• Mediator, Pilule, Diane 35 : comment notre système d'alerte défaille toujours et encore

    Publication: 02/02/2013 12:34 CET  |  Mis à jour: 02/02/2013 16:17 CET    lien 

     

    SANTÉ - Médiator, pilule de 3e et 4e génération, Diane 35, malgré les réformes, les scandales sanitaires se suivent et se ressemblent. À chaque gouvernement le sien, qui provoque toujours les mêmes rituels. La ministre de la Santé a beau avoir décidé du déremboursement de certaines pilule de 3e et 4e génération dès septembre 2012, mercredi 29 janvier elle fut obligée de se livrer à un véritable exercice de communication de crise.

    Car l'affaire va crescendo. Trois jours plus tôt, le 26 janvier, une nouvelle alerte a été lancée par nos confrères du Figaro qui affirmaient détenir un document confidentiel provenant de l'Agence du médicament (ANSM). Celui-ci ferait alors état de 7 décès liés Diane 35, un anti-acnéique commercialisé depuis 1987, prescrit en tant que pilule contraceptive. Très rapidement, l'ANSM confirmera au moins quatre décès et 125 thromboses alors que le lendemain, c'est au tour du Parisien d'annoncer qu'une centaine de nouvelles plaintes devraient être déposées dans le dossier des pilules de 3e et 4e génération courant février.

    Deux événements, deux réponses. Mercredi 29 janvier au matin, l'ANSM décide de suspendre les ventes de Diane 35. Quelques heures plus tard, Marisol Touraine conviait journalistes et caméras sur la plateforme téléphonique du Numéro vert dédié aux questions relatives aux pilules contraceptives dont elle avait souhaité la mise en place. Son élément de langage pour l'occasion? "Ne pas céder à la panique." Personnel prévenu la veille, journalistes avertis dans la soirée, Marisol Touraine se veut rassurante mais les interrogations vont bon train. Quel médicament sera le suivant?

    Lire aussi: Vers l'interdiction de la pilule de 3ème et 4ème génération?

    La réponse viendra le lendemain de la revue médicale indépendante Prescrire. Telle une piqûre de rappel des affaires sanitaires à venir, elle publie jeudi 31 janvier sur son site internet une liste noire des médicaments à éviter dont elle demande le retrait du marché en raison des risques sanitaires "disproportionnés" qu'ils représentent par rapport aux bénéfices apportés.

    Pour l'ANSM et Marisol Touraine, c'est un nouveau coup dur. En guise de réaction à cette semaine chargée, vendredi 1er février la ministre a demandé à l'ANSM de publier sur son site internet les données de l'ensemble des médicaments évalués par l'agence. Une volonté de transparence louable, mais sera-t-elle suffisante? Car l'Etat a-t-il vraiment retenu les leçons de l'affaire Mediator? Comment expliquer que ce soit de la société civile que proviennent les alertes? Réagit-il suffisamment rapidement? Bref, notre système d'alerte sanitaire est-il vraiment efficace? Selon notre enquête, rien n'est moins sûr.

    Suite de l'article sous l'extrait vidéo:

    L'ANSM : "une administration qui ronronne"

    Contacté par Le HuffPost, le professeur Philippe Even qui avait publié en septembre 2012 un Guide des 4.000 médicaments inutiles ou dangereux, déplore quant à lui ces "quarante ans de n'importe quoi" qui nous ont conduits tout droit à une actualité sanitaire qui se répète.

    La suspension de la pilule Diane 35? "Une décision qui aurait pu être prise dès 2002, au plus tard en 2005". Le scandale sanitaire des pilules de 3e et 3e génération? "L'expression du manque de réactivité d'une administration lourde et inefficace, l'ANSM, où les dossiers tournent en rond."

    Pour le médecin, l'Agence du médicament souffrirait avant tout de son passé. Car avant 2012, l'ANSM n'existait pas encore, ou plutôt si, mais sous une autre forme avec un autre nom.

    Principalement accusée de conflit d'intérêt avec l'industrie pharmaceutique, c'est à la suite de l'affaire du Mediator que l'Afssaps est dissoute pour devenir l'ANSM. Toujours dans le sillage de ce scandale, son directeur général est remplacé en 2011 par Dominique Maraninchi, médecin cancérologue. Mais si Philippe Even reconnaît "l'intégrité" et le "sens du service" du nouveau directeur de l'Agence, il accuse néanmoins une "administration qui ronronne."

