Envoyé spécial à Palaiseau (Essonne)
Nicolas Sarkozy a choisi avec attention ses mots pour porter une nouvelle estocade à Manuel Valls. Depuis dix jours, le premier ministre est dans le viseur des responsables de l'UMP. L'ancien chef de l'État s'est lui-même, à plusieurs reprises, inquiété pour cet homme «qui perd ses nerfs». Lundi soir, en meeting à Palaiseau pour soutenir les candidats aux départementales de l'Essonne, le président de l'UMP a réservé cette fois une large part de son discours au chef du gouvernement. L'occasion était trop belle: Valls tenait une réunion publique à quelques kilomètres de là, à Évry, dans ses terres électives.
Devant Valérie Pécresse, Nathalie Kosciusko-Morizet, Georges Tron et Serge Dassault (propriétaire du Figaro), Nicolas Sarkozy a longuement brocardé ce meeting entre «gens qui n'ont plus rien en commun sinon de perdre des postes». «Moins ils partagent d'idées, plus ils sont ensemble. Ça tient chaud, ils n'ont plus que ça», a moqué l'ancien chef de l'État. «Imaginez M. Valls entouré par les Verts, les frondeurs, les communistes... Ça donne pas envie d'y aller», a-t-il poursuivi en évoquant une«gauche plurielle reconstituée». L'Essonne est en effet l'un des rares départements où Parti socialiste, Verts et Front de gauche sont parvenus à se mettre d'accord en présentant un maximum de candidats communs.
«Le changement est possible»
«La gauche est capable de tout sur les estrades d'un soir à Évry pour conserver coûte que coûte ses postes. Le Parti socialiste est organisé pour cela: les avantages, les prébendes. Perdre les postes, c'est perdre tout.» «Le premier ministre doit avoir du temps libre pour suppléer, depuis quelques semaines, un premier secrétaire du Parti socialiste aux abonnés absents, paniqué à l'idée de perdre les départementales», a encore lancé Sarkozy.
La charge ne se résume pas à la campagne des départementales. Le bilan de la majorité, et spécifiquement celui de l'actuel hôte de Matignon, a longuement été battu en brèche. «La France n'est plus gouvernée, a insisté Nicolas Sarkozy. Personne n'y comprend rien quand Manuel Valls emploie le 49-3 pour faire passer la coquille vide que constitue la loi Macron.»«Depuis trois ans, la croissance est nulle, le nombre d'entreprises qui mettent la clé sous la porte n'a jamais été aussi élevé, les déficits n'ont jamais été aussi profonds, le matraquage fiscal n'a jamais été aussi brutal. Avec cela, ils n'ont toujours pas compris pourquoi ça marchait pas.» Et encore une fois, l'ancien chef de l'État sonne la charge contre le premier ministre et sa méthode. «M. Valls est allé dans l'Aisne avec pas moins de onze ministres pour dire aux territoires ruraux qu'ils ne sont pas abandonnés, a-t-il expliqué. Déjà que ça ne va pas, vous recevez la visite de Manuel Valls et de onze de ses ministres... Vous croyez que ça améliore les choses ?»
Dans un audacieux élan, Nicolas Sarkozy a finalement fusionné son slogan de campagne de 2007 et celui de François Hollande en 2012: «Le changement est possible », a-t-il lancé en demandant une large victoire de la droite aux départementales. «Le changement est possible et ce changement préfigurera le changement que nous voulons pour la France», a-t-il souhaité.