Les Français étaient venus en nombre assister à l’entrée au Panthéon de quatre résistants, Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Jean Zay et Pierre Brossolette, mercredi 27 mai. Mais leur frustration était à la hauteur de leur envie de goûter ce moment historique : toutes les rues adjacentes à la place du Panthéon étant coupées, et le public se trouvait relégué à plusieurs centaines de mètres de l’édifice, derrière des barrières. Difficile dans ces conditions de voir ou d’entendre quelque chose.
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« L’accès est très limité. Du coup, ce n’est pas une cérémonie très populaire, c’est plus une cérémonie VIP », déploraient Amira et Benjamin, venus avec leurs deux enfants. Benjamin, étudiant en droit au Panthéon, comparaît ainsi cette cérémonie « avec le jour d’investiture de François Mitterrand, où la foule l’avait accompagné jusqu’au Panthéon. Ça a bien changé… ». La déception était aussi perceptible chez Nelly et Françoise, deux sexagénaires, venues « pour honorer les résistants » : « Nous sommes très fâchées, on ne peut pas s’approcher de la cérémonie. Mais c’était à prévoir… »
« Le Panthéon, église laïque »
Malgré cette frustration, il était important pour elles de venir, notamment pour honorer la mémoire de Germaine Tillion et de Geneviève de Gaulle-Anthonioz : « Les femmes ont beaucoup œuvré pendant la guerre. C’est très bien qu’elles aient été choisies. » En retrait de la foule se tient François Agniel, fils de la résistante Michèle Agniel, déportée à Ravensbrück comme les deux résistantes honorées. Pour lui, célébrer ces deux femmes a donc une saveur particulière : « Ma mère connaissait très bien Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz. Elles ont été la voix de toutes les résistantes qui se sont tues pendant quarante ans. »
Pour François-Xavier, 50 ans, il était important « de célébrer des personnalités reconnues par la France et par l’ensemble des Européens ». Comme une grande majorité des personnes présentes, il souligne « la présence de deux femmes. Ça permet de réparer un oubli et de montrer l’évolution de la société. C’est un bon choix de François Hollande ». Dans la foule, Thomas et Marc ont décidé de faire une pause dans leurs révisions pour assister à cet événement. Pour eux, cette cérémonie « est symbolique. Il faut être reconnaissant envers ces gens-là. C’est grâce à eux si on peut avoir une éducation et vivre aujourd’hui. Ils représentent tout le monde ».
Comme le président de la République, M. Hollande, qui a rappelé l’esprit du 11 janvier, Anne et Philippe trouvent que la cérémonie tombe au bon moment : « C’est un symbole important, surtout en cette période. Ça permet de rappeler les valeurs constitutives de notre histoire. » Pour François-Xavier, « le Panthéon est devenu une église laïque. Cette célébration œcuménique symbolise la nation. C’est important pour l’unité du pays ».