• Société

    Tournantes de Fontenay-sous-Bois : un verdict dérisoire

    <time datetime="2012-10-11T13:39:53+02:00" itemprop="datePublished">11 octobre 2012 à 13:39   </time>lien

    La cité des Larris de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), où les deux jeunes femmes ont été victimes de viols collectifs.

    La cité des Larris de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), où les deux jeunes femmes ont été victimes de viols collectifs. (Photo Stephane de Sakutin. AFP)

    Seuls quatre des accusés ont été condamnés. Au plus à un an ferme.

    Par ONDINE MILLOT

    Les téléphones sonnent, en boucle, depuis ce matin. «Expliquez-nous», demandent les journalistes à Me Clotilde Lepetit et Laure Heinich, avocates des deux parties civiles au procès des tournantes de Fontenay-sous-Bois. Le verdict, rendu cette nuit à 1 h 30 du matin, laisse tous ceux qui ont suivi ce procès «du dehors» (l’audience avait lieu à huis clos, les accusés et parties civiles étant mineurs au moment des faits) perplexes. Quatre condamnations sur quatorze accusés. Des peines allant de trois ans avec sursis à un an ferme. Un seul accusé incarcéré à l’issue de l’audience (les autres avaient déjà purgé leur peine en détention provisoire).

    Cela paraît peu pour un crime – le viol en réunion – passible de vingt ans de prison. Cela paraît dérisoire lorsque l’on a écouté les récits de Nina et Stéphanie (1). Lorsqu’on les a entendu raconter ces hommes qui «faisaient la queue», parfois à cinq, parfois à dix, parfois à quinze ou vingt, attendant «leur tour» dans des cages d’escalier glauques ou des caves immondes, leur imposant fellation, viol anal, viol vaginal, à la chaîne. Cela paraît rien pour qui a pu lire certaines déclarations des accusés lors de l’enquête où, se dénonçant les uns les autres, ils avaient donné de nombreux détails qui avaient permis de valider leur implication et les déclarations de Nina et Stéphanie.

    Que s’est-il passé pendant ces quatre semaines de huis clos ? Les accusés ont nié, revenant sur l’intégralité de leur témoignage aux policiers. Certains ont affirmé qu’ils n’avaient rien fait. D’autres qu’ils avaient eu avec les deux jeunes filles, alors âgées de 16 ans, des relations «consenties». «Consentie», une sodomie dans une cage d’escalier avec un garçon croisé pour la première fois deux minutes avant. «Consenties», même spontanément «proposées», des fellations à des garçons rencontrés juste après avoir subi un viol collectif par des dizaines d’autres garçons. Nina et Stéphanie, a expliqué un des accusés à la cour d’assises, étaient «les plus grosses putes de Fontenay». Malgré les coups, malgré les brûlures de cigarettes, elles étaient «volontaires», elles «aimaient ça». «C’est ce type de défense, répétée durant tout le procès, qui a précédé ce verdict», soupire Laure Heinich. Qui non, décidément, ne trouve pas moyen d'«expliquer».

    (1) Le prénom a été modifié.


    votre commentaire
  • Porte-monnaie 10/10/2012 à 18h49

    Louis, éboueur à Marseille pour 1 737 euros par mois

    Emilie Brouze | Journaliste Rue89
    Imprimer

    Après un parcours atypique, Louis, syndiqué à FO, travaille depuis douze ans dans le nettoyage. Rue89 a passé son porte-monnaie au rayon X.

    Louis Schlosser dans les rues de Marseille, le 9 octobre 2012 (Emilie Brouze/Rue89)

    (De Marseille) Il y a douze ans, Louis Schlosser a débuté sa carrière d’agent public par un CDD de cantonnier dans le cimetière Saint-Pierre. Puis il a travaillé à bord d’une arroseuse-balayeuse, sans passion : Louis a préféré « le balai » le long des caniveaux.

    Pendant six ans, il a ensuite été « rippeur » (« agent de collecte » en jargon administratif) dans les camions-bennes. A 53 ans, il travaille aujourd’hui de nuit comme « pointeur » (APU pour « Assistant de propreté urbaine », dans le lexique officiel) : depuis deux ans, il s’occupe des congés ou des feuilles de présence sur le secteur du VIIe arrondissement de Marseille.

    Avec « les gars », Louis « rigole » de ces changements d’appellation : pour son employeur (la collectivité), le mot éboueur (ou « boueux », qui enlève la boue), n’est plus usité. « On met le bleu, on se salit quand même », réplique-t-il. Louis travaille désormais dans un bureau, mais a le même statut que les autres éboueurs.

