• Plafond de la dette : comment démocrates et républicains jouent à se faire peur

    Les Américains ont trouvé leur stratège : Ben Ainslie, l’Anglais qui a permis à Oracle Team USA de revenir d’une situation quasi-désespérée (1-8 face aux Néo-Zélandais) et de conserver la Coupe de l’America sur le territoire.

    Les Républicains cherchent toujours le leur. Le défi n’est pas nouveau pourtant : retarder, voire compromettre, la mise en place de l'Obamacare.

    L’affrontement a lieu sur le terrain budgétaire. Incapable de se mettre d’accord depuis plusieurs années, les membres du Congrès (Chambre des représentants et Sénat) ne votent plus de budget mais des "résolutions de continuité" (continuing resolutions / appropriations ou stop gap). Elles permettent d’habitude d’assurer le financement des agences et programmes fédéraux dans l’attente d’un accord ou d’un vote définitif. Cette mesure temporaire est non seulement devenue la norme (douze résolutions votées depuis 2011), mais aussi l’instrument du jeu politique.

    Dans l’espoir de contraindre Barack Obama et les démocrates, les républicains ont réussi, mi-septembre, à faire adopter par la Chambre une loi assurant le financement du gouvernement fédéral, à la condition qu’aucune ressource ne soit allouée au Patient protection affordable care act (un volet sur de possibles ventilations prioritaires des dépenses a aussi été adopté, mais je ne m’y attarde pas).

    La loi a ensuite été présentée au Sénat, à majorité démocrate. Après une tentative de blocage (filibuster) sous la forme d’un discours d’une vingtaine d’heures du sénateur texan et ultra-républicain Ted Cruz, les 100 membres du Sénat ont entamé les négociations. L’idée de Reid, le chef de file des démocrates, est non seulement de retirer la clause de "définancement" (defunding) de l’Obamacare, mais aussi de réduire la durée de la résolution. L’objectif est double :

    i. Une fois amendée, la résolution de continuité passera devant le comité d’appropriation où les républicains devront accepter, amender ou rejeter le texte. En cas d’acceptation, le combat sera reporté sur les négociations sur le plafond de la dette. En cas de rejet, certaines administrations risquent de fermer (shutdown) dès la semaine prochaine faute de financement. Ce risque est minime pour au moins deux raisons.

    a. Beaucoup de républicains – y compris l’actuel leader de la Chambre, John Boehner - ont encore en tête le double épisode de shutdown (5 jours en novembre 1995 et 21 jours entre le 15 décembre de cette même année et le 6 janvier 1996). Le blocage a clairement desservi le chef des républicains de l’époque, Newt Gingrich, au profit de Bill Clinton, qui a été réélu en novembre.

    b. Point probablement plus important encore, l’Obamacare est pour l’essentiel financé par de nouvelles taxes et des coupes dans les dépenses du programme Medicare. Les conditions d’application de l’Obamacare – qui font l’objet de critiques féroces – ne seraient nullement affectées par une fermeture des administrations.

    Le rejet, par les républicains, de la loi amendée au Sénat se solderait donc par une double perte : crédibilité/popularité (déjà bien faible) et maintien de l’Obamacare en l’état.

    ii. En réduisant la durée de la résolution de continuité, Reid "forcerait" les républicains à renégocier au plus vite les réductions de dépenses (sur le budget de la défense en particulier, mais aussi sur les dépenses dites discrétionnaires) mises en place après l’application du "séquestre" en fin d’année dernière. Pour mémoire, le séquestre avait été adopté dans la douleur fin 2011 comme épilogue aux négociations sur le plafond de la dette.

    Le repli des dépenses est pour beaucoup responsable de l'atonie de l’économie américaine – un point souligné récemment par Ben Bernanke pour justifier le report du tapering (réduction des achats de titres par la Banque centrale).

    Mais ce n’est pas tout. Aux négociations sur le budget se greffent celles sur le rehaussement du plafond de la dette publique. Pour le secrétaire d’Etat au Trésor, Jack Lew, la date butoir est le 17 octobre. Au risque de fermeture des administrations s’ajoute donc un autre, plus grave, celui d'un défaut de paiement.

