage n'aura pas disparu avec la disparition de la Team, mais il sera devenu plus difficile à endiguer... Il sera devenu plus difficile aux éditeurs et auteurs de dire aux lecteurs leur exaspération face à ses pratiques.

    Entrer en guerre contre le lecteur, contre son client... (ceux qui téléchargent le plus sont vos meilleurs clients assènent nombre d'études) c'est mener une guerre perdue d'avance. Accuser les pirates de déstructurer le marché du livre, c'est trouver un bouc-émissaire bien facile aux tarifs inadaptés, aux services inexistants, aux possibilités d'échanges devenues impossibles ("La possession, le partage, l'organisation de ses livres sont des principes que le lecteur numérique ne veut pas sacrifier" rappelait Philippe Aigrain au Forum de la SGDL). Les revenus de l'auteur et de l'éditeur ont toujours dû faire avec avec le piratage (depuis l'origine de la librairie).

    On peut le déplorer, mais sincèrement c'est une bataille perdue d'avance. Les éditeurs feraient mieux de chercher à offrir de meilleurs livres, de meilleurs services, qui proposent aux gens une plus value à acheter plutôt qu'à pirater.

    L'édition de livre se vautre dans les mêmes erreurs que la musique et le cinéma. En ouvrant la guerre contre ses clients, elle montre qu'elle n'a rien appris de 20 ans d'internet.

    Surtout, elle va perdre un observatoire avec lequel il était possible de discuter... Il était ainsi possible et assez simple de faire des demandes de retrait aux sites qui hébergent les fichiers échangés. C'est un travail sans fin, mais cela était possible. Elle a décidé de recomposer le paysage. Pas sûr qu'il soit plus clair après qu'avant. En tout cas, les gens n'arrêteront pas de numériser leurs livres, de faire sauter les verrous et de les échanger. On peut vouloir se masquer tout cela. Il serait plus judicieux de trouver des solutions pour y répondre.

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  • Le cahier Livres de Libé

    Retrouvez ici tous les articles du cahier Livres du jeudi. (Photo ginnerobot/flickr)

    Livres

    Ferrari remporte le grand prix

    <time datetime="2012-11-07T20:26:22+01:00" itemprop="datePublished">7 novembre 2012 à 20:26    </time>lien

    L'écrivain Jérôme Ferrari pose avec son livre «Le Sermon sur la chute de Rome» pour lequel il a reçu le prix Goncourt, le 7 novembre, à Paris.

    L'écrivain Jérôme Ferrari pose avec son livre «Le Sermon sur la chute de Rome» pour lequel il a reçu le prix Goncourt, le 7 novembre, à Paris. (Photo Eric Feferberg. AFP)

    Littérature . Avec cinq voix au second tour, le Goncourt est allé à l’écrivain corse pour son roman «le Sermon sur la chute de Rome», paru chez Actes Sud.

    Par CLAIRE DEVARRIEUX

    Avec Jérôme Ferrari, les éditions Actes Sud tiennent leur deuxième Goncourt, après celui qu’a reçu Laurent Gaudé en 2004 : le Sermon sur la chute de Rome (1) a remporté le prix hier au second tour, avec cinq voix. Nul doute que chacun, dans la maison, aura eu une pensée pour le fondateur, Hubert Nyssen, disparu il y a tout juste un an.

    Jérôme Ferrari, né en 1968, a rejoint les éditions sises à Arles en 2007, pour son premier roman, le Secret, après deux recueils de nouvelles, parus en Corse. Cinq ans et quatre titres plus tard, on voit comment circule et se développe un tempérament. Les situations s’affinent, les enchaînements sont plus audacieux et solides, les phrases s’allongent, les références visent le sommet : l’esprit et le verbe de saint Augustin planent ainsi sur ce prix Goncourt, œuvre d’un romancier sympathique, ouvert, sérieux et parfaitement naturel. Agrégé de philosophie, qui enseigne depuis la rentrée à Abou Dhabi après avoir été en poste à Alger et à Ajaccio, Jérôme Ferrari consacre tous ses moments de liberté à l’écriture, dès lors qu’il a un sujet en tête (Libération du 1er novembre). Mais il tient à son métier de professeur, qui le met en contact avec d’autres mondes que le sien.

