• Pourquoi il faut sauver le soldat Alcatel-Lucent

     Par Emmanuel Paquette (L'Express) - publié le 30/01/2013 à 11:32  lien 

    L'équipementier en télécoms a raté le tournant de l'Internet mobile. Malmené par la concurrence asiatique, il est tellement endetté qu'il se voit contraint, aujourd'hui, de gager son portefeuille de brevets contre du cash. Les salariés sont vent debout et Bercy se mobilise.

     
    En six ans, le titre Alcatel-Lucent a perdu, en Bourse, les neuf dixièmes de sa valeur.
    En six ans, le titre Alcatel-Lucent a perdu, en Bourse, les neuf dixièmes de sa valeur.
    REUTERS/Charles Platiau

    L'invention des transistors, c'est eux. Le premier satellite de communication et les écrans tactiles, aussi. Ces innovations et bien d'autres encore ont germé dans les fertiles Bell Labs, le coeur de l'équipementier en télécoms Alcatel-Lucent. Pourtant, les joyaux de la couronne sont aujourd'hui en danger. Ou plutôt gagés. Cette semaine, quatre-vingt sept années de découvertes, protégées par plus de 29 000 brevets, vont être apportées aux banques Goldman Sachs et Crédit suisse contre l'obtention d'un prêt de 1,99 milliard d'euros.

    L'entreprise franco-américaine n'a pas le choix. Ce ballon d'oxygène, aucune banque européenne n'a daigné le lui apporter. Trop risqué. Et pour cause, le groupe ne cesse de puiser dans sa trésorerie pour faire face à ses seuls frais de fonctionnement. Du coup, ALU, son surnom, n'a d'autre option que de s'endetter à nouveau pour payer... ses crédits. Quitte à hypothéquer un trésor valorisé de deux à trois fois la somme empruntée !

    Les opérateurs téléphoniques sont inquiets

    Comment, en l'espace de dix ans, l'un des fleurons du secteur des télécommunications a-t-il pu en arriver à une telle extrémité ? L'un des cinq géants mondiaux, né d'une fusion transatlantique avec l'américain Lucent, en 2006, a, bien sûr, subi la montée en puissance de concurrents asiatiques aux noms exotiques, tels Huawei ou ZTE. Mais, surtout, ses dirigeants n'ont pas su anticiper le virage de l'Internet mobile, la 3G. La chute n'en a été que plus brutale. La sanction est sans appel. En six ans, le titre a perdu, en Bourse, les neuf dixièmes de sa valeur, entraînant sa sortie, en décembre dernier, de l'indice phare de la Bourse de Paris, le CAC 40.

    Derrière cette dégringolade, ce sont d'abord les salariés qui en font les frais : le groupe a lancé, l'été dernier, son cinquième plan de licenciements depuis la fusion. "Notre avenir va se retrouver entre les mains de requins de la finance, qui peuvent s'emparer de nos brevets et de certaines de nos filiales", se désole Stéphane Dubled, élu CGT. Sur les 5 490 suppressions de poste en cours, la France paie un lourd tribut, avec 1 430 départs.

    Bourse: six ans de malheur Pourquoi il faut sauver le soldat Alcatel-Lucent

    Source: Thomson Reuters DataStream

    Mis devant le fait accompli, le gouvernement a peu goûté cette façon de faire. "Cette entreprise s'est décrédibilisée, tout cela est navrant", déplore un responsable politique. Pour desserrer l'étau financier et assouplir les conditions du prêt, pas moins de trois ministres de Bercy sont intervenus sur ce dossier délicat. Fleur Pellerin (Economie numérique) en tête, mais aussi Arnaud Montebourg (Redressement productif) et Pierre Moscovici (Economie et Finances). Tant de bruit a également suscité l'inquiétude des opérateurs téléphoniques, dont la confiance dans ce géant aux pieds d'argile commence à faiblir.

    "Nous sommes leur principal client européen et nous avons toujours agi de façon responsable et solidaire à leur égard", souligne Stéphane Richard, PDG d'Orange. Mais, avant de passer de nouvelles commandes, encore faut-il être certain de la pérennité d'ALU pour assurer la maintenance des équipements. "Nous suivons cela de très près. Je ne vois pas leur stratégie de redressement, alors que nous avons besoin de visibilité avant de nous engager", ajoute-t-il.