    Là aussi, les républicains jouent le chicken game. Ils exigent, en échange du rehaussement du plafond de la dette jusqu’à la fin 2014, un délai d’un an dans l’application de l'Obamacare, l’extension du pipeline Keystone XL qui doit relier la province d’Alberta au Canada à la ville de Houston au Texas, ainsi qu'un moratoire sur le contrôle des émissions de carbone… Seriously ?

    On pourrait se faire peur, une fois de plus. Réitérer les options et les implications comme ce fut le cas en 2011. On peut aussi tabler sur un énième accord de dernière minute, répéter que ce plafond est anachronique.

    On doit surtout souligner que à la différence de 2011, Obama est prêt à lever le plafond de manière unilatérale, quitte à devoir en gérer les conséquences légales. Le 14ème amendement de la Constitution stipule en effet que la validité de la dette publique des Etats-Unis autorisée par la loi, y compris les dettes contractées pour le paiement des pensions et des primes liées au service de la répression d'insurrections ou de rébellions, ne peut être contestée, ce qui pourrait légitimer une action exceptionnelle de la part d’Obama.

    Evariste Lefeuvre, Chief economist Amériques, Natixis New York, auteur de La Renaissance américaine, Editions Léo Scheer.


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    Dernière modification : 18/09/2013 

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    Le controversé Tony Abbott

    prend les rênes de l’Australie

    Tony Abbott, le nouveau Premier ministre australien.
    © AFP

    Le conservateur Tony Abbott a été intronisé mercredi à la tête du gouvernement australien. Ce monarchiste militant, fervent catholique, est réputé pour ses prises de position tranchées et est un habitué de la polémique.

    Par FRANCE 24
    Yann BUXEDA (texte)
     

    On le dit agressif, misogyne, insensible. Il est en tout cas de notoriété publique que Tony Abbott ne mâche pas ses mots, quitte à susciter la polémique. Si sa victoire aux élections législatives de septembre était acquise après les luttes intestines du clan travailliste, le 29e Premier ministre australien est un habitué de la controverse. Depuis qu’il a pris la tête des libéraux en 2009, l’homme, devenu providentiel par la force des choses, s’est illustré par son franc parler, franchissant à plusieurs reprises les limites de la bienséance.

    Son parcours, atypique, révèle en partie les fondements d’une personnalité qui détonne dans le paysage politique australien. Né à Londres le 4 novembre 1957, Anthony John Abbott ne se destine pas d’emblée à la politique. L’homme, habité par la foi catholique, entre au séminaire avec l’ambition de devenir prêtre. Il a alors 26 ans. Mais, à l’aube de sa trentième année, il renonce, malgré un attachement inébranlable à l’Église dont il tirera l’un de ses surnoms : le "moine fou".

    Quinze ans plus tard - et une carrière de journaliste avortée -, Tony Abbott prend le chemin de la politique. Appuyé par son mentor John Howard, figure du Parti libéral dont l’influence est grandissante au milieu des années 1990, il est élu député au Parlement en 1994.

    Dans le sillage d’Howard, nommé Premier ministre en 1996 et qui se verra confier les rênes de l’Australie pour 11 ans, il hérite du portefeuille de la Santé et de la Vieillesse en 2003. Il le conservera jusqu’à la fin du mandat conservateur, en 2007.

    La naissance d’un leader controversé

    Ce n’est qu’après l’arrivée au pouvoir des travaillistes, en 2007, que ce monarchiste militant endosse pour la première fois le costume de leader. Jugé jusqu’alors par son propre camp comme un second couteau, il devient progressivement l’homme du renouveau conservateur. La déconfiture du Parti travailliste, gangrené par les affaires internes dès l’arrivée au pouvoir de Kevin Rudd, le propulse à la tête de l’opposition en 2009.

    Un an plus tard, en 2010, l’arrivée de Julia Gillard au pouvoir va permettre à Tony Abbott de dévoiler plus en profondeur ses convictions. "Les femmes au foyer australiennes doivent comprendre que si elles apportent leur linge à repasser au pressing, elles vont payer plus cher, mais en même temps, leur facture d’électricité sera plus élevée si elles font leur repassage elles-mêmes", explique-t-il, en argumentaire de sa fervente opposition à la taxe carbone.

