• Étonnante hypocrisie en territoire français, à 50 km de La Jonquera   LA CLAU

    La prostitution en appartement reste taboue en Roussillon

    Dimanche 27.3.2011. 00:00h Les esprits scandalisés par la présence de la prostitution dans la région de l'Empordà, autour de Figueres, font l'impasse sur les activités similaires pratiquées à Perpignan, sous des appellations variées. La place que réserve la société au sexe à péage reflète profondément l'âme de la France, et celle de l'Espagne. 

    En octobre 2010, l'inauguration du "Paradise", véritable industrie du sexe construite dans la commune de La Jonquera, à 48 km de Perpignan, avait suscité de nombreuses réactions. En Roussillon, le Mouvement Démocrate, dénonçait une "exploitation de la femme", conçue comme une "marchandise". Pour sa part, la vice-présidente du Conseil Général des Pyrénées-Orientales, Ségolène Neuville, résumait en janvier dernier la prostitution en maisons closes, en réalité généralisée en Espagne, ou encore en Belgique, à la seule "frontière" catalane. Une seule zone, voisine du Roussillon, résumait ainsi un ensemble de situations avérées. En février, le tour est venu de la députée socialiste Danielle Bousquet, élue du département des Côtes d'Armor, d'évoquer La Jonquera, où "90% des clients viennent du Sud, de Marseille à Perpignan". Dans une certaine ingérence, Mme Bousquet a suggéré dans la foulée de pénaliser les clients, quelle que soit leur nationalité.

    En dehors de tout débat éthique, ces prises de position sont le fruit de la découverte tardive de réalités évidentes, et banalisées, car le sexe tarifé, y compris en masse, existait déjà en 1950, comme en 1990, notamment dans la ville de Figueres, avec déjà une consommation accrue de Catalans du Nord. Mais une certaine classe politique évite sa propre proximité, celle de la quinzaine d'annonces suggestives publiées quotidiennement par la presse majoritaire, dont les Journaux du Midi, ainsi que plusieurs journaux d'annonces gratuites des Pyrénées-Orientales. Sans équivoque possible, ces services sont généralement proposés dans une rubrique intitulée "détente". Ces derniers jours, une jeune femme y invitait les hommes à la rejoindre à Canet-Plage, tandis que se signalait une "dame très sympa" qui "reçoit pour câlins" à Perpignan intra-muros, tout comme une autre professionnelle, qui sollicitait les clients en "besoin de lâcher prise".

    Cette prostitution de fait en Roussillon, maquillée par l'hypocrisie des mots, est évidemment identique à celle de La Jonquera, la dimension de masse en moins. Sans détails lubriques, ni tarifs, dans une discrétion toute française, elle se présente parfois même sous des formules romantiques, mais la réalité reste la même en matière de traitement réservé à l'identité de la femme. Cependant, les traditions culturelles sud-catalane et espagnole, qui consistent à appeler un chat un chat, divergent du style hexagonal, dans l'euphémisme et la suggestion. La persistance, voire le développement du sexe à péage dans les Pyrénées-Orientales, à la faveur de la crise, soulève des questions, en bonne partie identiques à celles que suscite la Catalogne du Sud.


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  • DRAGONS CATALANS

    Edition du 01 04 2011

    DRAGONS CATALANS Franchise : on remet ça ?

    Franchise : on remet ça ?

    © Jean-Luc Bobin

     

    C' est dans la boîte ! Ou presque. Le dossier de candidature des Dragons sera bel et bien déposé dans les temps, cet après-midi, dans les locaux de la RFL (au Red Hall de Leeds). L'objectif : décrocher une nouvelle franchise synonyme de trois années supplémentaires en Super League. Une bonne chose de faite. Mais au fait... qu'est-ce qu'il y a dans ce fameux dossier ? En réalité, il ne s'agit que d'une longue série de critères (20 pages) exigés par la RFL, et ce pour chaque club. Le prétendant à une franchise se doit d'en remplir le plus grand nombre en intégrant au dit-dossier, une quantité faramineuse de documents annexes (environ 200 pages), gages de sa bonne foi.


