• Poutine plus "puissant" qu'Obama

    au classement "Forbes"

    Le Monde.fr avec AFP | <time datetime="2013-10-30T17:17:25+01:00" itemprop="datePublished">30.10.2013 à 17h17</time> • Mis à jour le <time datetime="2013-10-30T17:43:18+01:00" itemprop="dateModified">30.10.2013 à 17h43</time>

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    Le président russe Vladimir Poutine vient de prendre la tête du classement "Forbes" 2013 des personnes les plus puissantes au monde, remplaçant son prédécesseur, Barack Obama.

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    Le président russe Vladimir Poutine a dépassé son homologue américain Barack Obama et occupe la première place du classement Forbes 2013 des personnes les plus puissantes au monde, publié mercredi par le magazine américain.

    Le président américain figure à la deuxième place de cette liste, suivi du président du Parti communiste chinois Xi Jinping, et du pape François, qui y fait son apparition.

    Pour justifier son choix, Forbes rappelle notamment la victoire diplomatique russe sur le dossier syrien. "Poutine a solidifié son contrôle sur la Russie, et tous ceux qui ont regardé le jeu d'échecs autour de la Syrie ont une idée claire du glissement de pouvoir vers Poutine sur la scène internationale", écrit le magazine.

    FRANÇOIS HOLLANDE PASSE À LA 18e PLACE

    Le président français François Hollande, dont Forbes souligne qu'il est au plus bas dans les sondages de popularité, passe de la 14e à la 18e place. Christine Lagarde, quant à elle, gagne trois places par rapport à 2012 et pointe désormais à la 35e place. La première femme à y figurer est la chancelière allemande, Angela Merkel, à la 5e place.

    Le pouvoir des 72 dirigeants politiques, chefs d'entreprise ou philantropes qui figurent sur cette liste annuelle a été déterminé à partir de quatre critères : le nombre de personnes sur lesquelles elles ont du pouvoir, les ressources financières qu'elles contrôlent, l'étendue de leur influence et comment elles exercent leur pouvoir pour changer le monde.

    On y trouve le cofondateur de Microsoft Bill Gates à la 6e place, Ben Bernanke, le président sortant de la Réserve fédérale américaine à la 7e, le roi Abdallah d'Arabie saoudite à la 8e, le premier ministre britannique David Cameron à la 11e.


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  • Espionnage : la NSA dément avoir surveillé

    les citoyens européens

    Le Monde.fr | <time datetime="2013-10-29T18:52:19+01:00" itemprop="datePublished">29.10.2013 à 18h52</time> • Mis à jour le <time datetime="2013-10-29T21:08:42+01:00" itemprop="dateModified">29.10.2013 à 21h08</time>

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    <figure class="illustration_haut"> Le quartier général de la NSA, à Fort Meade, dans le Maryland. </figure>

    Le patron de la NSA, le général Keith Alexander, a profité d'une audition devant la commission du renseignement de la Chambre des représentants, mardi 29 octobre, pour démentir tout espionnage mené en France, en Espagne ou ailleurs en Europe.

    "Pour être parfaitement clairs, nous n'avons pas recueilli ces informations sur les citoyens européens", a-t-il déclaré, qualifiant de "complètement fausses" les révélations de plusieurs journaux européens, dont Le Monde. M. Alexander a assuré que les données en question avaient été "fournies à la NSA" par des partenaires européens.

    Dans un article publié quelques heures plus tôt sur son site Internet (lien payant), The Wall Street Journal affirmait, citant des responsables américains anonymes, que les services de renseignement français et espagnols avaient eux-mêmes fourni des données, notamment téléphoniques, à la NSA, en vertu d'accords confidentiels.

    "MAL INTERPRÉTÉS"

    Selon les sources du Wall Street Journal, ces interceptions de millions de communications téléphoniques, dont Le Monde et El Mundo ont révélé l'existence, ont été faites par les services européens, en dehors des frontières françaises et espagnoles, puis retransmises à la NSA pour analyse et compilation. Selon Keith Alexander, elles concernaient des opérations dans des pays où les membres de l'OTAN sont impliqués.