    Pourtant, tout semblait bien parti. Au début des années 2000, Alcatel mise très tôt sur l'explosion de l'Internet fixe et propose aux fournisseurs d'accès de doper les débits d'escargot transmis alors par les lignes téléphoniques. Un pari gagnant. Le groupe devient le leader mondial de l'ADSL et de l'optique. Plus de 21 millions de foyers français disposent aujourd'hui d'un abonnement haut débit et plus de 600 millions dans le monde. La firme franco-américaine dispose également de sérieux atouts dans l'architecture même du coeur de réseau.

    Mais la fusion avec Lucent, en 2006, censée la renforcer dans la téléphonie mobile outre-Atlantique, se révèle plus compliquée. Les deux équipes s'écharpent au sein d'une direction pléthorique, chapeautée par le Français Serge Tchuruk et l'Américaine Patricia Russo. Le rapprochement prend du temps, trop de temps dans un univers en perpétuelle ébullition. Les deux capitaines du bateau ivre sont débarqués en 2008, remplacés par le Néerlandais Ben Verwaayen. Entre-temps, le suédois Ericsson et le chinois Huawei en ont profité pour lui rafler des clients, en se livrant une féroce guerre des prix. "Nous avons manqué le tournant du mobile avec la 3G et Ben a voulu se concentrer sur l'étape suivante, la 4G, explique Hervé Lasalle, de la CFDT. L'urgence était de développer des produits pour répondre très tôt aux demandes."

    Alcatel-Lucent n'a plus les moyens de faire un peu de tout et doit donc se recentrer

    Une stratégie visionnaire. Du moins aux Etats-Unis. Dès 2010, les deux mastodontes nationaux, ATT et Verizon, peu présents dans la 3G, décident de dépenser des milliards pour s'équiper en 4G auprès d'Alcatel-Lucent. ALU présente plusieurs avantages : il est à moitié américain, et Lucent a même travaillé avec le gouvernement fédéral. En plus, ce même gouvernement refuse aux concurrents chinois de vendre leurs solutions sur le territoire, pour des raisons de sécurité nationale. Enfin, la direction du groupe est de plus en plus localisée dans le pays.

    Des produits inappropriés pour le marché européen

    Revers de la médaille : "ALU a totalement négligé l'Europe, souligne un opérateur. Du coup, il ne propose pas les produits susceptibles de nous intéresser." Or les besoins ne sont pas les mêmes d'une zone géographique à l'autre. Les acteurs du Vieux Continent veulent, eux, gérer sur un même support - une station de base, disent les pros - l'ensemble des générations de mobile existantes (2G, 3G, 3G + et 4G). Un moyen de faire des économies. "Nous n'avons pas cela dans notre catalogue", reconnaît Hervé Lasalle. Du coup, Free a préféré travailler avec Nokia Siemens Networks pour constituer son réseau. ALU vient de perdre un appel d'offres lancé par SFR. Bouygues Telecom, encore, se tourne de plus en plus vers Huawei. L'Europe ne ferme pas la porte aux équipementiers venus de l'empire du Milieu, très agressifs sur les prix mais aussi de plus en plus innovants.

    Une fusion et cinq plans sociaux

    1995: Serge Tchuruk prend la tête d'Alcatel-Alsthom et recentre l'activité de l'entreprise dans les télécommunications, en laissant de côté l'énergie et les transports.

    2000 (juin): le PDG annonce son plan : externaliser la production, pour se concentrer sur les logiciels et la recherche et développement et construire de cette façon une "entreprise sans usines".

    2004 (septembre): Alcatel commercialise des équipements ADSL pour doper les débits et permettre ainsi la réception à domicile du téléphone, de la télévision et d'Internet chez soi.

    2006 (décembre): fusion avec l'américain Lucent, détenteur des célèbres Bell Labs.

    2007 (février): premier plan social: 12 500 suppressions de poste dans le monde.

    (octobre): deuxième plan de licenciements : 4 000 emplois sont supprimés.

    2008 (juillet): Serge Tchuruk et l'Américaine Patricia Russo quittent leurs fonctions de président et PDG. Ben Verwaayen prend la direction du groupe, avec Philippe Camus.

    (octobre): suppression de 4 000 postes.

