• Glucksmann et le vrai "crime" de Soljenitsyne, par Jean Daniel

     

     
     
     
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    Jean Daniel <time>Publié le 10-11-2015 à 16h14   lien </time>

    En 1975, Jean Daniel salue dans les colonnes du Nouvel Observateur la sortie de "La Cuisinière et le Mangeur d'Hommes", un "fiévreux pamphlet philosophique" écrit par "un jeune philosophe maoïste".

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    André Glucksmann (1937-2015). (©Baltel/Sipa)
    André Glucksmann (1937-2015). (©Baltel/Sipa)
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    Un livre suscite en ce moment, des passions jusque-là encore souterraines  comme si on redoutait leur explosion : c'est celui d'un jeune philosophe maoïste, André Glucksmann. Le livre s'intitule "la Cuisinière et le Mangeur, d'hommes". C'est un fiévreux pamphlet philosophique et politique à partir de l'expérience de Soljenitsyne. C'est le fruit de la solitaire décision d'un homme déterminé à poursuivre jusqu'au bout sa pensée, à en assumer les conséquences et qui agit en provocateur innocent.

    Je ne suis pas d'accord avec Glucksmann. Je ne crois pas, c'est la thèse essentielle, du livre, qu'il faille chercher dans Marx et le marxisme, l'origine unique des camps de concentration. Je crois en outre à la pluralité des virtualités marxiennes : certaines contenaient autre chose que ce qu'en ont fait les héritiers.

    En tout cas, rien ne devrait nous faire oublier notre dette à l'égard de l'un des plus grands penseurs des temps modernes. Il reste que le livre de Glucksmann est l'un de ceux qui m'ont le plus poursuivi après l'avoir lu, qui m'ont incité à réfléchir, inventorier, retourner aux sources, relire Soljenitsyne, Lénine et Marx, réinterpréter la réalité. De cela je lui suis infiniment reconnaissant.

    Je souhaite qu'il ne se trouve pas des chiens de garde de l'Université et de la bourgeoisie stalinienne pour estimer que, chaque fois qu'on prétend "dépasser Marx", on sombre dans le fascisme. Je souhaite qu'on ne voie pas dans Glucksmann l'un de ces initiateurs des modes parisiennes qui fatiguent vite les premiers initiés parce qu'ils craignent d'en devenir prisonniers. Il y a des pages dans Glucksmann que j'aurai voulu avoir écrites et des citations que j'aurais voulu avoir l'idée de faire.

    Quant à ceux qui croient pouvoir relativiser son témoignage en le remettant dans une tradition française qui serait incapable d'intégrer le marxisme, je leur conseille un autre livre, "le Marxisme introuvable", de Daniel Lindenberg, qui vient de paraître chez Calmann-Lévy. Ils verront qu'aucun des penseurs cités dans ce livre n'a eu à affronter un choc comme celui que procure Soljenitsyne. C'est en quoi le livre de Glucksmann est original. On peut- il faut- le discuter, même violemment, mais non l'ignorer. Selon nous, ici, Bernard-Henri Lévy ne le discute, pas assez. Mais c'est peut-être parce qu'ailleurs, et surtout à gauche, on l'ignore trop.

    Jean Daniel

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  • <article class="article-box top-line " data-progress-bar="push" data-url="/culture-next/2015/11/05/disparition-de-rene-girard_1411378" itemscope="" itemtype="http://schema.org/NewsArticle">
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    Nécrologie

    René Girard, dernier désir

    Par Robert Maggiori <time datetime="2015-11-05T11:49:40" itemprop="datePublished">5 novembre 2015 à 11:49   lien </time>

    L'inventeur de la théorie mimétique et penseur d'une anthropologie fondée sur l’exclusion-sacralisation du bouc émissaire s'est éteint mercredi.

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    <figure class="article-image article-header-image" itemscope="" itemtype="http://schema.org/ImageObject"> <figcaption class="read-left-padding caption" itemprop="description"> René Girard le 29 avril 2004 sur le plateau de l'émission «Culture et dépendances». Photo Francois Guillot. AFP

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    Membre de l’Académie française, René Girard n’a pourtant pas trouvé place dans l’université française : dans l’immédiat après-guerre, il émigre aux Etats Unis, obtient son doctorat en histoire à l’université d’Indiana, puis enseigne la littérature comparée à la Johns Hopkins University de Baltimore (il organise là un célèbre colloque sur «le Langage de la critique et les sciences de l’homme» auquel participent Roland Barthes, Jacques Lacan et Jacques Derrida, qui fait découvrir le structuralisme aux Américains) et, jusqu’à sa retraite en 1995, à Stanford – où, professeur de langue, littérature et civilisation françaises, il côtoie Michel Serres et Jean-Pierre Dupuy.