    Tous ces fameux critères sont répartis en dix catégories bien distinctes : Commercial, Supporters, Marketing, Medias, Community (social), Finances, Gouvernance (administration), Sportif, Stade et Conclusions. Toutes traitées dans le moindre détail. Comme jouer dans un stade digne de ce nom. D'une capacité minimale de 12 000 places couvertes dont 5 000 assises. Mais aussi consolider une véritable politique de formation (contrairement aux exigences de 2008, qui ne concernaient que l'équipe fanion). Sans oublier une participation aux play-offs lors des trois dernières saisons, une moyenne annuelle de 5 000 abonnés, la multiplication des événements, même l'encadrement doit présenter un casier judiciaire vierge...


    Bref, un travail colossal dont Christophe Jouffrey, directeur général des Dragons, et Christophe Levy, le manager, se sont vus confier la lourde tâche.

    Condition sine qua non pour côtoyer le gratin européen jusqu'en 2014.   « Prenez Saint-Helens, par exemple. Ils ont été obligés de construire un nouveau stade. Du coup, ils ont déménagé à Widnes jusqu'à la fin de la saison et accusent une perte de 40 % de supporters. Il faut parfois faire des sacrifices énormes pour rester dans les critères, même quand on compte des titres et des finales à la pelle ».
     
    « Catalan experience »

    Car une fois le dossier entre ses mains, la RFL visite les structures de chaque club (courant mai) et attribue après vérification un certain nombre de points en fonction du critère rempli. Le total obtenu donne droit - ou pas - à une licence de Super League. Une licence d'une catégorie différente (A, la plus élevée, B ou C) selon le nombre de points récoltés.


    Alors, confiants les Dragons ? Bien évidemment. Parce qu'en plus d'un budget et d'un capital en hausse, d'un président crédible aux yeux des « British » et d'un soutien sans faille, même outre-Manche, les Dracs ont une botte secrète. Laquelle ? La « Catalan experience ».   « Nous sommes très forts au niveau local, même international, et paradoxalement beaucoup moins au niveau national, où seule l'excellence de nos résultats sportifs nous propulse dans la lumière. Notre objectif sur ces trois prochaines années, c'est de confirmer notre statut de leader touristique. On a fêté notre 100 000e visiteur anglais l'an passé. Et on voudrait intégrer le Top 4 des destinations pour un fan de rugby à XIII (après le Magic Week-end, Wembley et Old Trafford, ndlr) ».


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  • Retour de l'affaire "Bouille" de Sant-Cyprien et la fraude électorale de Perpignan

    Deux affaires judiciaires de 2008 refont surface en Pays Catalan

    Jeudi 24.2.2011. 00:15h Le serpentin de l'affaire  de corruption à tiroirs soulevées fin 2008 à Saint-Cyprien, avec 20 mises examens à la clé, a produit un nouvel épisode, sans conséquences judiciaires, depuis ce mardi. Le président du port de la ville, Serge Pallarès, a été interrogé par la justice, sans conséquence. En parallèle, l'affaire dite de la "chaussette" de Perpignan fera l'objet d'un procès avant l'été.

    Deux affaires judiciaire distinctes, toutes deux survenues ou déclenchées en 2008 en Pays Catalan, remontent e surface cette semaine. Dans le cadre de affaire dite "Bouille", mise au jour en décembre de cette année-là, avant la fin tragique du maire UMP de Saint-Cyprien, Jacques Bouille, en mai 2009, une nouvelle interpellation, suivie d'une remise en liberté très rapide s'est déroulée ce mardi. Serge Pallarès, directeur du port de Saint-Cyprien, également président de la Fédération Française des Ports de Plaisance (FFPP) et du prestigieux programme de coordination maritime européenne "Odyssea", a été interrogé par la Police Judiciaire (PJ) de Perpignan sur demande rogatoire des deux juges d'instruction saisis du volet de l'affaire Bouille, portant sur des actes de corruption et des malversations. M. Pallarès, reconnu comme l'un des acteurs principaux du développement du port de plaisance de Saint-Cyprien, avait fait l'objet en 2009 d'une série de rumeurs véhiculées par des corbeaux au sujet d'une éventuelle garde à vue. Ce nouvel épisode, conclu par une remise en liberté sans charge, prolonge dans l'actualité le scandale côtier qui a secoué les Pyrénées-Orientales lors des 9 premiers mois de 2009, avec à ce jour 20 mises en examen.

