Sur France 3, Marine Le Pen se voit déjà présidente. Respectivement sur TF1 et France 2, Manuel Valls et Nicolas Sarkozy sont d'accord sur un point : l'heure est grave.
Marine Le Pen : « Essayer le Front national, c’est l’adopter »
Les électeurs, elle dit aller « les chercher auprès du peuple français », qui « a envie d’une alternance ». La présidente du Front National a également raillé lors de cette interview sur France 3 ses adversaires qui ont peur selon elle : « ils ont peur que le Front national puisse démontrer ce qu’il est capable de faire ». Il faut « tuer dans l’œuf ses arguments de peur », déclare-t-elle en singeant ses adversaires « Si le FN arrive, ce sera la pluie de grenouilles etc. ».
Moins triomphante que la veille, Marine Le Pen parle tout de même « des scores fabuleux » de son parti et note que celui-ci réalise de très bons résultats dans les villes gérées par le Front national : « Essayer le front national, c’est l’adopter ».
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La présidente du parti d'extrême droite n'a « aucune inquiétude sur les compétences de (son) équipe ». Selon elle, les siens « n’ont pas d’ascenseur à renvoyer », ne sont liés à personne : « Nous sommes libres de tous ces liens ».
Principal axe du programme FN développé durant cette interview : l'emploi local. Ou plutôt « le patriotisme économique », que le parti aurait déjà proposé onze fois selon elle, sans que ce « vœu » ne soit écouté. « Ne pas faire appel aux travailleurs détachés », « mettre en place des critères » (sociaux, environnementaux, de salaire minimum etc.)… autant de dispositions qui seraient nécessaires.
À trois reprises cependant, Marine Le Pen laisse échapper un grand sourire d'autosatisfaction : certes, le FN est en tête dans six régions, mais aussi « à égalité dans la septième », dit-elle en rectifiant la journaliste. Et s'il n'y avait qu'elle de finalement élue ? « Plus il y en a, mieux je me porterais ». Peut-on bien gérer une région quand on est candidate à la présidentielle ? « Évidemment je ferais le job. [...] Jusqu’à ce que je sois élue présidente de la République. »
Valls : « Quand on aime son pays, on va droit au but »
Manuel Valls n'était sur TF1 que pour parler élections régionales : face aux scores du premier tour, le Premier ministre est grave mais reste ferme. Interrogé sur le positionnement socialiste après le premier tour des élections et le « ni-ni » prôné par Les Républicains, Manuel Valls a déclaré sur TF1 : « Moi j'assume ma responsabilité. C'est la différence entre moi et M. Sarkozy ».
« Il y a deux conceptions de la France », selon Manuel Valls : « celle de la République, exigeante qui veut protéger et rassembler la France ; et celle du Front national qui n'offre rien à ceux qui souffrent ». « L'extrême droite divise les Français et veut les jeter les uns contre les autres », selon le Premier ministre.
Dans les trois régions à même de tomber dans l'escarcelle frontiste, Valls a été sans ambiguïté en appelant à voter pour MM. Bertrand, Richert et Estrosi. « Voilà une position qui est claire. Dans toutes les autres régions, la gauche est en capacité de l'emporter. Quand on aime son pays, on va droit au but. »
Interrogé sur la situation dans le Grand Est, le Premier ministre Manuel Valls demande à Jean-Pierre Masseret, de ne « pas s'accrocher » et d'« être digne » en se retirant du second tour des régionales face à la menace FN. « Dans ces moments-là, il ne faut pas s'accrocher, il faut être digne, à la hauteur de l'enjeu : conforter la République ». « Il ne faut pas hésiter », a insisté Manuel Valls.
Sarkozy : « Qu’est-ce qu’on aurait dit si on était loin derrière eux ? »
« Bon, maintenant, il faut mettre les points sur les i », s'agace le président Les Républicains dès le début de son entretien sur France 2 : « la seule force politique qui peut faire opposition au Front national, c’est Les Républicains ». Nicolas Sarkozy en veut pour preuve que le Front national n'a jamais autant monté que lorsque le Parti socialiste était au pouvoir selon lui : les députés frontistes sont nombreux en 1986, Jean-Marie Le Pen est au second tour de la Présidentielle 2002 après le mandat de Premier ministre de Lionel Jospin et aujourd'hui, ces résultats aux Régionales.
Principal axe du programme LR développé durant cet entretien : l'inquiète des électeurs face à la question de l'identité nationale. « Depuis quatre ans, une exaspération monte dans le pays, les gens n’en peuvent plus », va répéter à plusieurs reprises Nicolas Sarkozy ; le terme « exaspération » sera asséné par le président Les Républicains plus d'une douzaine de fois. « Est-ce que la France va rester la France ? » serait l'une de ses grosses interrogations selon lui, ainsi que les questions de la Turquie et de l'immigration.
« Il y a un moyen de sortir la France dans la situation dans laquelle nous nous trouvons », selon Nicolas Sarkozy : voter Les Républicains. Le président LR refuse que son parti soit comparé au FN et moque David Pujadas lorsque celui-ci le reprend sur une proposition de Marion Maréchal Le Pen : « elle n'a pas besoin d'un avocat ». Oui, la candidate Paca veut supprimer le planning familial selon lui : « Si je supprime le budget de France Télévisions, c’est que je supprime France Télévisions », compare Nicolas Sarkozy.
L'ancien président réitère sa volonté de ne pas appeler à la fusion ou au report des voix : « pas d’arrangement dans le dos des électeurs ». Non, selon Nicolas Sarkozy, « dans toutes ces régions il n’y a pas de fatalité à la victoire du Front national. » Surtout que non, selon lui, « la gauche ne retire pas ses candidats partout » : « ce n’est pas 'passe-moi la salade, je te donne la rhubarbe' ».
Nicolas Sarkozy note les scores de son parti mais finit son interview ainsi : « Qu’est-ce qu’on aurait dit si on était loin derrière eux ? »