    2009 (juillet): nouveau plan de licenciements, avec 850 départs.

    2010: les opérateurs américains ATT, puis Verizon choisissent Alcatel-Lucent et le suédois Ericsson pour déployer leur réseau mobile de nouvelle génération (la 4G).

    2012 (juillet): cinquième plan de licenciements depuis la fusion, 5 490 postes sont concernés.

    2013 (janvier): le groupe négocie une ligne de crédit de 1,9 milliard d'euros avec les banques Goldman Sachs et Crédit suisse. Alcatel apporte en garantie ses brevets et certaines filiales.

    "La mesure prise par les autorités américaines de bloquer leur marché aux Chinois ne peut être répliquée ici. Ce genre de décision dépend de chaque pays, indique le commissaire européen au Commerce, Karel De Gucht. En revanche, nous regardons si ces entreprises asiatiques font du dumping. Et rien n'empêche les acteurs locaux de porter plainte." Plus difficile à dire qu'à faire. Alcatel-Lucent détient des intérêts en Chine. Sa filiale, Shanghai Bell, a signé un contrat avec le plus grand opérateur au monde, China Mobile, pour déployer son réseau haut débit. En lançant des procédures juridiques en Europe, le remède pourrait être pire que le mal.

    La seule option restante consiste à réviser le portefeuille de produits offerts en Europe. Mais, endetté et affaibli, ALU n'a plus les moyens de faire un peu de tout alors même que l'époque est à la spécialisation : les routeurs pour Cisco, le mobile pour Ericsson... Seul Huawei a la taille suffisante pour être présent dans tous les domaines. Si les deux entreprises investissent presque le même montant en recherche et développement - autour de 2,5 milliards d'euros par an - le chinois peut employer 62 000 ingénieurs, quand Alcatel-Lucent compte au total 76 000 salariés !

    Pour l'heure, le groupe poursuit son recentrage. La vente de l'activité câble sous-marin est ainsi dans les tuyaux depuis plusieurs mois et pourrait rapporter 700 millions d'euros, selon Oddo Securities. Produits en France, dans l'usine de Calais, ces câbles sont tirés par des bateaux et font transiter des volumes importants de données sous les océans. Ce dossier brûlant est suivi de très près par le gouvernement. Des fonds stratégiques d'investissement pourraient être sollicités. "L'Etat n'est pas démuni [...] pour éviter des prises de contrôle inappropriées, donc nous sommes très mobilisés sur le sujet. Je pense même que c'est celui qui nous mobilise le plus aujourd'hui", reconnaissait voilà peu Pierre Moscovici.

    Deux autres ventes pourraient aussi aboutir : l'une dans les services aux entreprises et l'autre dans le domaine de la sécurité aux Etats-Unis. Mais elles ne rapporteront guère plus de 1 milliard d'euros. Une somme insuffisante pour financer l'avenir. D'autant que cette année ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices. Certes, le cabinet de recherche Gartner prévoit que la croissance du marché des équipements en télécoms sera de 2,3 %. Une bonne nouvelle après une baisse de 6,6 % en 2012. Sauf que cette croissance viendra essentiellement des continents américain et asiatique. Pas de l'Europe. Dans ce contexte, la présence d'Alcatel-Lucent dans le mobile sur le Vieux Continent se pose à moyen terme. Pour ne pas perdre les 29 000 brevets apportés aux banques, le groupe va devoir faire des choix drastiques. Faute de quoi, l'entreprise qui, jadis, se rêvait sans usines, pourrait très vite se retrouver aussi sans cerveau.


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  • Ondes: la proposition de loi d'EELV sacrifiée aux enjeux économiques

     Ludwig Gallet - publié le 30/01/2013 à 18:32   lien 

    L'assemblée nationale se penchera jeudi sur la proposition de loi des écologistes relatives aux ondes électromagnétiques. Mais le texte a déjà été vidé de sa substance.

     
    Fleur Pellerin, ministre déléguée à l'Économie numérique, préfère sacrifier le principe de précaution aux enjeux économiques des télécoms.
    Fleur Pellerin, ministre déléguée à l'Économie numérique, préfère sacrifier le principe de précaution aux enjeux économiques des télécoms.
    REUTERS/Charles Platiau

    "Il y a de fortes chances que la proposition de loi soit adoptée". Y'aurait-il une once d'ironie dans les propos des conseillers de Fleur Pellerin ? Pour la première fois, un texte de loi portant sur les dangers des ondes électromagnétiques est discuté à l'Assemblée, sur initiative d'élus Europe Ecologie Les Verts. A l'origine du texte, Laurence Abeille, député de la 6ème circonscription du Val-de-Marne. Le texte visait à porter application du principe de précaution sur les ondes. Sauf qu'après son passage en commission, il n'en reste plus rien, ou presque... Explications.

    Principe de précaution : à la trappe

    L'essence même de ce texte portait sur l'application aux ondes électromagnétiques du principe de précaution. Une volonté que Laurence Abeille justifiait à L'Expansion par "l'incertitude" planant sur leur dangerosité pour l'homme. Il est vrai que le débat n'est pas tranché et que des études contradictoires ont été menées. En juin 2011, l'Organisation mondiale de la santé avait ainsi classé comme potentiellement cancérigène les champs électromagnétiques liés à l'usage du mobile. En février 2011, une étude américaine avait mis en avant des effets sur le métabolisme du cerveau sans pouvoir en évaluer les conséquences de long terme.

    Du côté judiciaire, la cour de cassation italienne a déjà reconnu les risques de cancer liés à un usage intensif du mobile. D'autres études s'étaient montrées beaucoup plus réservées. C'est notamment le cas de l'OMC, de l'Agence de protection de la santé ou encore l'Agence Française de Sécurité Sanitaire de l'environnement et du Travail.

    "Des peurs irrationnelles" dit Fleur Pellerin, qui s'appuie sur le fait qu'aucune des études n'ait factuellement certifié la dangerosité des ondes.

    >>> A lire: Ce qu'il faut savoir sur les risques du portable

    Etude d'impact systématique: à la trappe

    Face à l'indécision scientifique, Laurence Abeille préconisait la réalisation d'une étude d'impact "impartiale" sur la santé humaine et sur l'environnement lors du développement de toute nouvelle application technologique émettant des rayonnements électromagnétiques. De quoi retarder le déploiement de la 4G, alors que les opérateurs lancent leurs premières offres commerciales.

    Un amendement est venu supprimer cette mesure. Car la ministre entend bien "veiller" à ce que la proposition d'EELV "ne vienne pas inscrire dans le dur des choses qui correspondent à des peurs un peu irrationnelles".

    EELV souhaitait également légiférer sur le cas de l'électrosensibilité. Laurence Abeille assure que 3% de la population pourrait être touchée par un phénomène encore assez méconnu. Elle prônait donc là encore la réalisation d'études scientifiques, afin de déterminer si l'homme devenait de plus en plus intolérant aux ondes, alors que "l'utilisation des réseaux est exponentielle". La disposition a, elle aussi, été amendée.

    Interdiction du WiFi dans les écoles : à la trappe

    Toujours en vertu du principe de précaution, EELV souhaitait voir interdire les ondes WiFi dans les crèches et les écoles. Laurence Abeille se montrait d'ailleurs catégorique : "Sur ce point, ce n'est plus de la précaution. On sait qu'ils (les enfants, ndlr) sont plus sensibles aux ondes". Une proposition préconisée en 2011 par l'OMS, là encore refusée par le gouvernement. Pour la ministre, cela reviendrait "à dire que le WiFi est dangereux et mauvais pour la santé [...] Aujourd'hui, je n'ai aucune preuve que le WiFi est mauvais pour la santé". Dont acte.

    Abaissement des seuils d'émission : à la trappe

    Quatrième et dernière disposition amendée, la limitation des seuils d'émissions des antennes en vertu du principe ALARA (aussi bas que raisonnablement possible). Sur ce point, les écolos n'avaient donc pas suivi les demandes des associations réclamant une limitation à hauteur de 0,6 volts par mètre. Une hérésie pour le PS, qui rappelle qu'un abaissement des seuils à ce niveau conduirait à la construction indispensable de nouvelles antennes. La connexion plus instable des smartphones qui en découlerait conduirait à une hausse des ondes émises par les terminaux pour se connecter aux antennes.

    A ce jour, on s'en tient à la loi de 2002, qui, suivant les directives de l'OMS, fixe une limite générale d'émission en sortie d'antennes 900Mhz à hauteur de 41v/m. Des seuils auxquels ne sont jamais exposés les particuliers dans les faits. L'ANFR estime ainsi le seuil moyen en France entre 0,9 et 1v/m.

    Fleur Pellerin, qui effectuait ce matin des tests dans le douzième arrondissement de Paris, a relevé des émissions comprises entre 0,7 et 0,9 v/m, sans utilisation d'un appareil électronique. Un employé de l'ANFR assure que les tests menés régulièrement révèlent des taux d'émissions de cet ordre, mis à part des "seuils atypiques" dans des régions dépeuplées, où ont parfois été atteints les 6v/m. Tout en assurant que dans ces cas là, les opérateurs sont alertés afin qu'ils réduisent ces niveaux.

    Ces miettes laissées à EELV

    Le projet a donc largement été vidé de sa substance. Seules quelques dispositions ont été retenues. C'est le cas de la mise en place obligatoire d'un dispositif permettant de désactiver le WiFi des box par un bouton réservé à cet effet. Des dispositions visant à informer systématiquement les élus locaux lors d'un projet d'installation d'antenne devraient également être adoptées.

    Pour Fleur Pellerin, le problème ne vient pas tant des antennes que du mauvais usage des smartphones. "Il faudrait vivre cinquante ans à proximité d'une antenne-relais pour être exposé au même niveau d'ondes qu'une personne qui téléphone une demi-heure par jour avec son téléphone 2G", a-t-elle affirmé au Parisien. En exemple, elle relève des taux d'émission multipliés par dix lors d'un appel en 2G. Ces niveaux seraient toutefois bien plus bas sur les normes qui ont suivi (3G, 3G+, 4G...). De fait, elle appelle à démocratiser l'usage du "kit main libre".

    Pour y parvenir, elle mise sur le concept "manger-bouger", cette campagne publicitaire imposée aux industriels de l'alimentaire pour appeler à la consommation de cinq fruits et légumes par jour. Un bandeau d'information sonore ou écrit devra obligatoirement être diffusé dans toutes les annonces vantant l'usage du mobile, pour inciter les gens à utiliser le kit main libre.

    Des enjeux économiques considérables

    Derrière les antennes relais, il y a des investissements colossaux, réalisés par les opérateurs. Fleur Pellerin ne s'en cache pas, puisqu'elle tient à opposer au "principe de précaution" la réduction de la fracture numérique, en permettant le déploiement de la 4G sur le territoire. Ce qui coûterait 3 milliards d'euros sur les cinq prochaines années et pourrait créer "des dizaines de milliers d'emplois". Ce n'est donc pas le moment pour le gouvernement de sacrifier les enjeux économiques et sociaux au principe de précaution.


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  • Les fonctionnaires ne peuvent-ils pas être rémunérés au mérite?

    L'Expansion.com - publié le 30/01/2013 à 18:21  lien 

    La ministre de la Fonction publique Marylise Lebranchu veut revenir sur les primes de résultat mises en place sous Nicolas Sarkozy. Elle les juge "inadaptées". De quoi mettre un peu de baume au coeur des fonctionnaires appelés à la grève ce jeudi.

     
    La ministre de la Fonction publique Marylise Lebranchu a indiqué mercredi qu'elle comptait discuter avec les organisations syndicales d'un "nouveau système de primes" pour les agents, en modifiant notamment un dispositif de rémunération au mérite instauré par le précédent gouvernement.
    La ministre de la Fonction publique Marylise Lebranchu a indiqué mercredi qu'elle comptait discuter avec les organisations syndicales d'un "nouveau système de primes" pour les agents, en modifiant notamment un dispositif de rémunération au mérite instauré par le précédent gouvernement.
    REUTERS/Jacky Naegelen

    Le gouvernement va essuyer jeudi sa première grève nationale de fonctionnaires. Mais les ponts sont loin d'être rompus avec cette composante essentielle de l'électorat du président Hollande et de sa majorité. D'une part, parce que seuls quatre syndicats minoritaires, représentant 40% des voix des agents, sont à l'origine de cette mobilisation qui réclame notamment de meilleures conditions de salaires. Mais surtout parce que Marylise Lebranchu, la ministre de la Fonction publique, n'arrive pas les mains complètement vides à la négociation salariale qui va s'ouvrir le 7 février.

    Certes, aucune augmentation générale n'est prévue en 2013. Mais les Echos (article payant) croient savoir qu'une hausse de 0,5% du point d'indice serait envisageable en cas de reprise de la croissance, même légère. De plus, la ministre ne cache pas son intention de remettre à plat le système des primes dans la fonction publique.

    Dans son collimateur, notamment, la prime de fonction et de résultats, la PFR, lancée en 2009 par l'ancienne majorité. L'idée : introduire dans la rémunération une composante de résultats (40%) récompensant le mérite individuel. Le dispositif a suscité l'hostilité immédiate des syndicats de fonctionnaires, surtout dans une période de gel du point d'indice. Il a concerné 55.000 agents en 2012 alors que l'ancien gouvernement avait prévu de l'étendre à 200.000 personnes. Il ne s'en est pas moins révélé très coûteux : 400 millions d'euros. Son financement ayant par ailleurs altéré en partie les gains de la politique du non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite.

    D'où la décision de Marylise Lebranchu de "revenir" sur cette mesure qui ne serait, selon elle, qu'un "tract politique". D'après la ministre, la rémunération à la performance ne serait "pas adaptée à la fonction publique". Il ne serait en effet pas possible de mesurer les résultats individuels des fonctionnaires ce qui ne permettrait pas de rémunérer selon ce critère, explique-t-elle en substance.

    La rémunértion au mérite, "un tract politique"?

    "Dans le cadre des discussions menées avec les organisations syndicales sur le bilan des politiques de rémunération, la prime de fonctions et de résultats, est apparue comme le symbole de la performance individuelle et de la concurrence entre les fonctionnaires", a indiqué ce mercredi la ministre à l'AFP. "Il nous faut donc réfléchir aujourd'hui, avec les organisations syndicales (...) à un nouveau système de primes fondé sur des critères reconnaissant l'engagement des personnels", a-t-elle ajouté, précisant que ce sujet serait abordé lors d'une réunion consacrée aux rémunérations prévue le 7 février.

    Cette analyse ne vaudrait toutefois pas pour tous les fonctionnaires. D'après Les Echos, la ministre de la fonction publique envisagerait de maintenir les primes liées à des objectifs chiffrés pour les cadres à forte responsabilité. Les primes individuelles ne seraient toutefois pas écartées pour les autres agents: elles pourraient être liées au "comportement". Mais la priorité semble surtout donnée à l'intéressement collectif permettant de récompenser la performance au niveau d'un service. Un dispositif lancé début 2012 par l'ancienne majorité et que le gouvernement actuel envisage de refonder.

    Supprimer la PFR permet au gouvernement d'en finir avec un autre symbole du sarkozysme. Pour Jean-Marc Canon (CGT), cette annonce est une bonne nouvelle. Le représentant du premier syndicat de fonctionnaires estime que "globalement, le système de rémunération au mérite n'est pas un bon système". Pour le syndicaliste, supprimer la PFR "qui impacte entre 100 et 120.000 agents dans les trois versants de la Fonction publique" est donc "une bonne chose". Mais, dit-il, "maintenant,il s'agit de voir quel est le dispositif qui va s'y substituer parce que l'argent, il faudra bien le redonner aux salariés concernés". "Il ne suffit pas d'abroger la PFR pour que la messe soit dite. Il faut un dispositif clair, transparent et plus conforme à la fonction publique. Pour l'instant, on n'y voit pas très clair", ajoute le syndicaliste.

    Un peu plus tôt, la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, interrogée sur ce dossier a confirmé que "la rémunération au mérite en tant que telle n'est pas dans son principe abandonnée" et qu'elle pourrait "continuer à exister mais dans un cadre plus sain qui est défini en ce moment même dans la concertation".


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  • Ce qu'il faut savoir sur les radiations abusives à Pôle emploi

     Par Emilie Lévêque - publié le 30/01/2013 à 18:29  lien 

    Dans un rapport qui doit être remis au gouvernement le mois prochain, le médiateur de Pôle emploi préconise d'abolir les radiations pour absence à convocation, jugées "abusives". Explications.



    Le médiateur national de Pôle emploi, Jean-Louis Walter, préconise d'abolir les radiations pour absence à convocation et de leur substituer "un dispositif de graduation ou de sursis", selon un rapport qui sera remis au gouvernement fin février.
    Le médiateur national de Pôle emploi, Jean-Louis Walter, préconise d'abolir les radiations pour absence à convocation et de leur substituer "un dispositif de graduation ou de sursis", selon un rapport qui sera remis au gouvernement fin février.
    REUTERS/Eric Gaillard

    Après 19 mois de hausse interrompue, le nombre d'inscrits à Pôle emploi sans activité (catégorie A) est resté quasi-stable en décembre (+300 personnes), à 3,1 millions de personnes. Mais, gros bémol, les radiations administratives sont en hausse de 9700 par rapport à novembre (+24,5%). La tentation est forte d'y voir une relation de cause à effet. En clair: Pôle emploi multiplierait les radiations pour faire dégonfler les chiffres du chômage.

    Ce raccourci est cependant loin d'être avéré. Il n'y a "pas de politique de radiation" chez Pôle emploi, affirme un rapport sur la gestion des listes d'emplois et les radiations du médiateur national de Pôle emploi, Jean-Louis Walter, qui sera présenté fin février en conseil d'administration de l'organisme public et remis au ministre du Travail, Michel Sapin. "Il n'y a pas de politique prescrite aux conseillers de radier les demandeurs d'emploi, mais il y a une pratique demandée qui conduit à convoquer massivement les inscrits", explique Jean-Charles Steyger, membre du bureau national du SNU-FSU - premier syndicat de Pôle emploi.

    En clair: les politiques de convocation sans motif - c'est-à-dire sans proposition d'une offre d'emploi - se sont multipliées sous la précédente majorité. On se souvient de Nicolas Sarkozy annonçant, en février 2011 au 20h de TF1, que Pôle emploi allait convoquer en moins d'un mois les 700.000 demandeurs d'emploi inscrits depuis plus d'un an. Or le principal motif de radiation administrative des chômeurs, c'est l'absence à une convocation (97% des cas). Le nombre de radiations a ainsi quasiment doublé sous la précédente majorité, passant de 20.000 en moyenne par mois au début des années 2000 à 40.000 aujourd'hui, avec des pics à 50.000 en 2007-2008.

    "Cette politique de convocation n'est plus de rigueur aujourd'hui", confie Jean-Charles Steyger, qui en veut pour preuve le fait que le gouvernement n'ait pas donné de consignes suite au lancement des emplois d'avenir en novembre dernier - les conseillers de Pôle emploi n'ont pas été contraints de convoquer les 800.00 jeunes de moins de 25 ans pointant au chômage. Reste que nombre des radiations actuelles peuvent être jugées "abusives".

    Interdire les radiations pour absence

    Si l'on peut débattre de la portée de l'absence à une convocation et de l'interprétation à lui donner, systématiquement lui attribuer la valeur d'un refus de remplir ses obligations est exagéré, particulièrement au regard de certains motifs ponctuels et involontaires : retard de train, retard de 10 minutes au rendez-vous, erreur de calendrier, etc", écrit Jean-Louis Walter dans son rapport. Le principal motif involontaire la non réception de la convocation, aujourd'hui majoritairement envoyée par mail, parce que le demandeur d'emploi ne consulte pas régulièrement son compte en ligne Pôle emploi, ou parce qu'il n'est pas à son domicile pendant la période à laquelle il est convoqué- tout demandeur d'emploi a droit à cinq semaines de vacances par an.

    "Radier est une décision grave", souligne Jean-Louis Walter, qui équivaut pour le demandeur d'emploi à ne pas percevoir d'indemnités pendant deux mois, "une épreuve que même un salarié socialement inséré ne saurait surmonter sans dommages". Déjà, il y a eu une avancée cette année sur la question des indus réclamés après radiation: auparavant, un demandeur d'emploi convoqué par courrier daté du 1er du mois à un entretien le 15, radié officiellement le 31 - le délai est de deux semaines pour justifier sa non présence -, devait rembourser son indemnité perçue sur ce mois. Ce n'est plus le cas depuis le 1er janvier: la radiation entre en vigueur à compter du mois suivant.