    Ces sources affirment également que l'existence des données ne signifie pas une surveillance des Français et des Espagnols par leurs propres services de renseignement. "Des responsables américains affirment que les documents fournis par [Edward] Snowden ont été mal interprétés et évoquent en fait des interceptions téléphoniques effectuées par les services de renseignement français et espagnol et ensuite partagées avec la NSA", résume le quotidien. "Ils n'ont, comme la personne qui a volé les données classifiées, pas compris ce qu'ils avaient devant les yeux", a ajouté M. Alexander.

    Ni l'ambassade de France à Washington, ni les autorités espagnoles, ni la NSA n'ont commenté les informations du quotidien américain. C'est la première fois que la collaboration des services occidentaux avec la NSA est évoquée, même sous couvert d'anonymat, par des membres de l'administration américaine.

    LE RÔLE DU CONGRÈS

    Ces révélations surviennent au lendemain de l'annonce, par la sénatrice Dianne Feinstein – à la tête de la puissante commission du renseignement du Sénat américain – d'un "rééxamen important et total" des activités de la NSA. Un pas de plus du Congrès vers une tentative de contrôle de la NSA.

    La Chambre des représentants sera quant à elle chargée d'examiner une loi visant à limiter les activités de la NSA, cette fois dans la collecte de métadonnées téléphoniques et l'utilisation de la législation sur le renseignement étranger pour surveiller des ressortissants américains.

    Lire : "Le Congrès américain se penche un peu plus sur la NSA"


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  • Dernière modification : 17/10/2013 

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    Cory Booker, le sénateur du New Jersey

    sur les traces d'Obama

    Cory Booker, le sénateur du New Jersey sur les traces d'Obama
    © AFP

    Le maire de Newark, Cory Booker, a été élu sénateur du New Jersey jeudi. Star des médias et des réseaux sociaux, cette figure montante du parti démocrate est souvent présenté comme un potentiel successeur de l’actuel président des États-Unis.

    Par Assiya HAMZA (texte)
     

    Le sourire est franc, le regard pétillant. Cory Booker, l’actuel maire de Newark dans la banlieue de New York, a arraché jeudi le siège de sénateur du New Jersey lors d’une élection sénatoriale partielle, organisée après le décès, en juin dernier, du démocrate Frank Lautenberg. Étoile montante du parti démocrate, il devient ainsi le premier sénateur noir de cet État et le neuvième Afro-Américain à intégrer la chambre haute du Parlement. Une assise nationale qui pourrait d’ailleurs le conduire dans le sillage de Barack Obama.

    "Merci beaucoup, le New Jersey ! Je suis fier d'être votre futur sénateur", a écrit Cory Booker sur son compte Twitter qui enregistre déjà 1,4 million de followers (soit 5 fois la population de Newark). Il a obtenu 55 % des suffrages contre 44 % pour son adversaire, le conservateur républicain Steve Lonegan.

    Âgé de 44 ans, Cory Booker est une personnalité politique peu conventionnelle. Fervent démocrate, il a su, au fil des années, soigner son image et sa personnalité. Issu d’un milieu favorisé, ce fils de deux cadres d’IBM – parmi les premiers dirigeants Afro-Américains de la compagnie – a gravi tous les échelons pour bâtir cette prometteuse carrière politique. Diplômé en Sciences politiques à l’université Stanford en 1991, d’un master en sociologie en 1992, il intègre ensuite la faculté de droit de l'Université d’Oxford puis de la prestigieuse Yale. Dès lors, il s’engage dans la vie associative et politique.

    En 1998, il remporte un siège de conseiller municipal à Newark. Pour attirer l’attention sur les problèmes de drogue et de violence, le jeune politicien est prêt à tout. En 1999, il entame alors une grève de la faim dans un quartier sensible de la ville, réputé pour ses trafics. Cory Booker s’installe dans une tente, puis dans un camping car. Le premier coup d’éclats d’une longue série. L'élu s’engage pour réformer l’école et propose même de créer une commission de transparence au sein de la mairie.