    Lire aussi: BLOG La France est-elle condamnée à rester nulle en santé publique?

    Principaux griefs qu'il oppose à l'agence: "un système de prise de décision qui déresponsabilise et des commissions inutiles qui ralentissent ce processus." Cerise sur le gâteau, lorsque des proposition sont faites, "elles sont rarement suivies par les cabinets des ministres," vitupère celui qui, aux micros d'Europe 1 mardi 28, demandait à Marisol Touraine de faire interdire Diane 35.


    Even : "Marisol Touraine ne prend aucune... par Europe1fr

    Comment expliquer cette absence de volontarisme? "Démagogie, manque de courage, peur de secouer l'industrie phamaceutique à une époque où le chômage et l'emploi sont des enjeux permanents," regrette Philippe Even pour qui la véritable agence du médicament n'est pas l'ANSM, mais bien la revue Prescrire.

    Du côté de la revue justement, on reconnait que les déclarations d'intérêts des membres de l'agence sont plus facilement consultables, tout comme les verbatim des différentes commissions et groupes de travail. Mais concernant les décisions de retrait de médicament, "c'est encore trop lent," accuse Bruno Toussaint, le directeur de la rédaction de Prescrire. Quant aux suspicions de conflit d'intérêt, Philippe Even n'y voit pas le principal enjeu. Bruno Toussaint rappelle quant à lui que les liens entre les labos et l'ANSM sont nécessairement très forts puisqu'il revient notamment à l'agence d'analyser les données fournies par ceux-ci.

    Mais le principal handicap de l'agence est autre, et un simple coup d'œil à son organigramme permet de comprendre son origine. Comités techniques, comités d'interface, groupes de travail externes, groupes de travail temporaires, si le nombre d'organes a été réduit de 117 du temps de l'Afssaps à 50, pour Philippe Even, c'est encore beaucoup trop. "On n'a pas besoin d'être quarante pour évaluer un médicament, avec les informations dont on dispose, cela peut être fait rapidement."

    Ouvrir l'accès aux données de l'Assurance maladie

    Réagir rapidement, l'affaire de la pilule Diane 35 montre que l'ANSM en est pourtant capable. Ce sont en effet les données récupérées par l'agence qui ont permis de déterminer que cette pilule a provoqué au moins quatre décès depuis sa mise sur le marché en 1987, c'est aussi l'agence qui, quelques jours plus a pris la décision, de suspendre sa vente.

    Avant d'être rattrapée par l'actualité, l'agence a alerté le gouvernement sur les pilules de 3e et 4e génération à l'été 2012, une décision entendue par le gouvernement puisqu'en septembre, Marisol Touraine a décidé de retirer certaines de ces pilules de de la liste des médicaments remboursées par la sécurité sociale, mais pas de les interdire.

    Pour Philippe Even, les processus de décision pourraient encore être simplifiées. Surtout, certaines données de la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAM) pourraient être davantage exploitées. "Pourquoi ces données restent-elles secrètes?" s'interroge le médecin. "L'Assurance maladie sait qui prescrit quoi, à qui et pour quoi, au moins en ce qui concerne les médicaments remboursés" explique le médecin, "c'est une source d'information inestimable."

    C'est notamment grâce à ces données que l'on a pu prendre conscience du nombre de morts liés au Mediator. C'est aussi grâce aux données récupérées auprès de la CNAM que l'ANSM a pu lancer une alerte et finalement suspendre la vente de Diane 35 mercredi 30 janvier.

    Le même jour, l'éditorial du quotidien Le Monde se faisait l'écho d'une pétition réclamant l'ouverture de ces données. Mise en ligne par le Collectif interassociatif sur la santé, celle-ci a recueilli les signatures de nombreux économistes, professionnels de la santé mais aussi de nombreuses associations de patients ou de consommateurs.

    Au nom de la démocratie dans la prise de décision de santé publique mais aussi de la prévention face aux scandales sanitaires ou encore la liberté d'information quant aux choix de prestation, le Collectif réclame l'ouverture de ce trésor de guerre.