    Outrée par ses propos, la Premier ministre Julia Gillard se livre alors à une tirade mémorable en plein Parlement, fustigeant durant 15 minutes les propos machistes et sexistes du chef de l’opposition. Un camouflet pour Abbott qui n’en modifiera pas pour autant son attitude. La campagne de ces derniers mois a livré quelques dérapages à la hauteur de la réputation de l’homme.

    Un conservateur radical adepte des sorties de piste

    Le 6 août dernier, dans un message adressé à la population, Tony Abbott appelle à voter pour lui, "le mec avec deux filles pas désagréables à regarder", en référence à ses deux enfants Frances, 22 ans, et Bridget, 20 ans.

    "TONY ABBOTT EN COMPAGNIE DE SA FILLE FRANCES"
    AFP.

    Toujours en août dernier, il se distingue en venant soutenir une candidate, louant son "sex appeal" en guise d’argument de campagne. Le physique, l’une des thématiques préférées de Tony Abbott, qui avait notamment accusé Julia Gillard d’avoir "un sourire "mange-merde" avant d’être contraint de s’excuser platement après le tollé provoqué par ses déclarations.

    Des maladresses auxquelles s’ajoutent des prises de position souvent jugées radicales, dépassant parfois allégrement le politiquement correct. Ainsi, il jugeait récemment que l’avortement était "une solution de facilité", à laquelle il proposait de remédier par l’instauration d’un congé maternité de six mois pour les jeunes mamans.

    Chantre du "climato-scepticisme", il explique pendant sa campagne que l’abolition de la taxe carbone pour les grandes entreprises polluantes, créée en 2012, est une nécessité. Il argue alors que le réchauffement climatique est "une connerie absolue".

    Une entrée en fanfare

    Dès son intronisation, mercredi 18 septembre, Tony Abbott n’a pas failli à sa réputation. Comme annoncé pendant sa campagne, il a sabré la taxe carbone, remplaçant le dispositif par des incitations financières aux entreprises souhaitant améliorer leur bilan énergétique. "Nous serons un gouvernement fonctionnel obéissant à des valeurs, pas à l'idéologie", promet-il.

    Sa misogynie est également revenue sur le devant de la scène, avec le dévoilement de son nouveau gouvernement. Une équipe composée quasi-exclusivement d’hommes, au sein de laquelle Julie Bishop, nommée aux Affaires étrangères, détonne presque. Et l’opposition d’immédiatement ironiser sur le sujet, par la voix de Chris Bowen, l’un des poids lourds de la formation travailliste : "Le gouvernement d'Afghanistan compte désormais plus de femmes que celui d'Australie".


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    Les Etats-Unis commémorent le 11-Septembre

    AFP <time datetime="2013-09-11T18:25:30" itemprop="datePublished"> 11 septembre 2013 à 18:25 </time>
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    Deux proches de victimes des attentats s'étreignent devant le mémorial du World Trade Center, à Manhattan le 11 septembre 2013.

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    Deux proches de victimes des attentats s'étreignent devant le mémorial du World Trade Center, à Manhattan le 11 septembre 2013. (Photo pool. Reuters)

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    Douze ans après les attentats, les cérémonies se déroulent dans l'ombre de la crise syrienne et des craintes d'une nouvelle intervention américaine.

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    Avec des fleurs , des larmes et la traditionnelle cérémonie de lecture des noms des 2 973 victimes, les Américains ont célébré mercredi le douzième anniversaire des attentats du 11-Septembre, dans un contexte alourdi par les tensions autour de la Syrie.

    PHOTOS. New York, le 11 septembre 2001

    PHOTOS. New York, le 11 septembre 2001

    Publié le 11-09-2013 à 12h00

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    Il y a douze ans, les tours jumelles du World Trade Center s'effondraient sous les attaques perpétrées par Al-Qaïda. Retour sur les images qui ont ébranlé le monde.(Spencer Platt/Getty Images/AFP)

    Comme tous les ans à 8h46 (14h46 en France), à l’heure exacte où le premier avion avait frappé la tour Nord du World Trade Center, traumatisant les Américains à jamais, une minute de silence a été observée à New York par les familles des victimes et des élus rassemblés au mémorial du 11-Septembre, construit où se dressaient les tours.