    En 2002, le conseiller municipal part à la conquête de la mairie de Newark. En vain. Cory Booker ne fait pas le poids face à Sharpe James, Afro-Américain lui aussi, aux commandes de la ville depuis plus de quinze ans. Malgré sa défaite, Cory Booker ne baisse pas les bras et s’investit encore davantage sur le terrain. Il n’hésite pas à lancer des ONG dont "Newark Now", Newark maintenant, pour aider les habitants de la ville.

    Le "super héros" ou "super maire" Booker

    Quatre ans plus tard, il finit par remporter l’élection municipale avant de rempiler en 2010. La méthode Cory Booker est loin d’être conventionnelle mais elle marche. Pour éviter de creuser le déficit budgétaire de la ville, il n’hésite pas à faire appel aux financements privés (environ 100 millions de dollars donnés par Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook) pour maintenir les programmes sociaux, il réduit le salaire des plus hauts fonctionnaires de la ville en commençant par le sien. La criminalité galopante, lorsqu’il prend les commandes de la ville, chute de 8 %.

    Le jeune maire s’implique sur le terrain : il patrouille avec la police jusqu’à 4 h du matin. Au lendemain d’une tempête de neige, il va lui-même déblayer l’allée d’une personne âgée à la demande d’un de ses followers sur Twitter. Cory Booker ne recule devant rien. En avril 2012, il sauve même une voisine de sa maison en flammes. Il en sort avec une brûlure de la main au second degré et une légère intoxication due à la fumée. "Je ne pouvais plus respirer. C’est à ce moment-là que je me suis dit que si je ne trouvais pas cette femme rapidement, nous allions mourir tous les deux ", avait il ensuite déclaré lors d’une conférence de presse.

    Quand Cory Booker s'improvise pompier
    VIDEO

    Cette action lui vaudra les surnoms de "super maire" et "super héros". Sa légende est née. Cory Booker devient le chouchou des médias. Jon Stewart, Ellen DeGeneres, Oprah Winfrey…Cory Booker arpente les plateaux de télévision au point d’agacer ses principaux détracteurs.

    "À chaque fois qu’il y a un véritable problème à régler en ville, le maire est introuvable, ironisait le conseiller municipal Ras Baraka, en novembre 2012. Le seul moyen de le trouver, c’est d’allumer la télé sur l’émission Meet the press (rencontre avec la presse).

    Homme politique dévoré par l’ambition ou personnage extra-ordinaire Cory Booker ? "Il est indéniablement ambitieux", analyse pour le site National Public Radio (NPR) Andra Gillespie, professeur de Sciences politiques à l’université d’Emory. Mais je pense qu’il veut faire le bien, donc je ne remets pas en doute la sincérité de sa volonté d’aider la ville de Newark".

    Dans les pas de Barack Obama ?

    Malgré les critiques, Cory Booker semble bel et bien promis à une belle carrière. Souvent présenté comme le potentiel successeur de Barack Obama à la Maison blanche, il a d’ailleurs été adoubé par le premier président Afro-Américain des États-Unis, son ami depuis 2005. "Que ce soit comme étudiant travaillant à East Palo Alto ou en tant que maire de la plus grande ville du New Jersey, Cory a maintes fois relevé des défis difficiles, s’est battu pour la classe moyenne et ceux qui travaillent à le rejoindre, et a forgé des coalitions qui œuvrent pour le progrès - et c'est l'esprit qu'il va apporter avec lui à Washington", a déclaré en août dernier le locataire de la Maison Blanche.

    D’après le New York Times, il pourrait faire partie du ticket présidentiel en 2016, première étape vers la fonction suprême.

    Reste que Cory Booker semble avoir un léger désavantage dans cette hypothétique course à la présidence : sa sexualité. Bien qu’il s’affiche ouvertement avec ses conquêtes féminines, d’aucuns affirment que l’étoile montante démocrate, en faveur du mariage gay, cache uniquement son homosexualité. Ses récents échanges sur Twitter avec une stripteaseuse n’ont pas réussi à faire taire les rumeurs. Les Américains qui ont élu un président noir, restent sans doute frileux à l'idée d'avoir un chef d’État homosexuel.