    Brancardier, climatisation, prison

    Louis a eu plusieurs vies avant le nettoyage. Il a quitté l’école avant d’obtenir un diplôme (« J’étais pas dans les fainéants mais pas dans les premiers rangs ») – il aurait rêvé être architecte.

    Assistant géomètre, employé dans la climatisation, brancardier parti de l’hôpital sur un coup de tête, serveur dans le restaurant familial... Sans oublier, de 20 à 35 ans, le service dans les boîtes de nuit, « déclaré au minimum ».

    A la fin des années 80, il a fait un peu de prison, aussi, pour avoir « rendu service à des copains » – il avait entreposé un camion détourné, rempli de cigarettes. « J’ai payé mes dettes. »

    « Ma mère me dit que je sais tout faire de mes dix doigts, les conneries comme les bonnes choses. »

    Ce célibataire, jamais marié, est aussi cinq fois parrain, tonton de beaucoup de petits, mais n’a pas d’enfants. « Je crois que c’est trop tard. C’est ma peine au cœur. »

    Louis à Marseille (Emilie Brouze/Rue89)

    « On ne travaille pas trois heures »

    Père artiste lyrique, mère coiffeuse puis restauratrice, Louis a toujours habité autour de Marseille (« Je ne suis pas pour le PSG, hein ») – excepté deux ans à Paris, « pour une fille ». L’homme, ensemble en jean, col en V blanc et souliers de ville, se range dans la classe moyenne. Et parle en bougeant les avant-bras. « Je suis une main trouée », répète-t-il au sujet de son porte-monnaie.

    « Fini-parti » en justice

    Le 19 janvier 2012, la justice a rejeté le recours d’un avocat marseillais qui souhaitait l’abrogation du « fini-parti », cette règle instaurée dans les années 60 par le maire Gaston Deferre. « Il pousse les éboueurs à bâcler leur travail », expliquait-il à La Provence.

     

    Le tribunal administratif n’a pas tranché sur le fond : elle a conclu l’irrecevabilité de la requête de ce riverain. Ce dernier a fait appel.

    Depuis son époque de brancardier, Louis est syndiqué à Force ouvrière – il est aujourd’hui délégué. Alors quand on parle éboueurs, il entame directement les dossiers de lutte.

    A commencer par le « fini-parti », une règle à l’avantage des éboueurs marseillais : ils peuvent partir une fois leur tournée terminée, sans avoir à justifier leurs horaires. Dossier sensible : l’usage est violemment critiqué (des habitants jugent qu’il pousse à bâcler le travail [voir encadré]). Ça l’offusque :

    « On ne travaille pas trois heures. Honnêtement, c’est plutôt 4h30-5 heures. »

    La nuit, les rippeurs arrivent à 20h30 (lui dit arriver en avance, à 20 heures) pour partir en camion à 21 heures. Louis estime l’heure de retour moyenne entre 23h30 et 23h45 :

    « Il arrive de rentrer plus tôt mais il faut voir au coup par coup : on ne peut pas comparer l’état des rues en période de soldes avec un dimanche soir d’été. »

    « Toujours critiqués, dévalorisés »

    Louis préfère pointer le fond des poubelles pour expliquer la saleté de certains quartiers. Dans la rue, il montre du doigt les conteneurs qui débordent en quelques heures et parle de l’incivisme :

    « Quand vous voyez ce que jettent les gens, c’est parfois désolant. »

    Il y a aussi toutes ces petites choses qu’un passant ne repère pas forcément. Les trottoirs un peu hauts qui obligent à soulever les poubelles et endolorissent les dos, les travaux qui compliquent les missions ou les voitures mal garées qui empêchent le passage des bennes.

    Face à sa réputation de ville sale, Marseille a dégainé en juin son plan propreté avec comme projet, notamment, d’encadrer le fini-parti ou de poser des GPS sur les bennes à ordure.

    Malgré cela, les éboueurs souffrent toujours d’une mauvaise image, estime Louis :

    « On le vit mal. On a le sentiment d’être toujours critiqués, dévalorisés, montrés du doigt. »

    Des poubelles dans les rues de Marseille, le 9 octobre 2012 (Emilie Brouze/Rue89)

    Revenus : 1 737 euros par mois

    • Salaire et primes diverses : 1 653 euros par mois

    En septembre, la communauté urbaine Marseille-Provence métropole (MPM) lui a versé 1 653 euros net, primes mensuelles comprises. Le salaire est de 1 278 euros net (1 660 brut), auquel il faut ajouter 375 euros net de primes.