    Le président Barack Obama, le vice-président Joe Biden et leurs épouses ont fait de même, la main sur le cœur, dans les jardins de la Maison Blanche. «Nous prions pour tous ceux qui nous on été enlevés, presque 3 000 âmes innocentes», a déclaré peu après le président, lors d’une cérémonie au Pentagone, le ministère de la défense à Washington, qui avait été l’une des cibles des attentats du 11-Septembre.

    Barack Obama a aussi appelé à «trouver la force de faire face aux menaces qui persistent, même si elles sont peut-être différentes d’il y a douze ans». La veille, dans un discours solennel aux Américains, il avait accepté de laisser une chance à la diplomatie avant de déclencher d’éventuelles frappes en Syrie, après une attaque aux armes chimiques qui a fait plus de 1 400 morts dans ce pays le 21 août, selon le renseignement américain.

    Lire aussi le fil de la journée sur la crise en Syrie

    Contexte sombre

    A New York, une minute de silence a été également observée à 9h03, à l’heure où la deuxième tour avait été frappée, à 9h37, heure de l’attaque contre le Pentagone, et 10h03, quand le quatrième avion de ligne détourné par un commando d’Al-Qaeda s’était écrasé dans un champ à Shanksville, en Pennsylvanie, entre Washington et New York, après une intervention désespérée des passagers ayant appris ce qui se passait.

    Près de 3 000 personnes avaient été tuées dans ces attentats, dont 2 753 à New York, dans l’effondrement des tours du World Trade Center. L’effondrement des tours - la tour Sud à 9h59, la tour Nord à 10h28 - a également donné lieu, comme chaque année, à une minute de silence. Certains parents et proches avaient apporté des photos, ont glissé des roses dans le nom des victimes, gravé sur les deux immenses bassins construits là où se dressaient les tours. La lecture de la liste interminable était rythmée par des mots d’amour aux disparus, lus par leurs enfants, père, mère, neveux, frères, sœurs...

    Le maire Michael Bloomberg, l’ancien maire Rudy Giuliani, le gouverneur de New York Andrew Cuomo et celui du New Jersey Chris Christie participaient à la cérémonie, tout comme Bill de Blasio, le candidat à la mairie, arrivé en tête mardi des primaires démocrates.

    La cérémonie se déroulait cette année dans un contexte particulièrement sombre, avec en arrière fond les tensions diplomatiques autour de la Syrie et l’inquiétude d’une majorité d’Américains, hostiles à une intervention dans ce pays, après deux guerres en Irak et Afghanistan qui ont couté des centaines de milliards de dollars et tué quelque 7 000 jeunes Américains.

    Barack Obama, qui a retiré le dernier soldat d’Irak en décembre 2011 et vise à faire de même en Afghanistan d’ici à fin 2014, a annoncé mardi soir avoir demandé au Congrès de repousser un vote sur l’usage de la force en Syrie, le temps d’explorer la voie diplomatique ouverte par la proposition russe de placer les armes chimiques syriennes sous contrôle international.

    Rappelant que l’option militaire restait toutefois sur la table, Barack Obama a promis aux Américains que dans ce cas, il ne «s’agirait pas d’un autre Irak ou d’un autre Afghanistan», et que les Etats-Unis n’enverraient pas de soldats au sol. Il s’est cependant dit déterminé à maintenir la «pression» sur le régime du président Bachar al-Assad.


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  • Brésil: Le Jour de l'Indépendance marqué par des manifestations

    Créé le 07/09/2013 à 17h52 -- Mis à jour le 08/09/2013 à 09h46
    Heurts entre police et manifestants à Rio de Janeiro, le 7 septembre 2013 au Brésil
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    Heurts entre police et manifestants à Rio de Janeiro, le 7 septembre 2013 au Brésil Yasuyoshi Chiba AFP

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    SOCIAL - Des heurts se sont produits à Brasilia, Rio de Janeiro et Sao Paulo, faisant des dizaines de blessés et entraînant de nombreuses arrestations...