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  • Actualité > Monde > Comment Poutine manipule Snowden

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    Comment Poutine manipule Snowden

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    <time datetime="2013-10-13T19:39:08" itemprop="datePublished">Publié le 13-10-2013 à 19h39</time> - <time datetime="2013-10-13T21:21:59" itemprop="dateModified">Mis à jour à 21h21    </time>
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    Moscou avait donné l’asile au lanceur d’alerte américain en lui faisant promettre de ne plus nuire aux Etats-Unis. Mais c’est le Kremlin lui-même qui l’utilise avec brio dans sa guerre secrète contre Washington. "Snowden à Moscou", un roman à la John Le Carré.

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    Edward Snowden. (The Guardian/EyePre/NEWSCOM/SIPA)

    Edward Snowden. (The Guardian/EyePre/NEWSCOM/SIPA)

    <aside class="obs-article-brelated" style="margin-left:20px;"> <header class="obs-blocktitle">Sur le même sujet</header>

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    Après avoir connu son heure de gloire en faisant attendre des semaines cet été, sous les feux des médias, Edward Snowden dans la zone de transit de l’aéroport moscovite de Cheremetièvo en raison de "lenteurs administratives", le Kremlin continue de jouer avec celui qui a dévoilé l’ampleur de l’espionnage mondial de la National Security Agency (NSA) afin d’embarrasser Washington.

    Officiellement, la Russie a accordé un asile provisoire à Snowden, un visa d'un an, à condition qu’il ne nuise pas aux intérêts des Etats Unis, ce qui pourrait porter préjudice aux relations, déjà bien fraîches, entre le Kremlin et la Maison blanche. Et cette exigence est bien tombée : le "lanceur d’alerte" n’avait plus rien à révéler, ayant donné tous ses documents à des journalistes avant de quitter les Etats Unis.

    Si Snowden, qui n’avait d’ailleurs pas d’autres choix, a donc accepté sans peine cette prétendue condition, il semble que les autorités russes ne peuvent s’empêcher d’utiliser le jeune informaticien américain, devenu un héros des droits de l’Homme, dans leur affrontement feutré avec les Etats Unis pour la suprématie mondiale.

    La fourbe CIA cherche à assassiner "le traître" sur le sol de la Grande Russie

    La plus belle trouvaille du Kremlin, aujourd’hui occupé par un ancien espion du KGB, est inspirée des meilleurs romans d’espionnage, dignes de John Le Carré : en Russie, Snowden, qui apprend le russe, lit Dostoïevski, a pour l’instant refusé plusieurs offres d’emploi, vit dans un lieu "secret" mais "sûr",  protégé par des garde du corps "privés" pour des "raisons de sécurité". En clair : la fourbe CIA cherche à assassiner "le traître" sur le sol de la Grande Russie mais elle n’y parviendra pas.

    C’est la version que répand à l’envie, tant dans la presse russe que sur Russia Today, la chaine internationale de propagande du Kremlin, Anatoli Koutcherena, l’avocat de Snowden, choisi par les autorités et, de plus, un chaud partisan de Vladimir Poutine. Cet homme de loi, très vraisemblablement aux ordres, procède, comme il se doit, par de lourds sous-entendus. "J'ai des informations que je ne peux pas dévoiler selon lesquelles le degré de danger est très important.

    D'ex-collègues de Snowden pourraient profiter de l'arrivée de ses parents pour repérer où il se trouve", a déclaré Me Koutcherena dans un entretien au magazine russe "Itogui". Avant d’enfoncer le clou : "Tant que la partie américaine n'abandonnera pas ses griefs à l'égard de Snowden, on ne peut rien exclure..."

    Le précédent Alexandre Litvinenko

    Le film concocté par Moscou ne prend toute saveur que lorsqu’on connait le sort réservé au plus célèbre de "lanceur d’alerte" russe, Alexandre Litvinenko. Cet ancien agent du FSB (ex-KGB) avait révélé que les meurtriers attentats de 1999 en Russie, qui avaient propulsé Poutine au pouvoir sur une vague nationaliste, n’étaient pas l’œuvre de "terroristes tchétchènes" mais des services russes eux-mêmes. Réfugié en Grande-Bretagne, Litvinenko est mort empoisonné par un sushi au polonium, une substance radioactive produite par un réacteur nucléaire russes.