    Prime de conduite (21,75 euros), prime de résidence (50 euros), « primes panier » (46,30 euros sur la fiche de paie de septembre) mais aussi prime pénibilité-salissure-nuit d’environ 250 euros. Cette dernière est moins élevée pour les éboueurs travaillant le jour : leur fiche de paie diffère d’environ 110 euros, assure Louis.

    Louis bénéficie aussi de dix-huit Tickets-restaurants (d’une valeur de 7,50 euros) qui lui coûtent 50 euros, déduits du salaire.

    • Prime de fin d’année : en moyenne 84 euros par mois

    A Marseille, les éboueurs n’ont pas de treizième mois mais une prime de fin d’année qui tombe en novembre (elle ne compte pas pour la retraite) : elle s’élève à maximum 1 310 euros brut (soit en moyenne 84 euros net par mois).

    Louis insiste : tous les éboueurs ne gagnent pas son salaire (la paie moyenne serait de 1 520 euros net par mois). Il a en effet grimpé les grades et réussi un concours pour passer en « classe 1 ». Louis a commencé comme cantonnier, il y a douze ans, à 1 200 euros net par mois.

    Dépenses fixes : 1 090 euros par mois

    • Logement : 250 euros par mois

    Louis est propriétaire d’une maison à Pennes-Mirabeau (Bouches-du-Rhône), achetée en indivision avec sa sœur, fin 1997. « C’est mon petit avantage pour la retraite. »

    Leur mère de 83 ans habite le rez-de-chaussée, lui vit au premier étage (en cours de rénovation). Sa sœur, 63 ans, restauratrice, dort au-dessus de son commerce. Cette dernière rembourse la plus grosse partie du prêt contracté (elle détient en fait plus de 75% du bien), soit 1 750 euros par mois. Ils ont « un deal » : Louis lui verse 250 euros et s’occupe, en échange, de tous les travaux de rénovation et d’entretien de la bâtisse :

    « Seul, je ne pouvais pas acheter et mon cordon ombilical familial n’est pas encore coupé. Mais on a été mal conseillé : l’indivision, c’est une plaie car s’il arrive quelque chose à ma sœur, je n’ai plus rien. »

    Chauffage, eau, électricité : Louis partage les charges de la maison avec sa mère.

    • Electricité : 80 euros par mois environ dont 40 euros pour Louis
    • Eau : 100 euros par mois environ dont 50 euros pour Louis
    • Chauffage : en moyenne 200 euros de chauffage par mois dont 100 euros pour Louis

    Ils viennent de changer la chaudière (pour la poche de l’éboueur), défectueuse, pour passer par la même occasion au gaz de ville.

    • Assurance habitation : 500 euros par an pour les murs (c’est la sœur qui paie), 300 euros par an pour le logement (c’est la mère qui règle).
    • Taxe d’habitation : Louis paie 240 euros par an, soit 20 euros par mois
    • Taxe foncière (« Vous êtes bien assis sur votre chaise ? ») : 2 400 euros par an : la sœur signe le chèque.
    • Impôts : 150 euros par mois

    « Je suis célibataire, j’habite seul... »

    • Frais bancaires : 7 euros par mois pour ses deux CB (dont l’une aux couleurs de l’Olympique de Marseille).

    « Je n’ai plus d’agios depuis deux ans : j’ai réussi à stabiliser ma situation. »

    La CB de l’OM de Louis (Emilie Brouze/Rue89)

    • Internet et téléphone fixe : 34 euros par mois
    • Portables : 34,80 euros par mois

    Louis a pris le forfait illimité de Free a 19,90 euros. Il a encore son ancien téléphone Bouygues (il vient de finir son contrat) qui lui sert plutôt à recevoir les appels de ses anciens contacts. Forfait : 14,90 euros par mois.

    • Mutuelle : 63 euros par mois

    Elle est prélevée sur son salaire : c’est celle des municipaux.