    Du côté de l'Assurance maladie, on affirme être ouvert à ce que ces données soient accessibles, "à condition que ce soit encadré." On rappelle que celles-ci sont complexes, sensibles et que leur recoupement permettrait d'identifier des patients ou d'être exploitées à des fins commerciales. D'où un important "effort de formation" des individus provenant d'institutions telles que, l'Institut national de veille sanitaire (INVS) ou encore l'INSERM, qui peuvent y avoir accès.

    "N'y-a-t-il pas plus d'avantages que de risques à autoriser l'exploitation de ces données publiques, ne serait-ce que pour ramener la confiance des patients, améliorer le fonctionnement et la performance du système de soins et faire des choix éclairés?" s'interrogeait Le Monde, mercredi 30 janvier. Contacté par Le HuffPost, le ministère de la Santé n'a pas répondu à nos questions à l'heure où nous publions cet article.

    "Se mettre au travail"

    Que la base de données de l'Assurance maladie soit rendue plus accessibles ou non, d'autres données pourraient permettre d'accélérer le processus d'alerte et d'interdiction des médicaments dangereux. Évaluation cliniques, pharmacovigilance ou encore enquêtes épidémiologiques, c'est bien grâce à ces informations que la revue Prescrire a pu établir sa liste de plusieurs dizaines de médicaments dangereux.

    "Les informations sont là," précise Bruno Toussaint. "Si l'agence (l'ANSM, ndlr.) ne va pas plus vite que sur les pilules de 3e et 4e génération, il y aura d'autres scandales, il est de temps de sortir de la gestion de crise et de prendre ces dossier à bras le corps," continue-t-il. "Il faut se mettre au travail."

    L'ANSM, elle, estime que son pouvoir demeure malgré tout limité car au dessus de la France, il y a l'Europe qui, à travers l'Agence européenne du médicament (EMA) saisie par Marisol Touraine sur le dossier des pilules de 3e et 4e génération, a annoncé qu'elle réexaminerait aussi le cas de Diane 35. Plus qu'une logique juridique, c'est un état d'esprit que dénoncent Bruno Toussaint et la revue Prescrire: "Si on attend toujours que les autres fassent quelque chose, ça va durer combien de temps?"

    Quant à Philippe Even, il remet en cause la légitimité même de l'agence européenne. "Que vous habitiez en Calabre ou en Finlande, vous n'avez pas affaire aux mêmes systèmes de prise en charge d'une part et la même maladie n'est pas traitée de façon identique" dénonce-t-il.

    Accélérer la prise de décision, faciliter l'accès aux données de l'assurance maladie, améliorer le système de pharmacovigilance, les leviers sont nombreux et accessibles. "Si on veut on peut," annonce Philippe Even, "le problème c'est qu'on ne veut pas."

    Vidéorama: 40 ans d'affaires sanitaires

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    Scandales pharmaceutiques : l'éternel retour
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    LIRE AUSSI:
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  • Accueil > TopNews > L'ANSM suspend la pilule Diane 35, interdiction dans 3 mois

    L'ANSM suspend la pilule Diane 35, interdiction dans 3 mois

    Créé le 30-01-2013 à 11h45 - Mis à jour à 19h15    lien 

     

     

    En raison de risques de thromboses et d'embolies pulmonaires liés à sa prise, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé a annoncé mercredi l'interdiction dans trois mois de la pilule Diane 35 et de ses génériques./Photo prise le 30 janvier 2013/REUTERS/Régis Duvignau
(c) Reuters

    En raison de risques de thromboses et d'embolies pulmonaires liés à sa prise, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé a annoncé mercredi l'interdiction dans trois mois de la pilule Diane 35 et de ses génériques./Photo prise le 30 janvier 2013/REUTERS/Régis Duvignau (c) Reuters

    SAINT-DENIS, Seine-Saint-Denis (Reuters) - L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a annoncé mercredi l'interdiction dans trois mois de la pilule Diane 35 et de ses génériques en raison des risques de thromboses et d'embolies pulmonaires liés à sa prise.

    Cette pilule, utilisée dans le traitement de l'acné, fait l'objet d'une procédure de suspension dès ce mercredi.

    "L'agence a décidé d'engager à partir de ce jour une procédure de suspension", a déclaré le directeur général de l'ANSM, Dominique Maraninchi, lors d'une conférence de presse.