    Andreï Lougovoï, lui aussi un "ex" agent des services russes, est accusé d’avoir administré le poison par la Grande-Bretagne qui n’a jamais réussi à obtenir son extradition de Russie. Au lieu d’aller en prison, Andreï Lougovoï, qui a publiquement revendiqué le droit moral d’assassiner n’importe quelle personne "nuisant aux intérêts de la Russie", a été élu député du parti du pseudo "ultranationaliste" de Vladimir Jirinovski, une créature des services russes.

    Loin de se satisfaire de la fable sur la menace d’assassinat télécommandé depuis Washington, les autorités russes mettent régulièrement en scène des rebondissements au feuilleton Snowden dans les médias d’Etat. Filmé par la télé publique, le dernier épisode en date est la visite du père du lanceur d’alerte, évidemment contrariée et compliquée par les strictes mesures de sécurité visant à protéger la vie de son fils. Le lieu et la date des retrouvailles familiales seront donc tenus secrets, a prévenu l’avocat.

    Snowden a brisé sa promesse de neutralité

    Un autre épisode croustillant de la saga "Snowden à Moscou" a retenu toute l’attention de la chaîne internationale Russia Today. Au moment même de la visite paternelle, ce qui n’est peut-être pas une pure coïncidence, l’ancien consultant du renseignement américain a reçu, jeudi 11 octobre à Moscou, un prix remis annuellement par une association américaine composée notamment d'anciens membres de la CIA pour "son intégrité dans le travail de renseignement". Plusieurs de ces ex-agents américains devenus eux aussi "lanceurs d’alerte", affirment avoir rencontré l’informaticien et ont été interviewés à cette occasion à Moscou par la chaîne russe "d’information internationale" aux mains du Kremlin.

    Les services russes, il est vrai récemment fort occupés à fabriquer et à diffuser de fausses preuves selon lesquelles les rebelles syriens s’étaient bombardés eux-mêmes à l’arme chimique afin provoquer une intervention américaine contre le régime de Bachar el-Assad, allié de Moscou, ont alors dû malencontreusement relâcher leur surveillance. Car à l’occasion de ce prix, Snowden a réussi à briser sa promesse de neutralité. Il est parvenu à poster, sur le site de Wikileaks, une première vidéo depuis qu'il est exilé en Russie, où il met en garde contre les dangers visant la démocratie. Il n’est pas précisé si ce sont les USA, plus que la Russie, qui sont visés….

    Un autre moment fort du roman de "Snowden en Russie" fut la longue interview concernant notamment le jeune américain que le président russe, très en verve, a accordé en septembre à la télévision publique Pervyi Kanal, mais aussi à l’agence américaine Associated Press, afin de soigner sa communication aux Etats Unis. Vladimir Poutine, tenu pour responsable par les militants des droits de l’homme de l’emprisonnement voire de l’élimination de certains de ses opposants ainsi que de quelques sérieux massacres - des dizaines de milliers de morts civils en Tchétchénie, s’est montré très sensible au romantisme démocratique du jeune idéaliste américain.

    "Edward Snowden a une façon de penser tout à fait différente. Il se considère comme un défenseur des droits de l’homme […] et il se comporte avec nous en tant que tel", a déclaré Vladimir Poutine.

    Certes le maître du Kremlin, qui semble peu habitué à se pencher sur la psychologie de ce genre de personnages classés d’habitude dans la catégorie des gêneurs à neutraliser" rapidement, a déclaré qu’il trouvait Snowden était "un type bizarre" :  "Ce qu’il a dans la tête, eh bien, je n’en ai pas la moindre idée", a admis le président russe.