    Déraison. Son sujet, tout au moins son territoire littéraire, c’est la Corse. Même quand un de ses romans ne s’y passe pas, le lien existe : Où j’ai laissé mon âme, par exemple, qui précède le Sermon sur la chute de Rome, met en scène un affrontement moral en Algérie, pendant la guerre d’indépendance. Le héros, un officier, est corse. On retrouve sa parentèle dans le Sermon. Toutes les histoires que raconte Jérôme Ferrari sont en effet des histoires de famille. Le personnage principal du Sermon est un jeune intellectuel né à Paris (son enfance est celle de l’auteur), qui rompt avec ses études pour s’installer dans ce qu’il croit être sa vraie patrie, la Corse. Il reprend en gérance un bar, microcosme cher à Ferrari, avant de repartir vers ce qui pourrait être la vraie vie, une fois l’utopie de la festivité perpétuelle mise à mal.

    Le grand-père du héros représente le mouvement inverse : l’exil, puis le retour. «Ils étaient tous des paysans misérables issus d’un monde qui avait cessé depuis longtemps d’en être un et qui collait à leurs semelles comme de la boue» : l’aïeul a pensé échapper au sort commun. Mais partir pour l’Afrique comme administrateur civil, pile à l’époque où l’empire colonial disparaissait, voilà qui ne promettait pas des lendemains bien chantants. Il est rentré chez lui, plein de rage et de déraison.

    Le roman est irrigué de courants sensuels, érotiques, violents, et d’éclairs de sagacité (dus surtout aux femmes). Il imbrique les différentes strates du XXe siècle incarnées par les personnages. Chaque chapitre est introduit par une citation de saint Augustin, qui dit que le monde (tous les mondes, et tout un chacun) va à sa perte, mais qu’on en verra d’autres. «Peut-être Rome n’a-t-elle pas péri si les Romains ne périssent pas», et de toute manière, «Où iras-tu en dehors du monde Le dernier chapitre, intitulé «le Sermon sur la chute de Rome» (à cause du sac par les Barbares en 410) est attribué à Augustin (l’évêque), mais a été rédigé par Jérôme (Ferrari).

    Fantaisies. Au moment où ce dernier, hier, connaissait «une chute de tension qu’on peut considérer comme une définition correcte de la joie», le jury Renaudot couronnait, au bout de dix tours, un livre qui ne figurait pas sur la sélection (le jury Renaudot est coutumier de ces fantaisies) : la Rwandaise Scholastique Mukasonga, auteure de Notre-Dame du Nil (lire ci-dessous), permet à Gallimard de figurer dans les récompenses de l’automne, grâce à J.M.G. Le Clézio qui a proposé ce roman au vote de ses collègues (et n’oublions pas, pour l’écurie Gallimard, le Goncourt du premier roman, remis il y a quelque temps à François Garde). Fayard, enfin, a le Renaudot essai via son département des Mille et Une Nuits, pour le Dernier Modèle, de Franck Maubert.

    Rappelons le bilan : le grand prix du roman de l’Académie française est allé à Joël Dicker, dont la Vérité sur l’affaire Harry Quebert (De Fallois) avait ses fans au jury Goncourt. Longtemps donné favori pour la récompense la plus convoitée, Patrick Deville a eu finalement le Femina pour Peste & Choléra (Seuil). La Martinière-le Seuil a remporté aussi le Médicis, décerné à Féerie générale, d’Emmanuelle Pireyre, publié à L’Olivier, une marque du groupe. Il reste le prix Décembre et l’Interallié, mais, pour l’instant, Grasset se contente du Femina essai (Tobie Nathan) et du Médicis étranger (Abraham Yehoshua). Actes Sud engrange enfin le Médicis essai avec Congo, une histoire, de David Van Reybrouck. A une exception près, il n’y a que des écrivains intéressants dans le palmarès 2012.

    (1) «Le Sermon sur la chute de Rome», de Jérôme Ferrari, éditions Actes Sud, 208 pp., 19 €.


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  • Accueil > TopNews > Jérôme Ferrari sacré par le prestigieux prix Goncourt

    Jérôme Ferrari sacré par le prestigieux prix Goncourt

    Créé le 07-11-2012 à 12h55 - Mis à jour à 18h21    lien

    Jérôme Ferrari a été couronné mercredi par le prestigieux prix Goncourt pour son roman "Le Sermon sur la chute de Rome" (Actes Sud), qui fait d'un bar corse l'épicentre d'une fable superbe sur les espérances déçues, les frustrations et l'inéluctable fugacité des mondes.
(c) Afp

    Jérôme Ferrari a été couronné mercredi par le prestigieux prix Goncourt pour son roman "Le Sermon sur la chute de Rome" (Actes Sud), qui fait d'un bar corse l'épicentre d'une fable superbe sur les espérances déçues, les frustrations et l'inéluctable fugacité des mondes. (c) Afp

    PARIS (AFP) - Jérôme Ferrari a été couronné mercredi par le prestigieux prix Goncourt pour son roman "Le Sermon sur la chute de Rome" (Actes Sud), qui fait d'un bar corse l'épicentre d'une fable superbe sur les espérances déçues, les frustrations et l'inéluctable fugacité des mondes.

