photo : Pierre Verdy, AFP
Dans le cadre d'une opération sur deux semaines baptisée "Aux Archives, citoyens !", le public va pouvoir découvrir gratuitement les coulisses de ce bâtiment imposant qui accueille les documents de l'Etat postérieurs à l'Ancien Régime mais aussi des fonds privés.
L'original de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen (septembre 1789) sera mis en vedette et diverses animations (slam, danse, cirque, concerts) se dérouleront jusqu'au 3 février.
Au rez-de-chaussée, la spacieuse salle de lecture commencera à fonctionner dès lundi. En France, depuis la Révolution, tout un chacun peut demander à consulter des archives en s'inscrivant préalablement.
La création du nouveau bâtiment a été décidée par l'ancien président Jacques Chirac en 2004, pour désengorger le site parisien des Archives totalement saturé et garantir une bonne conservation des documents.
L'Etat français a mis le prix pour se doter de cet outil moderne, qui dispose de 360 kilomètres de rayonnage, ce qui en fait le plus grand centre d'archives en Europe.
Bâti sur une ancienne zone maraîchère, au pied du terminus de la ligne 13 du métro, l'édifice, conçu par l'architecte italien Massimiliano Fuksas, a coûté 195 millions d'euros. Avec les chantiers scientifiques connexes, notamment informatiques, et le déménagement, le montant des frais s'élève à 244 millions d'euros.
Pourtant le bâtiment, qui a été livré en juin, attend toujours d'être inauguré par le président François Hollande. Une première date, fixée en octobre, a été repoussée. L'Elysée évoque à présent une possible inauguration "début février".
Monolithe
Interrogée par l'AFP, la directrice des Archives nationales, Agnès Magnien, reconnaît qu'elle serait "ravie d'avoir une date fixée". "Mais nous allons démontrer à partir de la semaine prochaine que cette institution publique créée à la Révolution mérite toute l'attention nécessaire et que c'est vraiment un équipement public dont l'Etat peut se glorifier puisqu'il est mis à disposition de la population toute entière", a-t-elle ajouté.
"Je prends une part de responsabilité dans le fait que ce projet n'a peut-être pas complètement été appréhendé. Les archivistes ne savent sans doute pas très bien parler d'eux, se valoriser", confie Mme Magnien, nommée à ce poste en février 2011, en pleine polémique sur le dossier de la Maison de l'histoire de France.
Ce projet de Nicolas Sarkozy, qui a été annulé par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, prévoyait d'installer un musée d'histoire dans une partie des locaux parisiens des Archives, au grand dam des syndicats.
Les Archives nationales sont désormais réparties sur trois sites, au lieu de deux auparavant. Les documents de l'Ancien régime restent dans le Marais et le site de Fontainebleau conserve les archives audiovisuelles et numériques et certains documents volumineux.
Le coeur du site de Pierrefitte est un bloc "monolithe" sobre et fonctionnel de 38 mètres de haut. Sa façade opaque est recouverte d'une peau d'aluminium et de verre, découpée en losanges, qui prend des tonalités séduisantes sous le soleil.
Il comporte 220 magasins d'archives, sur onze niveaux et la salle de lecture. Un autre bâtiment comprend plusieurs "satellites" plus aériens reliés par des passerelles, et qui abritent les espaces d'accueil, des salles d'exposition et de conférence ainsi que les locaux administratifs.
La CGT-Archives, qui avait vivement combattu la Maison de l'histoire de France, prédit désormais dans ses tracts une "catastrophe" pour l'ouverture du site, en soulignant notamment qu'il manque du personnel.
Dans l'atelier de restauration par exemple, cinq postes sont encore vacants. "Nous sommes sept à Pierrefitte et nous aimerions être plus. Mais pour certains, c'est moins glamour que le centre de Paris. Dommage. La ligne 13 n'est pas si terrible que ça", déclare un restaurateur.