    Vladimir Poutine a préféré s’étendre sur les détails de son bras de fer avec Washington, afin de faire faire passer sa version des faits selon laquelle la responsabilité de la présence de Snowden sur le sol russe incombe aux maladresses de Washington et non aux intrigues de Moscou. Certes, a-t-il reconnu, la Russie aurait pu livrer Snowden aux Etats-Unis, mais malheureusement, il n’existe pas d’accord d’extradition, et ce par la faute des Américains qui "refusent de nous livrer les citoyens russes criminels, nos criminels qui ne se sont pas contentés, eux, de révéler des secrets, qui ont tué des gens, ont organisé le trafic d’êtres humains, des criminels, qui ont du sang sur les mains".

    Selon Poutine, c'est Snowden qui aurait demandé à rester en Russie...

    Certes, Moscou aurait pu accepter de livrer Snowden unilatéralement. Mais une telle exigence américaine aurait été "du snobisme" : "Il faut prendre en compte les intérêts mutuels, il faut chercher des solutions et travailler avec professionnalisme", a martelé Vladimir Poutine. D’ailleurs l’ex-agent des services secrets russes devenu président trouve que ses anciens homologues américains ont "manqué de professionnalisme" dans cette affaire.

    Au lieu d’intercepter en vol l’avion où se trouvait le lanceur d’alerte, "ils ont fait peur à tout le monde, et Snowden s’est retrouvé coincé dans notre aéroport", a-t-il dit, avec un faux air contrit. Autre erreur des "amateurs de Washington" : ils ont annulé le passeport de Snowden, fournissant à Moscou une bonne raison, pour ne pas dire un prétexte, pour bloquer le jeune américain dans son aéroport.

    En raison de révélations dans la presse, Vladimir Poutine a du s’expliquer sur les contacts secrets que Snowden avait eu avec le consulat russe de Hong Kong, ville où il s’était dans un premier temps réfugié. Selon la version de Vladimir Poutine, c’est Snowden qui, à Hong Kong, aurait demandé "à rester chez nous". Mais comme, à l’époque, Snowden refusait "de cesser toute activité susceptible de nuire aux relations russo-américaines", Poutine aurait alors décliné sa demande d’asile.

    ...mais c'est plutôt l'inverse qui semble vrai

    Cette version contredit les nombreuses déclarations de Snowden qui a toujours affirmé vouloir se rendre dans un pays d’Amérique latine, certes anti-américain mais plus libre que la Russie, comme le Venezuela. Et comme le jeune informaticien n’a pas d’intérêt à mentir, contrairement à Poutine, et comme il n’avait pas non plus de raison de refuser les conditions russes pour l’asile à Moscou - qu’il n’a d’ailleurs accepté qu’à contrecœur, en ultime recours - car il n’avait déjà plus rien à révéler, on est en droit de penser que la version du Kremlin n’est pas la bonne.

    Et même que c’est l’inverse qui est vrai : c’est la Russie qui proposé l’asile à Snowden dès l’épisode de Hong Kong. Aujourd’hui pris en main les Russes, le jeune américain ne parle plus de se rendre en Amérique latine. D’ailleurs, Moscou serait généreusement prêt à lui accorder un asile définitif, voire la nationalité russe, à en croire son "avocat". 

    Snowden : une arme de la "guerre tiède" entre Moscou et Washington

    La visible jubilation de Poutine à utiliser "l’arme Snowden" contre Washington est bien compréhensible. Le Kremlin est lassé de recevoir des leçons de démocratie et de droits de l’homme de Washington. Il est frustré de voir certains de ses officiels sous sanctions américaines, notamment après l’assassinat de Sergueï Magnitski, un juriste russe travaillant pour une société internationale battu à mort en prison à Moscou après avoir révélé des détournements par de hauts responsables russes  ("Loi Magnistki").

    La frustration de Barack Obama de devoir recevoir des leçons de démocratie d’un Kremlin généralement totalement indifférent aux droits de l’homme est tout aussi compréhensible. Suite à l’affaire à l’affaire Snowden, il a annulé une rencontre avec Poutine même s’il a du, très rapidement, réalisme politique oblige, accepter une entrevue avec le président russe.