    Des milliers de manifestants sont descendus dans les rues des principales villes du Brésil samedi, Jour de l'Indépendance, dans l'espoir de retrouver l'élan de la fronde sociale qui a secoué le pays en juin. Des heurts se sont notamment produits entre manifestants et policiers à Brasilia, Rio de Janeiro et Sao Paulo, faisant des dizaines de blessés et entraînant de nombreuses arrestations.

    Les manifestations ont été convoquées sur les réseaux sociaux dans 135 villes mais ont rassemblé beaucoup moins de monde qu'en juin quand plus d'un million de jeunes avaient pris d’assaut les rues pour réclamer l'amélioration des services publics et la fin de la corruption en politique. Ils s'élevaient aussi contre les sommes colossales investies dans l'organisation de la Coupe du Monde en 2014 au Brésil. Selon un décompte du site d'information G1, quelque 17.000 personnes ont manifesté samedi à travers le pays.

    Jets de pierres

    Après avoir dénoncé la corruption de la classe politique devant le Parlement, des centaines de manifestants ont tenté de forcer le barrage policier qui protégeait à Brasilia le stade Mané Garrincha avant le match amical de football Brésil-Australie que la Seleçao a remporté 6-0. Ils ont été repoussés par la police avec des gaz lacrymogènes.

    Poursuivis par la police montée, les manifestants ont répondu en lançant des pierres, transformant la principale voie d'accès au stade en un champ de bataille envahi par la fumée des gaz lacrymogènes. «Je renonce au Mondial et je veux de meilleures éducation et santé», était l'une des devises des manifestants samedi. Plus tard, la police a de nouveau lancé gaz lacrymogènes et jets d'eau sur les protestataires massés à 500 mètres du Parlement.

    A Rio et Sao Paulo aussi

    La police a également attaqué avec des vaporisateurs de poivre un groupe de journalistes -dont un photographe de l'AFP qui a dû être soigné à l'hôpital- qui protestaient parce qu'un de leurs collègues avait été mordu par un chien policier. Au moins 39 personnes ont été arrêtées dans la capitale du pays, selon la police. A Rio et Sao Paulo, les affrontements entre policiers et manifestants ont redoublé à la tombée de la nuit, dirigés par des membres encagoulés du groupe anarchiste Black Bloc.

    Au centre de Sao Paulo, trois manifestants ont été renversés par un automobiliste qui tentait d'échapper à la manifestation. Les protestataires ont saccagé des agences bancaires et mis le feu à des poubelles pour faire des barricades et détruit une voiture de police, selon la police citée par le site d'information G1. 39 personnes ont été arrêtées, selon la même source.

    A Rio, la police a dispersé en soirée avec des gaz lacrymogènes quelque 300 manifestants qui tentaient de s'approcher du Palais du gouverneur de l'Etat dans le quartier de Laranjeiras. Des abris de bus et des panneaux de signalisation ont été détruits par les manifestants qui ont aussi mis le feu aux poubelles. Les mobilisations avaient commencé tôt le matin dans le pays, en marge des défilés militaires du jour de la Patrie.

    Au moins 14 blessés et 80 arrestations

    A Rio, une centaine de manifestants, dont plusieurs étaient masqués en dépit de l'interdiction décrétée par la justice, ont envahi le défilé militaire organisé sur une avenue centrale, créant une grande confusion. La police a riposté avec des gaz lacrymogènes et une partie du public a pris la fuite. Au moins quatorze personnes ont été blessées et 80 manifestants arrêtés, selon G1.

    La sécurité a été renforcée dans toutes les villes et notamment à Brasilia où la présidente Dilma Rousseff a assisté au traditionnel défilé militaire qui s'est déroulé dans le calme mais que le public a boudé. Vendredi soir, Mme Rousseff -dont la popularité a chuté de 63% à 30% après les manifestations de juin- a reconnu dans une allocution télévisée que le pays avait des problèmes «urgents» à résoudre mais a appelé à moins de pessimisme et à faire valoir les progrès obtenus dans le pays.

    Dans d'autres grandes villes du pays les manifestations ont été moins violentes mais à Salvador, Fortaleza, Belo Horizonte et Cuiaba des dizaines de personnes ont été interpellées.