    « Avant, j’avais une grosse mutuelle qui me coûtait très cher – près de 150 euros par mois. Je m’en suis bien servi quand j’ai dû être opéré d’une hernie inguinale : j’ai été en arrêt pendant deux mois et demi. »

    • Transports en commun : 19,90 euros par an, soit 1,65 euro par mois environ

    Un avantage de travailler avec l’agglo : la carte bus-tramway-métro à prix cassé. « Je m’en sers pour éviter de circuler en voiture dans le centre. »

    • Remboursement du prêt : 340 euros par mois

    Il a contracté un prêt de 27 000 euros en 2009 pour régler ses arriérés, des frais de maison, de justice, rembourser des dettes... Il n’en reste plus rien.

    Dépenses aléatoires : environ 670 euros par mois

    • Alimentation : environ 150 euros par mois

    - Courses : Louis donne environ 100 euros par mois et tous ses Tickets-restos à sa mère, qui s’occupe des courses et des casseroles (« Elle cuisine trop bien »). « Si je vais avec elle, je paie le panier », précise-t-il. La semaine dernière, sa mère était aux champignons : il en a eu à la caisse pour 47 euros. Il dîne plutôt après ses heures de boulot :

    « J’aime pas le dire mais souvent, quand je rentre du travail, il y a un couvert, une serviette et un plat sur la table. »

    - Restaurants : environ 50 euros par mois

    « Je suis souvent dehors, souvent invité. J’essaie de renvoyer la pareille. Alors ça peut être rien pendant trois mois, puis 300 ou 400 euros dans le mois. Mais j’essaie de plus en plus de limiter ces extra-frais. »

    - Jardin : environ 20 euros par an (soit une moyenne de 2 euros par mois)

    60 m2 de terre derrière la maison pour y planter tomates, courgettes ou aubergines. Louis a construit un petit abri avec un système de récupération de l’eau de pluie :

    « Le jardin m’enlève quelques épines du pied à la fin du mois. Et puis ça me défoule, je m’y réfugie. »

    Il dépense quelques euros pour des graines, des plants à repiquer. Le jardin gonfle aussi la facture d’eau :

    « Entre voisins, collègues, on échange : par exemple, un bocal de champignons contre quelques plants de tomates. »

    Louis devant un café à Marseille, le 9 octobre 2012 (Emilie Brouze/Rue89)

    • Loisirs : environ 100 euros par mois

    Louis montait à cheval. Il joue toujours aux boules mais plus en compétition. Il fait aussi quelques sorties avec les collègues. Dimanche, il a par exemple le rallye (avec des énigmes), organisé par le comité d’entreprise qui propose aussi « des voyages à prix raisonnables » ou la soirée annuelle du personnel (« année 80, rétro... »).

    - Cinéma : le comité d’entreprise propose des carnets de dix places à 53 euros (soit environ 9 euros par mois). Louis estime en acheter deux par an : il y va trois ou quatre fois dans l’année et en « donne à [sa] mère ».

    - Sorties : environ 45 euros par mois

    « Tout dépend des périodes. Je ne suis pas un pilier mais je suis célibataire et j’aime faire la fête. »

    - Carte d’abonnement à l’Olympique de Marseille : 500 euros par mois soit environ 42 euros par mois.

    • Vacances : 660 euros par an, soit une moyenne de 55 euros par mois

    Louis au restaurant (Emilie Brouze/Rue89)

    Cet été, Louis est parti douze jours en Corse, chez des amis. Budget estimé : 600 euros. L’année dernière, il est allée « à la neige » chez un copain. Il fait aussi un aller-retour à Paris par an pour 60 euros.

    • Frais d’habillements : environ 500 euros par an, soit une moyenne de 42 euros par mois.

    « Je n’achète plus de marques. Je préfère avoir trois articles sympas et tendance plutôt qu’une grosse marque qu’on fait prendre l’air une fois de temps en temps. »

    • Transports : environ 320 euros par mois

    Louis a deux véhicules. Son père lui a offert une 207 en 2010, pour son anniversaire (une occasion à 6 500 euros). Il avait, peu de temps avant, acheté et revendu l’Audi de sa sœur, qui « faisait de l’huile ». Son prix a servi à changer la courroie de distribution de son ancienne C15, achetée en 1992. Il roule avec la C15 « pour le plaisir » et alterne les véhicules.