    A l'issue d'une délibération très serrée, Ferrari a été préféré au jeune Suisse Joël Dicker ("La vérité sur l'affaire Harry Quebert"), à Linda Lê ("Lame de fond") et Patrick Deville "Peste et Choléra" par les jurés de ce célèbre prix qui garantit au livre-lauréat des ventes à six chiffres.

    Le Renaudot a été décerné le même jour à la surprise générale à la Rwandaise Scholastique Mukasonga, dont la famille a été massacrée en 1994, pour "Notre-Dame du Nil" (Gallimard), qui ne figurait pas dans la sélection.

    Pour ce Goncourt, "la délibération a été franche, partagée, longtemps argumentée, rien n'était joué", a commenté l'un des jurés, Régis Debray.

    Jérôme Ferrari a affirmé avoir ressenti en apprenant la nouvelle "une chute de tension qu'on peut considérer comme une définition correcte de la joie".

    "Bien sûr, c'est une consécration". Assailli par les photographes et les caméras, il a aussi confessé se sentir "un peu comme un lapin dans les phares".

    L'attribution du Goncourt à un écrivain corse, originaire de Sartène, a été accueillie avec enthousiasme dans l'île de Beauté.

    "C'est exceptionnel! C'est un acte fondateur pour la Corse, comme le fut, dans le domaine sportif, la participation de Bastia à la finale de la Coupe d'Europe de football en 1978", a estimé le libraire bastiais Sébastien Bonifay.

    "Dans une langue magistrale, Jérôme Ferrari atteint des sommets de beauté et de lucidité sur cette île natale qui le hante, ce monde corse disparu, métaphore de la famille, du sens de la vie, de la mémoire et de la mort", a salué la ministre de la Culture Aurélie Filippetti.

    Né en 1968 à Paris, père d'une fillette de 4 ans, Jérôme Ferrari est professeur de philosophie et conseiller pédagogique au Lycée français d'Abou Dhabi depuis la rentrée, après avoir enseigné au lycée international d'Alger puis au lycée Fesch d'Ajaccio.

    Montagne corse

    Plus encore que dans ses précédents romans, "Dans le secret" (2007), "Balco Atlantico" (2008), "Un dieu un animal" (2009) ou encore "Où j'ai laissé mon âme" (2010), le quadragénaire envoûte par la beauté de son écriture, imprégnée du souffle des sermons antiques et terriblement moderne.

    Le sermon de saint Augustin a été prononcé en 410, dans la cathédrale disparue d'Hippone, devant des fidèles désemparés après le sac de Rome. Augustin les rassure: "Le monde est comme un homme: il naît, il grandit, il meurt".

    Ce seul passage et les têtes de chapitre du roman sont extraits du Sermon.

    Le livre emporte le lecteur dans la montagne corse. Un vieil habitant, Marcel Antonetti, est rentré au village ruminer ses échecs. A la surprise générale, son petit-fils Matthieu renonce à ses études de philo pour y devenir patron du bar du village, avec son ami d'enfance, Libero.

    Leur ambition ? Transformer ce modeste troquet en "meilleur des mondes possible". Mais l'utopie vire au cauchemar. C'est l'enfer qui s'invite au comptoir. Les ex-apprentis philosophes sont frappés par la malédiction qui condamne les hommes à voir s'effondrer les mondes qu'ils édifient.

    Le romancier a mûri pendant six ans cet ouvrage vendu jusqu'ici à près de 90.000 exemplaires.

    "La Corse est mon milieu naturel de fiction littéraire", a-t-il confié à l'AFP, racontant s'être enflammé à 20 ans pour le nationalisme et avoir été rédacteur dans un journal indépendantiste. Il est aussi traducteur du corse.

    "J'ai d'abord écrit des bribes d'histoires. Le titre a été le déclic et le Sermon la clé de voûte du roman". Dans ce livre "se retrouvent plusieurs figures d'un même mécanisme qui s'applique aux empires, au bar d'un village et au coeur des hommes".

