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    Georges Moustaki
    IL Y AVAIT UN JARDIN



    C'est une chanson pour les enfants
    Qui naissent et qui vivent entre l'acier
    Et le bitume, entre le béton et l'asphalte
    Et qui ne sauront peut-être jamais
    Que la terre était un jardin

    Il y avait un jardin qu'on appelait la terre
    Il brillait au soleil comme un fruit défendu
    Non ce n'était pas le paradis ni l'enfer
    Ni rien de déjà vu ou déjà entendu

    Il y avait un jardin, une maison, des arbres
    Avec un lit de mousse pour y faire l'amour
    Et un petit ruisseau roulant sans une vague
    Venait le rafraîchir et poursuivait son cours

    Il y avait un jardin grand comme une vallée
    On pouvait s'y nourrir à toutes les saisons
    Sur la terre brûlante ou sur l'herbe gelée
    Et découvrir des fleurs qui n'avaient pas de nom

    Il y avait un jardin qu'on appelait la terre
    Il était assez grand pour des milliers d'enfants
    Il était habité jadis par nos grands-pères
    Qui le tenaient eux-mêmes de leur grands-parents

    Où est-il ce jardin où nous aurions pu naître
    Où nous aurions pu vivre insouciants et nus
    Où est cette maison toutes portes ouvertes
    Que je cherche encore et que je ne trouve plus


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    Georges Moustaki
    GRAND-PÈRE



    C'est pour toi que je joue, grand-père, c'est pour toi.
    Tous les autres m'écoutent, mais toi, tu m'entends.
    On est du même bois, on est du même sang
    Et je porte ton nom et tu es un peu moi,
    Exilé de Corfou et de Constantinople,
    Ulysse qui jamais ne revint sur ses pas.
    Je suis de ton pays, métèque comme toi,
    Un enfant de l'enfant qui te fit Pénélope.
    Tu étais déjà vieux quand je venais de naître,
    Arrivé juste à temps pour prendre le relais
    Et je finirai bien un jour par ressembler
    A la photo ou tu as posé en ancêtre.

    C'est pour toi que je joue, grand-père, c'est pour toi
    Que je glisse mes doigts le long de mes six cordes
    Pour réveiller un air tranquille et monocorde.
    C'est tout ce que je sais faire de mes dix doigts,
    Maître en oisiveté, expert en braconnage.
    Comme toi, j'ai vécu à l'ombre des bateaux
    Et pour faire un festin, je volais les oiseaux
    Que le vent de la mer me ramenait du large.
    Comme toi, j'ai connu les filles et les rêves,
    Buvant à chaque source que je rencontrais
    Mais sans être jamais vraiment désaltéré,
    Sans jamais être las de répandre ma sève.

    C'est pour toi que je joue, grand-père, c'est pour toi,
    Pour remettre au présent tout ce qui s'est passé
    Depuis que je ne parle plus que le français
    Et j'écris des chansons que tu ne comprends pas.
    Tous les autres m'entourent mais toi tu m'attends.
    Même si tu es loin dans l'espace et le temps,
    Quand il faudra mourir, on se retrouvera.


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    Georges Moustaki
    EN MÉDITERRANÉE



    Dans ce bassin où jouent
    Des enfants aux yeux noirs,
    Il y a trois continents
    Et des siècles d'histoire,
    Des prophètes des dieux,
    Le Messie en personne.
    Il y a un bel été
    Qui ne craint pas l'automne,
    En Méditerranée.

    Il y a l'odeur du sang
    Qui flotte sur ses rives
    Et des pays meurtris
    Comme autant de plaies vives,
    Des îles barbelées,
    Des murs qui emprisonnent.
    Il y a un bel été
    Qui ne craint pas l'automne,
    En Méditerranée.

    Il y a des oliviers
    Qui meurent sous les bombes
    Là où est apparue
    La première colombe,
    Des peuples oubliés
    Que la guerre moissonne.
    Il y a un bel été
    Qui ne craint pas l'automne,
    En Méditerranée.

    Dans ce bassin, je jouais
    Lorsque j'étais enfant.
    J'avais les pieds dans l'eau.
    Je respirais le vent.
    Mes compagnons de jeux
    Sont devenus des hommes,
    Les frères de ceux-là
    Que le monde abandonne,
    En Méditerranée.

    Le ciel est endeuillé,
    Par-dessus l'Acropole
    Et liberté ne se dit plus
    En espagnol.
    On peut toujours rêver,
    D'Athènes et Barcelone.
    Il reste un bel été
    Qui ne craint pas l'automne,
    En Méditerranée.


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  • Lettre L 2

     

    Ayant perdu mes ailes, parfois je déambule

    Dans un monde Loufoque, dramatique  ou ludique

    Où Les hommes se croisent, chacun dans sa bulle

    Où les âmes perdues dans les Limbes idylliques

    Viennent chercher L’oubli et la Légèreté…

    Qu’il est dur de renoncer au vol magnifique,

    Et de rester clouer au sol par des discours Lénifiants

    Œuvres de politiciens tellement théoriques

    Qu’ils réduisent nos rêves et nous laissent impuissants.

    Nous subissons La Vie, brisant nos rêves utopiques

    Plus de Langueur, de plaisir, de désirs énigmatiques

    Juste ce quotidien mécanique qui nous réduit,

    D’une Lenteur extrême, d’une  Lucidité qui nous détruit !


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  •       La lettre L

     

    Dès notre naissance elle est présente dans le Lait,

    Elle nous dorlote dans le Lit, dans Les bras de Morphée.

    Elle est de nos premières Larmes, chagrins inconsolés,

    Dans nos premiers rêves, poings fermés, toute en Liberté…

    Puis elle nous suit à L’école, avec Lunettes incorporées

    Dans la géométrie austère, aux équerres  en  L coudés,

    Dans nos premières Lectures, alphabet Laborieusement répété

    Puis dans la Littérature, terrain de nos  mondes enchantés,

    Dans La géographie nommant les Lieux et L’histoire les personnalités,

    Même dans l’anglais « made in London », elle est présente et épelée.

    Puis dans L’Adolescence, théâtre des premiers émois,  des tendres baisers,

    L’âge de tous les possibles, où L’on s’envole Loin du nid douillé,

    Elle accompagne nos aventures, Le cœur ouvert, Le nez Levé,

    En  suivant  notre couple qui se forme, crie  «  vive La Mariée »

    Jusqu’à notre dernier souffle, la lettre L va nous accompagner

    Car c’est toujours dans un Lit, que nous partons vers L’éternité…

    Marialis

     


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