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Marine Le Pen incapable de former un groupe
au Parlement européen
Le Point.fr - Publié le <time datetime="2014-06-24T11:04" itemprop="datePublished" pubdate="">24/06/2014 à 11:04</time> - Modifié le <time datetime="2014-06-24T11:07" itemprop="dateModified">24/06/2014 à 11:07</time>
Le FN ne siégera finalement pas à la conférence des présidents de groupe, qui fait l'agenda du Parlement, et ne touchera aucune subvention.
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Marine Le Pen et son homologue néerlandais Geert Wilders ne sont pas parvenus à fédérer au moins
25 députés d'au moins un quart des États membres, nécessaires pour former un groupe à Strasbourg.
© Dursun Aydemir / ANADOLU AGENCY / AFP
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Quelques jours après les élections européennes, Marine Le Pentenait une conférence de presse au Parlement de Strasbourg. Entourée de ses alliés du PVV néerlandais, du Vlaams Belang belge, de la Ligue du Nord italienne et du FPÖ autrichien, celle qui se posait en chef de l'extrême droite européenne lançait, bravache, à son concurrent, l'europhobe britannique Farage : "Désolé, Nigel, nous allons former notre groupe." Un mois plus tard, le constat est douloureux pour la présidente du FN : non seulement Farage a formé un groupe parlementaire - grâce à la défection de l'élue FN Joëlle Bergeron ! -, mais le Front national a lui-même échoué dans sa quête. L'information est tombée lundi à 23 heures. Non pas du FN, retranché dans le silence, mais du chef du PVV néerlandais, l'anti-européen et anti-musulman Geert Wilders. "Hélas, nous n'avons pas réussi à fédérer sept partis. Le PVV voulait un groupe, mais pas à n'importe quel prix."
L'information n'a pas surpris à Bruxelles. Depuis plusieurs jours, il était clair que la partie devenait très difficile pour le couple FN-PVV. D'abord, parce que les europhobes modérés avaient choisi de rejoindre soit le groupe mené par l'Ukip de Nigel Farage soit celui formé par les conservateurs britanniques, qui, grâce au renfort de partis comme les Vrais Finlandais, devient la troisième plus grosse formation du Parlement européen, dépassant pour la première fois les centristes, où siège l'UDI. Ne restaient sur l'échiquier que les partis les plus extrémistes, à l'image des Lituaniens d'Ordre et Justice, ou du KNP polonais. Lundi après-midi, son chef, Janusz-Korwin Mikke, affirmait que son arrivée dans le groupe posait "quelques problèmes". Et pour cause ! Ce politicien tiré à quatre épingles qui fait le baise-main aux femmes qu'il croise, tout en maintenant qu'il faut leur retirer le droit de vote, tient des propos sulfureux. "Il n'y a aucune preuve que Hitler a ordonné l'Holocauste", soutient-il au Point.fr, s'étonnant dans la foulée du nombre de 6 millions de Juifs européens tués par les nazis. "Il y avait 3,5 millions de Juifs en Pologne, comment arrive-t-on à ce chiffre ?" Comme si la solution finale n'avait concerné que la Pologne ! "Coopérer avec le KNP, c'est un pont trop loin pour nous", explique Geert Wilders.
"Le vrai échec serait de faire un groupe à tout prix" (Philippot)
C'est également le cas pour le FN. Ou, plutôt, pour la relève du FN. En effet, depuis plusieurs semaines, ses élus étaient divisés entre ceux qui voulaient mener des discussions avec tous les groupes, même les plus extrémistes, et ceux qui souhaitaient garder le cap de la dédiabolisation, même au risque de rater l'occasion de former un groupe. Florian Philippot est de ceux-là. En sortant d'une réunion du Front national au Parlement lundi, le bras droit de Marine Le Pen assumait déjà l'éventualité d'un échec : "Le vrai échec serait de faire un groupe à tout prix, sans cohérence politique et exigences minimales. Et nous avons encore le temps de faire un groupe au cours de la législature. Au pire du pire, si on n'y arrive pas, on essaiera de constituer des majorités de circonstances, contre les élargissements ou le traité transatlantique."
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L'argument tombe à plat. En effet, durant toute la campagne électorale, Marine Le Pen a justifié son absence et son inactivité au Parlement européen par le fait de siéger avec les non-inscrits, et d'être ainsi marginalisée. Il en sera donc de même dans cette législature. Et le FN ne peut s'en prendre cette fois qu'à son incapacité à fédérer des partis européens autour de lui. "Mais nous sommes suffisamment nombreux au FN pour produire des amendements", affirme Bruno Gollnisch. Certes ! Mais c'est une bien maigre consolation pour le FN qui rêvait d'influencer l'Europe par le haut en siégeant à la conférence des présidents de groupe, l'organe-clé qui fait l'agenda du Parlement. Sans parler des dizaines de millions d'euros de subventions que reçoivent les groupes formés : une manne qui échappera donc aussi au FN.
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