    - Frais d’entretien : environ 150 euros par an (soit 12,50 euros par mois) pour la 207 :

    « J’ai un ou deux collègues mécanos. Je donne trois paniers de tomates, deux aubergines et ils se chargent de changer les plaquettes ou faire la vidange. J’achète que les pièces. »

    Rien pour la C15 : « Vu l’âge, si elle devait me coûter quelque chose, je m’en séparerais. »

    - Essence : environ 200 euros de gasoil par mois (trois pleins à 60 euros). Louis fait la semaine environ deux voyages à Marseille pour aller travailler (32 km aller-retour), se rendre au syndicat boulevard d’Athènes, voir des amis, etc. Il scrute le prix de chaque pompe sur son trajet pour trouver la moins chère, quitte à faire « trois kilomètres de plus ».

    La C15 consomme « très peu » : 40 euros maximum à la pompe par mois.

    - Assurance : 500 euros par an soit environ 42 euros par mois pour la 207. 300 euros d’assurance par an pour la C15 (soit 25 euros par mois).

    • Animaux : 15 euros par mois de croquettes pour son chien

    Epargne : 0 euro

    Louis a une boîte en plastique qui lui sert de « petit cache-maille » : il y glisse de temps en temps « la monnaie dans la poche qui me gêne ». Il y a retrouvé plus de 200 euros avant de partir en vacances.

    Il n’a sinon jamais vraiment connu le mot épargne. « Plus dure sera la chute quand j’arrêterai de bosser », lance-t-il.

    La simulation de retraite, faite il y a quelques années, indiquait une pension de 695 euros par mois : « J’ai cru pleurer. »

    Pour partir à l’âge de 60-61 ans, Louis a racheté quelques trimestres il y a deux ans, à raison de 1 800 euros pendant dix-huit mois :

    « Aujourd’hui, je ne sais plus trop où j’en suis : ça a changé, ça va encore changer. Je crois que je suis dans une des tranches les plus critiques. »

    Louis pointe les différentes échelles d’indices (Emilie Brouze/Rue89)


    votre commentaire
  • Comme les entrepreneurs, les médecins refusent d'être pris pour des "Pigeons"

    Publié le 10/10/2012 | 18:19 , mis à jour le 10/10/2012 | 18:25   
    lien

    Comme les entrepreneurs avant eux, des médecins en colère utilisent le réseau social Facebook pour tenter de faire plier le gouvernement sur le dossier des dépassements d'honoraires.

    Comme les entrepreneurs avant eux, des médecins en colère utilisent le réseau social Facebook pour tenter de faire plier le gouvernement sur le dossier des dépassements d'honoraires.

    (ER PRODUCTIONS / AFP)
    0

    ECONOMIE - Les médecins ne veulent pas être plumés. Comme les entrepreneurs "pigeons" avant eux, des médecins en colère utilisent Facebook pour tenter de faire plier le gouvernement, alors qu'était présenté, mercredi 10 octobre en Conseil des ministres, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2013. Ce dernier prévoit 5 milliards d'euros de ressources nouvelles et plus de 2 milliards d'économies pour contribuer à l'objectif général de réduction des déficits.

    Comme pour les patrons de start-up, le mouvement grossit d'heures en heures sur le réseau social, dépassant désormais les 20 000 membres sur la page Facebook. FTVi revient sur cette nuée de médecins-pigeons qui fond le gouvernement.

    Qui sont-ils ?

    A l'origine, le mouvement a été lancé sur Facebook par Philippe Letertre, un chirurgien esthétique niçois. "Après le mouvement des entrepreneurs, je comptais créer un petit rassemblement d’une quinzaine de médecins du secteur II ", confie le docteur au Quotidien du médecin. Mais rapidement, "des spécialistes d'autres secteurs et de tous milieux" ont rejoint le mouvement, explique-t-il à France 2.

    lien
    Sur le mur Facebook, les témoignages s'accumulent, et certains annoncent même la création d'autres groupes dans la même veine, comme ici avec les chirurgiens-dentistes.
     

    (FTVI / CAPTURE D'ECRAN)


    Que dénoncent-ils ?

    Au départ, le mouvement portait sur six principales revendications : "Pour une médecine de valeur à sa juste valeur, pour revaloriser le secteur I et le secteur II, pour la liberté d'installation des jeunes médecins, contre l'application abusive de la TVA sur des actes thérapeutiques, le médecin est aussi un entrepreneur, pour une unité des médecins de France publics et libéraux", rapporte ainsi France Info

    Le timing de cette mobilisation n'est pas dû au hasard. Le mouvement vise à peser sur les négociations conventionnelles qui ont lieu en ce moment sur l'encadrement des dépassements d'honoraires. Les médecins demandent notamment une revalorisation du secteur I (qui correspond au tarif qui sert de base au remboursement de la Sécu, par exemple 23 euros chez un généraliste), mais aussi du secteur II à honoraires libres. Ce dernier secteur est dans la ligne de mire du gouvernement. "Je veux créer un nombre, apporter un poids pour que les syndicats s'appuient sur ce chiffre pour négocier", précise Philippe Letertre au 
    Quotidien du médecin. De plus, depuis le 1er octobre, les actes de chirurgie esthétique non thérapeutiques sont frappés par la TVA à 19,6%. D'où le ras-le-bol du chirurgien plastique niçois.