    Un autre affaire, celle-ci liée à Perpignan, est aussi réapparue, ce mercredi. Marie Madeleine Tjoyas, ancienne première adjointe de la Ville de Perpignan, élue en mars 2008 aux côtés de l'ancien maire, Jean-Paul Alduy, avant de démissionner en octobre de la même année, est rappelée par la justice au sujet de l'affaire de la fraude observée dans le bureau n°4 de la capitale du Roussillon. Un autre prévenu, Georges Garcia, l'homme dans la poche et la chaussette gauche duquel ont été retrouvées 7 enveloppes électorales, 5 pour liste de l’opposition socialiste menée par Jacqueline Amiel-Donat, deux pour la liste du maire, et 4 autres bulletins au nom du maire, est également renvoyé devant le tribunal correctionnel. L'action menée par les juges instruction chargés de ce dossier laisse ainsi entendre une nouvelle médiatisation de l'affaire dite de la "chaussette", lors d'un nouveau procès. En effet, la police scientifique certifie l'existence de 8 signatures falsifiées sur les registres d'émargement municipaux, en représentation d'électeurs supposés absents lors du scrutin. Ces imitations pourraient avoir été réalisées à M. Garcia, électricien à la retraite, et Mme. Tjoyas, architecte reconnue et actuelle vice-présidente du Conseil Régional de l'Ordre des Architectes du Languedoc-Roussillon. Le procès, qui pourrait se dérouler avant la saison estivale, devrait comporter une étude détaillée de la fraude, très localisée, ou massive, selon l'avis de l'opposante Jacqueline Amiel-Donat, reprenant les mots du Conseil d'Etat. Sur son blog personnel, celle-ci évoquait ce mercredi soir une "insulte à la démocratie" et jugeait que les "responsables" doivent être "jugés, condamnés et punis".

    Palais de justice de Perpignan © La Clau
    Palais de justice de Perpignan © La Clau






     

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  • Commentaire : Jordi Barre savait très bien ce qu'il devait à Jordi Pere Cerdà ...

    Le commencement, avec les textes de ce premier disque chez Edigsa (1963), et ceux de la « La Fira de Perpinyà » (1968). Et Jordi Pere Cerdà sait très bien ce  que Barre ne lui doit pas : tout le reste. La veine populaire (au sens noble du terme), et son extraordinaire popularité.


    Cerdà, dans le bref commentaire qu'il fait à "Radio Arrels", dit en substance qu'il a accompagné Barre
    jusqu'au moment où il s'est rendu compte que leurs propos artistiques étaient trop différents.

    L'un est devenu le chanteur « adulé des Catalans », comme dit le Midi-Libre, l'autre un écrivain élitiste à force d'exigence.

    Pourquoi faudrait-il les mettre en concurrence, eux qui se respectaient mutuellement ? Lorsque Jordi Barre a voulu montrer qu'il savait faire autre chose que des chansons à reprendre tous en choeur devant l'inévitable drapeau rouge et jaune, c'est encore un poème de Jordi Pere Cerdà qu'il est allé chercher pour en faire une cantate.

    Et pas n'importe lequel, mais un bien dur et coriace, sans barretina ni Canigou. Qu'un homme politique en période électorale se précipite derrière la foule des admirateurs, cela se comprend.

    Mais il ne serait dramatique que, profitant de l'émotion suscitée par la mort de Barre, s'impose l'idée qu'il n'y a de « catalan » que le « populaire » et mon beau petit pays. La cantate de Cerdà-Barre, elle ne s'appelle « O Rosselló », mais « O món ».


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  • Ladisparition de l'artiste est aussi celle d'une époque révolue

    Avec Jordi Barre, c'est un certain Pays Catalan qui décède

    Vendredi 18.2.2011. 05:15h Les 90 années de vie et d'Histoire traversées par le chanteur et compositeur Jordi Barre, disparu ce jeudi, rappellent les bouleversements vécus par le monde depuis près d'un siècle. Dans les Pyrénées-Orientales, il s'agit du basculement d'une société catalanophone vers une société francophone.