    "S'il y a quelque chose de contemporain dans ce roman, dit-il, c'est que beaucoup ont l'impression aujourd'hui d'un monde qui s'effondre".


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  • Arnaquer ses élèves de manière éthique et responsable

     

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    Ne parlons pas des arnaques grossières et peu glorieuses : prétendre qu'on a malheureusement laissé son paquet de copies sur son bureau alors qu'on ne les a pas corrigées, expliquer à sa classe qu'elle va aujourd'hui travailler en autonomie  car c'est une compétence essentielle (diantre, j'ai utilisé le mot compétence) à acquérir alors que vous êtes juste épuisée par la soirée festive de la veille, raconter des anecdotes sur vos élèves de l'an dernier quand vous êtes stagiaire... Elles sont le pendant des arnaques usuelles des élèves. Ces menus mensonges sont assez véniels et infantiles (pour notre défense, nous, les enseignants, avons passé presque toute notre vie à l'école). Elles font partie des filouteries sans effet secondaire.

    Mais il y en a d'autres. Ethiques et responsables.  Ce sont les arnaques pédagogiques

    qui permettent de surmonter avec style la dimension "contre-nature" de l'enseignement. Eh oui, figurons-nous qu'un élève de 5ème aspire souvent à  tout autre chose que de consacrer deux heures de son temps à l'étude de la féodalité ou des inégalités face à la santé. Ces fourberies  tiennent de la ruse (à ce titre, lire absolument  Les ruses éducatives (ESF 2008) de Yves Guégan).  Elles ne se font pas au détriment des élèves. Elles ne jouent pas sur une quelconque crédulité.  Elles permettent simplement  de dépasser les tensions, les incompréhensions, les blocages, les préjugés, les rapports de force inhérents à l'enseignement.  C'est de l'ordre du fluidifiant pédagogique, c'est une forme de souplesse aimable et matoise, de grâce  qui permet de survoler bosses et aspérités et d'arriver à son but.  C'est, en somme,  de l'élégance éducative, du bel enseignement. Sans force, coercition ni douleur. A l'Arsène Lupin.

    L'une de mes préférées c'est de prétendre qu'un truc  a priori rebutant est follement désirable.  Avec aplomb. "Si vous n'arrêtez pas de bavarder, il est hors de question que je vous fasse le cours promis sur l'iconoclasme byzantin. Vous y perdriez vraiment car c'est  quelque chose d'incroyable,  que peu de gens connaissent et qui n'est même pas au programme, c'est dire si vous êtes des privilégiés...Mais si vous ne vous en sentez pas dignes, je peux vous dicter un vulgaire résumé passe-partout sur l'Empire byzantin... ". Là, la classe se tait, elle veut, elle croit vouloir tout savoir de   

    l'iconoclasme (je trouve ça bien d'entamer ainsi, l'air de rien, dès la 6ème  la question de la représentation possible ou non du divin...hum, hum) (ruse dans la ruse). Dans le plus grand silence,  je leur balance la différence entre iconolâtrie et iconodoulie,   la proskynèse, des histoires d'images acheiropoïètes, les affres de l'empereur Constantin Copronyme ("au nom de merde", il aurait chié dans les fonts baptismaux lors de son baptême), je leur explique les enjeux et débats de l'iconoclasme etc...Les élèves tiennent à noter les mots compliqués (ils adorent ce type de mots qui deviennent ensuite notre vocabulaires d'initiés, ça crée une belle complicité), se marrent, posent des questions drôles ou profondes, se passionnent. C'est quand même un sujet aride et ardu, mais ça passe.

    Il y a, bien sûr,  aussi, la technique inverse. L'anti-teasing. La contre-pub. Annoncer que le cours va être mortellement chiant. Celui sur les collectivités territoriales ou sur les institutions européennes est parfait pour cela.  Transformer l'ennui en sketch ("bon, nous n'avons pas encore touché le fond, il nous reste encore, et j'en suis vraiment désolée, pardon, à étudier...") permet de passer une heure assez agréable et efficace.

    Quand il s'agit d'enseignement  il est surtout question de méthode, d'approche, d'étude de cas, d'exploitation du document, de progression annuelle, de démarche, de marques d'autorité ou de protocoles. On fait encore trop peu de cas du rôle de la ruse, sans doute parce qu'on l'entend, à tort, comme une forme de manipulation . Elle représente pourtant une ligne de transmission un peu sinueuse à l'élégance bienveillante qui, dans ce monde de brutes, a la politesse de l'humour et l'efficacité en arabesque. Gentleman professeur.