    Cette procédure durera trois mois pendant lesquels les femmes qui prennent ce médicament ne doivent pas interrompre la prise et sont invitées à consulter leurs médecins, qui ne doivent de leur côté plus la prescrire à partir de mercredi.

    "Après, toute prescription sera interdite", a ajouté Dominique Maraninchi, ajoutant que tous les lots de Diane 35 et de ses génériques seraient retirés des pharmacies.

    L'ANSM a fait état dimanche dernier de quatre décès depuis 1987 en France liés à la pilule Diane 35, fabriquée par les laboratoires Bayer et utilisée en France comme un traitement contre l'acné et comme un contraceptif oral.

    Environ 315.000 femmes utilisaient cette pilule ou ses génériques en France en 2012.

    "Ce n'est pas une pilule", a dit Dominique Maraninchi, ajoutant que son efficacité contre l'acné est "modérée".

    Dans un communiqué, le groupe Bayer France dit "prendre acte avec surprise" de la décision de l'ANSM.

    "Diane 35 est commercialisé dans 116 pays depuis plus de 25 ans pour le traitement de l'acné chez la femme", écrit le laboratoire. "Il n'a jamais fait l'objet de retrait d'autorisation de mise sur le marché pour des raisons de sécurité."

    "À notre connaissance, il n'existe pas de nouvelles preuves scientifiques susceptibles de conduire à une modification de l'évaluation bénéfice/risque positive de Diane 35", ajoute-t-il.

    PRESCRIPTION JUGÉE EXCESSIVE

    L'ANSM a également annoncé une procédure d'arbitrage au niveau européen pour retirer les autorisations de mise sur le marché de Diane 35 dans toute l'UE, ce médicament étant autorisé dans la plupart des Etats membres.

    Lors d'une visite à la plateforme téléphonique du numéro vert mis en place pour répondre aux inquiétudes des utilisatrices de pilules contraceptives, la ministre de la Santé Marisol Touraine a estimé mercredi qu'il ne fallait pas "céder à la panique et ne pas arrêter brutalement le traitement".

    Dans un communiqué, le Planning familial s'étonne pour sa part de la décision de l'ANSM qui renforce et aggrave fortement selon lui "l'angoisse des femmes et la suspicion qui pèse désormais sur l'ensemble des méthodes de contraception".

    Le Planning déplore "qu'aucune autre mesure ne soit annoncée notamment quant à l'encadrement des prescriptions, la formation des professionnels et l'information des personnes et tient à rappeler que le risque zéro n'existe pas."

    Les pilules contraceptives, notamment celles de troisième et de quatrième générations, sont sous le feu des critiques depuis le dépôt d'une plainte mi-décembre d'une jeune femme française imputant son accident vasculaire cérébral à la pilule.

    Les pilules de dernière génération sont accusées de provoquer des risques accrus de troubles emboliques veineux en France où leur prescription est jugée excessive au regard des risques sanitaires qu'elles présentent.

    L'Agence européenne des médicaments (EMA) a annoncé lundi qu'elle examinerait l'innocuité des contraceptifs oraux combinés de troisième et quatrième générations afin de déterminer s'il y a lieu d'en limiter l'usage.

    Cette décision fait suite à une requête de la France.

    Ces pilules plus récentes, qui incluent les Meliane et Jasmine fabriquées par les laboratoires Bayer, ont eu du succès parce qu'elles ont moins d'effets secondaires que les pilules antérieures, comme la prise de poids ou l'acné.

    L'EMA, qui avait déclaré le 11 janvier qu'il n'y avait aucune preuve concernant des troubles emboliques veineux, estime que les risques sont "très faibles", même s'ils sont plus élevés dans le cas des pilules de troisième et quatrième générations.

    Pauline Mével, avec Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse


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  • Accueil > Société > "Il faut arrêter d'utiliser Diane 35 comme contraceptif"

    "Il faut arrêter d'utiliser Diane 35 comme contraceptif"

    Créé le 28-01-2013 à 09h48 - Mis à jour à 12h36   lien

    "Des décisions seront prises dans la semaine" concernant cette pilule, annonce le directeur de l'Agence du médicament.