    Né le jour de Noël 1923 à Avignon, élève de l’Ecole des chartes, il est mort mercredi à Stanford, Californie, à l’âge de 91 ans. C’était une forte personnalité, tenace, parfois bourrue, qui a creusé son sillon avec l’énergie des solitaires, et entre mille difficultés, car le retentissement international de ses théories – dont certains des concepts, notamment celui de «bouc émissaire», sont quasiment tombés dans la grammaire commune des sciences humaines et même le langage commun – n’a jamais fait disparaître les violentes critiques, les incompréhensions, les rejets, encore accrus par le fait que Girard, traditionaliste, a toujours refusé les crédos postmodernes, marxistes, déconstructivistes, structuralistes, psychanalytiques…

    Porté par une profonde foi religieuse, fin interprète du mystère de la Passion du Christ, il a bâti une œuvre considérable, qui se déploie de la littérature à l’anthropologie, de l’ethnologie à la théologie, à la psychologie, la sociologie, la philosophie de la religion et la philosophie tout court. Les linéaments de toute sa pensée sont déjà contenus dans son premier ouvrage, Mensonge romantique et vérité romanesque (1961) dans lequel, à partir de l’étude très novatrice des grands romans occidentaux (Stendhal, Cervantes, Flaubert, Proust, Dostoïevski…), il forge la théorie du «désir mimétique» – l’homme ne désire que selon le désir de l’autre –, qui aura un écho considérable à mesure qu’il l’appliquera à des domaines extérieurs à la littérature.

    Etre désirant

    La nature humaine a en son fond la mimesis : au sens où les actions des hommes sont toujours entreprises parce qu’ils les voient réalisées par un «modèle». L’homme est par excellence un être désirant, qui nourrit son désir du désir de l’autre et adopte ainsi coutumes, modes, façons d’être, pensées, actions en adaptant les coutumes, les modes, les façons d’être de ceux qui sont «autour» de lui. La différence entre l’animal et l’homme n’est pas dans l’intelligence ou quoi que ce soit d’autre, mais dans le fait que le premier a des appétits, qui le clouent à l’instinct, alors que le second a des désirs, qui l’incitent d’abord à observer puis à imiter. C’est ce principe mimétique qui guide les «mouvements» des individus dans la société. De là la violence généralisée, car le conflit apparaît dès qu’il y a «triangle», c’est-à-dire dès que le désir porte sur un «objet» qui est déjà l’objet du désir d’un autre.

    Naissent ainsi l’envie, la jalousie, la haine, la vengeance. La vengeance ne cesse de s’alimenter de la haine des «rivaux», et implique toute la communauté, menaçant ainsi les fondements de l’ordre social. Seul le sacrifice d’une victime innocente, qu’une «différence» (réelle ou créée) distingue de tous les autres, pourra apaiser les haines et guérir la communauté. C’est la théorie du «bouc émissaire», qui a rendu René Girard célèbre. En focalisant son attention sur l’aspect le plus énigmatique du sacré, l’auteur de la Violence et le sacré (1972) montre en effet – on peut en avoir une illustration dans le film de Peter Fleischmann, Scènes de chasse en Bavière, où un jeune homme, soupçonné d’être homosexuel, devient l’objet d’une véritable chasse à l’homme de la part de tous les habitants du village – que l’immolation d’une victime sacrificielle, attestée dans presque toutes les traditions religieuses et la littérature mythologique, sert à apaiser la «guerre de tous contre tous» dont Thomas Hobbes avait fait le centre de sa philosophie.

    Lorsqu’une communauté est sur le point de s’autodétruire par des affrontements intestins, des «guerres civiles», elle trouve moyen de se «sauver» si elle trouve un bouc émissaire (on peut penser à la «chasse aux sorcières», à n’importe qu’elle époque, sous toutes latitudes, et quelle que soit la «sorcière»), sur lequel décharger la violence : bouc émissaire à qui est ensuite attribuée une valeur sacrée, précisément parce qu’il ramène la paix et permet de recoudre le lien social. Souvent, les mythes et les rites ont occulté l’innocence de la victime, mais, selon Girard, la révélation biblique, culminant avec les récits évangéliques de la Passion du Christ, l’a au contraire révélée, de sorte que le christianisme ne peut être considéré comme une simple «variante» des mythes païens (d’où la violente critique que Girard fait de la Généalogie de la morale de Nietzsche, de la conception «dionysiaque» célébrée par le philosophe allemand, et de l’assimilation entre le Christ et les diverses incarnations païennes du dieu-victime).