    ( Le tricheur à l'as de carreau Georges de La Tour; L'Escamoteur J.Bosch; Psautier Chludov;  Allégorie de la simulation L.Lippi )


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  • Disney s'offre "La Guerre des étoiles" et promet un nouvel épisode pour 2015

    Publié le 30.10.2012, 21h04   lien

    En rachetant Lucasfilm et

    En rachetant Lucasfilm et "La Guerre des étoiles", les studios Disney ajoutent une nouvelle pépite à leur empire, et assurent la pérennité d'une des sagas les plus lucratives de l'histoire du cinéma, en promettant d'emblée un 7e épisode à l'horizon 2015. | David Livingston

    En rachetant Lucasfilm et "La Guerre des étoiles", les studios Disney ajoutent une nouvelle pépite à leur empire, et assurent la pérennité d'une des sagas les plus lucratives de l'histoire du , en promettant d'emblée un 7e épisode à l'horizon 2015.
    Le studio de Mickey a annoncé mardi qu'il allait acquérir la société de production de , le créateur de "La Guerre des étoiles", pour un montant évalué à 4,05 milliards de dollars.
     

    "Cette transaction combine un de contenus de classe mondiale, incluant +La Guerre des étoiles+, l'une des plus grandes franchises de divertissement familial de tous les temps, avec la créativité unique de Disney sur plusieurs plateformes", a indiqué dans un communiqué le patron de Disney, Robert Iger.
    Le passage de Lucasfilm sous la bannière Disney marque aussi le retrait de George Lucas, âgé de 68 ans, de la société qu'il avait créée en 1971 et dont il était propriétaire à 100%. Son bras droit Kathleen Kennedy, également productrice de longue date de Steven Spielberg, prendra la présidence de Lucasfilm, qui deviendra l'une des divisions de la Walt Disney Company.

    "Il est maintenant temps pour moi de passer +La Guerre des étoiles+ à une nouvelle génération de réalisateurs. J'ai toujours cru que +La Guerre des étoiles+ me survivrait, et je pense qu'il était important de mettre la transition en place de mon vivant", explique George Lucas dans le communiqué.

    Avec la saga de "La Guerre des étoiles", dont les six films ont amassé plus de 4,4 milliards de dollars au box-office mondial, Disney met la main sur l'une des marques les plus puissantes du cinéma, déclinable sur tous les supports, conformément à la stratégie du groupe: cinéma, télévision, médias interactifs, parcs à thème, sans oublier les produits dérivés --dont George Lucas fut l'un des pionniers aux Etats-Unis.
    Disney met aussi la main sur "Indiana Jones"

    Le studio a d'ailleurs annoncé, en même temps que l'acquisition de Lucasfilm, la sortie d'un 7e épisode à l'horizon 2015, suivi de deux autres films avec un intervalle de "deux à trois ans" entre chaque opus.
    Aucun détail n'a été dévoilé sur le réalisateur du nouveau film ni sur ses acteurs, mais Disney a précisé que George Lucas serait impliqué dans la production en tant que "consultant créatif".
    Avec Lucasfilm, Disney met également la main sur la franchise des "Indiana Jones" et l'un des leaders mondiaux des effets spéciaux et de la postproduction, ayant travaillé sur "Pirates des Caraïbes", "Star Trek", "Là-haut", "Avatar" ou le récent "Avengers".
    Disney et Lucasfilm avaient déjà des liens financiers dans les parcs à thèmes du géant des médias, qui abritent des attractions --parmi les plus appréciées-- basées sur "La Guerre des étoiles" et "Indiana Jones".
    L'acquisition de Lucasfilm marque pour Disney la continuité d'une politique très agressive en matière d'achat de contenus, illustrée ces dernières années par les rachats successifs de Pixar (cinéma d'animation) et de l'écurie de super-héros de Marvel (Iron Man, Captain America, Thor...), source inépuisables de films, de séries télévisées, de jeux vidéos et de produits dérivés.
    Ces investissements se sont révélés extrêmement rentables pour le groupe. Rien qu'au cinéma, "Toy Story 3" de Pixar (2010) et "Avengers" des studios Marvel (2012) ont amassé respectivement 1,06 et 1,5 milliard de dollars au box-office mondial.


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