     

    Plaquettes de pilules contraceptives. (PHOTOPQR/L'EST REPUBLICAIN)

    Plaquettes de pilules contraceptives. (PHOTOPQR/L'EST REPUBLICAIN)
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    Le directeur de l'Agence du médicament (ANSM) Dominique Maraninchi a affirmé ce lundi 28 janvier qu'il faut "arrêter" d'utiliser Diane 35, traitement contre l'acné du groupe pharmaceutique allemand Bayer, comme contraceptif.

    Dominique Maraninchi a par ailleurs confirmé sur la radio RTL que des "décisions seraient prises dans la semaine" concernant le Diane 35 en tant que traitement contre l'acné, compte tenu de son profil de risque (thromboses pouvant déboucher sur des embolies pulmonaires).

    L'agence nationale du médicament fait état sur les 25 dernières années de quatre décès "imputables à une thrombose veineuse liée à Diane 35", un traitement contre l'acné mais à l'usage détourné comme contraceptif oral et utilisé par 315.000 femmes.

    "Arrêter cet usage ambigu"

    "Il faut trancher pour arrêter cet usage ambigu", a déclaré Dominique Maraninchi. "Il faut arrêter de l'utiliser comme contraceptif. Cette situation a assez duré". "Ça fait 25 ans que ça dure en France alors que [Diane 35] n'est pas autorisé comme contraceptif", a-t-il poursuivi. "C'est la responsabilité de l'agence que de faire respecter les indications des médicaments", a-t-il ajouté en rappelant que le laboratoire Bayer n'a "pas demandé à enregistrer le Diane 35 comme contraceptif".

    D'ailleurs, a souligné le patron de l'ANSM, "nos experts et les gynécologues considèrent que ce n'est pas un bon contraceptif". Dominique Maraninchi a en outre rappelé que l'agence du médicament travaille depuis un an sur ce dossier notamment pour évaluer le bénéfice/risque du Diane 35.

    "Nous avons interrogé les dermatologues pour leur demander "'Est-ce un bon traitement contre l'acné ?' et 'Est-ce que vous acceptez ce profil de risque dans le traitement contre l'acné' ?" "C'est indiscutablement actif" dans l'acné "mais il y a d'autres options thérapeutiques", a encore souligné Dominique Maraninchi.


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  • Contraception, vers l'interdiction de la pilule de 3ème et 4ème génération ?

    Le HuffPost avec AFP  |  Par Stanislas Kraland lien  Publication:   |  Mis à jour: 02/01/2013 19:05 CET

     

    SANTÉ - Avec le remboursement à 100% de l'IVG et la pilule gratuite pour les mineures, 2013 devait être une année de progrès pour l'accès des femmes à la contraception. Ces avancées seront pourtant très vite oubliées au profit d'une seule question: faut-il interdire les pilules de troisième et quatrième génération?

    Trente nouvelles plaintes devraient effectivement être déposées début janvier contre plusieurs fabricants de ces pilules de troisième et quatrième génération, dans le collimateur depuis plusieurs semaines, et aussi contre l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Signe qui ne trompe pas, la ministre des Affaires Sociales et de la Santé Marisol Touraine a annoncé ce mercredi 2 janvier que la fin du remboursement de certaines pilules de troisième et quatrième génération, prévue pour septembre 2013, serait avancée au mois de mars.

    Lire aussi : » Plusieurs types de pilules, quelles différences?

    De son côté, l'ANSM a reconnu mardi 1er janvier que la délivrance de la pilule de troisième génération est "excessive" et pourrait être limitée. Alors que le pôle santé publique du tribunal de grande instance de Paris s'est saisi de l'affaire le 31 décembre 2012, l'agence a débuté de nombreuses consultations dès ce mercredi 2 janvier et lancé une mise en garde à l'adresse de 80.000 professionnels de santé pour qu'ils révisent à la baisse leurs prescriptions.

    Alors pourquoi une telle hâte? Les pilules de troisième et quatrième génération sont-elles dangereuses au point d'être interdites? Présentent-elles de réels avantages sur celles qui les ont précédées, ou bien sont-elles inutiles? Le HuffPost fait le point sur la question.

