Batho critique le budget 2014 et défend âprement l'Ecologie
Publié le mardi 02 juillet 2013 à 05H20 lien
La ministre de l'Ecologie, Delphine Batho, à l'Assemblée à Paris le 2 juillet 2013
"Le budget est mauvais". Rompant avec sa réserve habituelle, la ministre de l'Ecologie Delphine Batho a exprimé mardi sa colère face aux coupes subies par son ministère et s'est interrogée ouvertement, sous les applaudissements des défenseurs de l'environnement, sur les priorités du gouvernement.
Avec une baisse de 7% de ses crédits, le ministère de l'Ecologie est l'un des plus sévèrement touchés par les économies que le gouvernement compte réaliser l'an prochain.
"C'est un mauvais budget", a lâché Delphine Batho en début de matinée sur RTL, quelques heures avant le début du débat d'orientation budgétaire à l'Assemblée nationale. En milieu d'après-midi, elle était convoquée par Matignon.
L'écologie est-elle "bien une priorité" ? "Est-ce qu'on a la capacité de passer du discours aux actes ?", a demandé la ministre.
Le président François Hollande lui-même avait promis en septembre de faire de la France "la nation de l'excellence environnementale" et lancé le débat national sur la transition énergétique, toujours en cours, qui doit rendre la France moins dépendante des énergies fossiles et du nucléaire.
Lâchant ses coups, la ministre a fait le portrait d'une France qui "doute", où "il y a une déception à l'égard du gouvernement", "un doute sur notre volonté de changement".
La "question de l'écologie, de la transformation de notre modèle de développement économique est cruciale", a-t-elle affirmé. "Quand tout va mal, les Français ont besoin d'espoir, de perspectives d'avenir et donc, c'est un chantier très important dans ce quinquennat", a-t-elle martelé.
"Je souhaite que dans les jours qui viennent, nous puissions faire la démonstration que la volonté de faire de la France la nation de l'excellence environnementale, la transition énergétique, ne sont pas des variables d'ajustement", a encore dit Mme Batho.
A Matignon, on assurait qu'en prenant en compte la taxe poids lourds et les investissements d'avenir, "les moyens consacrés à l'action écologique sont en augmentation". "La transition énergétique reste une priorité", ajoutait-on.
Double discours
La ministre de l'Ecologie avait plutôt habitué à un ton tout en retenue, même quand il s'agissait de commenter les prises de position contraires aux siennes du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg sur la fiscalité du diesel ou l'exploitation des gaz de schiste ou de houille.
Avec cette sortie offensive, la ministre, récemment éreintée par plusieurs articles de presse mettant en doute sa carrure pour ce poste, est devenue la porte-parole des frustrations des écologistes sur l'action du gouvernement.
Car depuis la grande conférence environnementale de septembre, les défenseurs de l'environnement oscillent entre attentes déçues et inquiétudes.
En octobre 2012, les ONG estimaient déjà que le budget 2013 était le "premier rendez-vous manqué avec la transition écologique", en raison de l'absence de fiscalité écologique. Quant au budget 2014, elles l'ont très vivement critiqué, le chef de file de sénateurs EELV, Jean-Vincent Placé le qualifiant lui aussi de "signal désastreux".
Les organisations environnementales, qui ne manquent jamais une occasion d'étriller le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, avaient également dénoncé en février le double discours du gouvernement qui lance un débat sur la transition énergétique et prend des "mesures qui vont en sens inverse".
François Hollande, qui n'évoque quasiment jamais l'écologie quand il accorde de grandes interviews, est "a-écolo, c'est à dire qu'il est sans écologie", avait tranché M. Placé.
Les propos de Mme Batho ne pouvaient donc que réjouir les Verts. La transition écologique est "un cap politique qui doit être réaffirmé très fortement", a déclaré la ministre EELV du Logement Cécile Duflot. Le secrétaire national d'EELV Pascal Durand l'a "fécilitée" et le député Noël Mamère s'est déclaré "ravi que Delphine Batho ait rejoint les écologistes sur la critique du budget".
Sa réaction est "très saine", a déclaré à l'AFP le porte-parole de France Nature environnement (FNE), Benoît Hartmann. "Dans tous les gouvernements", pour faire entendre la voix de l'écologie, "il faut sortir du bois", a renchéri le porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot, Matthieu Orphelin.
© 2013 AFP