    Faits et événements réels

    Dans l’optique girardienne, il s’agissait assurément de proposer un «autre discours» anthropologique, qui se démarquât (et montrât la fausseté) de ceux qui étaient devenus dominants, grâce, évidemment, à l’œuvre de Levi-Strauss (et, d’un autre côté, de Freud). Ne pensant pas du tout qu’on puisse rendre raison de la «pensée sauvage» en s’attachant aux mythes, entendus comme «création poétique» ou «narration» coupée du réel, René Girard enracine son anthropologie dans des faits et des événements réellement arrivés, comme des épisodes de lynchage ou de sacrifices rituels dont la victime est ensuite sacralisée mais qui se fondent toujours, d’abord, sur des accusations absurdes, comme celles de diffuser la peste, de rendre impure la nourriture ou d’empoisonner les eaux.

    La théorie mimétique et l’anthropologie fondée sur l’exclusion-sacralisation du bouc émissaire, sont les deux paradigmes que Girard applique à de nombreux champs du savoir, et qui lui permettent de définir un schéma herméneutique capable d’expliquer une foule de phénomènes, sociaux, politiques, littéraires, religieux. Son travail, autrement dit, visait à la constitution d’une anthropologie générale, rationnelle, visant à une explication globale des comportements humains. C’est sans doute pourquoi il a suscité tant d’enthousiasmes et attiré tant de critiques. On ne saurait ici pas même citer toutes les thématiques qu’il a traitées, ni les auteurs avec lesquels il a critiquement dialogué. Ce qui est sûr, c’est que René Girard a toujours maintenu droite la barre de son navire, malgré les vents contraires, et, à l’époque de l’hyper-spécialisation contemporaine, a eu l’audace de formuler une «pensée unitaire» qui a fait l’objet de mille commentaires dans le monde entier, parce que vraiment suggestive, et dont l’ambition était de mettre à nu les racines de la culture humaine. «La vérité est extrêmement rare sur cette terre. Il y a même raison de penser qu’elle soit tout à fait absente.» Ce qui n’a pas été suffisant pour dissuader René Girard de la chercher toute sa vie.

    A lire aussi: le portrait de René Girard du 4 janvier 2003.

    Robert Maggiori

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  • Eiffage annonce le décès de son PDG Pierre Berger

    23 Oct. 2015, 10h47 | MAJ : 23 Oct. 2015, 11h50   lien
     
    <figure> Pierre Berger était le PDG d'Eiffage depuis 2012. <figcaption class="articleChapeau ">Pierre Berger était le PDG d'Eiffage depuis 2012. (AFP/ERIC PIERMONT.)</figcaption> </figure>

    Le groupe français de BTP et de concessions Eiffage, dont le siège social se situe à Vélizy-Villacoublay (Yvelines) a annoncé vendredi le décès de son PDG Pierre Berger, âgé de 47 ans, qui avait succédé au fondateur Jean-François Roverato à la tête de l'entreprise en août 2012.

     



    «Eiffage annonce avec une grande émotion et une profonde tristesse que son président directeur général, Pierre Berger, est décédé cette nuit», indique le communiqué. «Les premières pensées de la direction et des employés d'Eiffage vont à son épouse, à ses enfants et aux proches de Pierre Berger», ajoute le texte, sans préciser les causes de sa mort. 

    Le groupe annonce la tenue d'un conseil d'administration dès lundi 26 octobre, selon un autre communiqué. 

    Eiffage perturbé en Bourse

    L'action du groupe de BTP reculait de plus de 2% ce vendredi matin à la Bourse de Paris. A 11h30, la valeur perdait 2,34 % à 55,12 euros, dans un marché en hausse de 1,39%. «Cette mort brutale prend le marché parisien par surprise entraînant une réaction intempestive du titre», a souligné Xavier de Villepion, un vendeur d'actions de HPC. Pierre «Berger avait bien remis le groupe sur les rails et depuis son arrivée la valeur a quasiment doublé», note encore le vendeur.

    Depuis sa nomination le 29 août 2012, le titre est passé de 22,90 euros à 53,69 euros jeudi soir à la clôture. Polytechnicien et diplômé de l'école des Ponts et Chaussées, Pierre Berger avait été nommé président de Vinci Construction Grands Projets en 2005. A partir de 2007, il avait occupé en parallèle les fonctions de directeur général, en charge des travaux public, de Vinci Construction France.