    Depuis, le spectre de la contestation s'est élargi. Certains déplorent ainsi que le tarif d'une consultation soit bien moins élevé qu'une coupe de cheveux chez le coiffeur, ou critiquent "la non-considération des mutuelles, la retraite qui diminuerait avec le temps, la non-représentativité des syndicats", note le
    Huffington Post.

    Avec ces revendications,
    une lettre type à l'intention notamment de François Hollande circule sur le réseau social et invite les médecins à faire part de leur intention de se déconventionner, c'est-à-dire de fixer leurs honoraires librement, rapporte le Quotidien du médecinUne pétition a également été lancée en ligne pour soutenir "le groupe de la médecine unie, la liberté d'honoraires et d'installation".

    Sont-ils représentatifs ?

    Malgré l'engouement sur le web, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, s'est dite mercredi 10 octobre "pas certaine" que le mouvement des "médecins-pigeons" soit "très représentatif". "L'accès aux soins est un enjeu majeur et honnêtement, je ne suis pas certaine que ce mouvement, qui est parti d'une volonté de défense de certains chirurgiens esthétiques, soit très représentatif de la majorité du milieu médical", a-t-elle jugérépétant une nouvelle fois, "qu'il y a[vait] dans notre pays des dépassements d'honoraires qui n'[étaient] plus acceptables".
     

    Certains syndicats de professionnels s'inquiètent du côté fourre-tout du mouvement. Parmi tous les messages postés sur la page Facebook des "médecins-pigeons", certains sont l'œuvre d'opportunistes. Les syndicalistes craignent que le message qu'ils souhaitent faire passer lors des négociations avec le gouvernement soit ainsi brouillé, comme l'explique à France 2 Julien-François Lenglet, du syndicat des internes des hôpitaux de Paris.



    lien

    Simon Gourmellet


    votre commentaire
  • <article class="article article_normal" itemscope="" itemtype="http://schema.org/NewsArticle">

    Futur médecin, "bac +10, 80 heures par semaine, 2 000 euros"

    Le Monde.fr | <time datetime="2012-10-10T09:34:47+02:00" itemprop="datePublished">10.10.2012 à 09h34</time> • Mis à jour le <time datetime="2012-10-10T14:09:30+02:00" itemprop="dateModified">10.10.2012 à 14h09</time>

    Partager google + linkedin   
    lien

     
    <figure class="illustration_haut">

    </figure>

    La plupart des patients l'ignorent, mais lorsqu'ils se rendent à l'hôpital, c'est le plus souvent un interne qui les prend en charge. Ils appellent "docteur", comme s'il l'était déjà, celui qui les examine, les rassure, appelle leur médecin traitant, parle avec leur famille, leur prescrit soins et médicaments, leur rend visite le temps de leur hospitalisation. L'interne "fait tourner l'hôpital au quotidien", résument à l'unisson nombre d'entre eux.

    Malgré leur blouse blanche et leur stéthoscope glissé autour du cou, les 21 000 internes en médecine sont pourtant toujours officiellement en formation. Cela les place en première ligne d'un front auquel ils ne sont pas encore préparés. Dans un système de santé qui se meurt du manque de personnel, ils ont souvent le sentiment "qu'entre nos deux statuts, l'hôpital pioche ce qui l'arrange". Médecin à part entière lorsqu'il s'agit d'endosser les responsabilités et d'accumuler les heures de travail, étudiant sur la fiche de paie ou quand il s'agit d'appliquer la législation du travail.

     A lire : Les internes en médecine, 'bouche-trous' de l'hôpital

    LA FORMATION, GRANDE SACRIFIÉE

    Alors qu'on leur demande d'être toujours plus "performants", les internes se retrouvent vite confrontés aux limites de leurs connaissances, et doivent apprendre faire comme si [ils] savai[en]t", explique Louis, interne à Strasbourg. La charge de travail à l'hôpital est telle qu'elle les empêche souvent de compléter le bagage théorique dont ils ont pourtant besoin pour poursuivre leur apprentissage.