    Handicapée à 65%

    Tout commence le 14 décembre 2012 lorsque, Marion Larat, 25 ans, annonce dans les colonnes du Monde qu'elle s'apprête à attaquer au pénal le laboratoire Bayer. Terrassée par un AVC en 2006, Marion Larat est handicapée à 65%, n'a plus l'usage de sa main droite, a subi neuf opérations et souffre de crises régulières d'épilepsie. Marion Larat estime que c'est sa pilule, Meliane, qui a provoqué son AVC. Un lien dont la probabilité a été confirmé par les autorités puisqu'il est survenu dans les trois mois qui ont suivi la prescription de cette pilule.

    Lire aussi:
    » BLOG Pilules contraceptives de IIIème génération: le Mediator du Gouvernement Ayrault?
    » L'IVG sera bientôt prise en charge à 100%
    » Stérilet ou pilule? selon une étude, le stérilet est bien plus efficace pour éviter de tomber enceinte

    Suite de l'article sous la vidéo:

    "Je dois prévenir les filles", explique-t-elle alors dans une interview à l'AFP. "Personne, personne, personne ne doit prendre la pilule de 3ème et de 4ème génération. C'est mon combat et celui de mes parents", continuait la jeune femme qui a décidé de concert avec son avocat d'inclure dans sa plainte le directeur général de l'Agence nationale de sécurité et du médicament (ANSM). Pour elle, sa responsabilité est engagée puisqu'il n'aurait pas demandé le retrait de cette pilule du marché, contrevenant ainsi au principe de précaution.

    Qu'est-ce qu'une pilule de troisième génération?

    Ces pilules ont été mises sur le marché à partir des années 1980. Plus efficaces, elles sont censées éviter certains effets secondaires tels que l'acné et la prise de poids, notamment grâce à leur dosage plus faible en éthinyl-oestradiol, molécule qui se rapporte à l’oestrogène. Mais ce plus faible dosage est équilibré par la présence d'autres molécules qui posent problème. Actuellement, deux types de pilules de troisième et quatrième génération sont pointées du doigt, celles qui contiennent du désogestrel ou du gestodène pour les 3ème génération, et du drospirénone pour la génération suivante.

    Dans un avis présenté au Ministère de la Santé en septembre 2012, la Haute autorité de santé (HAS) indiquait qu'aucune étude n'a jusqu'à présent démontré que les pilules de troisième génération avaient un intérêt clinique supplémentaire sur les effets indésirables comme l'acné, la prise de poids, les nausées, les jambes lourdes, les mastodynies (douleurs mamaires), l'aménorrhée (absence de règles) ou les méno-métrorragies (saignement de l'utérus).


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  • Accueil > Economie > Soins low cost : panique chez les dentistes

    Soins low cost : panique chez les dentistes

    Créé le 03-01-2013 à 17h48 - Mis à jour le 06-01-2013 à 21h51

    Avec leurs couronnes à bas coût, les établissements low cost inquiètent les dentistes, qui dénoncent une menace pour la santé publique.

    Le centre dentaire Dentexia de Vaulx-en-Velin (DR)

    Le centre dentaire Dentexia de Vaulx-en-Velin (DR)

    Brushing impeccable, grand tchatcheur, Pascal Steichen est devenu la bête noire du monde de la dentisterie. C'est lui qui ouvre à cadence régulière des centres dentaires low cost sous l'enseigne Dentexia, association à but non lucratif. Les prothèses y coûtent deux à trois fois moins cher qu'ailleurs. Steichen présente son initiative comme un bienfait pour l'humanité. Mais Christian Couzinou, le président de l'ordre des chirurgiens dentistes, soutenu par les représentants de la profession, hurle au "danger pour la santé publique" !

    Après Lyon, Vaulx-en-Velin, Paris, Colombes, Pascal Steichen s'apprête à lancer un nouvel établissement à bas coût à Chalon-sur-Saône. L'homme, qui affiche sur son site web un portrait avantageux de lui devant un splendide château bordelais, semble avoir fait tous les métiers : professionnel de la communication, éditeur d'un journal franc-maçon qui a sombré, vendeur de mallettes pédagogiques pour l'Education nationale sponsorisées par les multinationales et auteur de nombreux guides comme "le Marketing pratique de l'agent immobilier" ! Cette hyperactivité ne lui a pas toujours réussi : à la suite de problèmes comptables, le beau parleur a été interdit de gestion pour douze ans en 2001 par le tribunal de commerce de Paris. Interdiction ensuite ramenée à dix ans.