    Il avait été choisi par le conseil d'administration d'Eiffage pour devenir directeur général délégué du groupe en décembre 2010, un poste de numéro 2 derrière Jean-François Roverato en attendant de prendre sa suite à la tête du troisième groupe de BTP français, derrière Vinci et Bouygues, en 2012.


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  • Actualités > Culture > Maxime Le Forestier : "Béart était un ingénieur"
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    Maxime Le Forestier : "Béart était un ingénieur"

    Sophie Delassein <time>Publié le 16-09-2015 à 17h10   lien </time>

    Guy Béart vient de mourir à l'âge de 85 ans. Maxime Le Forestier se souvient de ses concerts, de son style de jeu, des discussions de collègues guitaristes.

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    Guy Béart, le 19 février 2015 (SADAKA EDMOND/SIPA)
    Guy Béart, le 19 février 2015 (SADAKA EDMOND/SIPA)
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    Guy Béart vous téléphonait parfois…

    - La dernière fois que j'ai eu Guy au téléphone, c'était il y a quelques années, il avait plein de chansons qu'il voulait maquetter. Il cherchait des guitaristes, je lui ai recommandé Michel Haumont et Manu Galvin. Manu n'avait pas le temps, mais Michel a fait les maquettes et il s'est beaucoup attaché à faire des versions identifiables des dernières chansons de Guy Béart. Sinon, quand il m'appelait, nous avions des discussions de collègues guitaristes.

    Avez-vous eu l'occasion de le voir sur scène ?

    - Je l'ai vu à plusieurs reprises. La dernière fois c'était dans le Marais, au théâtre Silvia Monfort, c'est dire si ça ne date pas d'hier. Il avait chanté pendant deux heures et fait deux heures de rappels.

    Qu'appréciez-vous dans ses chansons ?

    - Il y a quelques incontournables, des chansons qui vous sauvent un homme. "L'eau vive", "Temporel", "L'ode à la lune", "Il n'y a plus d'après". Au moins une bonne quinzaine, comme chez Trenet. J'avais observé l'œuvre de Béart comme étant très symétrique. On sentait l'ingénieur en somme : très logique tout en cherchant l'absurde dans la logique, évidement [Guy Béart était diplômé de l'École nationale des ponts et chaussées, NDLR].

    On a le sentiment que ses chansons sonnaient comme des classiques ?

    - J'ai longtemps cru que "L'eau vive" était une chanson du folklore.

    Est-ce que Guy Béart, ce n'est pas toute une époque, une autre époque, celle des cabarets de la Rive-Gauche, de Jacques Canetti, etc ?

    - C'est peut-être le dernier représentant de cette époque, celles des auteurs-compositeurs-interprètes à la guitare, qui ont commencé à travailler après-guerre et qui ont eu des destins divers. Lui, il a eu son passage par la télévision qui a été marquant, comparé aux autres grands auteurs-compositeurs du XXe siècle, Brassens, Brel ou Ferré. Ce passage par la télé est particulier, son émission annonçait "Le Grand Echiquier". C'était le même principe : on passe la soirée à bavarder et à chanter des chansons.

    Emmanuelle Béart dit de son père : "c'est un chanteur refusant toute mise en scène, arrangements, éclairages sophistiqués". C'est l'école du cabaret ?

    - Certainement, mais les artistes de cabaret optaient pour cette formule faute de moyens. Chez Guy Béart, je pense que c'était plutôt une volonté d'être totalement seul, maître de son histoire de bout en bout : il voulait être tout à la fois, auteur, compositeur, interprète accompagnateur, éditeur, producteur, maison de disques. D'ailleurs il y est parvenu.

    Il disait toujours que son rêve absolu était que ses chansons lui survivent et que l'on oublie le nom de l'auteur. C'est une idée que vous avez, vous aussi, développée dans une de vos dernières chansons, "Le p'tit air".

    - C'est ce qu'on peut rêver de mieux quand on fait des chansons, c'est une manière un peu légère de survivre.

    Vous vous souvenez de ce débat qu'il avait eu avec Gainsbourg sur le plateau de Bernard Pivot. Guy Béart disait que la chanson "n'avait rien de mineure" et Gainsbourg répondait "Ta gueule ! Une chanson n'a pas besoin d'initiation". De quel côté étiez-vous ?