    Avec AFP

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  • Tony Abbott, le « moine fou » à la tête

    de l’Australie

    Peut-on annoncer une victoire avant même le résultat d'une élection ? Dans le cas de Tony Abbott, l'affirmative s'impose de fait. Alors que les Australiens sont appelés à voter pour les élections législatives, samedi 7 septembre, le triomphe du chef de file des libéraux est déjà reconnu de tous. Car pour celui qui, sauf coup de théâtre de dernière minute, deviendra bientôt le 29e premier ministre du pays, la victoire la plus précieuse ne sera pas le résultat des urnes, mais bien celle d'être passé de "M. Inéligible" à "l'homme providentiel".

    Dernier jour de campagne, jeudi 5 septembre, dans les allées du marché aux fruits et légumes de Flemington, dans la banlieue ouest de Sydney. Alors que Tony Abbott évolue parmi les étals, posant volontiers pour les objectifs avec les bambins tendus à bout de bras par des parents ravis, Nio Barbaro, un producteur d'œufs de la région, originaire d'Italie, s'agenouille aux pieds du candidat. "Est-ce que vous êtes le bon ? On a besoin de vous pour réparer le pays." "Oui, mon ami", répond calmement Tony Abbott, avant de se laisser embrasser sur le front par le vieil homme. La scène, quasiment biblique, résume à elle seule le tour de force réalisé par le conservateur.

    Tony Abbott revient pourtant de très loin. Né à Londres en 1957, il arrive en Australie à l'âge de trois ans. Inscrit à l'université jésuite de Sydney, le St Ignatius College, il se fait notamment remarquer pour ses qualités sportives, et devient un membre éminent de l'équipe de boxe de l'établissement. Mais le sport n'est qu'un loisir pour celui qui, à 26 ans, décide d'entrer au séminaire pour devenir prêtre. Tony Abbott renoncera finalement à sa vocation, trois ans avant d'entrer dans les ordres. De ces années de jeunesse, Tony Abbott gardera une proximité avec l'Eglise, un sens du traditionalisme, et un surnom, "le moine fou".

    Son parcours, ensuite, illustre bien toutes les contradictions de l'homme. Sous l'influence de son mentor, l'ancien premier ministre libéral John Howard, Tony Abbott se lance en politique. En 1994, il est élu député dans la circonscription de Warringah, dans la banlieue nord de Sydney. Propulsé ministre de l'emploi puis de la santé dans les gouvernements de John Howard (2001-2007), il se taille au fil des années une réputation de combattant politique agressif, avec lequel il est difficile de traiter. "Un politicien doit être un chef, mais ne peut pas être un dictateur", expliquait-il dans l'un de ses premiers essais, "les partis politiques, comme les équipes de rugby, ont besoin d'hommes forts."

    Après la victoire des travaillistes en 2007, Tony Abbott devient un membre de premier plan de l'opposition. En 2009, il est finalement élu par ses pairs pour diriger le parti, malgré ses dérapages réguliers qui lui valent les quolibets de la presse australienne. Farouche opposant au mariage homosexuel, Tony Abbott se fait connaître pour ses sorties misogynes, considérant notamment l'avortement comme "une solution de facilité", et ses positions climato-sceptiques, qualifiant le réchauffement climatique de "connerie absolue".

    Peu réputé pour sa finesse d'esprit, il est ainsi caricaturé en maillot de bain moulant et traditionnel bonnet des sauveteurs en mer, tenue qu'il arbore à chaque manifestation sportive à laquelle il participe. Dans une note datée de 2007 et publiée par WikiLeaks,
    un ancien ambassadeur américain en Australie qualifiait ainsi le conservateur d'"homme marqué très à droite et qui polarise", avec une "forte propension à se montrer insensible et à provoquer la controverse". "M. Inéligible", avait résumé l'un des poids lourds du parti libéral, alors que sa place de leader était controversé.

    Après l'arrivée au pouvoir de Julia Gillard, en 2010, Tony Abbott campe pourtant encore un peu plus sur ses positions, ce qui lui vaut d'être qualifié de machiste par la première ministre en personne en plein Parlement, dans un discours qui a fait date. Elle répondait notamment à une sortie de Tony Abbott qui, voulant critiquer la taxe carbone mise au point par le gouvernement Gillard, avait expliqué que "les femmes au foyer australiennes doivent comprendre que si elles apportent leur linge à repasser au pressing, elles vont payer plus cher, mais en même temps, leur facture d'électricité sera plus élevée si elles font leur repassage elles-mêmes".

    Dans la même période, Tony Abbott a également été accusé d’avoir agressé physiquement, dans les années 1970 alors qu’il était étudiant, une rivale lors d’une élection interne au sein de l’université. Des accusations que le leader des libéraux a toujours réfutées.

    Mais alors, qu'est-ce qui a permis à Tony Abbott d'être le prochain habitant du Lodge à Canberra, la résidence des premiers ministres ? "Ces derniers mois, Tony Abbott a énormément travaillé pour lisser son image", analyse Lisa Hill, professeure en sciences politique à l'université d'Adélaïde. "La carte familiale était son va-tout".

    Honni par une large majorité des Australiennes, Tony Abbott a en effet su miser ces derniers mois sur la personnalité de sa femme et surtout de ses deux filles, Bridget et Frances, respectivement 20 et 22 ans. Les deux jeunes femmes ont ainsi fait des apparitions régulières à ses côtés, cherchant à donner une image différente de l'homme politique."Pour être honnête, papa est super cool", expliquait ainsi Frances dans une interview très remarquée au Sun Herald, c'est "la personne la plus cool et calme que je connaisse. C'est difficile de le décrire, mais ce n'est vraiment pas un gros idiot comme on voudrait le faire croire". Toutes deux en faveur du mariage homosexuel, elles ont contribué à adoucir l'image de Tony Abbott, dont le rôle de père avait jusque-là été résumé au fait qu'il avait demandé à ses filles de rester vierges jusqu'au mariage. La tâche était toutefois difficile, comme le prouve la dernière gaffe de leur père, qui, dans un message diffusé vendredi 6 août, explique qu'il faut voter pour lui parce qu'il est "le mec avec deux filles pas désagréables à regarder".

    Mais si le conservateur a beaucoup travaillé sur son image, abandonnant le plus souvent possible son costume de sportif dénué de sentiments, "il a avant tout profité du fait que les travaillistes s'entretuent en face", explique Zareh Ghazarian, analyste politique à la Monash University. Le chaos dans le camp adverse a en effet laissé un boulevard aux libéraux pour s'imposer dans le cœur des Australiens. "Le résultat, c'est que Tony Abbott est toujours assez impopulaire, mais que les libéraux vont gagner", analyse le spécialiste.

    Son adversaire, l'actuel premier ministre travailliste, Kevin Rudd, s'est en effet échiné durant toute la campagne pour faire ressortir le spectre de ce Tony Abbott mal-aimé. Qualifié par son opposant de violent et d’extrémiste prêt à faire plonger l'Australie dans l'austérité, Tony Abbott "a eu la force incroyable de rester calme et de ne pas rentrer dans le jeu du dénigrement", explique Zareh Ghazarian. En se hissant au dessus du débat, il n'a cessé de répéter la formule magique sur laquelle il a bâti sa campagne : "La fin des dépenses inutiles, la fin des bateaux de demandeurs d'asile, la fin de la taxe carbone."

    Forts de leur avance dans les sondages, les libéraux se sont même offert le luxe de ne dévoiler le budget de leur programme que deux jours avant le scrutin. Celui-ci montre assez classiquement des coupes drastiques notamment dans l'aide extérieure de l'Australie et dans le secteur public. Symbole toutefois de la marque de Tony Abbott dans le parti, l'un des projets les plus ambitieux du programme met en place l'un des plus généreux congés maternité au monde, destiné directement à séduire l'électorat féminin. Une stratégie payante, à en croire les sondages, puisqu'il devance de plus de dix points son adversaire dans les derniers sondages.

    Interrogé par The Economist, David Marr, l'auteur de la biographie de Tony Abbott, Animal politique, affirme que l'Australie "n'a jamais connu un potentiel premier ministre dont le comportement soit si difficile à prédire". "Parce qu'il n'a été jusque-là qu'un chien d'attaque focalisé sur le fait de gagner les élections, sa capacité à gouverner en tant que premier ministre est tout à fait inconnue."


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