Qu'on ne se méprenne pas sur le titre. Nous n'allons pas vous raconter une nouvelle fois par le menu l'histoire de "Je suis malade", la chanson qui le rendit célèbre et que Dalida reprit à la perfection. Non, "les bobos", ce sont ceux qui, hier comme aujourd'hui, persistent à ne voir en Serge Lama que l'interprète des "Petites femmes de Pigalle".
Ce qui caractérise le bobo, outre sa morgue, c'est son inculture crasse. Cette capacité à tout juger sans rien savoir. Et Lama, comme quelques autres, en fait les frais depuis un demi-siècle.​ Il y eut d'abord cette manière ridicule de l'étiqueter clone de Brel. À l'époque, on ne lui pardonna guère d'avoir une voix et un style, mais, de l'avis de tous, d'être un peu en dessous du Grand Jacques. Pourtant, jamais Lama ne songea à singer Brel. Ce fut là le premier malentendu.
Un immense chanteur
Mal entendu ou plutôt mal écouté ? Il est vrai que le Lama franchouillard n'est pas tout à fait celui que nous préférons. Il est vrai aussi que, lors de sa période napoléonienne, où il pensa être la réincarnation du Petit Tondu, il nous fit craindre le pire. Qu'importe, chez tous les grands, il y a une part de bassesse dans le génie. Mais, sincèrement, je donne tous les Nouvelle Star et The Voice pour des titres tels que "Toute blanche", "L'esclave" ou "Le 15 juillet à cinq heures".
Non seulement je dis ici que Lama est un immense chanteur, mais également qu'il aurait sa place dans la défunte et magnifique collection de Pierre Seghers "Poètes d'aujourd'hui". Oui, Lama est un auteur de premier plan. Et le public de L'Olympia va lui réserver un triomphe demain soir, le jour même de ses 70 ans. Nous serons là et nous applaudirons à tout rompre celui qui écrivit un jour : "Je vis dans un enfer environné de glace/ Comme un cygne voguant sur les immensités/ Je vois de tous côtés mon profil et ma face/ Et n'ose plus douter de mon éternité."
ÉCOUTEZ "L'esclave" de Serge Lama
Serge Lama est jusqu'au 17 février à l'Olympia et y fêtera lundi soir ses 70 ans et ses 50 ans de carrière.