    Car, dans le bras de fer de "la guerre tiède" qui oppose Moscou à Washington, le Kremlin a parfois le dessus. Malgré l’écrasante supériorité militaire, économique, technologique de "l’hyperpuissance" américaine, la superpuissance russe déchue et ses services secrets, qui furent les meilleurs du monde du temps de la guerre froide, restent sans doute les maîtres de la manipulation, de l’intoxication et de la désinformation. La preuve par Snowden.


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  • Etats-Unis - 
    Article publié le : vendredi 04 octobre 2013 à 04:26 - Dernière modification le :
    vendredi 04 octobre 2013 à 06:48    lien

    Mur budgétaire: combien coûte le blocage aux États-Unis ?

    Une cour quasi vide au milieu des immeubles de bureaux, à Washington, le 3 octobre.

    Une cour quasi vide au milieu des immeubles de bureaux, à Washington, le 3 octobre.

    REUTERS/Kevin Lamarque

     

    Par RFI

    Les États-Unis vivent leur quatrième jour de fermeture des services publics dû au blocage sur le budget. Barack Obama et les démocrates sont prêts à accepter un budget au niveau demandé par les républicains, mais il n’est pas question de remettre en cause la loi sur la couverture sociale. De leur côté, les républicains extrémistes ne cèdent toujours pas. Les conséquences économique de cette paralysie commencent à se faire sentir.

    Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio

    Les économistes estiment les pertes à 200 millions de dollars par jour (environ 147 millions d'euros), mais en réalité les conséquences sont exponentielles au fur et à mesure que le temps passe. C'est-à-dire que la première semaine, le coût est de 200 à 300 millions de dollars, mais le temps passant, les pertes vont augmenter car la fermeture des services publics a des conséquences sur le secteur privé.

     
     

    → À (RE)LIRE : L'Etat fédéral américain au chômage technique

    Un sous-traitant du Pentagone va par exemple mettre en chômage technique 2 000 personnes la semaine prochaine si la crise n’est pas réglée.

    Le PIB en chute libre

    Autre exemple, les parcs nationaux : 400 sites sont fermés. En octobre les parcs nationaux reçoivent près de 800 000 visiteurs quotidiens. Pour les États qui vivent du tourisme c’est une catastrophe. Ils estiment leurs pertes à 30 millions de dollars par jour de fermeture.

    Les comptes seront faits a posteriori mais entre les salaires non versés, les contrats qui ne sont pas passés, les travaux qui ne sont pas effectués, les recherches suspendues et qu’il faudra recommencer... JP Morgan estime que chaque semaine qui passe fait baisser le produit intérieur brut (PIB) des États-Unis de 1,3 milliards de dollars.

    Le secteur de la santé particulièrement touché

    Le secteur de la santé est l’un des plus touchés par la fermeture des services publics aux Etats-Unis : 50% des fonctionnaires sont en chômage technique, et notamment les chercheurs. Or de nombreux patients, atteints de maladies graves sont traités dans ces unités de recherche de pointe, et parmi eux des enfants.

    La pression monte sur les sénateurs républicains qui tentent, c’est de la politique, de renvoyer la faute sur les démocrates. Les Représentants républicains demandent donc aux démocrates de permettre la réouverture des centres de recherche.

    Vêtus de leur blouse blanche, les élus républicains qui travaillent dans le secteur médical ont tenu une conférence de presse. Renée Ellmers est infirmière en cancérologie pédiatrique, elle est aussi représentante républicaine de Caroline du Nord. « Si vous êtes une famille qui vient dans nos centre de recherche, c’est parce que vous êtes dans une situation critique. Je dis à Harry Ried, s’il vous plaît, votons au Sénat…Si vous refusez, sénateur Reid, vous en perdrez le sommeil.»

    Harry Reid, sénateur démocrate, pour l’instant refuse de céder et de choisir entre les services. Tous ont introduit des demandes similaires. Les parcs nationaux par exemple, car les revenus de certains Etats dépendent presque entièrement des recettes touristiques. Fin de non recevoir des démocrates qui parient sans doute sur le pourrissement de la situation.


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