    Selon les décrets, deux demi-journées par semaine doivent en effet être accordées par l'hôpital aux internes pour "la formation universitaire". "C'est sûrement le droit le moins en vigueur dans les hôpitaux", affirme pourtant Luc, 28 ans, interne à Lille, et qui n'en a jamais bénéficié dans son parcours.

    "Mon statut d'étudiant, il ne me sert que pour avoir un deuxième burger gratuit au Quick", ironise une interne en 6e semestre de chirurgie orthopédique. Pour assurer sa formation, la jeune femme n'a pas le choix : "Je m'enferme chez moi le soir pour potasser des revues médicales." Comme elle, de nombreux internes reconnaissent que la formation théorique, pourtant indispensable, est la grande sacrifiée du système actuel. "Après des semaines de quatre-vingts heures de boulot, je mets un point d'honneur à ne pas ouvrir un manuel de médecine chez moi", explique Emna, interne à Paris. D'autres prennent sur leur temps personnel ce poids supplémentaire, alourdi dans les dernières années de l'internat par les mémoires à rendre et la thèse à présenter.

    DES COURS APRÈS 24 HEURES DE TRAVAIL CONSÉCUTIVES

    Dans de nombreuses spécialités, notamment celles très exigeantes de chirurgie, les internes sont en outre encouragés à mener de front des diplômes universitaires (DU), souvent valorisés sur les curriculum vitæ de ces futurs médecins. Pour pouvoir assister aux cours, c'est le système D qui fonctionne une nouvelle fois à plein régime. "On s'arrange entre internes, je prends une garde la veille de mon cours, comme ça je suis sûre de pouvoir y aller sur mon temps de repos. Après 24 heures de boulot, je ne suis évidemment pas au meilleur de ma forme, mais c'est toujours mieux que de ne pas y aller du tout", explique Guillaume, 26 ans, interne à Belfort. D'autres encore choisissent d'y assister pendant leurs cinq semaines de congés payés.

    <figure class="illustration_haut"> </figure>

    Ces DU, si réclamés, n'impliquent pas qu'une organisation rigoureuse et le sacrifice de certaines journées de repos. Financièrement, le coût est entièrement à la charge de l'étudiant quand la formation en question n'est pas dispensée dans son université, ce qui est quasiment toujours le cas. Olivier, interne en dernier semestre de radiologie dans l'est de la France, a ainsi déboursé l'an passé près 1 000 euros pour un DU à Rennes, auxquels s'ajoutait le coût de trois semaines à l'hôtel sur place. Un montant loin d'être négligeable pour ces internes qui souffrent d'apparaître souvent aux yeux des gens comme "des nantis".

    SALAIRE "VEXATOIRE"

    De 1 337 euros brut en première année, la rémunération évolue progressivement, pour atteindre en troisième année 2 101 euros brut, et 2 428 euros en 5e année, à bac +11. A ce salaire de base s'ajoute le prix des gardes : 119,02 euros pour plus de douze heures de travail de nuit. Un chiffre inférieur au smic horaire (9,40 euros de l'heure), le plus bas de tout le personnel paramédical à l'hôpital.

    "Sur la question du salaire, j'ai longtemps eu du mal à me sentir en droit de me plaindre, parce que c'est vrai que derrière, on est assurés de trouver du boulot. Mais à 27 ans, quand je vois que je n'ai pas d'économies, que pour prendre une année de congé, je vais devoir faire des nuits d'infirmière pour gagner un peu plus que mes gardes d'interne, je réalise que c'est absurde", explique Marie, interne à Paris. "J'ai un bac +10, je travaille 80 heures par semaine, et je suis payé 2 000 euros par mois", explique Alexandre, interne en 4e année de chirurgie viscérale, qui évoque un salaire "vexatoire" comparé aux responsabilités et au financement de dix années d'études.

    Au sein même de l'hôpital, ces conditions ne sont pourtant pas forcément connues de tous. "Les infirmières elles-mêmes tombent des nues quand on leur donne notre salaire", explique Benoît, interne à Strasbourg. Alors pour les patients, elles restent une "grande inconnue".

