Nouveaux maîtres d'une partie de l'Irak, les djihadistes de l'Etat islamique (EI) continuent à faire la loi dans les zones qu'ils contrôlent. Mardi, ils ont justifié la destruction de sites religieux dans la deuxième ville irakienne, Mossoul, par le fait qu'ils avaient été édifiés sur des sépultures, apparentant cela à de l'idolâtrie. Cette explication a été publiée sous la forme d'un communiqué :
« La démolition de structures érigées sur des tombes est une question très claire du point de vue religieux. Nos pieux prédécesseurs ont procédé ainsi (...) et il n'y a pas de débat sur la légitimité de démolir ou d'éliminer ces tombes et sanctuaires. »
Le texte fait référence à la démolition par Mohammad Ibn Abdel Wahhab – fondateur du wahhabisme, une forme stricte de l'islam suivie par les djihadistes – d'un dôme érigé sur la tombe de Zayd Ibn al-Khattab, le frère du second calife de l'islam (VIIe siècle). Khattab, qui serait mort héroïquement au combat, avait acquis une renommée posthume, et Abdel Wahhab voyait dans le dôme construit sur sa tombe un objet d'idolâtrie.
DES MENACES SUR D'AUTRES ÉDIFICES
Au cours des derniers jours, l'EI a détruit plusieurs des principaux sites religieux de Mossoul, devenue de facto la capitale du « califat » proclamé fin juin par le groupe sur les zones qu'il contrôle en Irak et en Syrie. Parmi ces sites figurent la tombe du prophète Jonas (Nabi Younès) et le sanctuaire du prophète Seth (Nabi Chith), considéré comme le troisième fils d'Adam et Eve dans la tradition juive, islamique et chrétienne.
Les djihadistes ont également menacé de détruire le « bossu », surnom d'un minaret légèrement incliné construit au XIIe siècle, trait caractéristique du paysage de la ville. Selon l'EI, toutes les écoles de jurisprudence islamiques « s'accordent sur le fait que l'usage d'une mosquée construite sur une tombe est contraire à l'islam ». Une position que contestent de nombreux spécialistes.
Harith al-Dhari, président du comité des oulémas musulmans, principale organisation sunnite en Irak, a fermement condamné la démolition des lieux de culte par l'EI. Le comité qualifie ces destructions d'« immense perte pour lapopulation de Mossoul qui voyait ces mosquées comme des lieux emblématiques (...) comme partie de sa culture et de son histoire », a déclaré dans un communiqué ce dignitaire, pourtant longtemps considéré comme un soutien de l'EI.
Lire aussi notre article : La France prête à « favoriser l'accueil » des chrétiens fuyant l'Irak