    - J'y étais et j'observais cela comme si j'assistais à un spectacle, sans participer à cette mascarade. J'ai tout de suite perçu que l'un et l'autre se donnaient en spectacle. Gainsbourg avec un peu plus de recul toutefois. Il me semblait que Gainsbourg était arrivé à jeun et que Béart avait bu quelques verres de whisky avant l'émission. Gainsbourg faisait gaffe de ne pas boire avant les émissions de télé. Les rôles étaient inversés.

    Quelle image garderez-vous de Guy Béart ?

    - Quand on est auteur-compositeur-inteprète et guitariste, pour s'accompagner en chantant, on a plusieurs solutions. Soit on est assis, soit on est debout avec la guitare en bandoulière, soit on pose la guitare sur une de ses cuisses, ce qui nécessite un tabouret. Lui était partisan de cette dernière solution. Mais le problème du tabouret, c'est qu'il est soit à droite, soit à gauche du micro, ce qui fait qu'à la fin du tour de chant, vous avez soit le mollet droit, soit le mollet gauche qui double de volume - ce qui était le problème de Brassens. Guy Béart avait inventé un tabouret large de manière à faire passer le pied du micro au milieu, ce qui lui permettait d'être tantôt sur la jambe gauche, tantôt sur la jambe droite. Malin ! Béart était un ingénieur. 

    Un mot sur son jeu de guitare ?

    - Il utilisait sa main droite pour faire une rythmique aussi, pour taper, si bien qu'on avait toujours l'impression qu'il jouait perpendiculairement à la caisse, mais c'est aussi une volonté d'être seul, de se suffire à lui-même. Il jouait aussi de la douze cordes pour avoir davantage de son et des aigus. Les musiciens qui l'ont accompagné lors de son concert d'adieu à l'Olympia l'an dernier, m'ont raconté que leur présence le gênait. Il était solitaire et autonome.

    Et ses compositions, elles servaient uniquement le texte, selon vous ?

    - En dehors de quelques mélodies comme "Temporel" qui se suffisent à elles-mêmes, elles servaient en effet le texte. C'était tout à fait dans la tradition de l'époque, des chansons récitatives. Brassens en a quelques-unes aussi.

    Propos recueillis par Sophie Delassein

    <aside class="lire"><header>Lire</header>Dernière rencontre avec Guy Béart, chez lui à Garches</aside> </article>
    Sur le web : Le chanteur Guy Béart est mort brutalement à 85 ans
     

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    <time datetime="15-08-20"> Publié le 20-08-2015 </time> <time datetime="15-08-20"> Modifié le 20-08-2015 à 22:47 lien </time>

    Les Sénégalais ont rendu un dernier hommage à Doudou Ndiaye Rose

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    media Le percussionniste Doudou Ndiaye Rose à Dakar le 14 octobre 2010. AFP/Seyllou Diallo

    Le musicien Doudou Ndiaye Rose a été enterré ce jeudi en milieu de journée à Dakar. Une figure sénégalaise et internationale respectée par toutes les générations.

    Entre les tombes blanches du cimetière musulman de Yoff, les hommes chantent doucement des prières autour de la sépulture de Doudou Ndiaye Rose. Plusieurs centaines de personnes, proches, amis ou simples admirateurs sont venus dire adieu au célèbre griot.

    Le chanteur, homme d'affaires et conseiller du président Youssou N'Dour est présent. Un peu plus tôt dans la matinée, le président de l'Assemblée nationale et le Premier ministre s'étaient rendus dans une mosquée du quartier HLM où reposait le corps du défunt.

    Au cimetière la foule est uniquement masculine, comme le veut la tradition. Chacun est venu avec son chapelet à la main, certains avec un parapluie pour se protéger de la pluie qui commence à tomber. La foule se disperse ensuite et la famille reste seule pour se recueillir une dernière fois et jeter quelques poignées de terre sur la sépulture.

    Décédé à 85 ans, le maître-tambour était respecté par toutes les générations au Sénégal, même les plus jeunes qui ne l'ont connu qu'à la télévision comme Fadel Bah, menuisier au quartier Liberté. « Il avait l'âge de nos grands-pères, c'est vrai, mais il a fait beaucoup pour la culture sénégalaise, explique-t-il. Si nous les jeunes on a pu vraiment connaître Doudou Ndiaye Rose, c'est parce qu'il a amené la culture sénégalaise loin. Quand on parle de sabar, c'est le père. C'est le père de tous les griots qui font le sabar. Vraiment c'est une légende. »


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