    L'idéologie dominante : gagner de l'argent

    Steichen est déjà connu comme le loup blanc dans le milieu des dentistes. "Coach dentaire" pendant vingt ans, il courait les cabinets libéraux pour apprendre aux arracheurs de dents à gagner plus d'argent en rationalisant leurs gestes, en déléguant des tâches à des assistantes et en étant aimable avec les patients. Il distillait ses conseils dans un des journaux professionnels qu'il a créés et revendus, "Indépendentaire", où il désignait "le dentiste du mois", censé se distinguer par le montant enviable de son chiffre d'affaires. "L'idéologie dominante, c'était de gagner de l'argent", dit un dentiste qui l'a bien connu.

    Sous l'enseigne Addentis, Patrice de Montaigne de Poncins, son ancien associé, titulaire comme lui d'un Master of Business Administration (MBA) de HEC, offre également des prestations dentaires low cost à Bondy, Aubervilliers et Bobigny. Contrairement au fondateur de Dentexia, lui veut rester dans l'ombre. Il fait dire par son attachée de presse qu'il a pris ses distances avec Steichen. Et, alors que la polémique monte sur l'offre de prothèses à prix cassés, il est entré en contact avec l'agence régionale de santé (ARS) d'Ile-de-France pour manifester officiellement sa volonté d'être dans les clous.

    Quand prothèse dentaire rime avec business
    "Poser des couronnes à la chaîne, payées directement par l'assurance-maladie, c'est plus rentable que de soigner les caries" (Illustration Diego Aranega)

    Avec des couronnes à 390 euros tout en céramique, quand elles sont partout ailleurs entre 500 et 700 euros - remboursées 75,50 euros par l'assurance-maladie -, l'offre est particulièrement alléchante. Surtout que ces 390 euros correspondent, en gros, à la somme à laquelle ont droit les titulaires de la couverture maladie universelle (CMU) complémentaire pour une couronne. Les plus démunis peuvent donc venir se faire poser des couronnes sans bourse délier. Grâce au tiers payant, les centres se font directement rembourser par l'assurance-maladie. Les patients se pressent donc en masse. A chaque nouvelle ouverture, les télés, éblouies, présentent des patients ravis et de jeunes dentistes contents d'être salariés : 5 000 euros mensuels chez Dentexia.

    Les raisons de la panique chez les dentistes

    Pourquoi alors la profession hurle-t-elle à l'arnaque ? Jalousie de concurrents inquiets ? "Non, mais le low cost se concentre sur les actes qui rapportent : l'implantologie et les prothèses ! Et ces centres pratiquent le surtraitement", explique Christian Couzinou. "Le surtraitement, c'est quand on arrive avec deux ou trois dents cassées ou cariées... et qu'on repart avec dix couronnes, commente un expert du secteur. Quel patient CMU refuserait des prothèses ne coûtant rien, car financées par le contribuable ? Poser des couronnes à la chaîne, payées directement par l'assurance-maladie, c'est plus rentable que de soigner les caries et d'essayer de maintenir une dent vivante..."

    Sur les forums de dentistes, la profession se déchaîne : on rappelle que les initiateurs de ces centres à bas coût ne sont pas des dentistes, mais des chefs d'entreprise qui ont chacun une société de formation ou de conseil : Efficiences odontologiques pour Steichen, Efficentres pour Montaigne. Et l'on se gausse du statut associatif de leurs établissements de soins : "Pas difficile de faire remonter l'argent, via des prestations de conseil, de formation ou de location de matériel..."

    S'il est prouvé que le low cost délaisse les soins et la prévention, la colère des praticiens s'explique d'autant mieux que le remboursement du dentaire en France est aberrant : les dentistes, à 90% conventionnés, passent les deux tiers de leur temps à pratiquer des actes mal payés - 16,87 euros la carie, 28,92 euros le détartrage - qui ne représentent qu'un tiers de leurs revenus.