    "AUCUNE PRESSION POSSIBLE"

    S'ils déplorent le flou de leur statut, les internes sont pourtant souvent réticents à l'idée de se confier sur le sujet. Tous, ou presque, craignent de compromettre leur carrière en dénonçant les libertés prises par les chefs de service avec la législation française. Une crainte de "se griller", et "d'être qualifié de glandeur si on se plaint", qui les pousse souvent à témoigner sous couvert d'anonymat. "On n'a aucune pression possible", confie Lily, interne en médecine générale à Paris.

    Pour ceux qui convoitent des postes dans les services à la fin de leur internat, la nécessité de ménager sa hiérarchie est d'autant plus importante. "En chirurgie, quand on doit se placer pour décrocher un clinicat, ça devient vite à celui qui en fait le plus pour impressionner le chef ", explique Lise, interne à Nice. Certains n'hésitent même pas à parler de "sado-masochisme" de la part de certains internes. "On passe 36 heures à l'hôpital, et en le quittant, on se dit 'merde, je suis parti trop tôt'", explique Anthony, en 5e année d'internat, qui prend même régulièrement des corticoïdes pour rester éveillé sur certaines opérations.

    <figure class="illustration_haut"> </figure>

    "L'OMERTA DE L'HÔPITAL PUBLIC"

    Récemment, les internes de chirurgie de Dijon ont ainsi voté pour savoir s'ils souhaitaient prendre ou non les repos de sécurité obligatoires en lendemain de garde. En majorité, ils ont voté non. "Une mentalité 'baisse la tête et encaisse' qui perdure", justifie Quentin, interne à Mulhouse, qui n'hésite pas à parler de "l'omerta de l'hôpital public".

    En juillet 2011, le suicide d'un interne après une garde avait relancé la question des conditions de travail de ces futurs médecins, et de l'absence d'étude sur le sujet. Depuis, tout juste commence-t-on à lire des thèses sur le surmenage des internes. "La plupart des dysfonctionnements sont étouffés, explique Guillaume, interne à Belfort. On s'arrange pour que les erreurs ne sortent pas du service, car l'image de confiance, c'est aussi un enjeu économique pour l'hôpital."

    </article>

    votre commentaire
  • Arnaque à la taxe d’habitation à Paris

    Aurélie Champagne | Journaliste Rue89
    lien


    Le document a tout d’un véritable avis de Taxe d’habitation et contribution à l’audiovisuel public : il en a l’allure, avec un authentique logo officiel du Trésor public et un TIP. Et il en a le goût salé : 755 euros de taxe d’habitation et une relance systématique pour la contribution à l’audiovisuel, à 123 euros. Soit un total de 878 euros.

    Faux avis de Taxe d’habitation, envoyé le 25 septembre, depuis la Poste du Louvre (Paris) (Aurélie Champagne/ Rue89)

    Seulement voilà, c’est une arnaque, au bénéfice, non pas du Trésor public mais du TPTH : Trésor Public Taxe d’Habitation. Le TIP est domicilé au 6 rue de l’Argonne, dans le XIXe arrondissement de Paris. Le vrai est au 17 place de l’Argonne.

    Sabine B., habitante du XIXe n’a pas flairé immédiatement la supercherie.

    « Mais j’ai trouvé étonnant que le Trésor public nous réclame 123 euros de redevance. Nous n’avons pas la télévision. »

    En contactant le numéro en 09 indiqué sur son avis, elle est tombée sur une messagerie en anglais. A bien y regarder, le revenu fiscal de référence indiqué était inexact et le format A4 de la lettre inhabituel.

    De nombreux Parisiens ont reçu, ces jours-ci le même avis frauduleux dans leur boite aux lettres, révèle ce lundi Le Parisien. Leur nombre reste pour l’instant inconnu, mais dans les immeubles de l’arrondissement, on se passe le mot.

    Mot de voisin placardé ce lundi dans un immeuble de la Rue Manin (XIXe arrondissement de Paris) (ChersVoisins)

    « Comme beaucoup d’usagers du XIXe, vous avez fait l’objet d’une escroquerie de la part d’une société frauduleuse », répond le contrôleur des finances des Buttes-Chaumont aux contribuables qui se manifestent.

    « Le document que vous avez reçu est un faux. Il n’émane pas de nos services. Ne tenez surtout pas compte de ce faux document et n’effectuez aucun règlement (ni redevance, ni taxe d’habitation). »

    De nombreux Parisiens ont afflué ce lundi au centre d’impôt du XIXe, qui collecte actuellement les courriers frauduleux.

    Le ministre du budget indiquait, ce dimanche, que la direction générale des finances publiques avait déposé une plainte.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique