Après quelques jours d'un apaisement précaire à la suite de la signature d'un accord censé mettre en place une « désescalade », la crise en Ukraine est redevenue une confrontation verbale entre Moscou et les Occidentaux, et quasi militaire entre l'armée ukrainienne et les milices prorusses. Les autorités de Kiev ont déclaré, vendredi 25 avril, que l'armée allait tenter de bloquer les militants prorusses à l'intérieur de Sloviansk, ville de 100 000 habitants sous contrôle des insurgés, pour « ne pas laisser les renforts [prorusses] arriver » afin d'« éviter les victimes parmi les civils ».
Des blindés et des hélicoptères ukrainiens stationnent autour de la ville depuis jeudi. L'éventualité d'un assaut a encore fait monter la tension. La place forte des prorusses est quadrillée par des hommes armés se revendiquant de toutes sortes d'organisations et qui peuvent arbitrairement faire descendre un automobiliste de son véhicule et le tenir à genoux sur la chaussée le temps d'une vérification.
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Selon le ministère de l'intérieur ukrainien, « des inconnus ont arrêté à 11 h 40 locales un bus avec treize passagers dont sept représentants de l'OSCE [Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe], cinq militaires ukrainiens et le chauffeur (...) Les personnes capturées se trouvent au siège desservices spéciaux locaux ». La ministre de la défense allemande, Ursula von der Leyen, a affirmé dans la soirée que 13 observateurs de l'OSCE, et non sept, avaient été capturés et étaient retenus par des séparatistes prorusses. « Le tableau est encore confus mais il apparaît que 13 inspecteurs de l'OSCE ont été arrêtés, parmi ces 13 inspecteurs se trouvent par ailleurs quatre Allemands », at-elle précisé.
Jeudi, le « maire populaire » de la ville, Viatcheslav Ponomarev, dont les conférences de presse débridées évoquent les sorties pleines de fougue du président tchétchène Ramzan Kadyrov, a annoncé être prêt à transformer la ville en un « nouveau Stalingrad ».
Lire notre reportage à Sloviansk : Dans l'est de l'Ukraine, les forces de Kiev grignotent les positions prorusses
« TROISIÈME GUERRE MONDIALE »
Les responsables ukrainiens comme russes ont continué, vendredi, les déclarations souvent belliqueuses, parfois alarmistes, telle celle du premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, qui accuse la Russie :
« Les tentatives d'agression de l'armée russe sur le territoire de l'Ukraine mèneront à un conflit sur le territoire de l'Europe. Le monde n'a pas oublié la seconde guerre mondiale, et la Russie veut lancer une troisième guerre mondiale. Le soutien de la Russie aux terroristes en Ukraine constitue un crimeinternational, et nous appelons la communauté internationale à s'unir contre l'agression russe. »
Le ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a répondu en reformulant des accusations maintes fois répétées, à savoir que les Etats-Unis soutiennent les manœuvres ukrainiennes et que le ton de son homologue américain, John Kerry, est « inacceptable ». Washington consultera les principaux dirigeants européens dans la journée au sujet de possibles nouvelles sanctions.
« J'ai parlé ce matin avec le président russe, et j'ai clairement dit que d'un côté, l'Ukraine avait accompli un certain nombre de gestes afin d'appliquer l'accord de Genève, mais que de l'autre, la reconnaissance par la Russie de cet accord faisait défaut, ce qui a naturellement un impact sur les séparatistes en Ukraine », a déclaré la chancelière allemande, Angela Merkel.