    Pour assurer leurs émoluments - actuellement 7 500 euros par mois en moyenne, un peu plus qu'un gynécologue - les autorités de santé les ont laissés libres de fixer le tarif des prothèses et autres implants, se déchargeant de l'essentiel du financement sur les mutuelles et assurances complémentaires. Un modèle économique injuste, qui pousse beaucoup de Français sans mutuelle ou avec une assurance trop faible à renoncer à entretenir leur bouche. Mais un système qui se concentrerait uniquement sur les actes prothétiques serait dangereux : il sonnerait la fin de la prévention et des soins dentaires !

    [DIMANCHE Aprem]Quand prothèse dentaire rime avec business
    Le centre dentaire Dentexia de Vaulx-en-Velin (DR)

    "Une course à la rentabilité insupportable"

    Un dentiste qui a officié à Dentexia, mais désireux de rester anonyme, accepte de raconter pourquoi il a démissionné : la qualité du matériel et des chirurgiens, souvent frais émoulus de la fac, n'est pas en cause. Mais il ne supportait plus "la course à la rentabilité". Il décrit une véritable taylorisation des tâches : "Dix minutes pour une urgence." Pire : tous les soirs, il fallait participer à un débriefng collectif, sous la houlette du directeur du centre, "non-dentiste", qui reprenait les dossiers de chaque patient, en demandant pourquoi telle ou telle dent n'avait pas été couronnée.

    Sous prétexte que le patient doit être "tranquille pour dix ans", on nous poussait par exemple à dévitaliser des dents restaurées mais vivantes, simplement parce qu'elles "pouvaient poser problème dans les années à venir". Mais comment peut-on prévoir qu'une dent qui va bien aujourd'hui va aller mal dans la décennie, juste parce qu'une fois elle a subi une réparation ? Ce n'est pas ma conception du soin."

    D'une certaine manière, Dentexia annonce la couleur, promettant sur son site web de "réhabiliter la bouche de façon complète en quelques séances". Pourtant, reconnaît le praticien, tout le monde était satisfait : les jeunes dentistes heureux d'être déchargés de la gestion. Les patients, incapables d'apprécier la pertinence des actes et persuadés de faire une bonne affaire. "A tort, juge-t-il. Mais quand les patients non CMU se voient présenter des devis énormes, on les branche sur Odonto Lease !" C'est-à-dire une société de courtage de crédits pour prothèses et implants.

    Pascal Steichen ne nie pas la taylorisation des tâches : "Pendant vingt ans j'ai appris aux dentistes à être plus productifs. Et maintenant que je fais comme eux, ils sont furieux !" Mais il réfute les autres accusations : "Nos chirurgiens touchent un salaire fixe, ils ne sont pas rémunérés en fonction d'objectifs à respecter." Et il explique ses tarifs compétitifs par une bonne gestion : "Nous arrivons à pratiquer des tarifs peu élevés, car nous déléguons toutes les tâches non médicales, administratives ou logistiques à des assistants. Nous concentrons les actes sur un minimum de rendez-vous. Et faisons des économies d'échelle en achetant les produits et équipements en gros. Quant à nos prothèses, après nous être fournis en France, en Chine, en Turquie, au Maroc, nous les fabriquons sur place !"

    Un système de contrôle insuffisant

    Peut-on faire confiance aux autorités de santé pour empêcher les éventuels abus dont sont accusés les centres dentaires low cost ? Pas grand-chose à attendre du côté des agences régionales de santé : depuis la loi dite Bachelot, l'ouverture d'un centre de santé n'est pas soumise à son agrément. Une simple procédure déclarative, avec explication d'un projet de soins, accepté ou refusé par l'ARS, suffit. Le contrôle de la qualité des soins et de la facturation relève, lui, de l'assurance-maladie. Or celle-ci est peu réputée pour son zèle à surveiller les hommes de l'art dentaire : 244 dentistes conseils seulement pour 40 000 praticiens et l'ensemble des établissements publics, c'est peu ! Il lui a, par exemple, fallu sept ans pour démasquer deux chirurgiens-dentistes fraudeurs des quartiers nord de Marseille, soupçonnés d'avoir mutilé les patients pour mieux les soigner après.

    Il est vrai que la Sécu est faible payeuse en matière dentaire. Et pour le remboursement des CMU complémentaires, elle gère des sous qui viennent du fonds CMU. Ce secteur de la santé n'est donc pas sa priorité.

    • Article paru dans "le Nouvel Observateur" du 3 janvier 2013.

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    Jacqueline de Linares


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