    Mais il faut aller encore plus loin. "Nous avons fait tomber la rétroactivité, nous voulons désormais que l'on soit radié pour une raison juste, et pas par erreur. On est à mi-chemin", a déclaré Jean-Louis Walter à l'AFP. Il préconise d'abolir les radiations pour absence à une convocation et de leur substituer "un dispositif de graduation ou de sursis". Il demande aussi "la généralisation de l'interdiction des radiations pour absence à un entretien téléphonique" et une "amélioration de l'information" sur la dématérialisation des courriers.

    "Ce serait une excellente mesure, réagit Jean-Charles Steyger (SNU-FSU). Moins d'un demandeur d'emploi sur deux (42%) est aujourd'hui indemnisé, ce qui est déjà trop peu. Les radiations abusives dues à des convocations intempestives accentuent encore le phénomène, ce qui est soicalement inacceptable".


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  • Incidents du 787: Boeing savait ses batteries défaillantes

    L'Expansion.com - publié le 30/01/2013 à 11:44

    Les compagnies japonaises Ana et Jal ont reconnu ce mercredi avoir dû changer plusieurs batteries lithium-ion sur des 787 avant les incidents de janvier. Boeing aurait été informé de ces anomalies dès mai 2012.

    ANA a indiqué avoir procédé à 10 changements au total sur ses 17 Boeing 787 à cause de différents problèmes.
    ANA a indiqué avoir procédé à 10 changements au total sur ses 17 Boeing 787 à cause de différents problèmes.
    REUTERS/Kyodo

    Les compagnies aériennes All Nippon Airways (ANA) et Japan Airlines (JAL) ont reconnu mercredi avoir dû changer plusieurs batteries lithium-ion sur des Boeing 787 avant un incident qui a forcé un des appareils d'ANA à se poser en urgence et entraîné la suspension de tous les vols de 787. ANA a indiqué avoir procédé à 10 changements au total sur ses 17 Boeing 787 à cause de différents problèmes, et JAL à "plusieurs", sans en préciser le nombre, et ce en quelques mois alors que la durée de vie normale de telles batteries serait de deux ans.

    >>> Avaries du 787: Boeing peut-il se relever?

    L'une des deux principales compagnies japonaises, ANA, qui fut la compagnie de lancement du 787, en a reçu 17 sur les 66 commandés, et sa compatriote JAL a pris livraison de 7 sur un total de 45 achats fermes et 20 options.

    Le 16 janvier, un des accumulateurs lithium-ion, qui équipait un Boeing 787 d'All Nippon Airways (ANA), a surchauffé et dégagé une forte odeur pour une raison encore indéterminée. Il a perdu l'électrolyte liquide qu'il contenait, a noirci et s'est déformé sous l'action d'une température anormalement élevée. Cette avarie, qui a déclenché trois alarmes dans le cockpit, a obligé l'avion à atterrir en urgence à Takamatsu (sud du Japon).

    ANA a indiqué plus tard que la batterie de l'appareil en question avait été changée au mois d'octobre, parce que celle d'origine avait cessé de fonctionner. Un autre incident de surchauffe accompagné d'un départ de feu s'était produit sur un modèle de JAL une semaine auparavant après son atterrissage à Boston.

    Boeing informé au mois de mai des anomalies

    Selon Reuters, la compagnie n'aurait pas informé les autorités américaines à l'époque, parce que ces incidents, qui concernent cinq batteries qui affichaient des charges inhabituellement basses, ne mettaient pas en danger la sécurité de l'avion. A

    Ana aurait toutefois informé Boeing de ces anomalies, apparues en mai, et renvoyé les batteries à leur constructeur, la société GS Yuasa Corp. Un porte-parole de cette société n'a pas voulu faire de commentaire.

    De son côté Boeing a indiqué ne pas pouvoir s'exprimer sur le sujet parce que le Bureau national de sécurité des transports (NTSB) américain a fait savoir que ce point fait partie de l'enquête.

    Les autorités aériennes des Etats-Unis, du Japon et des autres pays concernés ont depuis interdit à tous les Boeing 787 de voler et l'avionneur a suspendu les livraisons en attendant que la sécurité de leurs batteries soit garantie. Mais, la complexité du système rend extrêmement ardues les enquêtes en cours pour tenter de déterminer la ou les causes des anomalies.

     

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