    Le décès de Jordi Barre, ce jeudi 16 février 2011, ne saurait se limiter à la disparition d'un grand homme, force de la nature, dont la traversée du temps, des époques et des modes, n'aura en rien perturbé la détermination artistique. Détermination à vivre par la musique et la poésie, qui l'auront amené à épouser les ambiances scéniques chères à Fred Astaire, dans les années d'avant-guerre, lorsque la société du Pays Catalan connaissait une forme d'insouciance, en particulier à Perpignan. De ses années jazzy 50-60, jusqu'à son duo avec le rappeur R-Can, enregistré en 2010 à Perpignan, Jordi Barre aura même exploité la veine pop et disco façon Abba, avec le groupe Pa Amb Oli, de 1979 à 1982, avant d'écrire et interpréter une cantate, "O món", en 1996.

    Ce parcours exceptionnel, sans dispersion malgré ses contrastes, a eu pour fil directeur la terre de naissance du chanteur, devenu catalophone sur scène sur la fin de sa carrière. Surtout, au fil des bouleversements du XXe siècle et du début du XXIe, Jordi Barre a porté une mémoire populaire, issue d'une ancienne société nord-catalane entreprenante et soudée, massivement catalanophone. Cette société, dont l'acte de décès est désormais consacré, a muté depuis plusieurs décennies vers une nouvelle séquence historique, dont la composante permanente est le soleil. Ses excès ont été poétiquement décrits par l'artiste, dans une chanson de son entière composition, "La torra d'en Sorra".

    Depuis ce jeudi, la presse conventionnelle évoque largement la mort du chanteur "catalan", signe que le distinctif identitaire est devenu nécessaire, alors que les mêmes médias s'économisaient cet appendice dans les années 1990. Ce changement de temps, qui contient une réduction au simple rôle de communauté d'un "peuple catalan" dans les Pyrénées-Orientales, illustre à la fois le parcours de vie de Jordi Barre, et celui du territoire. Mais loin de toute considération sociologique, l'artiste "a pu faire ce qui lui plaisait", selon les mots du vieux poète et écrivain Jordi pere Cerdà, également né en 1920, recueillis ce jeudi.

    Comme cet autre témoin de changements de l'histoire accrus en Catalogne du Nord, Jordi Barre aura connu le temps d'une langue catalane banalement nécessaire pour communiquer avec tous, puis celui du catalan honteux, honni de l'Ecole et des sphères de prestiges, avant la séquence inconnue du présent, entre le souvenir effiloché et l'envie mesurée d'une timide reconquête culturelle et économique, portée par les lumières de Barcelone.

    Entre-temps, lorsque "Georges", selon son prénom français, animait les bals avec ses orchestres, la langue catalane était majoritaire. Puis est venu le temps de "Jordi", comme pour accompagner sa disparition progressive dans les couches populaires.

    Jordi Barre, en direct sur Ràdio Barcelona, 1963 © Archives La Clau Jordi Barre reçoit la Creu de Sant Jordi des mains du président catalan Jordi Pujol, Barcelone, 1992 © Archives La Clau Jordi Barre avec le groupe El Fanal Sant Vicenç, Perpignan, 1975 © Archives La Clau
    1-Jordi Barre, en direct sur Ràdio Barcelona, 1963 © Archives La Clau
    2-Jordi Barre reçoit la Creu de Sant Jordi des mains du président catalan Jordi Pujol, Barcelone, 1992 © Archives La Clau
    3-Jordi Barre avec le groupe El Fanal Sant Vicenç, Perpignan, 1975 © Archives La Clau


     

     

    Jordi Barre savait très bien ce qu'il devait à Jordi Pere Cerdà : le commencement, avec les textes de ce premier disque chez Edigsa (1963), et ceux de la « La Fira de Perpinyà » (1968). Et Jordi Pere Cerdà sait très bien ce que que Barre ne lui doit pas : tout le reste. La veine populaire (au sens noble du terme), et son extraordinaire popularité.



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