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Arnaud Montebourg, le ministre de l'économie, a annulé sa rencontre prévue dimanche
27 avril au soir avec Jeffrey Immelt, le patron de General Electric (GE), a-t-on appris
d'une source proche de Bercy. « L'Etat français entend étudiersereinement toutes les
options qui s'offrent à Alstom et notamment les propositions émises
par Siemens »,
explique cette source.
« General Electric et Alstom ont leur calendrier qui
est celui d'actionnaires, mais le gouvernement français
a le sien qui est celui de la souveraineté économique.
C'est pourquoi il souhaite disposer du temps nécessaire
à un examen sérieux des propositions », indique Bercy
dans un communiqué.
« General Electric et Siemens sont deux investisseurs importants en France et des acteurs de premier plan au sein de notre tissu industriel national. Le gouvernement est prêt àexaminer leurs projets avec le souci de préserver les intérêts de la base industrielle de la France et à y participerfinancièrement », poursuit le communiqué.
Selon nos informations, M. Montebourg ferait également pression pour que le conseil d'administration d'Alstom,
prévu dimanche après-midi afin d'étudier et sans doute d'approuver l'offre de General Electric, soit repoussé ou
ne soit pas conclusif.
RENFORCER L'ACTIVITÉ FERROVIAIRE D'ALSTOM
Désireux de ne pas laisser General Electric faire main
basse sur les activités énergétiques du français Alstom,
le géant allemand Siemens a transmis samedi en fin de
journée à son concurrent français, une lettre d'intention
afin de mettre sur la table une contre-proposition. Cette
lettre vise à la fois à rallier le conseil d'administration
d'Alstom mais aussi le gouvernement. Elle répond en
effet aux préoccupations martelées par M. Montebourg
en matière d'emploi, d'investissement et de localisation
des centres de décision en France.
Cette lettre d'intention n'est pas une offre ferme car
Siemens, qui se dit prêt à allervite, demande d'abord d'avoir accès aux mêmes informations que celles dont
General Electric aurait pu bénéficier. Sous cette réserve,
le géant allemand propose, comme General Electric, de reprendre les activités d'Alstom dans l'énergie, turbines
et autres transmissions, mais, dans le même temps, il se
dit prêt à apporter au français une partie de ses propres activités dans les trains à grande vitesse et les
locomotives, sous formes de titres ou d'actifs, afin derenforcer le pôle ferroviaire d'Alstom.
« Nous voulons créer deux champions européens, l'un dans l'énergie, l'autre dans le transport », souligne
un proche de Siemens qui ajoute : « s'il n'est pas consolidé, le pôle
transport d'Alstom n'est pas taillé pour résister à la mondialisation ».
Dans ce schéma, les activités de transport resteraient
basées en France – comme c'est le cas pour l'offre de
General Electric qui ne touche pas à cette branche
d'Alstom. En outre, Siemens offre de localiser en France
le siège mondial de son activité de turbines à vapeur et
même de rapatrier de ce côté du Rhin une grande partie
des centres de décision de son activité de réseaux de distribution d'énergie.
PAS DE LICENCIEMENT PENDANT 3 ANS
Pour ce qui concerne le sujet sensible des turbines
nucléaires fabriquées par Alstom, le groupe allemand
se dit prêt, enfin, à extraire cette activité du périmètre
acquis afin de la céder à des intérêts tricolores, EDF
ou Areva. Et de rappeler que General Electric est associé
dans ce domaine au japonais Hitachi, grand concurrent
du français Areva.
Enfin, alors que Patrick Kron, patron d'Alstom, a mis en
avant le risque de suppressions de postes en cas de rapprochement avec Siemens, avec lequel les doublons d'activités seraient plus importants qu'avec General Electric,
le groupe allemand se dit prêt à s'engager à ne pas licencier
en France pendant 3 ans.
S'il se dit intéressé par ces propositions, l'Etat français
assure néanmoins que ce n'est pas lui qui a sollicité
Siemens. De fait, le groupe allemand n'a pas attendu la révélation de l'intérêt de General Electric pour
lorgner sur Alstom. Il y a deux mois, les deux patrons, Patrick Kron
chez Alstom et Joe Kaeser, se sont rencontrés. Depuis, le français fait la sourde oreille aux propositions
de Siemens. Mais, selon un proche du groupe allemand, cela ne les a
pas empêché de poursuivre les travaux en vue d'un rapprochement. Ces derniers jours, Siemens s'est
ainsi rapproché des pouvoirs publics français.